17 - Toi ?

Tous les trois sortirent de l'ascenseur et Mikey partit en avant dans le couloir pour éviter Senju qui rigolait toujours comme une baleine chaque fois qu'elle croisait son regard.

Il sonna à la porte que lui indiquait Draken et lança un coup d'œil irrité par-dessus son épaule en direction de Senju. Cela n'eut pour seul effet que de la faire redoubler de rire.

Senju était une des rares personnes qui n'était pas impressionnée par Mikey, et Draken trouva ça rafraîchissant.

Pour une fois que ça n'est pas moi qu'on fait tourner en bourrique... Se dit-il.

– Au fait, dit-il en rejoignant Mikey devant la porte, Takemicchou ne devait pas venir ?

– Si, répondit Mikey, il nous rejoint plus tard avec Chifuyu et Kazutora, ils finissent leurs boulots d'abord.

– Ah ok, dit Draken. Takemicchou bosse toujours dans ce magasin de DVD ?

– Toujours oui.

La porte s'ouvrit et Mikey ramena les yeux devant lui. 

Il se figea, stupéfait.

– Shichi... ? Lâcha-t-il.

La femme qui avait ouvert,  c'était Nanaka.

Haruchiyo apparut derrière elle et il la prit par les épaules.

– Salut vous ! Dit-il. Je vous présente Riko !




Ils entrèrent dans le petit appartement. 

Mikey ne parvenait pas à détacher les yeux de la femme.

Ça n'est pas Shichi ? Non... Il l'a appelée Riko.... Mais on dirait Shichi pourtant, c'est incroyable !

Tandis qu'ils gagnaient le salon, Mikey continua à la dévisager au point que Riko commençait à se sentir mal à l'aise.

Il s'assit sur le canapé, toujours sans la lâcher des yeux, et Draken se laissa tomber à côté de lui.

– Tu as vu ? Lui dit-il en désignant Riko du menton. C'est le portrait craché de la journaliste !

Il lui adressa un sourire complice et Riko se redressa en entendant ces mots.

– Une journaliste ? Dit-elle. Nana ? Vous la connaissez ? C'est ma grande sœur ! On est jumelles ! Elle doit justement venir ce soir !

Haruchiyo fut de retour de la cuisine où il était allé chercher des verres qu'il déposa sur la table basse et Riko se tourna vers lui. Elle s'exclama :

– Haru ! Ils connaissent Nana ! C'est fou, non ?

– Ah oui ? Dit Haruchiyo.

Il s'assit sur l'accoudoir du fauteuil de Riko pour lui passer un bras autour des épaules.

– On a rencontré une fille qui ressemble traits pour traits à ta copine à Motegi, expliqua Draken.

– Oui ! Dit Riko. Nana devait aller couvrir un événement sportif là-bas !

Cette idée paraissait particulièrement l'enthousiasmer et Mikey la regarda, étonné. Les deux sœurs étaient peut-être physiquement des copies conformes, mais leurs caractères n'avaient rien à voir. Nanaka était sombre, renfermée presque méfiante en comparaison de sa sœur cadette qui était, elle, comme un livre ouvert qui transpirait l'innocence et la spontanéité.

Ces expressions simples et candides sur le visage qui était pour lui celui de Nanaka ne cessaient pas de le surprendre.

De son côté, Senju suivait la conversation sans comprendre. Finalement, elle se pencha vers Draken.

– Attends... Dit-elle. Tu veux dire que... ?

Draken hocha la tête sans la laisser finir.

– Ouais, dit-il avec un grand sourire. Ça va être marrant !




Nanaka arriva au bas de l'immeuble et elle se recoiffa rapidement dans le miroir de l'entrée.

Tu te fais belle pour une bande d'otakus ? Se dit-elle.

Elle pouffa de rire et abandonna son reflet pour l'ascenseur. 

Tandis qu'elle attendait la cabine, elle se demandait à quoi pouvait ressembler ce garçon qui était si important pour Rikorin.

Sa sœur était restée très vague lorsqu'elle le lui avait décrit et Nanaka n'en comprenait pas la raison.

Est-ce qu'il est laid comme un pou ? Ou bien alors il a des passions inavouables ? Si ça se trouve, il collectionne les figurines d'animés représentant des demoiselles à demi-nues... C'est peut-être pour ça qu'on ne va pas chez lui ce soir d'ailleurs...

Un nouveau rire la saisit quand elle monta dans l'ascenseur, cependant cette fois il s'y mêlait une pointe d'inquiétude.

Nous verrons, se dit-elle alors que la cabine montait dans les étages. Si jamais c'est un type bizarre, je ferai le nécessaire. Riko n'appréciera pas que je me mêle de sa vie, mais je ne laisserai pas un homme louche poser ses sales pattes sur ma sœur. Pas cette fois !

Le Ding ! de l'ascenseur retentit et les portes s'ouvrirent.




Sur le canapé, dans l'appartement de Riko, Mikey, Draken et Senju écoutaient Haru et Riko leur raconter leur rencontre.

– C'est comme si je la connaissais depuis toujours, conclut Haruchiyo sans parvenir à détacher les yeux de Riko.

Il posa la main sur son épaule et elle prit ses doigts en souriant.

– Oui, dit-elle, pour moi c'est pareil.

Tous les deux se regardaient avec une telle tendresse qu'on avait l'impression que le monde entier autour d'eux n'existait plus.

Senju battit des mains comme une gamine.

– C'est tellement mignon Haru ! Jubila-t-elle.

– J'avoue, reconnut Draken. Je suis content pour vous deux.

Mikey, lui, resta silencieux.

La pensée que Haruchiyo éprouvait lui aussi ce sentiment étrange qui lui avait étreint la poitrine durant son séjour à Motegi renforçait sa conviction. Nanaka et lui s'étaient déjà rencontrés, comme Haru et Riko.

Elles sont sœurs, on a peut-être fait leur connaissance ensemble.

Le carillon de l'entrée retentit et tous levèrent la tête.

– Ce doit être Nana ! Dit Riko en faisant un mouvement pour se lever.

Mikey l'arrêta.

– Ça te dérange si je vais ouvrir ? Lui dit-il.

Riko parut surprise. Puis elle se rassit et sourit.

– Non, bien sûr, dit-elle. Vas-y Mikey !




Depuis le couloir, Nanaka entendit des voix à l'intérieur de l'appartement. Les amis du petit copain de Riko devaient être déjà là.

Des pas approchèrent.

La porte s'ouvrit et Nanaka tomba nez à nez avec Mikey.

Bouche bée, elle le regarda sans comprendre. Puis elle jeta un œil autour d'elle dans le couloir avant de se pencher vers le nom inscrit sur la sonnette.

– Tu ne t'es pas trompée d'appartement, la rassura-t-il en souriant.

Nanaka se redressa toujours sans un mot. Elle donnait l'impression d'avoir été foudroyée sur place.

Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Réussit-elle à se demander.

Mikey, lui, affichait un petit sourire réjoui. La situation semblait beaucoup l'amuser. Nanaka le comprenait sans mal. Après la façon dont elle lui avait faussé compagnie – deux fois de suite même pour être tout à fait honnête –, il devait éprouver une certaine satisfaction à la surprendre à son tour.

Mikey s'écarta pour l'inviter à entrer.

– Je t'en prie, dit-il.

Elle fit un pas en avant.

– Tu m'invites à entrer chez ma sœur ? Dit-elle.

– Tout à fait, lui dit-il.

Une fois à l'intérieur, Nanaka se débarrassa de ses chaussures et elle finit par lever les yeux vers lui.

– Juste une question, dit-elle. Tu as l'intention de te trouver derrière chacune des portes que je vais ouvrir à partir de maintenant ?

Mikey rigola.

– J'y songe sérieusement, dit-il, ne serait-ce que pour voir ta tête à chaque fois !

Tous les deux rejoignirent le salon et les visages se tournèrent vers eux. Riko jaillit de son fauteuil et vint enlacer Nanaka.

– Nana ! Je suis tellement contente de te voir ! Tu m'as manquée !

– On s'est vues hier Rikorin, lui rappela Nanaka en riant.

Elle balaya la pièce du regard. Elle reconnut l'ami de Mikey, le grand mécanicien avec un tatouage sur la tempe qu'elle avait vu avec lui à Motegi. Mais celui qui la surprit le plus, c'était Haruchiyo, installé sur l'accoudoir du fauteuil que Riko venait de quitter.

Haru ? Se dit-elle.

Nanaka était émue. La dernière fois qu'elle l'avait vu en chair et en os, en dehors de ce jour où ils étaient enfants, c'était lors de leur dernière mission ensemble pour le compte du Bonten.

Il n'a pas changé lui non plus... Ou plutôt si, il a complètement changé !

Nanaka ne savait plus où elle en était.

Tout cela, c'était beaucoup trop pour elle.

Senju se leva à son tour et elle vint se planter devant les deux sœurs.

– Alors ça c'est dingue ! Dit-elle en les regardant tour à tour. On dirait la même personne !

– C'est un peu le principe des jumeaux, lui fit remarquer Draken.

Nanaka et Riko sourirent exactement en même temps sans s'être concertées et Senju écarquilla les yeux.

– Wow ! Dit-elle en faisant un pas en arrière. C'est flippant !

Elle se tourna vers son frère.

– Tu as vu ça Haru ? Dit-elle. Elles sont identiques !

Haruchiyo et Mikey les regardèrent et tous les deux pensèrent à la même chose :

Non... Pas identiques.

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