3 - Accueil explosif








Après s'être engouffrés dans une voiture de police volante, une fois dans le parking, le monde redevint plus calme autour d'eux.

Le véhicule se dirigeait vers l'ouest, aux bordures de l'Arbre de Vie. Shen Siwei gardait son regard fixé sur le paysage à l'extérieur. D'après ses souvenirs, la ville du district ouest n'avait pas beaucoup changé. Les bâtiments emblématiques étaient restés les mêmes, mais il y avait de nombreuses publicités en trois dimensions entre les gratte-ciel qu'il ne reconnaissait pas.

- Monsieur, qu'est-ce que ça fait de vivre au dernier étage ?

Le soldat entamait à nouveau une conversation avec Shen Siwei.

Pour être honnête, le capitaine n'était que très rarement allé au dernier étage, il ne pouvait donc compter que sur son ressenti intuitif pour répondre.

- La lumière du soleil y est abondante.
- Il y a aussi la lumière du soleil aux niveaux inférieurs.

Dès que le soldat finit sa phrase, la voiture franchit la frontière entre lumière et ombre, entrant dans une zone où le soleil brillait directement.

En raison des couches superposées de l'Arbre de Vie, la plupart des villes du district ouest ne pouvaient recevoir la lumière du soleil que le soir. Plus on se rapprochait de la bordure, plus la lumière devenait brillante. Lorsque le soleil entra dans le véhicule, ils surent qu'ils approchaient de la limite du quartier ouest.

Au loin, au-delà des murs, se trouvait un désert sans fin.

Les températures élevées rendaient difficile la survie des gens dans le désert, mais comparé aux environnements encore plus rudes dans les trois autres directions à l'extérieur de l'Arbre de Vie, le désert pouvait être considéré comme habitable. C'est pour cette raison que la plupart des criminels exilés de l'arbre, opéraient principalement dans le désert et qu'au fil du temps, une ville souterraine était apparue ; une véritable « ville des criminels ».

- Monsieur, plus que deux kilomètres jusqu'à destination.

La voix du soldat sortit Shen Siwei de ses pensées. Le véhicule commença à baisser son altitude, s'approchant de la zone industrielle entre les villes en contrebas. Les chaînes de montage dans les usines avaient depuis longtemps été remplacées par l'intelligence artificielle et la zone industrielle était rarement visitée par les gens. Cependant, alors que la voiture commençait à voler près des toits des usines, le tableau de bord à l'avant clignota soudain en rouge, avertissant que le véhicule était dans le viseur d'armes.

Tout se passa très vite ; Shen Siwei et les deux soldats venaient juste de regarder l'écran lorsque la voiture fut touchée par des obus tirés d'en bas. La descente rapide poussa la force centrifuge à presser fermement le dos du capitaine contre le siège, la voiture s'écrasant au sol, le siège entier délogé de ses charnières en raison de l'impact.

Une épaisse fumée et des flammes qui se propageaient, bloquaient la vue de Shen Siwei. Levant instinctivement le bras pour se protéger des vagues de chaleur, il constata que sa peau exposée ne brûlait pas. Même s'il était clairement effleuré par les flammes, elle restait intacte.

Moran avait raison, même dans cette situation, il était indemne. S'écraser contre du verre ne l'avait pas du tout meurtri.

Ses vêtements, taillés dans un matériau ignifuge, bien que noircis par la fumée, n'avaient pas pris feu. Il détacha sa ceinture de sécurité et vérifia immédiatement l'état des deux soldats à l'avant. Hélas, ils avaient du sang sur le visage et ne respiraient plus.

Shen Siwei ne put retenir une vague de regrets. Personne ne s'attendait à ce qu'un tel événement se produise, ce qui les avait tous les trois pris au dépourvu.

Mais en même temps, qui interceptait un négociateur à mi-chemin ?

Il n'avait pas le temps d'y réfléchir. Utilisant son coude pour briser la vitre, il rampa hors du véhicule en flammes. C'est à ce moment-là qu'il entendit des voix à proximité.

- Merde, il n'est pas mort !
- Vite, tirez !
- Tuez-le !

Un déluge de balles fusa vers lui et il utilisa son avant-bras pour protéger son front. Les éclairs des coups de feu l'empêchaient presque de garder les yeux ouverts. Bien que les balles qui le touchaient ne causaient aucun dommage, la sensation était semblable à celle d'être éclaboussé. Même s'il s'agissait de gouttelettes inoffensives, elles étaient suffisantes pour perturber sa vision et l'agacer. Un tourbillon rougeâtre souffla dans ses yeux bleu clair et sa colère monta d'un cran.

Quatre individus avec des fusils d'assaut s'étaient progressivement approchés du véhicule accidenté. Les langues de feu féroces de leurs bouches en acier n'avaient pas cessé une seule fois, mais ils ne purent pas empêcher la silhouette blanche de ramper au milieu des flammes déchaînées.

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on peut pas le tuer ?
- C'est quoi ce monstre ?

Shen Siwei gardait la tête baissée, une main pressée contre son masque métallique pour l'empêcher de tomber. La cape blanche était criblée de nombreux trous et la carcasse métallique de la voiture était brisée. Bien qu'il soit indemne, ramper au milieu de la pluie de balles s'était avéré difficile à chaque pas.

Finalement, il leva la tête.

Il put clairement voir une balle se diriger directement vers son œil, mais au lieu de le fermer, il tendit la main et attrapa le projectile. Le temps ralenti revint à la normale à ce moment et il renvoya la balle avec précision, perçant la gorge d'une personne. Les trois autres, perdant immédiatement leur sang-froid, crièrent en reculant, mais ils étaient trop proches de Shen Siwei pour trouver un abri à temps. Une silhouette blanche passa en un éclair, et le cou de l'un fut tordu. Les deux autres n'avaient pas encore pu réagir quand leurs gorges furent tranchées par une lame.

À ce moment, la voiture écrasée explosa soudain, dégageant une épaisse fumée qui s'envola dans le ciel. L'onde de choc de l'explosion et le feu déchaîné n'eurent aucun effet sur le capitaine. Il se tint sur place, sans expression, utilisant la cape en lambeaux pour essuyer le sang sur le poignard, avant de la jeter à côté des cadavres.

- Colonel Moran.

Shen Siwei ouvrit le communicateur, informant son supérieur de la situation devant lui.

Pendant qu'il faisait son rapport, ses yeux retrouvèrent leur bleu clair froid.

- En bref, quelqu'un veut me tuer.
- Les réfugiés ? questionna Moran avec sérieux. Comment quelqu'un pourrait-il oser tuer un noble ?
- Je ne suis pas sûr.

Shen Siwei s'accroupit, vérifiant les poignets des cadavres un par un et remarqua des cicatrices là où les puces d'identification auraient dû être implantées.

- Prends des photos et envoie-moi le tout immédiatement, pour enquête.

Une faible lueur rémanente pouvait être repérée dans le ciel, indiquant que l'obscurité approchait. Même sans la voiture volante, Shen Siwei devait encore se rendre à la ville Z. Il trouva un véhicule tout-terrain modifié que les quatre assassins avaient laissé à côté d'une usine, non loin de là et se lança seul sur la route.

L'attaque s'était produite près de sa destination. Au bout d'une dizaine de minutes à peine, il aperçut un barrage routier. Plusieurs individus qui semblaient être des réfugiés, étaient assis, jouant aux cartes. En voyant le véhicule tout-terrain approcher, ils saisirent immédiatement leurs armes.

- Qui va là ? cria l'un d'eux.

Shen Siwei freina lentement et sortit calmement du véhicule. Son uniforme n'était pas dans un bien meilleur état que sa cape abandonnée, marqué de traces de fumée et de nombreux impacts de balles. Les réfugiés ne le reconnurent pas tout de suite. Ils se regardèrent un moment, avant que quelqu'un demande timidement :

- Négociateur ?
- C'est moi.

Il les regarda calmement, levant le menton, sans se montrer humble.

- Je cherche Klet.
- Vous...

L'un des hommes évalua son apparence échevelée, puis regarda l'épaisse fumée qui s'élevait au loin.

- Vous zé arrivé un truc ?

Shen Siwei ne voulait pas parler pour ne rien dire.

- Dites à Klet de venir me voir, lança-t-il, le visage dénué d'expression.

Voyant que le négociateur ne répondait pas à leurs questions, ils ne purent qu'aller faire leur rapport.

Des néons illuminaient la rue sombre, des bruits d'agitation provenant d'un club de strip-tease.

Klet était assis seul dans une cabine, tenant un verre de vin dans une main et une tablette dans l'autre. Il fixait une carte électronique, ne montrant aucun intérêt pour les fesses qui se balançaient sur la scène. Elle marquait les stations d'énergie dans diverses zones, qui étaient toutes fortement gardées.

Soudain, une silhouette émergea à côté de lui. Maiken serrait la taille d'une belle femme avec désinvolture.

- Patron, le négociateur est là. Tu ne vas pas lui parler ? demanda-t-il
- Non.

Klet ne leva pas la tête, regardant toujours l'écran de la tablette.

- Les gens de Marg ne nous donneront aucun avantage, ils sont inutiles, ajouta-t-il
- Je pense aussi.

Maiken hocha sérieusement la tête en signe d'accord.

- Ça doit être un piège.

Klet ne répondit plus et Maiken retourna sur scène avec la femme qu'il enlaçait, comme si la brève conversation n'avait pas eu lieu.

Après le coucher du soleil, le centre-ville au loin s'était animé, mais la périphérie où Shen Siwei attendait était devenu complètement sombre.

- Votre patron n'est pas encore arrivé ?

Il commençait à s'impatienter, ne sachant pas si Klet lui manquait intentionnellement de respect ou s'il fallait autant de temps pour faire passer un message. Des bruits de moteurs se firent entendre à ce moment-là et plusieurs véhicules modifiés approchèrent. Les phares éblouissants lui firent plisser les yeux.

Au bout d'un moment, quelques voitures s'arrêtèrent autour de lui et plus d'une douzaine d'hommes grands et costauds en sortirent. Celui qui marchait au premier plan avait une crête punk et son bras droit entier avait été remplacé par une prothèse cybernétique. Shen Siwei sut en un coup d'œil qu'il s'agissait d'une modification illégale. Les prothèses cybernétiques n'étaient utilisées qu'à des fins militaires et médicales. Normalement, après l'installation, il devrait être recouvert de peau humaine, mais cette prothèse était clairement mécanique, avec des circuits et des composants exposés à l'air, émettant une lueur argentée terrifiante.

- Comment osons-nous faire attendre le négociateur ici ?

Crête punk sourit, s'approchant de Shen Siwei, qui avait déjà lu les informations à son sujet et savait qu'il s'appelait Barn ; commandant en second des réfugiés, connu pour ses atrocités.

Que quelqu'un comme lui soit volontairement devenu, l'assassin de Klet, nourrissait la curiosité de l'armée quant aux antécédents de ce mystérieux leader.

- Où est Klet ? demanda Shen Siwei
- Il est occupé avec quelque chose.

Barn regarda le "négociateur" de haut en bas.

- Monte dans la voiture, je vais t'emmener le voir.

Le capitaine resta immobile, ne pouvant se débarrasser du sentiment que quelque chose clochait.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? Je ne peux pas t'inviter ?

Barn gloussa d'une voix rauque, signalant à ses subordonnés, d'un geste du menton, d'ouvrir la portière de la voiture.

- Ou tu préfères attendre ici jusqu'à l'aube ?

Attendre n'était définitivement pas une option.

Shen Siwei n'était pas certain de leurs intentions, ou de celles de Klet, il ne pouvait que gérer étape par étape et voir comment les choses se déroulaient. Il se dirigea donc vers le véhicule modifié, mais Barn tendit soudain la main pour l'arrêter.

- Négociateur, penses-tu que notre territoire est si facilement accessible ? demanda-t-il.

Shen Siwei fronça légèrement les sourcils.

- Que voulez-vous ?
- Bien évidemment, une fouille s'impose, répondit Barn avec confiance.

Il fit un pas en avant avec désinvolture et ses mains passèrent du dos de Shen Siwei à sa taille.

- Je ne porte aucune arme, déclara impatiemment ce dernier, le front plissé sous l'effort demandé pour réprimer son envie de tuer.
- Ce n'est pas à toi d'en décider.

Barn se pencha plus près, expirant sur son masque.

- Je le saurai une fois que je t'aurai fouillé.

Ses mains continuèrent à descendre, tapotant les jambes du capitaine et il trouva un poignard à l'intérieur de la haute botte militaire. Celui qu'il avait utilisé pour tuer plus tôt.

- Tsk tsk.

Barn secoua la tête et tapota la lame du poignard contre le visage de Shen Siwei.

- Ce n'est pas beau de mentir, négociateur.

Sur ce, il se tourna vers ses subordonnés et leur fit signe.

- Emmenez-le.






Les missions ne se passent jamais comme prévu 🙄

Heureusement, notre capitaine chaton est un badass. Ou plutôt, une machine à tuer 🤭

🤍

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