Chapitre 1-Anxiété & prise de conscience
¦ Je suis assis sur le bord de mon lit, les jambes pendantes, écoutant le bruit lointain des rires qui s'échappent de la pièce d'à côté. Les voix de mon frère et ma sœur résonnent, chaque éclat de rire comme une cloche qui annonce le spectacle. Leurs succès m'atteignent, comme si une main invisible m'enserrait la gorge, peu à peu. J'essaie de me concentrer sur le bruit de mon propre souffle, mais il se mêle à celui de leur bonheur, et je me sens de plus en plus étriqué.
Ma tête me fait un mal de chien alors que je sens mon cœur battre à cent à l'heure, comme si j'étais en plein marathon.
Le son est trop fort, j'ai les oreilles qui saignent. Baissez un peu le volume, je ne m'entends même plus penser..
Un battement sourd dans ma poitrine fait écho à chaque ricanement de la fête. Pourquoi suis-je bloqué ici, enfermé dans ma bulle ? Pourquoi leur bonheur me semble-t-il si lointain ? C'est comme une photo floue prise avec un vieux polaroid, et moi, j'en suis le raté. Je ferme les yeux, tentant d'étouffer le bruit, mais à l'intérieur, mes pensées s'emmêlent en un vaste chaos. Je revois leurs selfies en ébullition sur les réseaux, le succès qui leur colle à la peau comme une seconde nature, alors que moi, je ne fais que trébucher entre ombres et lumières.
Un coup à la porte, et ma sœur, sans attendre, ouvre juste après — souriante, radieuse, la vie incarnée.
-"Freminet, viens, ça fait longtemps qu'on t'a pas vu ! On commençait à s'inquiéter avec Lyney..En plus, on a exigé aux cuisiniers de préparer quelques plats à base de fruits de mer spécialement pour notre personnage préféré de la famille, notre chouchou adoré, notre rayon de soleil, Freminet !
Me dit-elle, se jetant presque sur moi afin de m'enlacer, suffisamment fort pour me faire mourir de chaud.
¦ Non, pas maintenant, jamais..Je ne veux pas de leurs regards sur moi, de leurs commentaires soit disant bienveillants ou encore de leurs rires idiots à mon égard...
La lumière derrière elle brille tellement que ça me fait plisser les yeux. Je n'arrive pas à ouvrir la bouche, ma trachée me fait tellement souffrir, j'ai l'impression que le seul fait d'avaler ma salive me provoque des bouffées de chaleur.
La première bouffée d'air me brûle encore plus la gorge, mais c'est une douleur familière. Un peu comme cette anxiété qui m'accompagne depuis toujours.
Je plisse les lèvres, cherchant les mots justes.
"Je ne me sens pas bien, je-...
Mais les mots s'étouffent dans ma gorge, comme toujours. Elle arque un sourcil, l'inquiétude et l'empathie, avec authenticité, en embuscade au fond de son coeur.
"Tout va bien Freminet ?.. Tu sais que tu peux venir quand tu veux, on t'attend avec Lyney. Et puis, on ne te force pas, si tu n'es vraiment pas à l'aise, reste ici, d'accord ?"
Elle m'embrasse le front tendrement avant de se lever et de sortir de ma chambre en fermant précautionneusement la porte derrière elle.
Je l'ai déçue, je l'ai déçue. Quel imbécile, quel bon à rien, quel nul.
¦ La douleur dans ma poitrine s'intensifie. Il m'est si facile de sombrer dans cette pensée négative, de me traiter de tous les noms. Je sais que ce n'est pas juste, que ce n'est pas la vérité, mais dans ces moments-là, la voix de l'autodénigrement est plus forte que celle de la raison.
Je me lève lentement, cherchant à dissiper la lourdeur qui s'est installée sur mes épaules. Les murs de ma chambre semblent se rapprocher, comme s'ils voulaient me jeter dans un abîme de désespoir. Je me déplace, hésitant, vers la fenêtre, espérant que l'air frais m'aidera à voir plus clair. L'extérieur est si vivant, si coloré, et pourtant, je me sens terriblement isolé, je me sens..vide.
Je pense à elle, à lui, à la douceur de leur regard, à leur soutien sans condition. Ils ne comprennent pas toujours, mais ils essaient. Et pour ça, je leur en suis reconnaissant. C'est peut-être ce qui me déchire le plus : ma peur de les décevoir, de leur montrer cette facette blessée et vulnérable de moi. Mais en fin de compte, n'est-ce pas ce que je répète sans cesse ?
-"Peut-être que je devrai sortir un moment ?.."
Après quelques instants, je me redresse et prends une profonde inspiration, faisant le vide dans mon esprit.
¦ J'entrouvre la porte et jette un coup d'œil à l'intérieur. Les invités de Lynette et Lyney sont rassemblés dans le salon, leurs visages illuminés par le plaisir et la convivialité. Les couleurs chatoyantes des décorations, les odeurs alléchantes des plats préparés, tout cela fait un contraste saisissant avec l'ombre qui m'enveloppe. Je me sens comme un intrus dans ce tableau éclatant.
J'avance d'un pas hésitant, mais l'angoisse tisse déjà sa toile. Mon cœur bat à toute vitesse, comme s'il voulait s'échapper de ma cage thoracique. Les rires résonnent dans mes oreilles, se mêlant à un écho douloureux qui me semble lointain. Puis, tout à coup, une voix familière s'élève, tranchante et moqueuse.
« Regarde qui vient nous rejoindre ! Le roi de l'auto-sabotage, je lui réponds ! »
Mes yeux s'écarquillent, mes mains tremblent, mes jambes flageolent, mon corps tout entier se transforme peu à peu en un séisme insupportable.
¦ Je me tourne légèrement, mon cœur battant à tout allure, quand je vois un groupe de personnes échanger des blagues, perdus dans la joie du moment, loin de mes propres tourments. Une vague de désespoir m'envahit, me tirant inéluctablement hors de cet environnement dépourvu de calme. Je serre les poings, déglutissant avec difficulté.
Soudain, une inspiration me traverse l'esprit: Je dois fuir. Je me fraye un chemin à travers la foule, chaque regard, chaque murmure me paraît pesant, un jugement silencieux qui m'accable. L'angoisse monte dans ma gorge, me suffoquant presque. Et, sans réfléchir, je pousse la porte d'entrée et m'élance dehors.
L'air frais me frappe comme une décharge électrique, mais il est à peine suffisant pour apaiser le tumulte qui fait rage en moi. Je me retrouve à l'extérieur, à quelques pas de la maison, un peu à l'écart de la fête, et là, je craque. Les larmes roulent le long de mes joues, mélangées à des soupirs désespérés. Je ne comprends pas pourquoi j'ai toujours l'impression de m'accrocher à des attentes irréalistes, pourquoi je suis mon propre ennemi.
Un cri m'échappe, un cri qui semble résonner dans la nuit étoilée, couvrant les sons douloureux de la fête qui se poursuit à l'intérieur.
Ainsi, quelques secondes après, Lynette et Lyney s'empressèrent de sortir de la maison afin de me rejoindre, refermant la porte derrière eux pour que les invités ne se mêlent pas de l'histoire.
-"Freminet, calme toi, calme toi !
Me dit Lynette en me prenant doucement dans ses bras.
"Ne t'inquiètes pas, personnes n'est au courant de ce qu'il se passe, aucun regard ne sera posé sur toi.."
Ajoute Lyney, caressant l'arrière de ma tête avant de me couvrir les épaules de sa veste en Milano¹.
¦ Ce genre de scène est souvent répétitif: un évènement est organisé, je prends mon courage à de mains afin d'y assister et je finis par perdre les pédales et m'effondrer comme un idiot.
Cependant, je n'avais jamais encore crier comme ça, c'est nouveau.
Le lendemain de ma crise d'anxiété, je décidai de prendre un peu l'air pour me changer les idées.
Je me promenais dans les rues inanimées de la ville, un sourire timide aux lèvres face à calme inattendu, tandis que les rayons du soleil illuminent légèrement mon chemin.
Mes pensées vagabondaient encore autour de ma récente expérience, j'espérais que cette petite balade allait m'aider à me sentir bien.
Alors que je flânais, j'aperçu une grande affiche collée sur un mur, vibrante de couleurs. Mes yeux s'écarquillèrent en reconnaissant les visages familiers de mon frère et de ma sœur, souriants et éclatants sur l'image. L'affiche vante leur dernier film, un projet qui a pris des mois à se réaliser. Ils ont l'air si sûrs d'eux, si fiers, ça me réchauffe le cœur..
-"Wow...ils sont super cool.."
Je murmure en replaçant ma sacoche un peu plus haut sur mon épaule.
¦ Alors que je m'éloignais, j'aperçus un petit café au coin de la rue. L'odeur du café et des pâtisseries sortantes était, malheureusement, irrésistible. Je décidai d'entrer pour me donner une pause, en espérant que le temps passé à l'intérieur pourrait me permettre de détendre un peu.
L'ambiance du café est chaleureuse, me dis-je en voyant ce dernier presque vide, accueillant actuellement trois à quatre personnes au maximum.
Je m'assis au comptoir, posant ma sacoche sur mes cuisses, attendant qu'un serveur vienne prendre ma commande.
Et puis, après quelques minutes, quelqu'un arriva au comptoir. Cette personne, d'une allure à la fois décontractée et chaleureuse, avait un sourire radieux qui illuminait l'espace.
-"Bonjour, que puis-je vous servir ?
Demande t'[il/elle], une lueur amicale dans ses yeux. J'hésite un peu avant de retrouver ma voix et de lui répondre.
"Euhm.., je voudrais un chocolat chaud..s'il vous plaît...
"Très bon choix, ça arrive tout d'suite !"
[Le/La] barista s'affaira derrière le comptoir avec une aisance qui ajoutait à sa tranquillité. Ses gestes, fluides et confiants, avaient un certain charme qui attirait l'attention.
¦ Son visage me disait quelque chose, j'étais sûr de l'avoir déjà vu quelque part. Avant même que je puisse m'y attendre, [il/elle] reprit la parole en finissant de préparer ma commande, posant ma boisson chaude sur le comptoir, juste devant moi.
-"Vous venez souvent ici, n'est-ce pas ? Je vois bien sur votre visage que l'atmosphère du café vous semble agréable et même habituel.
Mes yeux s'écarquillèrent légèrement alors que mes mains s'apprêtaient à prendre de la monnaie de ma sacoche afin de payer et partir en vitesse.
"Huh..j-je...
Alors que j'allais me lever de mon tabouret, des mots sortirent de ma gorge sans que je ne puisse les arrêter.
Je viens ici tous les mercredis.
Ma main vint couvrir ma bouche rapidement, sentant des vomissements me tourmenter de bientôt sortir.
"Hh..Tous les mercredis ? Vous allez donc devoir me supporter, le mercredi est mon jour plein.
Je [le/la] regardai ricaner de façon amicale, ce qui me calma instantanément.
"Hum..Je m'appelle Yuu, au fait !..
Ajouta t'[il/elle] avant de se retourner, prêt/e à se diriger vers les nouveaux clients.
"F-Freminet. Bonne journée !.."
Je déposai les billets correspondant à la somme de ma commande avant de partir en vitesse du café. Je crois l'avoir entendu dire "A bientôt Freminet", enfin..
¦ Je pensais ma situation comme un bon sujet de rigolade dans des vidéos tournant sur le web: "Aujourd'hui, nous allons réagir à l'échec de sociabilisation de Freminet en direct ! Préparez l'pop corn et les mouchoirs pour essuyer vos larmes car ça va être du vrai n'importe quoi, un vrai clown sous les projecteurs !"
Et en même temps, je ne peux pas blâmer ce genre de comportement à mon égard, je suis si stupide en ce qui concerne la vie sociale, je n'ai pratiquement aucune interactions avec aucun individus par peur du ridicule ou de l'échec..
Cependant, cette personne au café avait l'air..très gentille. De ce que j'ai vu, elle ne m'a pas jugée du regard et ne ma pas insulté une seule fois.
Ce genre de comportement me surprend parfois..Il faut absolument que je le raconte à Lyney et Lynette et peut-être qu'ils seront fiers de moi pour lui avoir parlé.
Certes, je ne lui ai échangé que quelques mots mais, c'est mieux que rien, non ?
⁂
Milano¹: Tissu agréable et facile à coudre. Il est en maille tricot relativement épais et doux au toucher.
. . .
Je pense sincèrement que cette histoire va vraiment être un plaisir à écrire ! Je ferai de mon mieux en ce qui concerne le personnage du lecteur, sachant que je lui ai quand même donné un nom afin de pouvoir me repérer un minimum lorsqu'il doit apparaître 😅.
Enfin, j'ai choisi un nom assez "commun" en ce qui concerne les pseudos, de plus, il a la même prononciation que "you" en anglais soit, je trouve que c'est une bonne alternative
o(〃^▽^〃)o.
J'espère que ce premier chapitre a plu à certains et donne envie de voir la suite !
Sur ce, je vous souhaite une bonne journée/nuit et à bientôt ! (❁'◡'❁)
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