47 - Hanami
NDA : Hanami, 花見, littéralement, regarder les fleurs. Coutume japonaise qui consiste à aller admirer les cerisiers en fleurs au printemps.
Le soleil qui passait au travers de la baie vitrée l'éblouit et Nanaka grimaça.
Elle voulut se retourner dans le lit, mais quelque chose lui enserrait la taille comme dans un étau et l'empêchait de bouger.
Elle grommela, ouvrit les yeux et découvrit Mikey profondément endormi, la tête contre sa poitrine et les bras autour de son ventre.
– Mikey... Marmonna-t-elle.
Tout ce qu'elle put tirer de lui, ce fut un grognement.
– Mikey, répéta-t-elle, bouge, tu me gênes.
Il ouvrit à demi un œil, regarda dehors, puis revint se blottir contre elle avec un gémissement.
– Il fait à peine jour... laisse-moi dormir Shichi...
Elle essaya encore de desserrer la prise de ses bras, en vain. Il avait des muscles qui semblaient faits en acier, même dans son sommeil.
– Arrête de bouger Shichi... Râla-t-il. Les doudous ça ne bougent pas.
Nanaka se figea de stupéfaction. Après une seconde, elle s'empara d'un coussin et lui en asséna un coup sur la tête.
– Je ne suis pas un doudou ! Protesta-t-elle.
Il releva les yeux.
– Tu as fait quoi là ?
Tous les deux s'affrontèrent du regard. Puis Nanaka tenta de crocheter sa jambe avec la sienne pour le faire basculer sur le côté. Mikey anticipa son mouvement et il la coinça avec la sienne. Nanaka profita d'avoir réussi à détourner son attention pour passer son bras entre eux et attraper son épaule. Elle fit levier, se redressa et passa au-dessus de lui. Mais elle ne put prendre le dessus, Mikey utilisa son propre poids pour la faire rouler plus loin et il revint se lover contre elle.
Il la reprit par la taille.
– Voilà, dit-il, là c'est bien. Ne bouge plus doudou.
Pendant une seconde, Nanaka ne sut si elle devait rire ou pleurer. Ça lui arrivait constamment depuis qu'elle avait emménagé chez lui l'hiver précédent. Elle était incapable de dire si elle était irritée ou amusée par ses pitreries.
Et comme à chaque fois, elle décida d'en rire.
À son tour elle l'enveloppa dans ses bras et le serra contre elle.
– D'accord, répondit-elle, je suis ton doudou, mais seulement si toi tu es le mien.
– Ok.
Après un instant, il ajouta :
– Quand j'étais petit j'avais un doudou, mais un jour Emma l'a jeté à la poubelle en disant qu'il puait et Kenchin l'a aidée.
– C'est bon, répondit-elle. Tu as un nouveau doudou maintenant et il ne partira plus jamais.
Tous les deux se mirent en route en fin de matinée sur la CB250T de Mikey.
L'avenue qui menait au parc d'Ueno était bordée de cerisiers en fleurs qui faisaient pleuvoir sur eux leurs pétales au moindre coup de vent.
– On n'est pas en retard ? Demanda Nanaka en se penchant vers son oreille pour se faire entendre par dessus le bruit du moteur.
– Mais non, la rassura Mikey. On est juste à l'heure !
Plus loin, Nanaka distingua au bord de la route un des jumeaux Kawata qui leur faisait signe, accompagnés de la jeune serveuse de leur restaurant, et elle lui rendit son salut de la main.
Mikey se gara à leur niveau et Nanaka descendit.
– On arrive presque les derniers, leur apprit Smiley, tout le monde est déjà allé s'installer sous les arbres là-bas.
– Tu vois ? Dit Nanaka en se tournant vers Mikey. Je t'avais dis qu'on était en retard !
– On n'est jamais en retard un jour de repos, lui objecta-t-il.
Smiley approuva.
– Mikey a raison, sinon c'est plus un jour de repos !
Tous avaient prévu de passer la journée ensemble pour pique-niquer et profiter des premiers beaux jours de la saison.
Ils passèrent sous les frondaisons et rejoignirent les autres qui s'étaient installés sur un drap posé à même le sol, des paniers remplis de nourriture posés entre eux.
Draken se redressa en les apercevant.
– Ah enfin ! C'est pas trop tôt ! S'exclama-t-il.
Il était assis à côté de Emma qui devenait d'un joli rose chaque fois qu'il tournait les yeux vers elle. Hinata, la petite amie de Takemichi, la poussait un peu plus vers lui chaque qu'ils regardaient ailleurs et Emma était maintenant à deux doigts de tomber sur les genoux de Draken. Elle avait beau foudroyer Hina du regard, celle-ci n'en avait rien à faire.
En face d'eux, Baji et Chifuyu avaient déjà commencé à manger sous le regard désapprobateur de Mitsuya, et Pachin, comme Peyan, avaient fait de même.
– On a commencé sans vous, s'excusa Pachin en se resservant. Tu nous en veux pas, hein Mikey ?
– Pas de problème Pah ! Lui assura Mikey.
Ils s'installèrent non loin de Draken et Takemicchou tandis que les jumeaux et leur amie déballaient des boîtes à bento pleines à ras bords.
L'ambiance était détendue et tous discutaient et changeaient de place comme bon leur semblait pour aller bavarder avec tel ou tel autre. Ils avaient peu l'occasion de se voir tous ensemble en dehors de ce genre d'occasions.
– Bah alors, s'indigna Baji en regardant Nanaka et Mikey. Vous n'avez rien apporté ?
Tous les deux étaient arrivés les mains vides.
– Nous sommes venus en moto, lui rappela Nanaka. C'est Rikorin qui amène ce qu'on a préparé hier soir toutes les deux.
– Oh ! Des petits plats faits maison par les jumelles ! S'exclama Smiley. J'ai hâte de goûter ça !
– On est loin d'être aussi douées que vous, le prévint Nanaka, mais on se défend.
– En parlant de ça, dit Chifuyu, ils sont où Haru et elle ?
– J'ai eu Rikorin au téléphone, lui apprit Nanaka, ils étaient sur le point de partir.
– Connaissant Haruchiyo, ajouta Mitsuya, il doit rouler au pas en ce moment et il lui faudrait une demi-journée pour traverser Tokyo.
Tous éclatèrent de rire.
Quelques mois plus tôt, juste après la victoire de Mikey, Riko avait découvert qu'elle était enceinte. Haruchiyo et elle n'avaient pas prévu cette grossesse, mais le bonheur que Nanaka avait lu dans les yeux de sa sœur l'avait convaincue que rien n'aurait pu rendre Riko plus heureuse.
Depuis, Haruchiyo prenait soin de la future maman avec une rigueur presque maniaque et il ne se passait presque pas une minute sans qu'il lui demande comment elle se sentait ou si elle avait besoin de quelque chose.
Plutôt que de célébrer le mariage de Nanaka et de Mikey aussitôt après le Grand Prix, tous les quatre avaient alors décidé d'attendre la naissance du petit et d'organiser les deux mariages l'été suivant.
– Comme ça on se mariera en même temps Nana ! S'était exclamé Riko, ravie.
Draken jeta un œil du côté de la route.
– Quand on parle du loup... Dit-il.
Une voiture familière venait d'apparaître au bout de la rue. Elle roulait au pas et elle était suivie par une longue file de véhicules impatients.
– À ce rythme-là, ironisa quelqu'un, ils auraient mieux fait de venir à pied !
Tous rigolèrent à nouveau.
Haruchiyo se gara avec d'infinis précautions et Nanaka abandonna Mikey pour aller à la rencontre du couple.
– Mon bébé ! S'écria-t-elle. Tata est là !
– Ah ça y est, remarqua Mitsuya, ça recommence.
Dès l'annonce de la grossesse de Riko, Nanaka avait développé une affection démesurée pour le bébé. À ses yeux, c'était comme si son propre enfant allait naître.
– En parlant bébé, reprit Chifuyu, comment vont Koko et Akane ?
Akane avait accouché une semaine plus tôt, c'était pour cela qu'ils étaient absents.
Sans surprise, en quelques heures seulement, sa chambre d'hôpital s'était mise à ressembler à un magasin pour enfants.
– Koko perd un peu les pédales, leur apprit Draken en riant à demi. Je crois qu'il s'imagine que s'il dévalise tous les magasins de la ville il sera plus tranquille. Akane et Inupi se chargent de le faire redescendre sur terre.
– Qui aurait cru qu'il était aussi sensible, remarqua Mitsuya.
Plus loin, Haruchiyo contourna précipitamment la voiture pour aller ouvrir la portière à Riko et l'aider à sortir.
– Fais attention Ri ! Dit-il en la guidant par la main d'un air inquiet. Il y a un trottoir ici !
Il lui montra le rebord avec affolement. À ses yeux, la moindre déclivité avait des allures de précipices.
– Oui, Haru, j'ai vu...
Elle ne semblait pas soucieuse. En fait elle donnait plutôt l'impression de flotter sur un petit nuage. Parvenus sur l'herbe, Haru grimaça de nouveau.
– Le sol n'est pas très régulier, dit-il en regardant nerveusement à ses pieds.
Il se tourna vers elle.
– Ri, ajouta-t-il très sérieusement, tu veux que je te porte ?
Riko, arborait un sourire radieux de femme enceinte. Elle en était à son huitième mois et tout ce qui ne concernait pas directement sa grossesse semblait lui être parfaitement indifférent.
– Non, c'est bon Haru, répondit-elle.
Nanaka arriva à leur niveau.
– Mon bébé ! S'exclama-t-elle.
Elle se pencha pour se mettre au niveau du ventre de sa sœur.
– Je t'ai manqué mon bébé ? Dit-elle. Ça fait des heures qu'on ne s'est pas vus !
Haru protesta immédiatement.
– Ça n'est pas ton bébé ! S'indigna-t-il.
Nanaka se redressa aussitôt.
– C'est comme si c'était mon bébé ! Répondit-elle. Rikorin est ma jumelle !
– Et c'est reparti, souffla Mitsuya dans leurs dos.
Nanaka et Haruchiyo se toisèrent.
Depuis le début de la grossesse de Riko, tous les deux n'avaient pas cessé de se disputer. Heureusement, Riko, elle, était à des années lumières de tout ça.
Elle les laissa vider leur querelle pour rejoindre les autres et aller s'installer sur la nappe, aidée par Hina et Emma.
– Ouf ! Je commence à avoir vraiment du mal à bouger, dit-elle.
Ces quelques mots firent réagir Haruchiyo. Il accourut.
– Je suis là Ri ! Dis-moi de quoi tu as besoin !
Riko avait un sourire béat aux lèvres et la main posée sur son ventre.
– Tu crois que tu pourras rapporter le panier qui est dans le coffre Haru ? Dit-elle.
Haruchiyo se redressa aussitôt.
– Bien sûr Ri ! Dit-il.
Il repartit en courant vers le véhicule et Nanaka en profita pour rejoindre Riko et s'asseoir à côté d'elle.
– Comment va mon bébé depuis hier ? Dit-elle. Il a bien dormi ? Il a bien mangé ?
– Si tu es gâteuse comme ça avec ton neveu, lui dit Hinata, je ne veux même pas imaginer ce que ça sera quand tu seras enceinte.
Haruchiyo fut de retour et il fronça les sourcils en découvrant Nanaka installée auprès de Riko.
Il déposa le panier sur la nappe.
– Pousse-toi ! Lui dit-il. C'est ma femme !
– Et c'est ma sœur ! Lui rétorqua-t-elle. De toute façon, c'est pas ta femme, vous n'êtes pas encore mariés !
– C'est pareil !
– Je ne comprends pas pourquoi vous vous disputez constamment, intervint Mitsuya. Au fond, c'est comme si ce bébé était aussi le vôtre aussi vu que Riko et Nanaka sont sœurs jumelles.
Sa remarque fit tomber un silence glacial autour de la nappe.
Haru et Nanaka se regardèrent de part et d'autre de Riko et ils grimacèrent en s'écartant de concert.
Nanaka se leva pour retourner s'installer près de Mikey.
– Beurk... Lâcha-t-elle.
– Parle pour toi ! Lui rétorqua Haru, aussi dégoûté qu'elle par cette idée.
Emma se tourna vers Haruchiyo.
– Je ne comprends pas Haru, dit-elle, comment tu fais pour être amoureux de l'une et détester l'autre alors qu'elles sont parfaitement identique ?
– Pas parfaitement identique, protesta-t-il, et puis si l'autre en question ne m'avait pas menacé de mort à notre première rencontre, nous n'en serions pas là !
– Ne crois pas que je ne te surveille plus Akashi ! Lui répondit Nanaka en agitant un doigt menaçant dans sa direction. Tu as vraiment intérêt à prendre soin de ma sœur et de mon bébé !
– Ça n'est pas ton bébé !
Nanaka l'ignora et elle se réfugia contre Mikey, la tête sur son épaule et la main dans la sienne.
Autour d'eux, la fête continuait à battre son plein et tout le monde parlait en tout sens. Leur groupe était de loin l'un des plus agités du parc. Mais c'était une ambiance agréable et chaleureuse.
Nanaka entrelaça ses doigts avec ceux de Mikey et elle serra sa main dans la sienne. Son regard s'égara vers Riko.
Elle aussi, un jour, elle aurait un enfant. Elle en était sûre.
L'idée de vivre cette aventure avec Mikey lui réchauffa le cœur et elle serra un peu plus ses doigts.
Tout ça, cet avenir, c'était comme un rêve. Si autrefois on lui avait dit que l'enfer qu'elle vivait la conduirait à ces moments, elle ne l'aurait jamais cru.
Je suis heureuse, je suis tellement heureuse.
Et si tout ça, c'était le destin ? Se demanda-t-elle brusquement. Et si ma vie et celle de Mikey étaient étroitement liées, pas seulement dans cette réalité, mais dans toutes les autres ?
Alors ça voudrait dire qu'il y existe des destins contre lesquels on ne peut lutter...
Elle leva les yeux vers Mikey et sourit.
– Je t'aime, lui dit-elle, tu le sais ?
Il baissa les yeux, surpris par le sérieux dans sa voix.
Il passa son bras libre autour de sa taille et lui embrassa la tempe.
– Moi aussi Shichi, dit-il. Moi aussi je t'aime. Je t'ai toujours aimée.
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