5 - Twin Ring Motegi
NDA : J'ai du mal à détacher mes yeux d'une certaine partie du média, c'est normal vous croyez ? („ಡωಡ„)
Nanaka s'installa dans le Shinkansen après avoir vérifié le numéro de son siège et Makoto s'assit en face d'elle avec un soupir satisfait.
(NDA : Shinkansen, version japonaise du TGV)
– Ah ! Dit-il en étendant ses jambes. Ça fait du bien de ne pas avoir à conduire pour une fois !
Leur prochaine mission devait se dérouler dans la préfecture de Tochigi, au nord de Tokyo, à près de quatre heures de route de la capitale et, pour l'occasion, la compagnie NHK leur avait acheté des billets de train.
Nanaka regarda par la fenêtre, le menton dans la main. Le quai était encombré de passagers. Le mois d'août touchait à sa fin et les derniers salariés qui avaient réussi à obtenir quelques jours de congé se pressaient vers les destinations touristiques du Japon.
La préfecture de Tochigi n'en faisait pas partie généralement, à l'exception d'une seule période de l'année. Celle qui voyait se dérouler les essais du grand prix moto 500cc du Japon.
(NDA : 500cc, 500 centimètres cubes, il s'agit de la cylindrée de la moto, en quelque sorte la "taille" du moteur.)
Après les sportifs qui puent la transpiration, songea-t-elle, voilà les fanas de mécanique qui puent l'essence...
Tout l'été, Nanaka s'était efforcée de faire changer d'avis le chef du personnel et de se faire transférer dans un service qui lui conviendrait mieux. Mais il n'avait rien voulu entendre et elle se retrouvait coincée à un poste dont elle ne voulait pas.
Je suis sûre que Riko me dirait d'être patiente, de faire de mon mieux, que les efforts paient toujours ou quelque chose comme ça...
Par moment, Nanaka enviait l'optimisme de sa petite sœur. En comparaison, elle se faisait l'effet d'être un oiseau de mauvais augure.
Je devrais peut-être penser comme elle... ça me simplifierait la vie. En tout cas ça m'éviterait un ulcère, ça c'est sûr !
Elle rit pour elle-même tandis que le départ imminent du train était annoncé.
Quelques semaines plus tôt, elle avait découvert le mystère que cachait l'absence de Riko le week-end qui avait suivi son gala. Nanaka n'avait pas eu à enquêter très loin. Lorsqu'elle était venue chez sa sœur pour voir la vidéo de sa prestation, elle était tombée sur le programme du Comiket dans la poubelle de sa chambre.
La date correspondait.
C'était là qu'elle était ? Rikorin est une fan de mangas maintenant ? S'était-elle demandée.
Même si, comme tous les jeunes japonais, toutes les deux aimaient les mangas et les animés, aucune d'elles n'avait jamais été dans ce genre de conventions pour otakus. Nanaka ne voyait qu'une raison pour que Riko ait fait ça en secret.
Elle y est allée pour voir un garçon.
Nanaka imaginait un de ces fanatiques de la culture geek et cette idée la rassurait un peu. Elle ne voyait pas comment un garçon de ce genre pourrait lui faire du mal.
Depuis ce jour, tout portait à croire que Riko avait un nouveau petit ami et Nanaka se demandait quand est-ce que sa petite sœur lui en parlerait.
Ça m'étonne quand même qu'elle ne m'ait toujours rien dit, s'inquiétait-elle.
Nanaka avait décidé qu'elle aborderait elle-même le sujet à son retour à Tokyo.
Je verrai tout de suite si quelque chose ne va pas. Si jamais c'est un type louche, il va le sentir passer !
De son autre vie en tant que policière, Nanaka avait conservé certaines capacités qu'elle avait acquises notamment durant sa formation chez les marines. Ça, plus les cours de kendo que leur grand-père leur avait donné à Riko et elle quand elles étaient petites faisaient d'elle un adversaire redoutable au combat.
– Parée pour notre petit séjour dans le nord ? Lui demanda Makoto.
Nanaka ramena les yeux vers lui, tirée de ses pensées.
– Il y a plus au nord quand même... Lui fit-elle remarquer.
La préfecture de Tochigi était certes située au nord du Kanto, mais lui-même était au centre de l'archipel.
– C'est sûr, dit-il, mais au moins il fera plus frais. En tout cas plus qu'à Tokyo.
La chaleur de l'été sévissait toujours sur la capitale et tous s'évertuaient à la fuir de leur mieux, que ce soit en se réfugiant dans les salles climatisées ou bien en partant pour des régions plus fraîches.
Makoto reprit.
– Tu as retenu tout ce que le chef t'a dit ?
Nanaka soupira.
– Oui, ne t'en fais pas, dit-elle.
Leur tâche consistait à interviewer les coureurs avant et après les essais qui détermineraient leur ordre de départ pour le grand prix de la saison qui aurait lieu dans quelques semaines. Cette épreuve était décisive, la plupart d'entre eux allaient jouer leurs carrières sur ces trois jours, beaucoup de spectateurs allaient y assister, avides de découvrir les stars de demain.
– Les motards, c'est mieux que les basketteurs ou les joueurs de baseball, non ? Dit Makoto. Ils ne suent pas, eux.
Nanaka leva vers lui un regard blasé.
– Alors ça, dit-elle, ça reste à prouver.
Quelques heures plus tard, le Shinkansen arriva en gare d'Utsunomiya et tous les deux récupérèrent la voiture qui avait été louée pour l'occasion.
– Il n'y a pas idée d'organiser un événement pareil dans un trou aussi perdu, dit Nanaka.
Elle regardait pensivement la route qui déroulait ses lacets le long des pentes verdoyantes du centre de Tochigi.
– Tu savais, lui dit Makoto, que le circuit de Motegi avait été bâti en mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf et qu'il était la propriété de Honda, comme celui de Suzuka d'ailleurs ? On l'appelle Twin Ring Motegi en raison de sa forme...
– Tu es le wikipédia du monde sportif, lui dit-elle. Je ne comprends toujours pas ce que je fais là.
– Tu as un joli minois, lui répliqua-t-il.
– N'en dis pas plus, le coupa-t-elle en grinçant des dents.
Makoto rigola.
– Tu n'as toujours pas digéré ta promotion, hein ?
– Non et je ne vois pas comment je le pourrais.
Au volant, le cameraman redevint sérieux.
– Fais-toi une raison Tadano, dit-il. C'est comme ça que le monde fonctionne et on y peut rien. Mieux vaut utiliser les ficelles qu'il nous offre pour tirer notre épingle du jeu. Nager à contre-courant, ça n'apporte rien de bon.
Surpris par son ton, Nanaka tourna les yeux vers lui avant de les ramener sur la route.
– Je sais bien, soupira-t-elle. Mais laisse-moi juste râler encore un peu. Ça me fait du bien.
Il éclata de rire à nouveau.
– Ça marche !
L'hôtel dans lequel la compagnie leur avait réservé deux chambres était situé juste au-dessus du circuit. Sans être luxueux, il était d'un standing plutôt élevé et Nanaka jubila en découvrant sa chambre.
– Voilà ce que j'appelle la belle vie ! S'écria-t-elle en se laissant tomber sur son lit.
– Je te rappelle qu'on est là pour bosser, dit son partenaire debout dans l'entrée de la chambre.
– Silence, rabat-joie ! Répliqua Nanaka sans lever son nez du coussin où elle l'avait enfoui. Dis-moi plutôt s'ils ont un onsen dans cet hôtel ?
Makoto abandonna la porte en rigolant.
– Aucune idée ! Dit-il. Renseigne-toi toute seule ma grande ! Mais rappelle-toi qu'on a la première série d'entretiens à partir de treize heures, l'hôtel nous prête même une pièce alors ne sois pas en retard !
– Ne sois pas en retard, gna gna gna... Le singea Nanaka sans faire mine de se lever.
Finalement, elle se redressa.
– Bon, allons voir s'ils ont un onsen dans cette bicoque, dit-elle.
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