S'envoler
Toucher les étoiles du bout des doigts. Ce n'est pas si difficile. Sauter. Arquer son corps, tendre son corps. Retomber et recommencer.
Pivoter, tendre la jambe, balancer les bras. Effleurer le ciel, caresser la lune. Tourner. Tourner. Sentir la perfection enlacer la lumière argentée venant illuminer le miroir de l'âme. Sauter.
Profiter du temps infini qui est offert. Écarter les bras et voler.
Entendre chaque note du violon sombrer comme dans un puit sans fond, ricocher et heurter la note suivante dans un bruit sourd avant de résonner dans la nuit. Ouïr la mélodie se répéter inlassablement dans la symphonie du corps.
Ne plus percevoir la lumière, ne plus distinguer la limite. Ne vivre que pour le mouvement, pour l'effort, pour chaque muscle qui se contracte, pour chaque goutte qui finit sa course dans les plis du tissus, pour chaque mèche désordonnée qui vole en suivant le rythme des pas enchaînés.
Vibrer pour ce monde isolé, vide de toute barrière, de toute limite.
Là où l'on n'est bloqué ni par les mots, ni par la signification.
Placer son pied, tourner encore et encore.
Chanter l'inchantable, danser l'indansable, tendre le bras, la jambe, s'élancer et ne faire plus qu'un avec la nuit.
Se laisser guider pas l'unique musique qui résonne au plus profond de l'âme, du coeur et des tripes. Ne plus penser raisonnablement, laisser son corps prendre le contrôle et son esprit naviguer sur la rivière sans fond de l'irréel qui s'offre à lui.
Plus rien ne compte si ce n'est l'harmonie.
Fermer les yeux et se laisser emporter.
Toucher les étoiles du bout du doigt. Corrompre Jupiter et saluer Saturne. Acclamer Mars et se laisser porter pas Pluton.
Ne plus sentir le sol sous ses pieds. Mais ne pas sentir le vide. Flotter, légère et gracieuse telle Vénus.
Graver dans la chair, graver dans le sang, graver dans la vie chaque note de la partition sans fin crée une énième fois. Graver à l'infini.
Entendre la musique s'arrêter. Et retomber, aussi pesante que ce silence insupportable.
Glisser sur le sol. Perdre l'équilibre. Choisir de combattre, choisir de se relever.
Relancer la musique du début et tout recommencer à zéro. Pour la deuxième fois. Infatigable, avoir enfin l'impression de vivre, de ressentir chaque souffle de vie, chaque morceau d'espoir, chaque fragment d'émotion et voir la passion exploser venant illuminer le ciel d'une gerbe de feux d'artifices colorés. Sourire.
Changer la chorégraphie et de nouveaux, graver chaque geste à l'encre de sang dans son coeur.
Avoir l'impression d'être enfermée dans un cocon blanc, et de forcer, seconde après seconde pour déchirer la toile et déployer ses ailes.
Vivre au rythme du papillon qui s'envole. Vivre au rythme de la rosée qui se dépose. Vivre au rythme des feuilles qui bruissent dans la brise matinale. Vivre au rythme de la Terre et de l'Univers.
Faire partie du tout. Faire partie du rien.
Fermer les yeux mais voir avec précision chaque minuscule détail.
Atteindre la perfection.
Caresser les étoiles du bout des doigts.
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