11 - Conséquences

Nanaka se rendit compte de ce qui se passait et elle se redressa en lâchant Seto. Elle jeta un regard affolé autour d'elle puis sortit des stands en courant, la main pressée contre les lèvres.

Non, non ! Qu'est-ce que j'ai fait ?

Elle s'éloigna du circuit, une nausée lui tordant le ventre.

Elle se réfugia derrière le bâtiment voisin et se laissa glisser contre le mur, la tête dans les mains.

Elle avait le souffle court et la panique lui donnait envie de vomir. Son cœur tambourinait à toute allure dans sa poitrine.

Non ! Pourquoi j'ai fait ça ? Mais qu'est-ce qui m'a pris ?

Elle enfouit sa tête dans ses bras, les membres parcourus de tremblements incontrôlables.

Ça ne finira donc jamais ? Se demanda-t-elle.

Ces dernières années, Nanaka n'avait eu de cesse d'enterrer au plus profond d'elle les souvenirs de sa vie précédente et les crimes qu'elle y avait commis. Jusqu'à cet instant, elle pensait avoir réussi. Mais elle découvrait tout à coup qu'il suffisait d'un rien pour que la fille qu'elle avait été reparaisse au grand jour.

Je resterai un monstre toute ma vie...




Vingt minutes plus tard, un bruit de pas à l'angle du bâtiment lui fit lever la tête.

Makoto vint s'asseoir à côté d'elle et il lui tendit une canette de café froid qu'il avait achetée au distributeur.

– Le départ vient d'être donné, dit-il, ton pote est bien placé pour le moment.

Nanaka attrapa la canette sans un mot et Makoto reprit.

– Ça n'arrive pas souvent de te voir craquer, dit-il, tu veux en parler ?

Elle secoua la tête.

– Non.

– Ok.

Le silence s'étendit entre eux.

– Ta camera n'a rien ? Demanda finalement Nanaka.

– Non, répondit-il. J'ai amorti le choc en tombant.

– Tant mieux.

– Seto n'a rien lui non plus, poursuivit Makoto, au cas où tu voudrais savoir. Il a été surpris, c'est tout. C'est pas tous les jours qu'un grand gaillard comme lui se fait remettre à sa place...

Nanaka ne dit rien.

– Et comme il t'a insultée en public, continua Makoto, ils sont plusieurs à dire qu'il l'a bien mérité. Il n'est pas très aimé apparemment.

– Je vois.

– Tu t'en veux pour avoir frappé ce con ? Faut pas. Il n'en vaut pas la peine, crois-moi. Au moins maintenant il réfléchira avant d'ouvrir sa bouche. Enfin j'espère.

La fin de sa réplique fit sourire Nanaka. Elle ouvrit la canette et elle en but une gorgée. 

Puis elle l'éloigna de ses lèvres en grimaçant et regarda l'étiquette.

– C'est quoi ce truc ? Dit-elle. C'est immonde !

Makoto rigola et il porta sa propre canette à sa bouche.

– C'est parce que tu sais pas ce qui est bon Tadano, lui dit-il.

Il se leva.

– Va te reposer, ajouta-t-il, je vais suivre la course et je te tiendrai au courant.

Arrivé au coin du bâtiment, il lui lança :

– Merci d'être intervenue au fait ! Ma virilité en a pris un coup, mais ça me rassure de savoir que tu sais te défendre ! Et je ne suis pas prêt d'oublier qu'il ne faut pas te chercher quand tu as la gueule de bois !




Nanaka sentit un sourire s'attarder sur ses traits. L'intervention de Makoto avait au moins eu le mérite de la dérider.

Elle se leva à son tour et se dirigea vers l'hôtel, abandonnant la canette de café encore pleine dans la première poubelle qu'elle croisa.

– Vraiment immonde ce truc... Lâcha-t-elle.




Quelques minutes plus tôt


Seto poussa violemment le cameraman et Mikey se redressa, prêt à intervenir, Draken à ses côtés. Mais il n'était pas le seul. Tous les pilotes et leurs mécaniciens avaient fait un pas en avant pour arrêter le pilote. Ce type passait son temps à provoquer des bagarres.

Ils n'eurent pas le temps de faire un geste. Nanaka avait mis Seto au tapis avant que le coureur ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait.

À plat ventre sur le sol du stand, le bras rabattu dans le dos et le genou de Nanaka entre les épaules, il ouvrait des yeux abasourdis. Son expression était presque comique.

Celle de Nanaka en revanche fit courir un frisson désagréable dans le dos de Mikey. Son regard lui rappelait celui qui était autrefois le sien, quand les pulsions sombres jouaient avec lui comme avec une marionnette.

Avant qu'il soit remis de sa surprise, Nanaka s'était relevée et elle s'était précipitée dehors, et l'organisateur de la course était venu leur dire que le départ allait bientôt être donné. Plus loin, Seto se releva en frottant son bras, l'air mauvais et un œil en direction de la porte.

Il faudrait le surveiller ces prochains jours songea Mikey. Kentarō Seto n'était pas le genre d'hommes à accepter de se faire malmener par une femme sans rien dire.

– Kenchin... Souffla-t-il.

– Ouais, répondit Draken en regardant dans la même direction, il va falloir l'avoir à l'œil. Il ne manquerait plus qu'il essaie de se venger.

Mikey opina. Tous les deux s'étaient compris.




La première course s'acheva sur la victoire de Mikey et il se murmurait déjà en tribune qu'il était bien parti pour occuper la première position lors du championnat.

– ... c'est la faute de cette fille aussi, clama Seto à qui voulait l'entendre en mettant pied à terre. Elle m'a déconcentré juste avant l'épreuve. Ça devrait être interdit de laisser entrer des spectateurs juste avant la course, même des journalistes !

Autour de lui , les coureurs se jetèrent des regards entendus. Seto trouvait toujours de bonnes excuses à ses défaites. De mémoire de pilotes, il n'en avait jamais assumée une seule.

Mikey esquissa un sourire, puis il s'éloigna.

Durant la course, un souvenir lui était revenu. Les mouvements de Nanaka lorsqu'elle avait plaqué Seto au sol, ne lui étaient pas inconnus, il était sûr de l'avoir déjà vu faire quelque chose de semblable. Mais il n'arrivait pas à se souvenir où.

Comment je peux me rappeler l'avoir déjà vu faire ça, alors que c'est la première fois qu'on se recroise en douze ans ?

Tout cela le dépassait. Mais ce qui était sûr, c'est qu'il voulait lui parler.




Nanaka se redressa sur son lit et bâilla. Elle était rentrée à l'hôtel faire une sieste en quittant Makoto et ce petit somme lui avait fait du bien. Son mal de tête avait disparu et elle avait les idées plus claires.

Les images de la scène qui s'était déroulée dans les stands étaient toujours présentes à son esprit. Mais désormais elles ne faisaient que renforcer sa détermination.

Ça veut juste dire que j'avais raison depuis le début, se dit-elle. Mieux vaut que je reste loin de lui, je ne lui apporterai jamais rien de bon. Ni à lui, ni à Haru. Tout ce que je ferais, c'est ramener ce monde de violence dans leurs vies.

Elle se laissa glisser du lit et attrapa son portable sur la table de chevet. Il était presque midi, vit-elle.

Elle envoya un message à Makoto pour lui dire de la rejoindre au restaurant pour déjeuner et faire le point, puis elle gagna la salle de bain pour se préparer.

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