35 - Loin de tout

Une semaine plus tard...

Point de vue Katsuki



Je me réveille avec un putain de mal de dos, j'ai l'impression d'avoir dormi sur une pierre... Mais je devais bien dormir, j'ai rêvé de Sada pendant longtemps. Elle me parlait avec un sourire en me disant qu'un jour, tout ça va s'arrêter. Il n'y aura plus de souffrance ni de tristesse. J'ai pas compris dans quel sens elle disait ça...

L'instant d'après, je la voyais m'accueillir comme si je rentrais du boulot avant de surprendre deux gamins en train de courir dans toute la maison. J'entends encore leurs rires résonner dans mes oreilles... Encore une coup de Velvet, hein ? Elle a trafiqué mes souvenirs pour je ne sais quelle raison ? Mais j'ai pas vu le moindre problème dans ce rêve. Au contraire, ça avait tout d'une parfaite réalité où dans une vie, j'avais des enfants avec Sada.

Ca me perturbe... Est-ce que je suis prêt à ça ?


<< Bro t'es réveillé ! >>

Kirishima se jette sur moi en chialant comme un gosse !

- Ah putain, fais gaffe...!

<< T'es passé à deux doigts de la mort, ne refais plus jamais ça ! >>

- C'est toi qui vas m'achever...

Il recule pour me laisser respirer et m'aide à me redresser. J'ai un léger pincement au coeur à chaque contraction du muscle.

<< Tu as eu beaucoup de chance, félicite Chan. La lame a manqué de peu l'aorte, mais tu as perdu beaucoup de sang. À partir d'aujourd'hui, tu es en convalescence pour trois mois et pense à te reposer régulièrement. >>

- Tch, j'aurais dû la tuer sur le champ cette pouffe...

<< C'est plus la peine, ricane Kirishima. >>

- Hein ?

<< Velvet a été arrêtée. >>

- ... Et Izuku ?

<< Il est encore en état de choc. Il voulait venir te voir mais il se sent coupable de ce qui t'est arrivé. >>

- Pff, quel idiot... Dis lui de venir la prochaine fois.

Il sourit avant de partir chercher à manger. C'est pas vraiment sa faute si l'autre m'a planté, j'ai vu qu'il ne savait pas ce qui allait arriver. Je le connais mieux que personne, ce nerd est naïf mais il n'est pas du genre à retourner sa veste. Chan me regarde longuement d'un air hésitant, comme s'il se retenait de me dire autre chose.

- ... Allez vas y, balance.

<< Hum... En fait, je pense que tu devrais parler avec Shirosaki. >>

- Comment ça ?

Il baisse les yeux sans savoir s'il devait cracher le morceaux et regarde souvent dehors. Bon j'en ai marre de ces mystères, qu'est-ce que je dois savoir Chan ?!

- Accouche bordel ! Qu'est-ce qu'elle a ?!

<< Bah... >>














J'ai sauté de mon lit avant de partir en courant pour chercher Sada. Chan a essayé de me retenir plusieurs fois, mais il en a déjà trop dit pour que je reste sagement couché alors que Sada est peut être au fond du gouffre à cause de moi !

- Sada ?!

J'ouvre la porte d'une chambre de l'étage du dessus et la retrouve assise sur le rebord du lit, en train de me dévisager comme si elle avait vu un fantôme. Elle ne tarde pas longtemps avant d'éclater en larmes de me voir déjà debout et se jette sur moi sans me laisser le temps de réagir.

<< Katsuki !! >>

Elle essaye de parler mais n'arrive plus à articuler tellement qu'elle pleure. Chan m'a dit ce qui s'est passé quand j'étais entre la vie et la mort, je l'ai laissé endurer ça... Je me rends maintenant compte de la torture psychologique qu'elle a dû supporter pendant une semaine et je peux comprendre qu'elle... ait eu des difficultés récemment...

Je la serre en espérant la calmer mais ça fait tout l'inverse.

- Ca va aller...

<< Ne refais plus jamais ça...! J'ai eu peur...! >>

- Sada.

Je relève sa tête et essuie ses larmes, c'est pas à mon état que je pense là.

- Comment tu vas, toi ?

Comme si elle avait compris de quoi je parlais, elle recommence à pleurer avant de baisser la tête. Avec tout ce stress et le choc qu'elle a subi, sans même le savoir avant son diagnostic... Elle a fait une fausse couche hier soir. Au début j'ai pas voulu y croire mais il a suffi d'un seul moment d'inattention et c'est arrivé. Elle ne savait même pas qu'elle était enceinte jusqu'à l'apprendre connement hier. Elle se plaignait apparemment de douleurs et de saignements bizarres, ils ont finalement pu déterminer que l'embryon avait un problème. Chan m'a raconté qu'entre mon cas et cette fausse couche, elle était inconsolable et je veux bien croire qu'elle est à bout...

<< Je... n'ai pas eu le temps de t'en parler... Je te jure que je t'en aurais parlé si j'avais su plus tôt...! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé--! >>

Je la tire contre moi et la serre fort sans lui laisser le temps de s'expliquer, je sais qu'elle ne s'y attendait pas non plus et je vais pas m'énerver pour ça. J'ai même aucune raison d'être en colère contre elle, c'est notre bêtise à tous les deux. Ses yeux n'ont jamais menti, je le vois tous les jours et plus le temps passe, mieux j'arrive à la cerner. Je la connais maintenant comme si on s'était rencontré dans une autre vie, alors je sais identifier le visage qu'elle fait quand elle est à bout. Je la laisse pleurer dans mes bras et caresse sa tête. Je suis autant responsable qu'elle, j'ai pas su anticipé le danger pour moi et... Je pouvais pas prévoir une telle surprise aujourd'hui.

Je sais pas si je suis influencé par ce que j'ai vu en rêve, mais j'imaginais pas à quel point ça pouvait me faire quelque chose d'apprendre que j'étais à deux doigts d'être père...

Si elle n'avait pas fait cette fausse couche, je sais pas ce qu'elle aurait décidé mais pour moi, j'ai même pas réfléchi de mon côté, je l'aurai assumé ce gosse. Je me sens pas prêt à être daron, mais c'est pas non plus la mort de prendre ses responsabilités et de grandir une bonne fois pour toutes ! On a que 20 ans, mais on est des adultes consentants alors si Sada avait voulu le garder, je l'aurai accepté. Un gamin ne change en rien ma vie actuelle, c'est juste un petit plus et franchement, on en sait rien de ce qui peut arriver. C'est peut être ce qui nous attend plus tard, si elle le veut. Puis j'ai pas oublié ce que j'ai dis à Michiko...


<< J'ai pas de limites. >>













Le temps de me rétablir jusqu'avoir l'autorisation de quitter l'hosto, Sada est restée avec moi quelques jours de plus et on en a parlé plusieurs fois. J'ai réussi tant bien que mal à la rassurer, mais ça n'a pas suffi pour faire ses nuits. Elle se réveille parfois en pleine nuit en zieutant qui rentre dans la chambre et se méfie de toute le monde. Elle s'attend sûrement à voir Velvet débarquer, mais si cette psychopathe s'est faite arrêter, alors il y a peu de chance qu'elle sorte d'ici là.

Quand j'ai pu partir de l'hosto, j'ai emmené Sada sortir de la ville en voiture sans lui dire où on allait et continue de rouler à l'heure actuelle sur l'autoroute. En réalité, on va à Gifu. Le trajet est silencieux, mais elle a réussi à s'endormir à côté de moi. Elle garde juste sa main accrochée à la poche de mon jean pour s'assurer que je suis toujours là.

<< Hm... Roule doucement... >>

- On est bientôt arrivé.

Evidemment que je suis obligé de rouler doucement, il neige à créer du blizzard. J'ai réservé un chalet en montagne histoire de nous couper du moment pendant quelques jours, on en a besoin. Surtout que demain, c'est le nouvel an. Ma mère m'a relancé plusieurs fois de lui présenté Sada -oui j'ai parlé d'elle à ma mère, et alors ?-, mais elle a compris le fait qu'elle n'est pas en état de côtoyer du monde. Sada est fatiguée, ça se voit physiquement comme mentalement. Puis je crois que c'est le bon moment pour se dire des choses...




On arrive au village et je gare la voiture sous le préau avant de couper le contact et de réveiller Sada.

- Hé.

<< Hmm... J'ai mal au cou... >>

- Tu pourras dormir dans un vrai lit maintenant.

On sort de la voiture avec le peu d'affaires qu'on a pris tandis que le proprio me donnait les clés du chalet. C'est aussi un français qui a investi au Japon et construit le bâtiment dans le thème campagnard de chez lui. Sada a tiré une tronche étonnée de voir un français ici et commencé à taper la discute avec lui. J'ai pas compris ce qu'ils disaient mais ils ont l'air d'avoir déjà sympathisé...

<< Merci en tout cas ! >>

<< Profitez bien ! >>

Encore une fois ils ont parlé en français et j'ai rien compris...

- ... Traduction ?

<< Oh il disait que ça peut surprendre un peu à l'intérieur, le français vient de Savoie mais est originaire de Bretagne et parfois les japonais sont un peu déstabilisés par le choc des cultures. >>

- Hm... C'est pas mal en vrai. Je pensais que c'était canadien.

<< Hé, il y a beaucoup de beaux endroits dans mon pays. >>

- Bah quand on partira en voyage, tu me feras visiter.

<< Que--?? Partir en voyage ? >>

- Bah oui, si jamais t'as envie de rentrer en France je viendrai, t'as cru quoi ?

Je me retiens de sourire en la voyant rougir. Avec tous les sous entendus que je lui envoie elle capte toujours rien ? Je rentre pour déposer les affaires et allumer la cheminée.

<< Hum... Katsuki...? >>

- Viens te réchauffer.

Elle s'assoit près du feu en se frottant les bras sans me quitter du regard. J'ai dis un truc horrible ou quoi ?

- Quoi ?

<< Je... Rien, je suis surprise que tu veuilles me suivre jusqu'en France... >>

- Je te l'ai dis, je te lâche plus d'une semelle. Je serai pas rassuré de te laisser partir seule avec tous ces tarés dans le monde.

<< Hum... En réalité, je ne pense pas revenir en France un jour. >>

- Pourquoi ?

Elle baisse la tête en cherchant ses mots.

- ... C'a un rapport avec le fait que t'aies changé de nom ?

<< Oui et non... Il y a plusieurs raisons... Ce n'est pas que je renie mon pays au contraire, mais je n'ai pas envie d'y retourner. >>

- ... Ta famille, hein ?

<< ... Oui... >>

- Tu sais, t'es pas obligée d'aller les voir à chaque fois que tu rentres chez toi.

<< Je sais... >>

Je soupire et la couvre avec un plaid, elle grelotte depuis tout à l'heure. Je me doutais qu'il y avait une raison mais je me demande si les choses peuvent être réparées à l'heure actuelle. Sada risque de regretter toute sa vie de ne pas avoir pu affronter son passé une dernière fois, elle n'a fait que fuir et se planquer sous une nouvelle identité du jour au lendemain mais ça n'efface pas le passé. Mais bon, j'ai pas assez d'éléments en poche pour lui dire quoi faire. Si elle estime pouvoir gérer, alors j'ai rien à dire et puis pour une française, elle vit plutôt bien à la japonaise.

Je suis quand même curieux de savoir ce qui a pu arriver pour que Sada ne veuille plus voir sa famille...



À suivre...

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