*24
****
Ils semblent tous à la fois étonnés et déçus de partir si tôt. Je le raccompagne quand même jusque son bus une fois que toutes ses affaires sont rassemblées. Le chauffeur nous laisse un petit moment, tous ensemble à l'intérieur, avant de démarrer. Sneazzy allume les néons bleus pendant que je m'installe sur une banquette en face de Ken.
- Quoi? Souriais-je.
Il continue de me regarder en souriant, puis secoue la tête.
- Rien, dit-il.
L'heure de partir, Irène descend avant moi suivit des garçons, puis Ken s'éloigne un peu, encore une fois. Comme si nos discussions devaient sans arrêt être privées.
- Je ne vais pas trop te manquer?
Il hausse les épaules.
- Si, mais c'est tant mieux.
Je fronce les sourcils en lâchant des mains, tant mieux?
- On a besoin de se manquer pour mieux se retrouver, ajoute t-il.
Je passe mes mains autour de son cou en soufflant, cette situation est vraiment difficile. Et je me dis que ceci n'est encore que le début, que le début d'une très longue tournée dans de nombreuses villes partout en France. Des villes vraiment loin de Paris, de moi, de ses habitudes.
- Oh les gars ! S'exclame Sneazzy.
Apeuré il nous montre son téléphone avant de nous expliquer ce qu'il se passe à Paris.
- Qu'est-ce que tu me racontes, déclare Ken en attrapant son téléphone.
Incertain, il commence à lire l'article.
- Une première attaque a lieu à Saint-Denis, aux abords du stade de France, commence t-il. D'autres attaques ont ensuite lieu à Paris, dans plusieurs rues des 10 et 11e arrondissements, prennent la fuite. L'attaque la plus longue et la plus meurtrière a lieu dans la salle de spectacle du Bataclan.
Abasourdie, j'observe Ken qui garde le regard fixe sur les derniers tweets, impuissant. On se trouve actuellement dans le nord de la France pendant que notre ville se fait touchée par plusieurs attentats, la première chose à laquelle je pense est d'appeler ma famille et celle de Sacha. Je m'écarte du groupe et Dieu merci, tout le monde me répond en m'expliquant que tout se passe bien pour le moment. Ken ne semble pas rassuré mais continue tout de même avec les autres.
- Tu fais attention à toi, répète t-il, j'essaie de t'appeler de toute façon. Je veux un message quand t'es rentrée.
On rejoins les autres pour que je leur dise au revoir, tous inquiets, les yeux rivés sur leur portable. Doum's tape amicalement mon épaule droite avant de monter dans le bus tour. Je reste plantée là, sur le parking. Avec sa sœur bien sûr, qui est aussi triste que moi de le voir partir à nouveau sans parler des dernières nouvelles.
- Allez, l'hôtel nous attend, soupire t-elle en avançant dos à eux.
****
Je descends du train pour rejoindre Sacha qui m'attend, stationnée devant la gare car je n'ai pas eu l'idée de prendre ma voiture avant de partir. La nouvelle d'hier tourne toujours dans mon esprit, voir les familles pleurer partout où je vais me rend plus triste qu'autre chose, c'est tellement malheureux. Je me sens vide, je n'ai ni la force ni le courage de faire quoi que ce soit aujourd'hui. J'arrive tant de bien que mal souriante vers la voiture contrairement à elle qui semble vraiment anéantie.
- Ça va? Demandais-je directement.
Elle secoue la tête avant de fondre en larme sur le volant. Je jette ma valise à l'arrière avant de la prendre dans mes bras.
- Viens, on sors.
Elle sort de la voiture, habillée d'un vieux survêtement accompagné de son sweat-shirt qu'elle porte uniquement pour dormir. Et là, je me rend compte que ça ne va vraiment pas.
- Oh, qu'est-ce qu'il se passe Sacha?
Elle secoue la tête en pleurant encore et encore, la seule solution pour que je la console c'est déjà de savoir ce qu'il s'est passé. Au bout d'un certain temps, son souffle devient normal et ses pleurs s'arrêtent.
- Chacun son tour Jenna, soupire t-elle en me montrant le message de sa mère.
*** Ken ***
Mekra semble terriblement inquiet depuis l'appel de Sacha, de toute façon tout le monde est touché par cette situation, je sais ce que ça fait, je l'ai vécu bien avant elle. Et c'est pour ça que je décide d'annuler le concert à Metz ce soir, et même celui de Paris. La situation peut empirer, Jenna y est confrontée et je ne veux vraiment pas la laisser seule, pas encore.
- Ken t'es sûr de vouloir annuler?
J'hoche la tête doucement en regardant le paysage défilé à travers les vitres du bus.
- On le reportera.
Les gars me remercie avant de s'endormir durant le trajet. J'ai peur de connaître à nouveau le sentiment de perdre un proche, mais j'angoisse surtout à l'idée de retourner sur Paris.
****
Les nombres de morts ne fait qu'augmenter, l'information est diffusée sur toutes les chaînes possibles. Je décide de poster un message sur les réseaux pour les familles abattues par ces nouvelles.
A Jenna: Ça va
De Jenna: oui mais c'est vraiment pas le cas de Sacha
A Jenna: mekra est là?
- C'est vraiment un truc de malade, soupire Irène devant la télévision.
Je change de chaîne pour savoir d'autres actualités sur l'enquête.
Un communiqué de Daech ainsi que l'enquête policière laissent supposer qu'un quatrième attentat aurait pu être commis dans le 18e arrondissement. L'enquête atteste qu'un attentat-suicide était programmé cinq jours plus tard dans le quartier d'affaires de La Défense. "C'est un acte de guerre commis par une armée terroriste, Daech", déclare le Président de la République la nuit des attentats.
J'éteins la télévision, complètement choqué de ce qui est entrain de se dérouler.
De Jenna: non il est partit chez lui cette après-midi
À Jenna: et la mère de Sacha?
De Jenna: encore à l'hôpital, passe à l'appart si tu veux
Aucune perte de temps, comme d'habitude, j'enfile une casquette puis une capuche sans oublier mes écouteurs pour éviter d'entendre les conversations à droite à gauche sur le nombre de morts ou de blessés, j'en ai assez entendue pour aujourd'hui.
*** Jenna ***
J'ouvre la porte d'entrée en posant mon index sur mes lèvres avant de montrer Sacha endormie dans le canapé. Ken entre à pas de loup, puis me prend dans ses bras.
- Des nouvelle des garçons?
Il hoche la tête.
- Framal est avec Elise, une de ses cousines étaient au Bataclan, mais heureusement c'est qu'une blessure.
- J'arrive pas à y croire, soupirais-je.
- Moi non plus, je sais même pas comment c'est possible.
- Dire qu'elle devait accompagner son père pour le concert, chuchotais-je en la regardant dormir.
- Son père est toujours dans le même état ?
J'hoche simplement la tête.
- Franchement, je veux même plus qu'on se dispute, avouais-je.
Hier aurait pu être la fin, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer et la mort arrive sans prévenir. Je pense que nous sommes tout les deux témoins de ça, et j'ai vraiment plus envie de me prendre la tête.
- Le truc c'est qu'on se dispute en voulant l'inverse, ajoute t-il. On profite même pas du moment
Je ne dis rien de plus car ce qu'il dit est vrai. Je me contente d'allumer la télévision à contre coeur pour en savoir plus. Je me pose entre ses bras en écoutant le journal.
chapitre sombre c'est vrai, j'ai peut-être eu tord mais je pouvais pas passer à côté sachant que je fait les vraies dates de tournée vous voyez?
Pensées aux victimes et à leur famille. 🖤🌹
Je poste une nouvelle fiction aujourd'hui, j'en ai déjà parlé dans les chapitres précédents mais là c'est sûr. J'espère qu'elle va vous plaire mais sorry ce n'est pas avec Nek🤘🏼
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top