16 - Haruchiyo

Une semaine plus tard, Riko se tordait nerveusement les mains en faisant les cents pas dans son appartement. Haruchiyo la regardait, appuyé contre le chambranle de la porte du salon.

Ils avaient disposé tout un tas de paquets de chips sur la table basse, ainsi que des bouteilles de soda et d'alcools et différentes sortes de snacks apéritifs. Il ne manquait plus que leurs invités.

Haru abandonna son poste pour venir la prendre dans ses bras.

– Calme-toi Riri, dit-il. Tout se passera bien.

– Oui, mais si jamais ça ne se passe pas bien... Dit-elle en proie à l'affolement. Si jamais toi et Nana vous ne vous entendez pas... Ou si jamais tes amis ne m'aiment pas... Ou bien si...

Il la serra plus fort contre lui et Riko cessa sa litanie, le visage enfoui contre son torse.

Tout se passera bien, répéta-t-il. C'est une promesse.

Riko ferma les yeux et elle se força à respirer calmement. L'odeur de Haru lui emplit le nez et la bouche. Le simple fait de la sentir, calmait les battements de son cœur et la faisait se sentir en sécurité. Il avait le don de l'apaiser.

Riko pinça le tissu de sa chemise entre deux doigts.

– Merci Haru... Souffla-t-elle.

Il recula pour soulever son menton du bout des doigts.

– Tu n'as pas à me remercier, dit-il. C'est moi qui te remercie de faire partie de ma vie mon ange.

Riko sourit et il vint cueillir ses lèvres.

Comme à chaque fois qu'il l'embrassait, il semblait à Riko que son cœur faisait une embardée dans sa poitrine. C'était si déstabilisant et agréable en même temps. La bouche de Haru caressa la sienne, l'effleurant plus qu'il la touchait, et Riko sentit ses veines bouillonner.

Elle se hissa sur la pointe des pieds pour s'emparer de ses lèvres et Haru sourit, son anxiété semblait avoir disparu.

Il glissa un bras autour de sa taille tandis que sa main prenait son visage en coupe dans sa paume pour caresser sa joue du bout des doigts. Sa langue trouva rapidement le chemin de la sienne et toutes les deux entamèrent un ballet langoureux qui faisait résonner leurs deux cœurs à l'unisson.

Lorsque Haruchiyo se redressa, Riko avait le souffle court et le visage rouge.

Elle leva la main pour presser ses doigts sur sa joue un peu plus longtemps.

– Merci Haru, répéta-t-elle.

Il ramena son front contre le sien et ferma les yeux.

– Tu es mon ange, pas vrai Ri ?

– Et tu es le mien, lui répondit-elle.

Cela faisait un mois maintenant que tous les deux étaient ensemble et il leur semblait que cette attirance qui les avait réuni ce jour-là, au Comiket, était toujours aussi forte qu'au premier instant.

Après avoir fui dans les coulisses pour échapper à Takeomi, Haruchiyo était resté abasourdi en croisant le regard de Riko. Comme elle lorsqu'elle avait vu une de ses vidéos pour la première fois, il avait été obligé de se rendre à l'évidence.

Je la connais, c'est sûr je la connais.

C'était même plus qu'une certitude. C'était comme s'il venait de découvrir une partie de son cœur dont il ignorait même qu'elle lui manquait.

Dès le lendemain ils étaient allés boire un verre ensemble et Riko avait fait connaissance le quotidien d'une star du web. Ça l'avait beaucoup fait rire lorsque Haruchiyo s'était présenté en début de soirée avec ses lunettes de soleil, sa casquette enfoncée sur la tête et sa veste à col haut en plein été. Accoutré de cette façon, il attirait presque plus l'attention plus que s'il était resté lui-même.

Ensuite, ils étaient allés au cinéma avant de terminer par une promenade au clair de lune dans un parc non loin.

Riko n'avait pas vu le temps passer. Tout lui paraissait plus léger, presque facile, quand Haru était là.

Elle avait rapidement fait la connaissance de Senju, la petite sœur de Haru, – elle et lui travaillaient ensemble – et elle avait croisé Takeomi, l'aîné de la fratrie.

Ce dernier l'effrayait un peu. C'était d'ailleurs pour ça qu'ils avaient choisi de faire la soirée chez Riko et non dans le grand appartement que les trois Akashi partageaient.

La sonnette de l'entrée retentit alors que tous les deux étaient encore enlacés et Haruchiyo leva la tête et il jeta un œil en direction de la porte par-dessus son épaule.

– Ça doit être eux, dit-il.

Riko prit appui des deux mains sur son torse. Elle inspira et se redressa.

– Tout va bien se passer, dit-elle.

– Tout va bien se passer, lui confirma-t-il. Et si ça se passe mal, je te kidnappe et on part vivre tous les deux en amoureux sur une île déserte où on se nourrira de noix de coco et de bananes.

Riko ne put se retenir de rire.




Quelques minutes plus tôt


Draken consulta une nouvelle fois le plan que Haruchiyo leur avait donné, Mikey et Senju dans son sillage.

– C'est par là je crois, dit-il.

(NDA : Les adresses japonaises n'ont rien à voir avec celles que l'on connaît en occident. Là-bas, pas de nom de rue ou de numéro. Les adresses sont écrites sous formes de zones géographiques : en premier le code postal de la ville, puis la préfecture, suivie du quartier – chome – et du bloc – banchi. C'est pour cela que de nombreux japonais préfèrent dessiner un petit plan pour indiquer un lieu plutôt que de noter une adresse. Une fois que l'on connaît le quartier, c'est plus facile pour se repérer.)

Il examina le panneau à l'entrée du quartier et Senju lui attrapa bras pour regarder le plan.

– Tu crois ou tu en es sûr ? Lui demanda-t-elle.

– Dis, lui rétorqua-t-il, c'est ton frère, tu pourrais savoir où habite sa copine quand même !

– Je ne suis jamais allée chez elle, expliqua Senju. Je l'ai juste croisée deux ou trois fois quand elle venait le chercher au studio.

– Elle est comment ? S'enquit Draken.

Senju réfléchit.

– Gentille, dit-elle. Elle est mignonne et toute timide. Take lui fout la frousse.

– Takeomi fout la frousse à tout le monde, lui fit remarquer Draken en ramenant les yeux sur le plan.

Une seconde plus tard, Senju jeta un regard à Mikey qui marchait toujours derrière eux en silence. Il n'avait pas dit un mot depuis qu'ils étaient partis. Cela ne lui ressemblait pas.

Elle se pencha vers Draken avec des airs de conspiratrice.

– Il lui arrive quoi à Mikey ? Demanda-t-elle. Il a mangé un truc qui ne passe pas et il est constipé ?

Draken suivit la direction de son regard.

– Non, il nous fait un chagrin d'amour, répondit-il. Une fille lui a fait un faux plan.

– Oh ? S'extasia Senju. Mikey l'invincible s'est fait jeter ?

– Je ne me suis pas fait jeter ! S'exclama Mikey en remontant à leur niveau. Arrêtez de raconter n'importe quoi ! C'est juste qu...

– Qu'elle s'est contentée de partir en courant, compléta Draken.

Il étouffa un rire et Mikey grommela.

– Sérieusement ? S'enquit Senju en les regardant tour à tour. Pour de vrai ? Elle s'est enfuie en te voyant ? Tu lui as fait quoi ?

Mikey détourna la tête. Il préféra les ignorer en bougonnant.

– Je rigole Mikey, lui dit Draken, fais pas la tête ! Et puis tu la reverras ta journaliste, tu sais où elle bosse, non ? En plus ça t'apprendra à me faire un coup comme celui que tu m'as fait pendant cette course ! J'entends encore Koko me gueuler dessus !

Comme il l'avait prévu, Kisaki et Kokonoi n'avaient pas du tout apprécié la plaisanterie de Mikey et c'était sur Draken qu'était retombée toute la responsabilité de l'incident. Les deux PDG semblaient croire qu'il pouvait contrôler Mikey.

Comme si quelqu'un pouvait contrôler Mikey...

Finalement, il leva les yeux vers un immeuble d'habitations niché dans le quartier de Omotesandō, non loin de Shibuya, et il s'immobilisa.

– C'est là, dit-il.

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