Chapitre 6

Eleana cachait son visage dans son ample capuche et vagabondait dans les couloirs déserts du château. Elle savait très bien qu'elle n'avait pas à se trouver là. Son heure de colle venait juste de se finir et ça avait été un véritable enfer. Deux heures avec Potter s'étaient révélées être une torture aussi bien mentale que physique. La sorcière avait tellement eu envie de lui faire ravaler son stupide sourire qu'elle avait dû serrer les poings tout le long. Leur professeur avait au moins eu l'intelligence de les mettre à l''opposé l'un de l'autre, sinon ils se seraient probablement étripés dans la minute. Bref, elle n'avait aucune envie de s'attirer d'autres ennuis. Néanmoins, elle avait promis. Et elle ne revenait jamais sur ses promesses.

S'éclairant de sa baguette, Eleana jeta un coup d'œil avant de tourner. Personne. Elle continua son chemin, priant pour ne pas se perdre ce soir. Il ne manquerait plus que ça ! Elle marcha encore quelques minutes et aperçut avec soulagement une silhouette. Même dans le noir, elle n'avait aucun mal à le reconnaître. Elle s'approcha suffisamment pour pouvoir parler sans avoir besoin de crier pour se faire comprendre, mais assez loin pour être certaine qu'il ne pourrait pas la toucher sans son consentement. Elle ignorait quel était son positionnement face à sa « situation » et elle avait bien l'intention de ne prendre aucun risque. Lucius haussa un sourcil comme s'il savait ce qui se passait en ce moment dans sa tête. Il semblait agacé par son comportement.

- Allez, Ella, ne fais pas comme si j'allais t'agresser.

L'adolescente le fixa de ses yeux vairons, tentant d'évaluer ses intentions, et ne répondit qu'après un long silence pesant.

- Tu m'as envoyé un hibou, je suis là. Qu'as-tu à me dire de si urgent, Malfoy ?

Tant que tout ne serait pas clair entre eux, il devrait se contenter d'un « Malfoy ».

- Je voulais qu'on parle de ta... Comment peut-on appeler ça ?

Il se moquait d'elle, et elle s'en rendit compte. Ce fut à son tour de prendre un air agacé.

- Situation ? Proposa-t-elle avant de continuer. Toi, tu souhaitais discuter ? Arrête de te moquer de moi, Malfoy. Crache le morceau !

La patience n'avait jamais été une des qualités de la jeune fille. Jamais. Ce n'était tout simplement pas son fort.

- Tu aurais pu me dire que tu arrivais à Poudlard ! lui reprocha automatiquement Lucius. Atterrir à Gryffondor ! Qu'as-tu encore provoqué, Ella ?!

- Comme si j'avais eu le choix, répliqua-t-elle vivement. Tu as eu ce foutu Choixpeau sur la tête toi aussi, tu devrais comprendre !

Elle dut avouer qu'elle se sentait blessée qu'il ne la comprenne pas.

Il est mon ami quand même !

Etait ?

Il soupira.

- Je sais, Ella. Tu ne l'as pas fait exprès, même toi tu n'es pas aussi suicidaire que ça. Mais...

La jeune sorcière n'aimait pas beaucoup les « mais ».

- ... ça ne change pas le fait que tu viens de provoquer des choses que tu ne contrôles absolument pas et tu vas avoir beaucoup de mal à les affronter. Je ne sais pas si tu t'en rends compte.

- J'en ai parfaitement conscience, Lucius, répondit-elle d'un ton plus calme quand elle comprit qu'il s'inquiétait pour elle. Je viens de tout compliquer... Je n'ai jamais ne serait-ce qu'imaginer ce scénario lorsque j'ai demandé à intégrer Poudlard...

Lucius aussi semblait s'être adouci, elle le vit dans son regard. La Gryffondor savait qu'il était angoissé pour elle et qu'il ne cherchait qu'à la protéger. Comme un ami, son ami. Jamais elle n'aurait pensé un jour que quelqu'un d'autre que Sirius essayerait de la garder en sécurité. C'était vraiment difficile à imaginer pour elle, et pourtant, c'était réel. Elle le fixa de nouveau avant de demander :

- Que vas-tu faire Lucius ? Quelle est ta décision ?

Lui comme elle savait où elle voulait en venir. Ils étaient à la croisée des chemins. Soit leur amitié se brisait, soit elle n'en ressortait que plus forte. Et c'était à lui que revenait le choix. Renierait-il leur lien pour respecter ce que devait faire un Malfoy ? Être une Black n'effaçait pas tout. Leur amitié pouvait très vite devenir néfaste pour son statut. Comme avec son cousin. Aux yeux de tous les Sang-Purs, elle pourrait très bien être reniée. Enfin, c'est ce que les Sang-Purs qui n'étaient pas au fait du tempérament de son père étaient susceptibles de penser. Elle, elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne la renierait jamais. Il souhaitait plutôt la tuer de ses mains. Avouer aux yeux de tous qu'il avait raté l'éducation de sa fille unique ? Jamais !

Lucius attrapa sa main gantée et la serra brièvement. C'était le seul contact qu'elle lui autorisait. Il connaissait ses limites et les comprenaient parfaitement car il en connaissait les raisons.

- Pour qui me prends-tu, Ella ? Que serais-je si je te rejetais comme ça ? Je suppose que tu vas avoir besoin de mon soutien auprès des Serpentards.

Eleana lui adressa un sourire ténu mais sincère.

- Merci.

Elle n'en ajouta pas plus. Ce n'était pas nécessaire, tout venait d'être dit. Elle s'appuya contre le mur. Ils n'avaient cependant pas fini.

- Lucius, tu ne m'as pas envoyé ce message pour ça, n'est-ce pas ?

Il hocha la tête. Bien qu'ils aient eu besoin de clarifier les choses expliquées plus tôt, elle savait qu'il ne l'aurait pas fait venir au beau milieu de la nuit uniquement pour cela. Le sorcier semblait tout d'un coup mal à l'aise, ce qui ne la rassurait absolument pas.

- Crache le morceau. Qu'as-tu appris ?

- Je ne suis pas sûr que tu aies envie de savoir...

Elle roula des yeux.

- Trop tard, maintenant tu as piqué ma curiosité. Raconte, de toute façon je préfère être prévenue de ce qui m'attend.

Il haussa les épaules l'air de dire « tu l'auras voulu ». Tout compte fait, elle n'était plus si sûre de souhaiter être informée.

- OK, mais pas la peine de t'en prendre à moi après. Je ne fais que répéter ce que j'ai entendu.

Là, elle était vraiment impatiente.

Il va le cracher son morceau ou quoi !

À son regard il comprit que son sang-froid ne tenait plus qu'à un fil car il lâcha :

- Par Merlin, j'ai réussi à convaincre mes parents de refuser la proposition de ton père au profit d'une de tes cousines mais...

Oh non ! Pas à propos de mon mariage !

Malheureusement, c'était justement ce sujet-là que Lucius abordait. Elle devinait très bien en quoi pouvait consister la « proposition » de son père.

- Je sais de source sûre que les Avery sont intéressés ainsi que...

Eleana finit sa phrase à sa place. Pas besoin de chercher bien loin.

- Rosier.

Il hocha la tête. La jeune Black sentit la nausée l'envahir comme à chaque fois qu'elle devait penser à sa future union.

- Oui, confirma Lucius. Ce sont les familles Sang-Purs les plus prestigieuses. Il fallait s'en douter, ton père allait forcément commencer par là.

Il n'était pas orgueilleux — en tout cas pas sur ce sujet —, c'était la simple vérité. Les Malfoy était l'une des plus éminentes et réputées des familles de Sang-Purs.

Plutôt mourir que d'épouser Rosier !

Ce n'était pas une surprise, loin de là, pourtant elle ressentait un choc. Tout se précipitait.

C'est trop tôt. Je ne suis pas prête.

Eleana inspira un bon coup et remercia le Serpentard d'un sourire. Elle ne le remercierait pas deux fois en l'espace de 5 minutes. Son orgueil ne s'en remettrait pas. Lucius lui sourit ironiquement, il avait compris le fond de sa pensée. Le temps était venu pour elle de rejoindre son lit. Elle s'approcha de son ami et embrassa sa joue. Il l'avait mérité. Elle lui fit un petit signe de la main et lui tourna le dos, se mettant en route. Le rictus narquois de Lucius Malfoy était perceptible jusque-là. La jeune Black reprit le chemin inverse et se noya dans ses pensées, comme toujours. 

Et comme la moitié du temps, trop perdue dans des flashs imaginaires qui la représentait en fiancée puis femme de Rosier, elle oublia complètement son environnement. À quelques occasions elle crut entendre un bruit, mais elle se rassura  d'un coup d'œil et reprit les flashs là où elle s'était arrêtée. Un objet non identifié la fit trébucher et elle allait rencontrer méchamment le sol quand un fantôme la rattrapa.

Un fantôme ?

Eleana pouvait sentir des bras autour de sa taille, pourtant elle ne voyait personne. Les fantômes étaient visibles et ils ne pouvaient en aucun cas vous étreindre. Était-elle devenue folle ? Cependant, la sensation était bien réelle, les bras ne la lâchaient pas.

Une cape d'invisibilité !

La réponse lui vient naturellement. La Gryffondor leva la main et attrapa la cape à l'aveuglette. Le visage de son propriétaire apparut à ces yeux inquisiteurs.

***

Petit jeu de devinette : qui pensez-vous qui se cache sous la cape ? 

Réponse dans le chapitre suivant !

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