8 - Qui demande à un noble de tirer sur la police ?
En sortant de l'hôtel libre-service, Klet remarqua que son SUV, garé au bord de la route, avait déjà reçu une amende ; la plus sévère, une noire, l'avertissant qu'il serait arrêté s'il ne payait pas. L'arrachant avec désinvolture, il la froissa en boule, la jetant dans une poubelle à proximité, puis se dirigea vers l'allée derrière l'établissement.
- Tu l'as attrapé ? Demanda Maiken dans son communicateur.
- Non.
Klet leva les yeux, jetant un coup d'œil à la fenêtre de la chambre de Shen Siwei, son regard tombant naturellement sur le bâtiment résidentiel d'en face.
Lorsqu'il était arrivé, environ une dizaine de minutes avant, quelque chose lui avait paru étrange. Il s'était donc dirigé rapidement vers la chambre du septième étage, ouvrant la porte d'un coup sec, persuadé en voyant Shen Siwei en cape, qu'il n'avait pas eu le temps de changer de vêtements.
Il avait eu tort, mais...
Sa taille est assez agréable à toucher.
- Il a dû entrer et sortir par la fenêtre, supposa Klet, mettant de côté ses pensées inappropriées en atteignant le toit de l'immeuble. Tu penses qu'il peut sauter du septième au cinquième ?
- Impossible, non ? répondit Maiken, son ton trahissant ses doutes. Ou alors, il fait semblant d'être faible ?
- Difficile à dire, commenta Klet. À première vue, ce joli négociateur ne semble pas être quelqu'un qui peut escalader les murs et voler.
- Y a des empreintes de pas ?
Il n'y avait que des climatiseurs et de l'équipement de purification d'eau sur le toit de l'immeuble résidentiel. Le leader des réfugiés utilisa une lampe de poche pour regarder autour de lui, mais ne trouva aucune trace suspecte.
- Non.
Il se dirigea vers le bord du toit, levant les yeux vers la fenêtre de la chambre de Shen Siwei, calculant la force nécessaire pour sauter du cinquième au septième étage.
Une personne normale en serait incapable, à moins d'avoir des membres mécaniques.
- Il regardait vraiment les infos ? questionna Maiken.
- Je ne sais pas.
La prochaine fois, il faudra que je touche à nouveau ses jambes pour voir si elles ont subi des modifications.
- Dans tous les cas, garde un œil sur lui, ajouta Klet.
- Euh, patron, dit soudain Maiken, t'as été démasqué.
Après le départ du goujat qui avait fit irruption dans sa chambre, Shen Siwei jeta sa tenue d'escapade dans la chute à linge de la salle de bain et mit un uniforme blanc tout neuf.
Aucune chance qu'il se détende et profite d'un bain, maintenant.
Tant qu'il n'aurait pas compris comment sa cible savait qu'il était sorti, il ne pourrait pas baisser sa garde.
Klet était venu après son retour dans la chambre, ce qui signifiait qu'il n'avait pas immédiatement su quand il l'avait quittée. S'il l'avait repéré en chemin, il l'aurait arrêté directement au lieu de venir à l'hôtel pour vérifier. De plus, il avait évité les caméras de surveillance en cours de route, donc la possibilité d'avoir été pris en photo était faible.
- Alors...
Shen Siwei inspecta la chambre d'hôtel, murmurant pour lui-même :
- Qu'est-ce qui a causé les soupçons de Klet ?
Sortant sur le pas de la porte pour jeter un coup d'œil, il remarqua immédiatement quelque chose de bizarre. Près de l'encadrement, non loin du sol, il restait une marque circulaire collante ; encore solide au toucher, prouvant que ce qui avait été collé au mur, avait été retiré il n'y a pas si longtemps.
Un transmetteur audio.
La taille et la forme de la marque circulaire étaient des indices évidents ; Shen Siwei devina immédiatement.
- Intéressant.
Gentleman ou non, il l'avait escorté dans le seul but d'installer ce petit espion.
Klet semblait être plus difficile à gérer qu'il l'avait imaginé.
Mais une mission devait lui donner du fil à retordre pour être excitante, n'est-ce pas ?
Regardant droit dans la caméra de surveillance du couloir, il entra dans l'ascenseur. Une fois dehors, il aperçut avec surprise le SUV garé à l'entrée. Klet était appuyé contre la portière, fumant une cigarette, sa jambe droite pliée avec désinvolture, reposant sur la gauche, le véhicule imposant convenant à sa carrure.
Lorsqu'il vit Shen Siwei sortir, il se débarrassa de sa cigarette, comme s'il l'attendait.
Certaines choses n'avaient pas besoin d'être explicitement dites ; le comportement de Klet indiquait qu'il savait que le blond descendait de l'étage. En d'autres termes, il admettait indirectement qu'il le surveillait. En même temps, l'expression calme du faux négociateur, faisait comprendre au réfugié qu'il se savait surveillé.
Tout cela ne suffisant pas à exposer son identité, Shen Siwei, ne voyait pas d'inconvénients à jouer avec Klet. Assis sur le siège passager, il regarda droit devant lui.
- Allez au Creston Grand Hôtel, s'il vous plaît.
Son ton était dépourvu de toute émotion, traitant le leader insolent comme un chauffeur.
- La chambre est inconfortable ? demanda ce dernier en connaissance de cause.
- Le Creston Grand Hôtel dispose d'une suite présidentielle de trois cents mètres carrés.
La réponse de Shen Siwei était plus que claire, vu la situation ; la portée d'un transmetteur était limitée, tant que la pièce était suffisamment spacieuse, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter lors de déplacements à l'intérieur.
- Hm.
Klet comprit clairement le sous-entendu du blond et un sourire apparut sur ses lèvres.
- En effet, cela convient mieux au rôle de noble négociateur, rétorqua-t-il.
Le SUV tourna au premier coin de rue, dans sa ligne de mire, le sommet de la centrale électrique et le Creston Grand Hôtel, un peu plus loin. Les pensées du capitaine en mission dérivèrent inévitablement vers la centrale, mais, à ce moment-là, un petit drone armé apparut soudain devant le pare-brise, bloquant la vue.
- Plaque d'immatriculation "West Z?XXXXXX", veuillez-vous arrêter immédiatement !
Le drone portait l'emblème de la police chargée de la circulation.
- Combien de délits avez-vous commis ? demanda Shen Siwei en regardant le conducteur.
- Pas beaucoup.
Klet appuya brusquement sur l'accélérateur, projetant le drone derrière le véhicule. Quatre autres, armés, apparurent devant, chacun sortant deux longs canons.
- Dernier avertissement, arrêtez-vous immédiatement !
Klet n'avait toujours pas appuyé sur les freins, jetant plutôt son arme sur son passager.
- Je vais conduire, vous tirez.
- Avez-vous oublié que je suis un négociateur ?
Shen Siwei regardait le brun, incrédule.
- Me demandez-vous d'attaquer la police ? continua-t-il.
Commettre une infraction au code de la route en conduisant n'était pas un gros problème, mais Shen Siwei, un négociateur, n'agresserait jamais la police !
- Si vous ne les éliminez pas, ils vous tireront dessus.
Dès que Klet eut fini sa phrase, les cinq drones armés ouvrirent simultanément le feu, les projectiles frappant le verre blindé, créant d'innombrables marques.
Ayant tiré des leçons de l'incident précédent, Shen Siwei, ne pouvant pas paraître trop calme, feignit la panique.
- Je ne sais pas tirer.
- Vous êtes sûr ? rétorqua Klet, haussant un sourcil. Alors vous allez devenir un fugitif à mes côtés.
Le capitaine en resta sans voix.
Comment quelqu'un peut-il être aussi imprévisible ? Je suis censé être un noble, qui incite un Marg à commettre un crime ?
Le verre blindé autour d'eux montrait progressivement des signes de fissures. Si la vitre de la voiture finissait brisée, Shen Siwei ne savait vraiment pas comment il réagirait, il décida donc de ramasser le pistolet et de le pointer sur la tempe du conducteur.
- Arrêtez la voiture !
Il laissa volontairement le cran de sécurité, comme un amateur. Klet eut l'air légèrement amusé, ne s'attendant clairement pas à ce comportement. Malgré le bruit du verre se brisant progressivement, il regarda calmement la route.
- Vous avez dit que vous ne tireriez pas.
Shen Siwei exerça une pression sur la tempe de Klet, sa voix basse.
- Voyez si j'ose.
La tête du conducteur forcée de pencher vers la gauche, ce dernier jeta tranquillement un coup d'œil à son passager, avant de finalement appuyer sur les freins.
- D'accord.
Le SUV s'arrêta lentement sur le bord de la route et la police cessa de tirer.
Klet paya docilement l'amende.
- Satisfait maintenant, négociateur ?
Shen Siwei lui rendit l'arme, le front plissé, toujours pas détendu.
- Roulez.
Après leur course folle, ils n'eurent qu'un virage à franchir pour atteindre le Creston Grand Hôtel. Le hall luxueux d'un hôtel cinq étoiles étant incomparable à l'établissement en libre-service bon marché, l'humeur agitée du blond s'améliora légèrement, lorsqu'il finit de s'enregistrer à la réception, se dirigeant directement vers l'ascenseur. Cependant, à ce moment-là, il entendit Klet s'adresser à la réceptionniste.
- Donnez-moi la suite présidentielle adjacente.
Shen Siwei s'arrêta brusquement pour le regarder.
- Vous n'avez pas de logement ?
- Non, dit le jeune homme en haussant les épaules. La sécurité dans cet hôtel est impénétrable.
En d'autres termes, il doit personnellement garder un œil sur moi. Vraiment direct.
- Pourquoi ne me suivez-vous pas 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ? rétorqua le faux négociateur se sentant à la fois ennuyé et désespéré.
- Aucune objection, sourit immédiatement Klet. Allons-nous partager une chambre, du coup ?
Shen Siwei tourna la tête et se dirigea vers l'ascenseur. Derrière lui, le rire sourd du brun retentit, comme s'il était tombé sur quelque chose d'amusant, le mettant de bonne humeur.
Un palace cinq étoiles avec un système de défense n'avait presque pas d'autres clients. L'ascenseur monta directement au dernier étage, révélant les néons de la ville illuminant la nuit. Au loin, la défense de la centrale était toujours impeccable, les réfugiés en patrouille tous énergiques, ne montrant aucun signe de fatigue. Shen Siwei y jeta un bref coup d'œil avant de détourner rapidement le regard.
Après tout, Klet était toujours à ses côtés.
Les deux suites présidentielles étaient situées de part et d'autre de l'ascenseur. Après avoir quitté la cabine, le blond se dirigea vers sa chambre sans se retourner.
Sa cible l'interpella :
- Négociateur.
Il s'arrêta, tournant légèrement son corps.
- Juste un rappel, lui dit le leader des réfugiés, lentement, d'un ton paresseux, mais ses mots menaçants. Ceux qui pointent une arme sur ma tête, finissent morts.
Shen Siwei plissa les yeux.
Que voulait-il dire par là ? Le menaçait-il ?
Tournant le reste de son corps, il affronta le regard de Klet de front.
- Alors laissez-moi également vous rappeler que ceux qui touchent mon cul, finissent aussi par mourir.
Laissant ces mots derrière lui, il ouvrit la porte de sa chambre, étouffant le rire de Klet en la refermant.
Cette fin qui m'a convaincue de traduire cette histoire 😂
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