Chapitre 5
Hello ce chapitre a mis un peu plus de temps à être publié car je suis en pleine préparation pour le bac, mais ne vois inquiétez pas, le rythme normal (il y en a un ?) reviendra pendant les vacances d'été (et puis vous êtes chanceux, ce chapitre est un peu plus long du coup).
Encore merci à toi @-A_Free_Soul- pour la correction <3
Une routine abrutissante s'était installée dans la vie du capitaine.
Il se réveillait aux premières lueurs de l'aube, après avoir dormi que quelques heures... enfin s'il était allé dormir, car il ne comptait plus les nuits où il était tout simplement resté au chevet de Tony. Généralement, ce réveil peu agréable était suivi d'une heure d'entraînement, puis d'une douche froide et d'un petit-déjeuner frugal.
Le reste de la journée était d'un ennui mortel. Il veillait sur son coéquipier, tournant en rond dans la petite chambre d'hôpital et sursautait, la peur au ventre, à chaque fois que les moniteurs qui surveillaient la santé de l'ingénieur produisaient un bruit qui sortait de l'ordinaire.
Les infirmiers et autres médecins de la Tour avaient été surpris au début. Mais ils étaient désormais habitués à le voir continuellement et ils le tenaient au courant de l'état de leur patient.
Étonnement, il ne voyait que très peu Bruce. Celui-ci était confiné dans son laboratoire et travaillait d'arrache-pied, mais le poison asgardien qui avait intoxiqué Tony lui donnait du fil à retordre. A vrai dire, Steve ne faisait même plus attention à la présence de ses compagnons, tant l'état de santé de son cher ingénieur occupait son esprit. Il croisait parfois Clint et Natasha lorsqu'ils venaient s'enquérir de l'état de santé de leur ami, mais ils ne discutaient que brièvement. Quand Thor avait été rappelé par ses obligations princières sur Asgard, il s'était à peine rendu compte de l'absence de la tornade blonde. C'était comme si tout son univers se réduisait désormais à la faible lumière qu'émettait le réacteur Arc dans la poitrine de Tony, seule source d'espoir pour Steve.
Quasiment tous les jours, il discutait avec la biologiste, Aliénor. Celle-ci était armée d'une patience et d'une gentillesse rares. Elle expliquait sans se lasser au soldat la nature des tests médicaux et des analyses pratiquées dans le but de soigner Tony. Son soutien et son savoir était précieux : elle rassurait et apaisait le soldat. Bruce lui même avait reconnu que la jeune scientifique était brillante.
-Vous savez, je suis certaine qu'il se bat contre ce poison, avait-elle dit un jour pour le rassurer alors que Steve était particulièrement morose, Peut-être nous entend-il ? En tout cas, je sais que votre soutien est important, pour lui comme pour nous, Capitaine !
Le docteur Jung traînait dans le coin à ce moment là - comme souvent lorsque Steve était dans le coin d'ailleurs, c'était agaçant- avait abandonné son air méfiant pendant quelques secondes pour lever les yeux au ciel en marmonnant quelque chose au sujet de la naïveté de la jeune femme.
Mais le temps passait, et l'état de Tony ne s'améliorait pas. Et plus les choses allaient, plus Steve se sentait s'endormir avec l'ingénieur. Il ne souriait plus, il ne riait plus... son cœur n'accélérait plus à l'entente de la voix de son cher coéquipier et il se sentait entravé par une apathie sourde. Même le caractère exécrable du docteur Jung, ses piques acides et ses remarques plus désagréables les unes que les autres ne le faisaient plus réagir.
Trois semaines. Trois semaines qu'il avait à peine mis le nez dehors. Une petite partie de son esprit lui murmurait que ce n'était pas normal de s'inquiéter autant pour quelqu'un qu'il ne considérait que comme un ami mais il la faisait taire. Il n'avait pas besoin de cela maintenant, il devait être présent pour Tony et ne pas laisser son imagination le déconcentrer.
Inutile de dire qu'il n'avait pris part à aucune mission du S.H.I.E.L.D depuis. Il avait laissé les commandes à Natasha et à Clint. Quand Fury en personne avait décidé de lui remonter les bretelles pour le convaincre de reprendre le travail sur le terrain, il n'avait fait que refuser avec un air lassé et s'était contenté de retourner voir Tony... Même quand on lui avait annoncé que les dirigeants du trafic qu'ils avaient tenté de démanteler lors de sa dernière mission s'étaient fait la malle et cachaient sûrement une organisation criminelle plus vaste, il n'avait pas accouru sur le terrain pour sauver tout le monde, comme il l'aurait fait auparavant.
Steven Grant Rogers n'était plus que l'ombre de lui même.
C'était un jour de la troisième semaine sans Tony. Un mercredi... ou peut être un jeudi, de toute façon, à quoi bon savoir quel jour on était puisque c'était une journée de plus où l'ingénieur ne donnerait pas signe de vie...
Pour une fois, Steve avait dormi. Plus exactement, le reste de l'équipe l'avait forcé à aller se coucher alors que ses yeux se fermaient tous seuls. Alors il avait suivi sa routine assommante. Mais alors qu'il finissait sa séance d'entraînement, Jarvis, que l'on entendait à peine depuis que son maître avait sombré dans le coma, interpella le capitaine.
-Capitaine Rogers... le docteur Jung et le docteur Banner ont une conversation des plus animées au sujet de la santé de monsieur. Je ne saurais vous conseiller de vous joindre à eux.
Sans même hésiter une seconde, le soldat fonça à l'infirmerie. Apparemment, les autres avaient été prévenus car Natasha et Clint se tenaient aussi dans un coin du laboratoire de Bruce.
-Son état s'aggrave. J'ai pris contact avec un centre de recherche qui fait un essai clinique pour des cas critiques. Cela nous donnera du sursis mais c'est un peu la dernière chance pour Stark. On peut commencer ce nouveau traitement dans la journée mais nous serons vite fixés s'il peut ou non s'en sortir... les prochaines heures seront décisives, annonçait le docteur Jung au moment où Steve entrait.
Les nouvelles étaient beaucoup plus mauvaises que prévu... et avant que quiconque ait eu le temps de répondre ou de faire une proposition, la porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée, révélant un visage que l'on ne voyait que rarement à la Tour ces derniers temps, tant les trois semaines sans l'ingénieur avaient été compliquées.
Pepper.
Elle avait visiblement accouru à l'infirmerie car elle avait le souffle court. Ses cheveux n'étaient pas attachés nettement comme à l'accoutumée et son visage abordait une expression angoissée qui ne lui était pas habituelle. Une fois qu'elle fut en état de parler, elle lâcha :
-Je sors d'une réunion de Stark Industries... plusieurs membres du conseil d'administration et certains actionnaires se doutent de quelque chose...
Elle ferma fort les yeux et ajouta d'une petite voix :
-Ils ont exigé qu'une conférence de presse soit tenue pour expliquer la disparition de Tony sur la scène médiatique... je ne sais pas quoi leur dire... nous allons tout droit à la catastrophe...
Un petit hoquet de stupeur traversa la pièce, tandis que tous se rendaient à l'évidence. Il était temps. Ils avaient caché la vérité au monde suffisamment longtemps. La situation devenait critique, ils n'avaient plus le choix.
-Vous n'irez pas seule, Pepper... annonça Steve.
Aux regards étonnés que lui lancèrent Bruce, Natasha et Clint, il expliqua :
-Ils ont besoin qu'un représentant des Avengers soit là pour annoncer ça... je dois le faire.
Natasha réagit la première avec un hochement de tête, signe d'approbation. Elle s'avança et posa doucement une main sur l'épaule de son coéquipier :
-C'est courageux de ta part, Steve. Tu sauras comment leur expliquer ça...je vais prévenir le directeur Fury en attendant. Va te préparer...
.....
Comme dans un rêve, il était retourné à ses appartements. Il s'était changé et abordait son uniforme militaire couleur chocolat, réplique de celui qu'il portait soixante-dix ans auparavant. C'était un costume qu'il ne sortait qu'aux grandes occasions, quand il devait endosser le rôle de Captain America auprès du grand public. Distraitement, il se souvint que Tony aimait énormément ce costume. Ce dernier ne s'était pas gêné pour lui en faire la remarque et pour le dévorer des yeux la dernière fois qu'il l'avait porté.
Tony...
Cet homme pour qui il s'inquiétait beaucoup trop, pour qui il serait allé jusqu'au bout du monde, son repère dans cette nouvelle vie. Cet homme qui avait du charme aussi, il fallait le bien l'admettre...
Leurs débuts avaient été... chaotiques. Entre les joutes verbales assassines et une attaque alien sur New York, ils n'avaient pas réellement eu le temps de briser la glace. Cela n'avait pas empêché Steve de sentir son cœur se décrocher lorsqu'il avait vu l'armure tomber du ciel, en se rapprochant beaucoup trop vite du sol...
Et puis après cette fameuse bataille, ils s'étaient tous rendus à l'évidence qu'ils devaient s'unir pour offrir au monde les héros qu'il méritait. L'homme de fer avait fait sa part de travail en les accueillant tous sous son toit et en améliorant leurs tenues de combat - Steve ne remercierait jamais assez Tony pour cela et l'ingénieur lui répondait à chaque fois que tout le plaisir était pour lui avec un regard brillant tandis qu'il détaillait le capitaine de haut en bas...
Alors le blond avait fait un effort et avait sympathisé avec chaque membre de sa nouvelle équipe. Tony avait été le plus dur à apprivoiser. Quand il se terrait pendant plusieurs jours dans son laboratoire, et le capitaine prenait comme mission personnelle de veiller à ce quel'ingénieur s'alimente à peu près convenablement. Au début, il devait batailler pendant plusieurs dizaines de minutes rien que pour obtenir l'autorisation d'entrer dans l'atelier. Au fur et à mesure, Tony semblait de moins en moins grognon quand Steve venait lui apporter de quoi se sustenter et lui faisait même parfois l'honneur de poser ses outils pendant quelques minutes afin de s'alimenter convenablement.
Au fil du temps, ses visites dans l'atelier n'avaient plus forcément pour unique but de rappeler à son coéquipier que manger et boire (de l'eau, et pas uniquement diverses boissons à base de caféine) étaient des besoins primaires humains. Il avait pris l'habitude de s'asseoir dans un coin, pour réaliser un croquis ou lire un livre, bercé par le son régulier des machines qui entouraient Tony. Même lorsqu'ils ne disaient rien pendant plusieurs heures d'affilée, le calme de l'atelier était apaisant, il se sentait à l'aise par la simple présence du brun. C'était idiot, mais après avoir été seul dans la glace pendant des dizaines d'années, son compagnon lui faisait l'effet d'une présence qui le réchauffait.
Ces longues journées passées ensemble avaient inexorablement rapproché les deux hommes. Ils se prenaient toujours le bec autour de la stratégie à adopter une fois sur le champ de bataille mais ce n'était que du détail. L'atmosphère rassurante du labo avait fini par délier les langues et ils avaient appris à mieux se connaître. Une belle camaraderie s'était installée entre eux. Tony s'était même porté volontaire pour participer au « rattrapage culturel » de Cap'. Le blond avait moyennement apprécié AC/DC et discutait une grande partie des goûts musicaux de son ami... en revanche, Tony avait passé un week-end entier à présenter la saga Star Wars à Steve, et le soldat avait adoré. Pour une fois, ils étaient d'accord sur un point : ils préféraient la trilogie originale à la prélogie.
Ils se chamaillaient toujours pour un rien, riaient ensemble à des blagues qu'eux seuls comprenaient alors que le reste de l'équipe était perplexe, faisaient attention l'un à l'autre en mission, se soignaient l'un l'autre quand ils rentraient blessés de ladite mission... en bref, on aurait parfois pu croire qu'ils étaient un vieux couple.
Et quand, au moins une fois par mois, ils s'arrangeaient pour se libérer dans leurs emplois du temps surbookés pour aller au restaurant ou à un autre endroit quelconque pour passer la soirée ensemble, ils répétaient à leurs coéquipiers qu'il ne s'agissait pas d'un rencard.
Avec le recul, Steve se rendit compte qu'il aurait aimé que ces soirées soient en réalité des rendez-vous romantiques. Il mentirait s'il dirait qu'il n'en avait pas rêvé plus d'une fois. Le constat faisait mal. Vraiment mal. Il tenait beaucoup plus à Tony qu'il ne voulait bien l'admettre. Il tenait beaucoup plus à lui qu'à un simple ami.
Cette révélation le heurta de plein fouet alors qu'il lui restait une petite dizaine de minutes avant qu'une voiture ne l'emmène lui et Pepper au lieu de la conférence de presse. Il ne prit pas plus de temps pour réfléchir et galopa en direction de la chambre d'hôpital qu'il avait si souvent fréquenté. Il n'emprunta pas les escaliers, de peur de croiser l'un de ses coéquipiers.
La voie était libre et les couloirs froids de l'infirmerie étaient vides de toute présence. Il avança et, au croisement avec un autre corridor, il tomba nez à nez avec le docteur Jung, qui sembla plus que surpris de le voir :
-Capitaine Rogers... je vous croyais déjà parti. Je m'apprêtais justement à aller voir monsieur Stark. Nous allons commencer le nouveau traitement d'ici quelques heures.
Alors que le blond ne lui répondait pas, il continua :
-Oh...je suppose que vous désirez voir Stark avant de partir. Très bien... je peux attendre quelques minutes. Je comprends que vous ayez besoin d'être... seul.
Il lui adressa un bref signe de tête avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu.
Il secoua la tête pour chasser de ses pensées l'apparition plus qu'étrange du médecin qui rôdait sans cesse dans le coin. Il ferma soigneusement la porte de la chambre derrière lui et se sentit soudainement comme un idiot.
Qu'est ce qu'il était venu faire ici ? Était-ce des adieux ? Après tout, lui même avait remarqué que Tony devenait de plus en plus pâle et qu'il n'en avait certainement plus pour longtemps. L'ingénieur respirait plus calmement qu'à l'accoutumée. Il semblait calme, peut être était-il en train de rêver ?
Ses lèvres, elles, semblaient plus rouges que d'habitude. Steve ne pouvait pas le nier : même alité, affaibli et au bord de la mort, Tony restait magnifique à ses yeux.
Qu'avait-il à perdre de plus que l'homme qui dormait devant lui ?
Laissant enfin son instinct prendre de dessus, Steve s'assit sur le bord du lit, veillant à ne pas écrabouiller le brun. Il posa une main à côté de sa tête et se pencha, l'air calme à l'extérieur. À l'intérieur, son cœur avait décidé de battre des records de vitesse et ses pensées tournaient confusément, emmêlées et chaotiques mais tournées vers une seule personne.
Tony.
Il plaqua ses lèvres contre les siennes. Ça y est, il le faisait.
Il embrassait Tony Stark.
La première chose qu'il sentit et qui l'étonna, ce fut la chaleur et la douceur des lèvres de son coéquipier. Même si son baiser était maladroit, il avait envie de rester accroché à ces lèves pendant des heures, comme s'il s'agissait d'une sorte de drogue dont il ne pourrait plus se passer.
Soudain,une des machines autour de Tony reprit son « bip » régulier. Et le monde se remit à tourner. Rien n'avait changé. La réalité heurta Steve, aussi violemment qu'un coup de tonnerre,alors qu'il se redressait d'un bond.
Un crétin, voilà ce qu'il était. Qu'avait-il espéré dans le fond ? Que sa vie était un conte de fées ? Il avait un devoir, c'était de protéger Tony et au lieu de ça... il en profitait égoïstement.
Il se dégoûtait.
Tony Stark était dans le coma. Et il devait reprendre le rôle de Captain America, pour rassurer la population. C'est ainsi que les choses devaient se passer.
Il quitta la chambre, aussi rapidement qu'il était entré, sans se retourner.
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