Chapitre 7

Il y a certaines choses qui ne changent pas vraiment, quelle que soit l'époque.

Généralement, il ne s'agissait pas des choses des plus agréables... c'était en 

Il y avait toujours des brutes qui menaçaient le monde (malheureusement, elles étaient un petit peu mieux armées au XXIe siècle). Il y avait toujours des gouvernements qui tentaient de faire de leur mieux sans vraiment y parvenir. Il y avait toujours des hommes politiques, des industriels vieux et corrompus qui mettaient en danger le reste des citoyens ou qui instauraient des lois injustes. Et par dessus tout, il y avait toujours des gens innocents qui en pâtissaient.

L'amour aussi n'avait presque pas changé.

Certes, le nouveau siècle était plus tolérant, plus ouvert que les années quarante. Au début, il avait été surpris de la libération autour de ce sujet dans cette époque. Et puis, comme pour le reste, il avait fini par s'y faire. Après tout, il avait grandi aux côtés de James Barnes avec qui il en avait vu de toutes les couleurs. Que deux hommes ou deux femmes se tiennent la main, quel mal cela pouvait-il faire ? Dans le fond, l'amour restait ce sentiment universel, identique dans tous les pays, toutes les époques, et entre toutes personnes, peu importe leur sexe.

Une autre chose qui n'avait pas changé avec l'amour, c'était la douleur que cela pouvait engendrer.

Car oui, après avoir quitté cette fameuse conférence de presse, la réalité avait heurté Steve de plein fouet.

Il aimait Tony.

D'un amour sincère et pur. D'un amour si puissant qu'il était reconnu comme tel par de la magie agardienne vieille de plusieurs millénaires.

Et cerise sur le gâteau, le caractère du génie l'agaçait toujours autant.

Sur le chemin du retour, il avait retourné toutes les possibilités dans sa tête. Avec le temps que Tony avait dû mettre pour les rejoindre... et le moment ou le nouveau traitement qu'on devait lui donner aurait dû être injecté... il n'y avait qu'une solution. Ce n'était définitivement pas le traitement du docteur Jung qui l'avait sauvé.

La légende que Thor leur avait raconté disait vrai. C'était lui qui avait réveillé Tony avec ce... baiser.

Il aimait Tony, mais il lui avait fallu tout ce temps pour vraiment prendre la mesure de l'étendue de cette affection.

Et le pire dans tout ça ? C'était le regard et le ton venimeux de Tony la première fois qu'il l'avait revu et qui avait tué dans l'œuf la joie de le voir, en vie. Qui avait brisé son cœur en un millier de petits morceaux aussi. Mais bon, il aurait dû s'en douter... Tony aimait les femmes, c'était bien connu.

 La légende de la Snäsridr n'impliquait pas que les sentiments pour briser le sortilège devaient être réciproques.

Car en effet, Steve avait la certitude qu'ils ne l'étaient pas. Il n'y avait qu'à voir le comportement que Tony avait eu avec lui... comment avait-il pu espérer pendant une seconde qu'il pouvait l'aimer en retour ? Quel idiot il avait été !

Alors, le soldat fit ce qu'il jugea être le mieux. Pour lui. Pour Tony. Pour le reste des Avengers. Il tenta d'enfermer ces sentiments bien profond pour essayer de les oublier. C'était douloureux. Mais c'est ce qu'il fallait faire. Il se forçait à garder son comportement habituel en présence des autres et de Tony... et se laissait parfois aller en y songeant lorsqu'il était seul et que le visage de son ami flottait dans on esprit. Quelle aurait été sa vie s'il avait eu une relation avec l'ingénieur ? Était-il romantique ? Auraient ils fait de longues ballades à Cental Park, main dans la main, comme n'importe quel autre couple ? A vrai dire, il ne savait pas trop si ces rêveries lui faisaient du bien ou si elles le blessaient encore plus.

Tout ce qu'il voulait, c'était oublier. Oublier qu'il était humain, qu'il pouvait aimer. Oublier toute cette inquiétude qu'il avait vécu pendant trois semaines, aussi toxique que le poison qui avait endormi Tony.

S'il parvenait à enterrer ces tourments là, tout irait pour le mieux. Cette aventure où Tony s'empoisonnait dans son laboratoire resterait une péripétie comme une autre que l'on raconterait en riant dans quelques temps.

Par ailleurs, il devait bien admettre que l'expression sur le visage du Docteur Jung lorsqu'il avait vu Tony debout et en parfaite santé avait été plus que comique. Le scientifique avait l'air outré que Stark défie (encore une fois) les lois de la science et de la médecine moderne.

On aurait presque dit qu'il était frustré ou déçu que Tony soit de retour parmi les vivants. Steve se souvenait que l'homme avait ordonné sèchement au milliardaire de venir le voir dans la journée pour une visite médicale complète. Puis il avait quitté la pièce d'un pas rageur en faisant claquer les pans de sa blouse blanche. La scène avait été accompagnée d'un rictus moqueur de la part de Tony qui avait envoyé des frissons dans la colonne vertébrale du soldat.

Steve aurait parié son bouclier que Tony ne s'était pas rendu à ce rendez vous. Le captain ne revit jamais le docteur Jung après cette altercation. Le médecin avait dû s'étrangler avec sa rage et quitter définitivement la Tour.

Dès le lendemain, la vie normale semblait avoir repris dans la Tour Avengers .

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais c'était sans compter sur la curiosité naturelle d'Anthony Howard Stark. Le comportement de ses coéquipiers à son retour, et surtout celui du Captain, l'avaient intrigué. Il avait donc harcelé Pepper de questions jusqu'à ce que celle-ci lui raconte en détail ce qu'elle savait. Quand Thor revint durant un week-end à New York, Tony lui demanda également des précisions à l'asgardien sur la substance qui l'avait empoisonné.

En bref : Tony savait désormais que son réveil n'était peut être pas totalement dû à la médecine...

Etc'est là que les ennuis commencèrent pour Steve. Ou plutôt, c'est à partir de là qu'il s'était félicité car personne, ou presque, n'avait surpris a petite virée dans la chambre d'hôpital peu avant le réveil de Tony.

En quelques jours, la situation était devenue insupportable.

D'un côté, ils étaient toujours en froid après la dispute de la conférence de presse. Ils ne s'adressaient qu'à peine la parole. Steve jugeait que c'était au génie de lui présenter des excuses... il se servait surtout de la situation comme prétexte pour éviter son charmant collègue à tout prix.

D'autre part, dès l'instant où Tony avait appris que quelqu'un l'avait très probablement embrassé, l'ingénieur s'était littéralement reconverti en détective afin de retrouver la trace de cet amant secret.

Il avait commencé par enquêter auprès de toutes les infirmières de la Tour. Puis il avait demandé des informations au reste de l'équipe médicale, médecins compris. N'arrivant pas à une issue concluante, il continua son investigation en interrogeant Bruce, Clint, et même Natasha ( qui avait eu une méchante envie de lui crever les yeux quand elle dut répéter pour la cinquième fois « Non Tony, je ne t'ai pas embrassé et je n'ai vu personne le faire »)

Un matin,un peu moins d'une semaine après le "réveil" du génie, alors que Steve revenait à peine de son footing matinal, il tomba nez à nez avec Tony. D'habitude à cette heure-ci, il était soit entrain de travailler ou de dormir... ils étaient seuls dans la cuisine et le soldat comprit que Tony l'attendait. Notant que l'homme était toujours aussi charismatique même à sept heures et demie du matin, le blond s'approcha.

-Tony... Salua Steve

-Steve. Répondit-il, levant la tête quand le super-soldat s'approcha: Je voulais te demander depuis un bout de temps... Tu sais quelque chose toi, sur cette mystérieuse personne qui embrasse les gens quand ils dorment ?

Steve était pris de court. Il était vraiment beaucoup trop tôt pour cette conversation. Il avait redouté ce moment... et par dessus tout il avait horreur de mentir. Alors, il opta pour une autre stratégie :

-Je pensais que tu aurais plutôt voulu qu'on discute par rapport... à ce qu'il s'est passé l'autre jour après la conférence de presse.

-Ah ça ? J'ai peut être dépassé les bornes c'est vrai..., admit le brun, Pepper m'a dit que t'es resté pas mal de temps à l'hosto avec moi donc je suppose que je t'en dois une.

Steve ne put retenir l'expression de stupeur qui se dessina sur son visage. Tony... s'excusait ?

-Oui, je suis désolé, j'étais sous pression et j'aurais pas dû te crier dessus, c'est totalement de ma faute et je me suis comporté comme une merde avec toi. Ajouta l'ingénieur en soupirant, Maintenant réponds à ma question, Steve.

Des excuses oui, mais Tony restait Tony, avec son caractère têtu. Son ton avait été intransigeant. Bien... il lui fallait gagner du temps et se la jouer fine. Il était absolument hors de question que Tony ne découvre la vérité.

-Pourquoi cherches tu autant à savoir, Tony ?

-Parce que je lui dois la vie tout simplement ! Répondit le milliardaire en gesticulant, et réussissant par miracle à ne pas renverser son café, Qui que cette personne soit, je veux au moins la remercier !

-Et ça ne t'est pas venu à l'esprit que pour cette personne le fait de te voir en vie et en bonne santé lui suffit ? Si ça se trouve elle ne veut pas être découverte... pour ne pas t'embarrasser...

-M'embarrasser ?Oh je m'en fiche si un médecin, une infirmière, un homme, une femme ou n'importe qui d'autre. Justement Steve... cette personne est amoureuse de moi ! Et pas parce que je suis un Avenger et que je suis riche. C'est un amour pur selon les asgardiens. Et bon, scientifiquement, je n'arrive pas à comprendre le fonctionnement la magie mais je me doute que tu ne peux pas tricher avec ça... cette personne est sincère. Qui que ça soit... je lui dois au moins des explications.

-Des explications ? Comment ça ? Demanda Steve, intrigué.

-En fait... commença Tony qui eut soudain l'air un peu gêné, Je voudrais dire clairement à cette mystérieuse personne que je lui suis très reconnaissant mais que... enfin... disons que j'ai des vues sur quelqu'un d'autre donc... que nous deux ça ne sera pas possible.

Ah.Cette petite phrase avait été plus douloureuse que les jours entiers où Tony ne lui avait pas adressé la parole. Il s'en doutait pourtant, le milliardaire ne resterait pas célibataire très longtemps. Après tout... on ne le surnommait pas le « playboy »pour rien.

-Je vois, parvint-il tout de même à répondre, Je ne sais pas qui est l'heureuse élue mais elle est chanceuse...

Tony continua à se balancer d'un pied sur l'autre, l'air encore plus embêté et marmonna si bas que le soldat faillit ne pas comprendre :

-Ouais...je suppose... enfin je pense pas que j'aurais ma chance mais c'est pas bien grave en fait...

-Si elle te repousse, c'est que c'est une idiote qui ne te mérite pas...mais hésite pas trop Tony... moi c'est ce que j'ai fait et tu vois où cela m'a mené.

Depuis quand il donnait des conseils dans ce domaine, lui ? Surtout que par deux fois il avait aimé et ces deux fois, la personne qu'il chérissait lui avait filé entre les doigts, que ça soit parce qu'il s'était transformé en glaçon pendant plusieurs dizaines d'années ou parce que la personne en question en aimait visiblement une autre. D'ailleurs Tony aussi dut trouver la situation étrange car il le fixait, l'air à la fois perdu, étonné et gêné.

Tony Stark gêné... si on lui avait dit qu'il verrait ça un jour...

Tentant de couper court au malaise qui s'était installé, le grand blond bafouilla :

-Mais du coup je suis désolé mais je peux pas t'aider... je pourrai demander autour de moi si quelqu'un sait mais je ne te promets rien et euh... enfin je suis vraiment content que tu sois de retour tu sais. Les choses ne sont... pas pareilles sans toi.

Son discours hésitant eut l'air de faire son effet car Tony lui adressa son sourire le plus rayonnant. Voir les lèvres de l'ingénieurs'étirer pour des raisons qu'il ne comprenait pas vraiment lui avait manqué.

-Je suis content d'être de retour aussi... même si pour moi, c'est comme s'il n'y avait que quelques secondes qui s'étaient déroulées entre le moment où je suis tombé dans les vapes et le moment où je me suis réveillé, répondit-il en haussant les épaules, en gardant son sourire.

-Ce qui explique pourquoi tu ne savais pas que tu avais dormi pendant trois semaines quand tu es arrivé à la conférence de presse... comprit soudainement Steve.

-Eh oui... j'étais perdu et j'avais la sensation de me réveiller d'une longue nuit, ce qui m'était pas arrivé depuis un bout de temps ! Rit Tony. Ça n'excuse pas le comportement que j'ai eu avec toi, néanmoins... ajouta-t-il alors qu'une ombre passait sur son visage.

Il ne répondit pas, se sentant un peu coupable. Il regarda Tony secouer la tête et aborder un sourire désormais espiègle.

-Je pourrais me faire pardonner en t'invitant ce soir ! Lança le brun d'un air enjoué, Je sais que tu n'as rien de prévu et Stark Industries peut se passer de moi... En plus il y a ce resto italien qui a ouvert à quelques rues. On pourrait enfin y fêter mon retour dignement !

L'invitation était si inattendue que Steve eut un petit rire :

-Je suppose que je ne peux pas refuser ?

-Exactement ! Répliqua Tony dont le rire faisait écho à celui du blond, Rendez-vous ici à dix neuf heures, comme d'habitude capitaine !

Oui, comme d'habitude. Steve ne n'eut même pas le temps de répondre que le brun quittait déjà la pièce, bondissant presque de joie. Il allait sans doute retourner s'enfermer dans son labo pour le reste de la journée mais une chose était sûre, Tony serait là à sept heures pile.

Il y avait certaines choses qui ne changeaient pas vraiment, dans la vie du capitaine. Mais parfois, c'étaient des choses qui arrivaient à faire flotter un doux sourire sur ses lèvres pendant toute une journée.

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