Chapitre 3
En jetant un coup d'œil à son petit-déjeuner recouvert de jus de citrouille, Eleana se rendit compte – sans surprise – qu'elle avait perdu son appétit. Avec un soupir, elle se leva, ne souhaitant pas s'attarder plus que ça. Sans même les voir, elle pouvait sentir les regards hostiles que lui lançaient ses camarades Gryffondors. La jeune femme les comprenait. Elle était une Black après tout. Et surtout, elle n'était pas Sirius. Eleana s'apprêta à quitter la Grande Salle quand son cousin, qui s'était remis de son fou rire, la retint par le bras.
— Hé, Ella ! Attends, voilà le courrier.
Effectivement, en tournant la tête, elle vit les hiboux voler dans la Grande Salle. Elle se rassit à côté de Sirius, évitant les gouttes de jus de citrouille à l'endroit où Potter était assis quelques instants plus tôt.
Faites que ce stupide hibou se perde en route... Ou qu'il soit si furieux qu'il ne cherche même pas à m'écrire... Juste pas aujourd'hui.
Malheureusement pour elle, son souhait ne fut pas exaucé. Elle n'eut aucun mal à reconnaître le hibou familial. Noir, majestueux mais aussi grand, si grand qu'il dépassait tous les autres rapaces présents. Et surtout, ses yeux perçants qui semblaient, comme toujours, la regarder d'un air désapprobateur. Il jeta une œillade méprisante à Sirius avant de se poser devant elle, une lettre rouge attachée à une de ses pattes. Inutile de lancer un coup d'œil à son cousin, ils avaient tous les deux compris. Ses voisins également.
— Hé ! Regardez ! La nouvelle a reçu une beuglante !
Eleana tourna la tête vers le son de la voix, et fixa — de son regard qui l'avait rendu célèbre à Durmstrang — le jeune garçon responsable, sûrement en 3ème année, grand maximum. L'élève finit par se trémousser, mal à l'aise. Satisfaite, la sorcière retourna son attention vers son hibou.
Fronçant les sourcils en le fixant, elle le défia du regard. Qui des deux serait le plus rapide ? Ce fut l'animal qui l'emporta. Eleana laissa tomber sa lettre sur la table sous le coup de la douleur. Malgré ses gants, le bec de l'oiseau était parvenu à la meurtrir.
— Saleté de hibou ! pesta-t-elle.
À ces belles paroles, l'oiseau prit son envol. Elle aurait pu jurer qu'avant de partir, il lui avait jeté un regard moqueur. Elle retira son gant désormais tâché de son sang. Portant son doigt blessé à la bouche, elle glissa de son autre main la maudite lettre dans une des poches de sa robe. Elle la lirait plus tard au calme et surtout quand elle serait seule. Retirant son doigt de sa bouche, la jeune sorcière soupira en regardant les dégâts : il ne l'avait pas raté ! Entre le hibou et elle, ça s'était toujours mal passé. Elle ne se rappelait même plus comment avait commencé leur éternelle guerre. Ils se haïssaient, point. C'était à chaque fois une véritable épreuve pour récupérer le courrier que ses parents lui envoyaient.
Exaspérée par les regards et les messes basses de ses camarades, elle ne put s'empêcher de répliquer d'une voix froide :
— Le spectacle vous a plus ?
Le bruit cessa.
— Ne sois pas trop dur avec eux. Ils n'ont pas tous les jours une nouvelle élève de 7ème année, ni le droit d'assister à un combat avec un hibou, lui dit Sirius en l'observant avec un regard amusé.
Elle leva les yeux au ciel et remit son gant. D'un coup de baguette, elle nettoya le sang qui le maculait.
— Emmène-moi à mon premier cours avant que je ne sois en retard, au lieu de dire des bêtises ou de chercher à défendre tes camarades. Je ne vais pas les manger.
À ces mots, ils se levèrent et Sirius allait s'exécutait de bonne grâce quand quelqu'un interpella Eleana :
— Black !
Les deux cousins se retournèrent d'un même mouvement. C'était Evans.
— Tiens, ton emploi du temps. McGonagall est débordée avec les premières années donc elle ne peut pas te voir pour l'instant. Mais tout à l'heure, en cours de métamorphose, tu devras rester en fin du cours...
Elle jeta un coup d'œil bref à Sirius, comme si elle répugnait à le regarder.
— ...Toi tu l'as reçu toute à l'heure.
Lily lui tendit son emploi du temps, Eleana le prit. Si elle souhaitait améliorer la situation avec Evans, c'était maintenant ou jamais.
— Je...
Mais la sorcière avait déjà tourné les talons et s'éloignait à grande vitesse. Eleana haussa les épaules.
Tant pis, on verra plus tard, c'est pas comme si on n'était pas dans la même chambre.
— Comment as-tu réussi à te mettre Evans à dos en une soirée ? Même venant de toi, c'est fort, demanda Sirius, surpris, en regardant Lily s'éloigner.
— Oh, tu sais, c'est mon charme légendaire qui a encore fait effet, répliqua-t-elle avec un sourire.
Ce fut au tour de son cousin de lever les yeux au ciel. La jeune femme passa son bras sous le sien, se laissant guider. Sur le chemin, une fois éloigné du tumulte de la Grande Salle, Sirius coupa le silence qui s'était installé :
— On n'a pas vraiment eu le temps de se parler hier... Ça va ?
Eleana haussa les épaules.
— Je n'en ai aucune idée... Je suppose que je le saurais lorsque j'aurais affronté tous les problèmes que ça va engendrer, confia-t-elle à son cousin.
Sirius était un peu comme son meilleur ami, son frère. À lui, elle ne lui mentait jamais et elle lui avait toujours avoué ses pires secrets. C'était comme ça entre eux depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne. C'était comme ça quand, depuis l'enfance, on ne pouvait faire confiance qu'à une seule personne. Et pour elle, c'était Sirius. La seule personne qui lui importait vraiment. Celui qui l'avait empêchée de toucher le fond plus d'une fois.
Ils se stoppèrent au bout d'un couloir, au plus grand étonnement d'Eleana. Il n'y avait rien ici, alors pourquoi s'arrêtait-il ? Il lui fit face et lui caressa la joue.
— Tu vas t'en sortir, tu es une Black, déclara-t-il en lui adressant ce sourire qu'elle adorait.
Elle lui sourit en retour.
— Pourquoi s'arrêter ici ? Où est la...
Mais Sirius la coupa :
— Tu as regardé l'emploi du temps, Ella ?
Le ton qu'il employa prit lui fit froncer les sourcils. Elle n'aimait pas ce ton. Il ne l'employait que lorsqu'il avait un truc déplaisant à lui dire.
— Non. Penses-tu réellement que j'ai pu jeter un œil à mon emploi du temps entre ici et la Grande-Salle ? Et pourquoi ?
— Tu devrais vraiment regarder...
— Arrête de tourner autour du pot et dis-le-moi clairement Sirius !
Depuis son réveil, Eleana avait utilisé tout son stock de patience pour la journée. Son cousin soupira et se remit à marcher, obligeant Eleana à courir derrière lui pour le rattraper.
— On a potion en première heure.
— Je ne vois pas le problème, j'aime bien ce cours.
— Oh, ça je le sais bien mais...
Ils venaient de tourner à l'angle du couloir et Eleana comprit d'un coup d'œil ce que Sirius rechignait à lui dire, sans qu'il n'ait à finir sa phrase.
— ...On est avec les Serpentards, conclut-elle à sa place.
Le regard des élèves en uniforme vert, déjà devant la salle, se posa sur eux.
Génial, vraiment génial. Comment commencer la journée en douceur...
Eleana était tentée de filer. Ce que Sirius parut percevoir aussitôt car il se rapprocha d'elle, prêt à la retenir de force si nécessaire.
— Allez Ella, tu vas survivre. Ce ne sont pas quelques Serpentards qui vont te faire peur !
— T'es mal placé pour me dire ça, grommela la jeune fille.
Ils continuèrent leur route, avançant vers leur salle de cours et donc vers leurs camarades. Son cœur battait à la chamade. Elle espérait vraiment que son visage ne reflétait rien de son trouble. Bellatrix n'en serait que trop fière. Eleana ne se sentait pas prête à les affronter tous en même temps. Bellatrix, Avery, Malfoy et toute leur clique. Surprise, elle observa Sirius les faire s'arrêter devant un trio Gryffondors. Elle questionna du regard son cousin. Elle n'avait pas spécialement envie de faire la papote avec les élèves de sa maison. Mais bon, si ça pouvait retarder la confrontation « Eleana VS Serpentards », elle n'allait pas s'en plaindre. Parmi les trois Gryffondor, elle reconnut sans mal le garçon qui l'avait bousculée dans la matinée. À ses côtés, deux jeunes sorciers. Ils venaient tout juste d'interrompre leur conversation qui semblait au combien passionnante vu les amples gestes de la main qu'ils se lançaient à tour de rôle. L'un était maigre et grand. Cheveux bruns, regard chaleureux, il aurait pu être vraiment mignon s'il n'avait pas eu ce teint maladif. Le second en revanche, la jeune fille aurait pu jurer qu'elle l'avait déjà aperçu quelque part. Petit, gros, un visage pas très sympathique et un regard qui la fuyait. Quant à l'inconnu de ce matin, il la fixait de ses magnifiques yeux verts, semblant la jauger. C'était plus que troublant. Elle fit mine de ne rien remarquer et ne laissa rien paraître. Comme toujours, elle était très forte à ce jeu-là.
— Les gars, je vous présente ma cousine.
— On rencontre enfin la fameuse cousine Ella, dit le jeune homme au teint maladif en lui souriant chaleureusement.
— Eleana, le corrigea automatiquement la sorcière.
Son surnom n'était employé que par ses proches. Et il n'y avait jamais d'exception. Tout de même, Eleana se demandait ce qu'avait bien pu raconter son cousin sur son cas à ses amis Gryffondor. Ça faisait déjà deux fois qu'elle entendait un des amis de Sirius dire « la fameuse cousine ». Ça n'annonçait rien de bon. Elle jeta un coup d'œil à Sirius, lui promettant silencieusement de lui demander des explications plus tard. Il lui adressa un sourire coupable, ce qui, dans un sens, voulait tout dire.
— Eleana, se reprit le jeune homme de bonne grâce.
— ...Puisque Sirius ne semble pas pressé de nous présenter, je vais m'en charger, continua-t-il en voyant que Sirius ne faisait aucun effort et qu'un silence assez gênant s'était installé. Moi c'est Remus Lupin. Lui, dit-il en pointant du doigt le garçon plus petit à côté de lui, c'est Peter Pettigrow...
Elle savait maintenant pourquoi son visage lui disait quelque chose. Il venait d'une famille de Sang-pur.
— Et lui, déclara-t-il en désignant l'inconnu qui la fixait toujours avec autant d'intensité, c'est Nathaniel Ivanoshi.
À ces mots, son cœur rata un battement et elle ne put empêcher la surprise de s'afficher sur son visage.
Oh non ! Il fallait vraiment qu'il soit l'héritier des Ivanoshi... !
Il venait de passer de la case « garçon vraiment craquant » à celle d' « ennemi potentiel ». Décidément, aujourd'hui elle avait sérieusement la poisse. Et comme pour lui rappeler que ça pouvait toujours devenir pire, quelqu'un attrapa brutalement son poignet et la fit se retourner avec force. Sans surprise, elle reconnut Rosier. Il semblerait qu'il avait atteint son stock de patience.
— Lâche-moi, balança Eleana en articulant avec soin chaque mot de sa voix la plus froide.
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