Point de vue Sada

Allongés l'un à côté de l'autre sur le capot de la voiture, ça fait déjà deux bonnes heures qu'on regarde la pluie d'étoiles filantes. Loin des lumières de la ville, le ciel est juste magnifique avec les couleurs de la voie lactée qui fend l'espace en deux. Je ne peux pas m'empêcher de sourire devant ce spectacle si beau et j'aimerais avoir la force d'arrêter le temps pour le savourer toute la nuit... On boit quelques gorgées d'une boisson que je lui ai fais découvrir : Le rhum aux fruits rouges. Très petit pourcentage d'alcool et le goût du nectar sucré cache celui du rhum.

<< ... Tu m'a jamais dis pourquoi tu aimais tant les étoiles. >>

Je regarde Bakugou quelques secondes avant de reporter mon attention vers les étoiles.

- Je trouve qu'on ne se rend pas vraiment compte de l'étendue de l'univers au delà de notre monde. Quand je regarde le ciel, je m'imagine pouvoir l'explorer en une fraction de seconde et découvrir l'infini, de nouvelles planètes et toute la beauté dans la naissance des étoiles.

<< Et t'as jamais pensé à faire astronaute ? >>

- Oh non ! Beaucoup trop compliqué et cher, et puis j'aime mieux regarder d'ici tout en gardant les pieds sur Terre. Ca me rappelle à quel point notre monde n'est qu'un grain de poussière au milieu du gigantisme. Pour moi, toutes les réponses sur la raison de notre existence imprimées dans les livres ne sont que des suppositions écrites par des humains dits "intelligents", parce qu'ils font appel à la logique des choses, mais le monde n'est pas dans les livres et les beaux discours. Il est là, juste au dessus de nos têtes, et si tout le monde prenait le temps d'observer attentivement tout ce qui nous constitue, corps et âme, alors peut être que la réponse deviendra limpide.

<< Tu parles comme si tu étais dans le ciel. >>

Je pouffe un peu.

- Le temps n'existe pas au delà de notre planète, c'est l'humanité qui l'a inventé. Alors peut être que là haut, on peut profiter d'une journée éternelle.

<< Un éternel présent tu veux dire. >>

- C'est si joliment dit. Voilà pourquoi j'aime tant cette nature qui ne dépend de personne... Elle mène son cycle auquel toute vie doit s'adapter. Certaines naissent, d'autres meurent... Toute cette simplicité crée la vie autour de nous, de la plus petite fourmis cachée dans l'herbe à l'immense étoile qui deviendra un soleil dans l'univers.

Il me regarde, à l'écoute. Je rougis en me redressant et me frotte la tête.

- Désolée, je pars trop loin des fois...

Un long silence gênant nous écrase, jusqu'à ce qu'il couvre mes épaules avec sa veste qu'il est parti chercher dans sa voiture.

<< C'est une façon de voir les choses et... T'es pas tellement tort. >>

- Huh ?

Il revient s'asseoir à côté de moi en contemplant le ciel.

<< On est rien dans l'infini et parfois on l'oublie. Les humains ont tendance à se prendre pour Dieu quand ils abusent de leur contrôle sur le monde. Le truc, c'est que la Terre n'appartient à personne et toute existence n'est que prêtée. Au dernier jour de notre vie, 'faudra la rendre. On a oublié que notre Mère à tous, c'est la planète sur laquelle on marche tous les jours. C'est comme ça que je vois les choses. Rien n'appartient à personne, on a aucun pouvoir sur l'univers. >>

. . .

Moi qui pensais que Dynamight ne vivait que pour devenir un héros, il a sa propre philosophie sur le monde qu'il voit. Je ne pensais pas qu'on partagerait presque la même vision... C'en est grisant et envoûtant.

<< Quoi ? >>

- Rien, je suis juste un peu surprise que tu t'intéresses à ce genre de chose.

<< Tch... Je suis pas aussi inculte que j'en ai l'air. >>

- Je n'ai pas dis ça, mais je trouve ça... charmant.

Je rougis alors que nos regards se croisaient.

- Je veux dire... C'est agréable de parler avec toi sur tellement de sujets... Et tu es curieux.

<< Hm. >>

- Merci encore pour cette soirée...

J'essaie de garder le sourire, mais l'ambiance a changé en une fraction de seconde que je n'ai pas pu contrôler cette fois. Mes yeux descendent tout le temps vers ses lèvres et la courte distance m'empêche de reprendre mon souffle, avec une envie irrésistible de franchir la ligne rouge. Mais si je le fais, qu'est-ce qu'il va se passer ensuite ? Est-ce que le résultat sera positif ou négatif ? J'ai peur... Je ne sais pas si j'ai réellement de savoir, en vérité.

- ... On devrait rentrer, non...?

Par pitié Bakugou, tourne la tête et arrête de me regarder comme ça...! Je me pince la lèvre en déglutissant.

- Dis quelque chose--

Je m'étouffe avec mon propre souffle alors que ses lèvres se plaquent sur les miennes dans un torrent de sensations que je découvre pour la première fois. Je dois être un peu ivre pour ne pas me rendre compte tout de suite que Dynamight m'embrasse et qu'au lieu de le repousser, je me déteste à savourer cet échange qui me donne vraiment chaud ce soir. J'aimerais le repousser et oublier ce qui vient de se passer, mais je n'ai pas envie que ça s'arrête... Mon coeur s'emballe au point de me faire perdre la tête et Bakugou n'arrange pas mon problème. Même ses baisers sont aussi piquants que le piment et malgré mes lèvres en feu de désir de découvrir toujours plus de saveur, je me réveille de ma transe en entendant la musique changer dans le lecteur de la voiture.

https://youtu.be/Jrprk5dNboI

Oh non... Je n'ai pas fais ça, pitié...!

- Pardon !

Je bondis du capot en frottant mes joues brûlantes et commence à marcher pour calmer mon coeur, mais il me rattrape par le bras en m'attirant vers lui et m'embrasser plus intensément. Je ne résiste pas à un nouvel assaut et m'abandonne dans ses bras qui m'empêchent de fuir, sa main glissant au creux de ma nuque pour intensifier ce baiser si parfait.

Je suis surtout en train de faire une énorme connerie...

Nos lèvres se détachent enfin sans pour autant s'éloigner, alors que nos souffres chauds se mélangent au point de me brûler la peau. Cette fois, c'est moi qui tire ce bel enfoiré par le col pour l'embrasser tandis qu'il parvient à me bloquer contre la portière arrière. Mon dieu, faire ça à la belle étoile...

Il est tout aussi timbré que moi !

Je gémis rien qu'à le sentir se coller contre moi et m'embrasser jusqu'à plus soif, encore et encore, jusqu'à descendre ses lèvres dans mon cou et respirer mon parfum. Je lui lance un appel en levant ma cuisse pour la frotter contre sa hanche et comme s'il l'avait compris, sa main l'attrape pour la garder contre lui, tandis que ses doigts picotent ma peau en la caressant et ça me fait frémir. Les miens se perdent dans sa tignasse en empoignant quelques mèches, ce qui le force à soupirer quelques grognements pour accompagner ma voix que je n'arrive pas à libérer.

Mais si ce moment est si délicieux... pourquoi je pleure maintenant...?

- A-Attends...

Je le repousse gentiment en essuyant mes larmes, ce qui le surprend.

<< Je t'ai fais mal ? >>

- Non... Non c'est pas ça...

J'en ai envie... mais...

- Pardon... C-Ce n'est pas toi c'est juste que... Je ne me sens pas prête...

Mes épaules tremblent, j'appréciais tellement ce moment... Mais je n'arrive pas à aller plus loin. J'ai trop peur que l'un de nous regrette et de me forcer à faire des choses qui risquent de me faire encore plus peur. Après tant d'années d'abstinence, on peut dire que j'ai retrouvé ma virginité alors... Même si je sais qu'il n'y a pas de raison d'avoir peur, je ne veux non seulement pas avoir mal ni aller trop vite. Si on doit le faire, je ne veux pas me braquer au pire moment parce que j'aurai peur. Et puis on a rien pour se protéger... Même si je sais qu'avoir un enfant, je peux toujours m'y asseoir dessus, je ne veux pas faire n'importe quoi.

<< Hé. >>

Il me couvre davantage avec sa veste, aussi calme que depuis le début de la soirée.

<< C'est rien, ok ? Je te forcerai pas si t'en as pas envie. Et puis c'était con... >>

Il tourne la tête, gêné.

<< C'était un peu bourrin... >>

- M-Mais j'ai aimé tu sais ! Vraiment !

Il sursaute et rougit autant que moi, il est trop chou !

- On... On peut juste... y aller doucement...?

<< Sérieux ? >>

- Ou on peut aussi oublier tout ça si ça te gêne ! Je n'en parlerai à personne, je te jure !

<< Nan pas ça ! Je veux dire... Tu veux quand même essayer ?? >>

- Heu... Bah... Oui...

Je tire un peu sa manche sans pouvoir arrêter de rougir, c'est vraiment gênant !

- J-Je l'ai déjà fais avec quelqu'un d'autre avant... Mais ça fait 7 ans maintenant et... Enfin tu vois...

<< Hum... Ouais je vois. >>

Il tourne les talons pour ouvrir la voiture avant de revenir vers moi.

<< Heu qu'on soit clairs par contre... Les autres n'ont pas besoin de savoir pour nous deux. Et on est pas ensemble. Si t'en as VRAIMENT envie on peut le faire, mais ça s'arrête là ok ? >>

- Oui j'avais compris... Moi non plus je n'ai pas envie de m'exposer je te rassure.

<< Bon. >>

On est rentrés doucement et il est déjà assez tard, mais on est pas allé se coucher tout de suite. Sans nous foutre à poil, ça ne nous empêche pas de nous découvrir avec seulement quelques baisers et des étreintes. C'est la limite où je me sens d'aller pour le moment, et puis rien d'obscène non plus. J'ai surtout l'impression de revenir à l'époque de l'adolescence où les jeunes découvrent leurs corps et leur sexualité.

Bakugou ne me touche pas comme en profiterait un homme dit "bourrin" dans ce genre de situation et ne me force pas. Je l'embrasse en restant simplement allongée sur lui, dans sa chambre, et il me répond sans délai en gardant ses mains sur mes hanches. Parfois ses doigts se faufilent dans ma chevelure pour atteindre ma nuque pour donner plus de puissance dans nos baisers, et je ne m'en prive pas. Seules nos jambes se découvrent en se frottant les unes contre les autres, comme des serpents qui s'entremêlent dans un ballet nuptial.

La seule petite liberté que je me suis offerte, c'était d'ouvrir quelques boutons de sa chemise pour lui donner un large décolleté que je savoure du bout des lèvres, alors que sa poitrine se gonfle d'air dans un rythme haletant. Son odeur m'enivre... Il attrape mon visage pour m'embrasser encore et boire mes gémissements timides, tout en me serrant par la taille comme pour me laisser m'imprégner de sa chaleur.

C'est fou comme il réussit à résister à la tentation... N'importe qui sauterait sur l'occasion. Et j'aime ça, au moins je peux lui faire confiance.

Il se contente du peu que je lui donne ce soir et parvient à transformer ce simple moment en une tendresse dont je ne me lasse pas et je pourrais continuer pendant des heures à savourer ses petites attentions. Comme quoi, pas besoin de s'emboiter comme des primates pour nous satisfaire...

- Par contre je ne fais pas les pipes hein...

Il affiche un air de dégoût.

<< Ugh, dégueu... C'est pas tous les mecs qui aiment ça. >>

Tant mieux ! Je pouffe un peu et me blottis dans son cou pour embrasser sa chair tendrement. Il soupire chaudement à mon contact.

- Vraiment ?

<< Ouais. Je préfère faire ça. >>

Il m'offre à nouveau un baiser fougueux en me roulant sur le côté, avant de me serrer davantage en passant son bras sous le mien que je glisse autour de ses épaules en goûtant chaque saveur qui se présente. Je frémis en sentant son genou se loger entre mes jambes et s'immobiliser pour ne plus rien faire de suspect. Ce baiser est si long que je me sens toute chose et j'ai si chaud que j'étouffe...

Je retire mon tee-shirt en gardant bien sûr mon soutif et me colle à mon héros pour sentir son coeur battre avec le mien. Je l'entends légèrement grogner dans notre ultime baiser volcanique alors que son corps se serre contre le mien. Il a une érection, je la sens...

<< Fais pas attention... >>

Même dans un état pareil, il se retient ???

- O-On peut arrêter là si tu veux...

En tout cas, moi je n'ai pas envie d'arrêter mais il vaudrait mieux pour ne pas déraper. Il secoue la tête en la plongeant dans mon cou pour me donner un léger coup de dent qui me fait sortir un bruit venant du fond de ma gorge. J'attrape sa tignasse à pleine main pour l'empêcher de reculer et soupire contre son oreille, tandis que ses mains caressaient mes côtes en contournant les tissus de mon soutien gorge. J'emprisonne sa jambe entre les miennes alors que son corps se serrait encore plus contre le mien.

Je n'ai pas peur de ses mains... Elles me protègent et sont plutôt délicates quand il le souhaite. Les miennes semblent lui donner les frissons quand elles parcourent son dos que je me languissais de toucher avidement. Je me sens privilégiée par autant de tendresse venant de cet homme... De l'extérieur, on ne penserait pas qu'il serait à l'écoute des autres et si patient. Bakugou a bien plus de qualités qu'on ne pourrait les compter.

La nuit n'a pas eu plus piquant que des étreintes, des caresses et des baisers torrides. Il a respecté mes limites comme j'ai respecté les siennes et on s'est endormis rapidement dans les bras l'un de l'autre. Même s'il ne s'est rien passé de plus, ça m'a permis de me découvrir davantage et plutôt détendu. C'est drôle quand même... Bakugou a échangé une soirée de tendresse avec la personne qu'il recherche depuis des mois sans le savoir. S'il savait qui j'étais, je me demande quelle serait l'expression de son visage.

Mieux vaut se garder de lui dire la vérité pour le moment...

Je suis partie avant qu'il ne se réveille en lui laissant un post it où je le préviens que je suis sortie voir mon ami "D". Au passage, comme c'est son jour de congé, je lui ai demandé s'il pouvait s'occuper d'Amber en mon absence. Même si j'ai pu obtenir son numéro, je vais éviter d'être tracée tant que je n'aurai pas mis la main sur Velvet.

<< Ce que je sais sur Velvet ? s'étonne Dabi en buvant son thé chaud. >>

Je hoche la tête. Je suis alors passée chez Dabi pour obtenir des infos intéressantes, il est bien plus expérimenté et renseigné que le réseau, concernant les Vilains.

<< Hmm... Bah pas grand chose en fait. Personne ne sait vraiment qui elle est, son nom a commencé à faire du bruit peu après la chute d'All for One. On dit que c'est une gamine qui n'a pas réellement de but précis ni de revendications et que tout est un jeu pour elle. >>

- Tu me décris une enfant.

<< C'est pourtant le cas, bien qu'elle ait ton âge. >>

- Tu as dis l'autre fois que tu étais surpris de la voir agir pour le compte de quelqu'un d'autre.

<< Ouais... soupire-t-il. Je sais pas ce qu'ils lui ont promis en échange de ta tête, mais tu dois coûter cher pour qu'elle s'en mêle. Velvet est une indépendante et soumise à ses propres idéaux, comme moi à l'époque. >>

Je fronce les sourcils et réfléchis.

<< Elle n'a rien contre toi je pense, mais si tu espères qu'elle te laisse tranquille, va falloir que t'essaies de lui offrir quelque chose de plus lourd et plus intéressant. >>

- Tu veux que je m'en fasse une alliée ?

<< Velvet peut être utile, à toi maintenant de décider ce que tu veux faire. Mais je te préviens, c'est quasi impossible de l'abattre. Son Alter est puissant et imprévisible, je te l'ai dis. >>

- Et qu'est-ce qu'elle peut faire avec ces miroirs, à part manipuler ceux qui plongent leurs yeux dans leurs reflets ?

<< Elle peut te rendre invisible à l'oeil humain, comme un fantôme. Plus personne ne peut te voir ni t'entendre, t'existes plus physiquement en gros. >>

- Comment ?

<< En emprisonnant ton reflet. Tu connais pas le cliché des vampires avec les miroirs ? >>

- Ugh flippant...

<< Je te le fais pas dire... boit-il. Pour l'approcher, je te conseille de jouer avec elle. >>

- Comment ça ?

<< C'est une gamine dans sa tête. Si elle t'aime bien, elle t'écoutera mais ça va être compliqué à l'heure actuelle. >>

C'est le comble... Je vais devoir m'attendre à jouer à la dinette avec une fille qui essaie de me tuer. Quoique... C'est toujours mieux qu'une tordue fan de macabre.

À suivre...