Chapitre 10


De longues heures passèrent. Ils discutèrent peu. L'euphorie de s'être retrouvés et de ne plus être seuls, enfermés dans cet entrepôt avait vite fait place à l'angoisse et à l'ennui. Quel était le but des mercenaires ? Pourquoi les avoir enlevés, eux ?

De plus, entre Tony qui était obligé de s'asseoir avec un bras tordu pour faire face au capitaine et Steve qui était immobile et ligoté sur une chaise inconfortable depuis beaucoup trop longtemps, ils commençaient sérieusement à espérer que leurs tortionnaires ne tarderaient pas à revenir pour au moins les distraire de cette sensation d'inconfort.

Leurs prières furent exaucées quand Aliénor en personne finit par pénétrer dans la pièce. Elle avait définitivement laissé tomber le maque qui cachait son identité mais était toujours aussi dangereuse avec l'arme de poing qui pendait à sa ceinture. Steve sentit la nausée l'atteindre quand il repensa à la trahison de la scientifique. Il ne la laissa même pas ouvrir la bouche que déjà, il grogna :

-Bon qu'est ce que vous voulez à la fin?! C'est vous qui gérez ce trafic ?

Maintenant il lui fallait des réponses. Mais son ton intransigeant ne fit que rire la petite blonde qui posa négligemment le sac de sport qu'elle trimbalait avec elle avant de s'approcher du soldat pour le narguer :

-Oh mon petit capitaine, tu n'as pas encore deviné ? Les armes à feu, c'est juste une diversion. Aujourd'hui, la technologie a une bien plus grande valeur sur le marché parallèle que de vulgaires joujoux à plomb... tu devrais demander à ton ami Stark il en sait quelque chose, non ?

- J'ai une meilleure question, déclara sèchement Tony qui avait levé la tête, Vous êtes qui bordel ?

Une ombre sembla passer sur le visage d'Aliénor et elle déclara amèrement :

-Malgré tout ce que les journaux disent sur vous, Stark, vous n'avez pas changé. Vous n'êtes qu'une ordure qui se croit au dessus de tout. C'est vraiment dommage que mon poison ne vous aie pas tué.

-Je dois comprendre que nous nous sommes déjà rencontrés ? Répondit Tony ne semblait pas déstabilisé.

-Tony... c'est elle le docteur Brown... elle a aidé à te soigner ! souffla Steve, perdu.

Tony haussa les sourcils et déclara avec assurance :

-Le docteur Brown ? Je me souviens de l'avoir rencontrée quand je l'ai recrutée... c'était quoi, deux semaines avant que je sois empoisonné ? Madame Brown est une petite mamie d'une soixantaine d'années aux cheveux gris si je ne me trompe pas. Et je ne me trompe jamais c'est bien connu. Alors je vous répète la question : qui êtes vous, putain ?

-Mais... je ne comprends plus rien... balbutia Steve, tandis que Tony continuait sur sa lancée :

-Laissez moi deviner... vous avez utilisé une faille de sécurité ? Elles sont rares pourtant, Jarvis veille en perma-... Oh ! La mise à jour système ! Vous avez utilisé ce moment n'est ce pas ? Le laps de temps était court vous deviez avoir des pros avec vous...

-Tony explique-toi à la fin ! S'exclama Steve avec une pointe d'énervement.

Le génie tourna la tête vers Steve et lâcha :

-Cette femme n'est pas le médecin que j'ai recruté mais une vraie terroriste. Elle a usurpé l'identité de la vraie Madame Brown en modifiant son dossier dans les serveurs de données de Stark Industries quand Jarvis a fait sa mise à jour. Tu n'as jamais vu la vraie Aliénor Brown.

-Bravo, je pensais pas que vous devineriez aussi vite...  ironisa cette dernière.

-Attendez... ça veut dire qu'elle possédait tous les laisser-passer pour circuler dans la Tour ? C'est pour ça qu'elle a pu rentrer et déposer ces fichus donuts à ta porte exactement le même jour ? Réalisa brutalement Steve.

-Et c'est pour ça que les systèmes de sécurité n'ont jamais donné l'alerte, j'avais donné moi même les autorisations pour entrer dans la tour à la vraie madame Brown. Bien joué... concéda Tony. Ça vous dirait de nous libérer maintenant en sautant l'étape cliché où le méchant fait son discours de méchant ?

La blonde eut un sourire cruel.

-Allons, la partie ne fait que commencer Stark. Vous ne voulez pas savoir pourquoi j'ai essayé de vous tuer ?

-Pas vraiment non...

La jeune femme serra les poings et se rapprocha de l'ingénieur l'air menaçant.

-Mon vrai nom est Chelsea Adams. Ça ne vous rappelle rien ?

-Absolument rien. Niet. Zéro. Désolé miss.

Adams poussa un cri de rage et décrocha un coup de pied rageur dans les côtes de Tony :

-VOUS ÊTES UN MONSTRE STARK. VOUS AVEZ FOUTU MA VIE EN L'AIR ET VOUS N'ÊTES MÊME PAS FOUTU DE VOUS RAPPELER DE MOI !

Il encaissa le coup en se recroquevillant avec un grognement. Alors que la dénommée Chelsea armait un second coup de pied, il souffla, sur un ton las qui traduisait que ce n'était pas la première fois qu'on lui criait de telles choses au visage :

-Croyez moi, j'ai foutu pas mal de vies en l'air, vous n'êtes pas la seule. Qu'est-ce que j'ai fait cette fois ?

L'air pathétique de Tony ne calma pas sa fureur ; elle continua de hurler sans s'arrêter, comme si elle attendait le cracher ces mots à la tête de Tony depuis des années :

-J'avais un avenir ! J'étais la plus brillante étudiante en micro-biologie de tout le MIT ! Et je pensais qu'on accorderait de l'importance à mes travaux... Je devais présenter ma thèse, ce jour là. Tout le corps scientifique aurait été forcé de reconnaître ma valeur en tant que chercheuse ! Mais bien sûr, un petit crétin prétentieux a décidé de me voler la place dans le grand amphithéâtre ! C'était vous Stark ! Vous avez saisi l'occasion pour rafler l'attention ces hommes de science et leur montrer je ne sais quel projet stupide que vous aviez à l'époque ! On n'a rien osé vous dire, vous étiez Stark, le petit phénomène de foire du campus ! Vous m'avez volé ma gloire, car plus aucun scientifique n'est resté m'écouter après que vous les ayez roulés dans la farine avec vos inventions stupides ! Des années de recherches sont tombées à l'eau tout ça parce que vous aviez besoin d'attention !

Tony ne répondit rien. Il avait le regard dans le vide et semblait tenter de se souvenir de l'événement. Son masque habituel de milliardaire sûr de lui s'était effondré, il ne restait que des regrets et de la fatigue sur son visage. Il ne cherchait même plus à se défendre et c'est ce qui commença à affoler Steve.

-Tony, n'écoute pas ce qu'elle dit ! Ça n'a aucun sens !

Adams se tourna vers Steve et se pencha vers lui en lui expliquant avec une voix doucereuse :

-Bien sûr que ça a du sens, Steve, tu ne comprends pas à quel point les enjeux sont importants... j'ai dû quitter le MIT parce que personne n'a voulu financer mes recherches à cause lui ! Mais il faut croire que le hasard fait bien des choses... j'ai fini par atterrir en Norvège. J'aurais pu finir ma vie à n'être qu'une biologiste ratée quand je l'ai découverte... Une plante totalement inconnue aux effets surpuissants. C'est avec cela que j'ai empoisonné Stark, avec ma jolie « fleur d'Adams » !

-La Snäsridr... souffla Steve pour qui les pièces du puzzle se mettaient doucement en place. Quand vous avez compris les effets de cette plante, vous l'avez utilisée pour en faire un poison... une arme... une arme chimique ! C'est ça que vous trafiquez ! Vous utilisez le commerce d'armes pour détourner notre attention alors que la vraie marchandise c'est ce poison !

Il était horrifié. Les choses s'annonçaient bien plus périlleuses que prévu. Il devait prévenir le S.H.I.E.L.D avant que quelqu'un ne se serve de ce poison comme arme ! Et avant tout, il devait arrêter cette folle qui semblait être prête à tout pour assassiner Tony ! Mais une chose ne restait pas claire dans son esprit...

-Mais pourquoi m'avoir enlevé alors ?

Chelsea eut un petit rire qui semblait presque innocent alors qu'elle répondit :

-Oh... j'avais juste besoin d'un nouveau cobaye.

Elle avait dit ça si simplement, d'un air si détaché. Cette femme était une véritable sociopathe et donnait vraiment froid dans le dos à Steve.

-Si mon poison fonctionne sur un super-soldat, il fonctionnera sur tout le monde. En plus, tu m'as fait le plaisir de me ramener Stark sur un plateau d'argent. Quelle chanceuse je suis...

-Touchez à un seul cheveu de Cap' et je vous jure que je vous étrangle à mains nues... grogna soudainement Tony.

-C'est si mignon... Iron Man, le chevalier blanc tentant de protéger son Captain...mais c'est un peu tard pour le numéro de drague, Stark, ironisa la mercenaire.

Tony serra les dents alors que la blonde se moquait de lui, tandis que le cœur de Steve battait à cent à l'heure. Était-ce à cause de la peur de mourir ou parce que Tony avait brisé son mutisme pour le défendre spécialement lui ?

Il se rendit compte qu'il fixait son camarade du regard et il détourna tourna la tête, gêné. Cela lui permit de se tendre compte que leur tortionnaire avait poussé une table métallique qui traînait dans un coin de l'entrepôt pour la placer face à lui. Elle posa dessus le sac de sport qu'elle avait ramené et en sortit une petite plante : la tige avait une couleur sombre, presque noire et les nombreuses fleurs violettes étaient minuscules avec la forme d'une fleur de lys.

-Je te présente ma « fleur d'Adams » ou « flores mortis Adams » de son nom scientifique. Sourit elle alors qu'elle sortit une petite fiole remplie d'un liquide violet, Ceci, est la première version de mon poison. Vous la connaissez bien, c'est celle qui a empoisonné monsieur Stark ici présent.

-Et on dit que c'est moi qui théâtralise tout... tsss... marmonna Tony d'un air exaspéré.

Chelsea l'ignora et sortit une deuxième fiole. La solution à l'intérieur était d'un violet presque noir. Elle sourit et continua son exposé :

-Voici la version finale. Elle est environ mille fois plus concentrée que la version numéro un. Je pense que je vais nommer celle-ci « solution du capitaine », déclara-t-elle en sortant enfin une petite seringue de son sac.

-Okay, vous êtes complètement malade, on a compris, lança brusquement Tony, Vous faites vraiment tout ça pour vous venger ? Laissez le partir, il a rien à voir dans cette histoire...

La scientifique fit la sourde oreille et commença à prélever le poison concentré dans sa seringue.

-Ne faites pas ça... ne faites rien vous entendez ? Qu'est ce que vous voulez ? De l'argent ? De la reconnaissance ? Je peux me débrouiller si vous laissez le Capitaine tranquille ! Continua-t-il sur la lancée, l'air de plus en plus angoissé alors que la blonde ne s'arrêtait pas.

-Tony calme toi, ça... ça va aller... elle ne va pas vraiment le faire... tenta Steve pour le rassurer, mais lui même n'y croyait pas.

En effet, Chelsea se rapprocha du blond qui était toujours ligoté, et l'aiguille menaçante de la seringue se rapprochait dangereusement de la peau pâle du soldat.

- Que voulez-vous ? Je suis prêt à vous donner n'importe quoi pour la vie de cet homme ! Paniqua Tony qui tentait se se libérer en tirant frénétiquement sur les menottes qui le retenaient au mur, Je suis prêt à vous filer les plans de n'importe quelle arme que j'ai créée dans le passé ! Merde, je suis prêt à vous donner les secrets du réacteur Arc si c'est ce que vous voulez !

-Tony non ! Répliqua Steve qui savait très bien quels dégâts pourraient faire la technologie du cœur de Tony si elle tombait entre de mauvaises mains.

L'échange parut satisfaire leur tortionnaire car elle éloigna de quelques centimètres la dangereuse aiguille de Steve et se tourna vers l'ingénieur :

-Les choses deviennent intéressantes... et bien que connaître les secrets de votre petit joujou qui fait de la lumière est tentant, ce n'est pas ce que je veux. Au moins maintenant, je sais que vous serez coopératif. Gloussa-t-elle en reposant la seringue sur la table.

Elle sourit ensuite et lança un regard froid au génie.

-Je veux que vous me disiez tout ce que vous savez sur votre empoisonnement. Pas ce que vous avez appris grâce à Banner, ce que VOUS vous savez. Je veux savoir quel antidote a été utilisé sur vous. Vous étiez à deux doigts de mourir. Comment avez-vous survécu ?

À ce moment là, Steve fut presque soulagé que les deux scientifiques étaient trop occupés à se livrer à une bataille de regards pour prêter attention à lui. Il sentait ses joues rougir d'un coup et il se mordit la lèvre inférieure... si seulement ils savaient que c'était à cause de lui ...

-Je n'en sais rien, avoua Tony, Tout ce que j'ai entendu en me réveillant, c'est la porte de ma chambre qui claquait et quelqu'un qui s'éloignait dans le couloir. J'ai mis quelques minutes à me réveiller complètement puis vos charmants collègues ont débarqué en meute dans ma chambre. Heureusement, Barton et Romanoff ont fait diversion et j'ai réussi à partir... le reste je suppose que vous le savez...

-Vous avez forcément ingéré un antidote ! Personne ne s'en est sorti à ce stade... sauf vous... ne comprends pas... grogna-elle, frustrée par la réponse de Tony. Vous avez forcément fait ses recherches Stark... dites moi tout... est-ce que votre réacteur a quelque chose à voir là dedans ?

-Oui, j'ai fait des recherches, mais je n'ai rien trouvé ! admit-il, Le fonctionnement du réacteur n'a pas changé et ça m'étonnerait que ça soit ça... je penche plutôt pour l'explication asgardienne de ma guérison mais j'ai eu beau mener mon enquête, je n'ai trouvé personne, soupira-t-il.

-Comment ça « l'explication asgardienne » ? Asséna-t-elle. Quel est le rapport ?

Steve et Tony échangèrent un regard. Elle ne avait pas que sa « plante d'Adams » était une plante originaire d'Asgard... quoique, le fait qu'elle l'ai découverte en Norvège avait du sens, songea Steve. S'il se souvenait bien des récits que Thor faisait dans guerres menées par son père, l'une d'elle s'était conclue en Europe du Nord justement.

-Expliquez moi !!! S'impatienta la scientifique, s'approchant dangereusement du brun qui était dans l'impossibilité de se défendre.

-Cette plante est asgardienne ! Lança Steve pour l'arrêter, Selon la légende il suffit... il suffit d'un baiser sincère pour réveiller la victime.

Sur le coup, il avait juste envie de disparaître pour que les deux scientifiques arrêtent de le fixer du regard. Il rougissait jusqu'à la racine des cheveux quand Chelsea se retourna répondit sur un ton dédaigneux :

-On est pas dans un conte de fée capitaine. La science ne fonctionne pas comme ça. Et puis franchement, tu pensais que je ne surveillais pas Stark avec attention ?

Elle secoua la tête dans une cascade de cheveux blonds et continua :

-Quand j'ai vu que le poison ne l'avait pas tué sur le coup, j'ai voulu lui injecter une surdose pour en finir... malheureusement, nous nous sommes croisés pour la première fois au moment où je voulais aller l'empoisonner à nouveau. Ensuite, c'était trop risqué de tenter quoi que ce soit. Le docteur Jung en particulier se méfiait de moi. Mais bref, si une femme avait décidé d'aller rouler une pelle à Stark, je l'aurais su, croyez moi ! Il n'y avait que toi, capitaine qui était constamment à son chevet !

Steve ne répondit rien, les joues en feu. Par contre, ce que Chelsea ne vit pas, c'est le "O" parfait que formait la bouche de Tony à ce moment précis.

Et merde.

Il savait.

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