6 - Shopping sous surveillance






Dans l'espace étroit de l'ascenseur, une jolie musique classique résonnait tandis qu'une publicité pour des prothèses médicales défilait sur l'écran d'affichage électronique. L'effet 3D œil nu, avait été pleinement utilisé, avec des bras minces traversant l'écran et des doigts agiles apparaissant comme s'ils étaient juste sous leurs yeux.

Shen Siwei se souvint soudain de quelque chose et regarda Klet à côté de lui.

- Est-ce que votre bras est une prothèse mécanique ?

Dans la vie quotidienne ordinaire, il n'aimait pas s'immiscer dans l'intimité des autres, mais Klet était sa cible et il devait rassembler autant d'informations que possibles.

Le jeune homme maintint sa posture, les yeux fixés sur l'indicateur de niveau, mais il le regarda du coin de l'œil.

- Non.
- Alors, d'où vient votre force musculaire ? Avez-vous utilisé des substances interdites ? demanda Shen Siwei sans détour.

Ses questions semblèrent agacer Klet qui leva le menton, avant de baisser les yeux vers lui, répondant par une contre-question.

- Et votre taille ?

Le capitaine n'eut pas besoin de s'exprimer à voix haute, son expression aussi explicite qu'un point d'interrogation.

- Y a-t-il des personnes de petite taille parmi les gens de Marg ? l'éclaira sa cible, avant de poursuivre. Et votre peau, avez-vous reçu des injections de blanchiment ?

Les Marg étaient grands et beaux et si avec son mètre quatre-vingts, Shen Siwei n'était pas considéré comme petit parmi les gens ordinaires, il n'atteignait pas, en effet, le niveau moyen des nobles. De plus, en raison de leur vie à long terme à une altitude de neuf-mille mètres, les corps des Marg avaient évolué pour s'adapter aux basses températures, aux basses pressions et aux environnements à faible teneur en oxygène. Leur peau avait également une teinte légèrement hâlée, saine, en raison de la lumière du soleil abondante.

En-dehors de sa beauté, il ne possédait aucun trait lié aux gens dont il empruntait l'identité.

- Tous les Marg ne sont pas immenses, répondit-il avec désinvolture.

Ne s'immisçant plus dans l'intimité du réfugié, il continua à regarder la publicité de l'ascenseur.

La bataille de questions-réponses s'était évidemment terminée par la victoire de Klet et il semblait du coup de bonne humeur, allant jusqu'à se moquer légèrement.

- Minus.

Des veines surgirent sur le front de Shen Siwei et il réalisa soudain que ce leader de réfugiés était, non seulement difficile à gérer, mais qu'il avait également le don d'énerver les gens.

Lorsque l'ascenseur s'arrêta finalement au toit de l'hôtel, au septième étage, il s'élança avec l'intention de dire à Klet qu'il n'avait pas besoin de l'accompagner, mais il vit que ce dernier atteignait déjà la porte de sa chambre.

L'escorte jusqu'à l'étage était inutile, outre la surveillance, il ne pouvait penser à aucune autre raison justifiant un tel traitement.

- Prévoyez-vous de me surveiller toute la nuit ?

Shen Siwei s'arrêta devant la porte.

- Je n'ai pas ce genre de temps libre, dit Klet. Je partirai une fois que vous serez à l'intérieur.

Le capitaine ne comprenait toujours pas les intentions du jeune homme. Cela semblait être un geste de gentleman de l'accompagner jusqu'à sa chambre, mais le mot « gentleman » n'avait rien à voir avec Klet, qui dégageait une aura bestiale.

Il utilisa la puce d'identité sur son poignet pour ouvrir la porte et à ce moment, le jeune homme à ses côtés, le mit en garde.

- Ne sortez pas la nuit. Il y a beaucoup d'activités nocturnes avec les réfugiés, et je ne veux pas avoir à vous sauver à nouveau.

Shen Siwei devait sortir la nuit, c'était nécessaire pour accomplir sa mission. Cependant, il répondit quand même par un "d'accord" à la docilité de surface, puis, enlevant la veste drapée sur ses épaules, la remit à Klet.

- Merci.

Les yeux de ce dernier s'arrêtèrent sur son poignet pendant une demi-seconde, puis il le regarda.

- Vous pouvez la garder.
- Pas besoin.

Les magasins en ligne de la zone Z de la ville n'étaient pas fermés. Après le départ de Klet, Shen Siwei passa rapidement une commande de nouveaux uniformes, d'une cape et d'un pyjama.

Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour vérifier les caméras de surveillance et les micros. Tout dans la chambre d'hôtel était normal et il n'y avait aucun risque d'être surveillé. Ouvrant son communicateur, il composa le seul numéro enregistré, et bientôt, il entendit la voix de Moran à l'autre bout du fil.

- Quelle est la situation ?
- Ça va.

Juste au cas où, il avait allumé la douche pour couvrir le son de sa conversation.

- Les informations que nous avons obtenues étaient assez précises. Klet est le seul à connaître l'approvisionnement en énergie, mais il est difficile de lui soutirer des choses utiles.
- L'endroit où tu te trouves n'est pas loin de la centrale électrique de Z City, déclara Moran. Enquêtes aussi vite que possible et ne t'expose pas.
- Compris.

C'était son plan depuis le début.

- J'ai découvert l'identité des personnes qui t'ont attaqué.

Shen Siwei ouvrit les dossiers reçus. Deux hommes et deux femmes ; c'étaient bien les quatre qui l'avaient embusqué.

- Sont-ils tous des réfugiés ?

Tous avaient des casiers judiciaires, certains avec plus de charges que d'autres, mais ils avaient en commun l'agression de forces de l'ordre.

- Ils ne sont pas considérés comme des réfugiés, déclara Moran. Ce sont des criminels recherchés.

Seuls ceux qui vivaient à l'extérieur de l'arbre étaient considérés comme des réfugiés. Certains criminels n'avaient pas été arrêtés par la police et se cachaient toujours à l'intérieur.

- Pourquoi attaqueraient-ils un négociateur ? demanda Shen Siwei.
- Peut-être ne veulent-ils pas que les gens de Marg parviennent à un accord avec les réfugiés ? spécula le colonel. Ou peut-être qu'ils veulent simplement causer des problèmes. Après tout, ces criminels détestent la stabilité sociale.
- Peut-être.

Shen Siwei ne pensait à aucune autre raison.

- Dans tous les cas, tu dois être prudent. Les niveaux inférieurs sont plus dangereux que nous l'imaginions. As-tu besoin que j'envoie deux soldats pour t'accompagner ?
- C'est inutile.

Compte tenu de sa condition physique, il était peu probable qu'il rencontre des problèmes, et avoir des soldats à ses côtés ne ferait qu'augmenter le danger.

Bien sûr, c'était à condition que personne n'enlève son masque à oxygène.

- Tu me manques.

Moran avait brusquement opté pour un ton doux.

- Termine la mission dès que possible et reviens vers moi.

Shen Siwei pinça les lèvres, réprimant le sentiment étrange dans son cœur.

- Hm.

Le drone de livraison tapota sur la fenêtre de la chambre d'hôtel, rappelant à Shen Siwei que son achat en ligne était livré. Tout en ouvrant, il observa rapidement l'environnement autour, pour s'assurer que personne ne le surveillait à distance.

Il avait aussi choisi une chambre au dernier étage pour cette raison.

Ce quartier n'était pas dans le centre-ville et les bâtiments n'étaient généralement pas hauts. La vue du septième était assez spacieuse. La fenêtre faisait face aux bâtiments résidentiels de la ruelle arrière de l'hôtel, le plus haut n'étant que de cinq étages, insuffisant pour surveiller le septième.

"Vérification d'identité réussie. Je vous souhaite une agréable expérience shopping !"

Le drone de livraison ne transportait aucun autre colis, indiquant à quel point cette ville était économiquement déprimée, les personnes y séjournant n'ayant pas beaucoup envie de faire du shopping.

Jetant un dernier coup d'œil à la situation extérieure, il ferma la fenêtre et tira le rideau.

Les uniformes et la cape qu'il avait achetés en ligne avaient un style similaire à l'uniforme militaire blanc qu'il portait habituellement, mais le tissu et la fabrication étaient de qualité inférieure. Cependant, Shen Siwei s'en fichait. Il sortit la tenue de combat noire qu'il était sur le point de porter et l'essaya.

La taille est bonne et le tissu permet de bouger facilement.

Dans le miroir, apparut un homme vêtu de noir, portant une casquette de baseball. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus et son masque métallique étaient tous cachés dans l'ombre de la casquette. À première vue, personne ne l'associerait au noble négociateur.

Il vérifia l'heure, agrippa la poignée de la porte avec sa main droite et décida qu'il était temps.

De l'autre côté, dans un appartement discret du centre-ville, les mains de Maiken flottaient dans les airs, ses doigts tapotant rapidement sur un clavier virtuel. Celui-ci émettait une lumière RVB, mais pas de son, l'écran projeté dans les airs affichant rapidement des lignes de code. Au bout d'un moment, il repoussa le clavier avec enthousiasme et se retourna dans sa chaise ergonomique.

- C'est fait ! lança-t-il à Klet, assis sur le canapé derrière lui.

De nombreux écrans de surveillance apparurent sur l'écran d'affichage, montrant le hall, les ascenseurs et les couloirs de l'hôtel self-service.

Maiken entrelaça ses doigts et s'étira paresseusement en se plaignant.

- Je suis mécano, pas hacker. Peux-tu me donner quelque chose d'utile à faire ?

Klet ne répondit pas, le regard fixé sur les écrans.

- Montre-moi les images de surveillance à la porte de sa chambre.
- Aller, dis-moi tout.

Malgré ses plaintes, les mains de Maiken, n'arrêtaient pas de s'activer.

- Pourquoi as-tu soudain changé d'avis et l'a amené réserver une chambre d'hôtel à mi-chemin ? As-tu été séduit par sa beauté ?

Klet lui jeta un coup d'œil indifférent.

- Son identité m'a semblé étrange.

Soudain, l'image de ce poignet pâle, fin, apparut dans son esprit, et il fronça légèrement les sourcils, ne se concentrant plus sur les images de surveillance.

- S'il quitte la pièce, préviens-moi immédiatement.
- Quoi, tu vas jouer au stalker et le suivre ? rit Maiken.

Klet lui gifla l'arrière de la tête.




Stalker son cher et tendre pendant que celui-ci essai de sortir en douce, la base de toute relation qui dure 🫶

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