Chapitre 9 : Journées banales
Alors qu'Ekubo venait d'exprimer la pensée de tous ceux présents, Shou redressa la tête brusquement et lança.
« Shou : Comment ça, enfin ? *légèrement vexé*
Ritsu : *perdu* Vous voulez dire que vous vous en doutiez ? Depuis quand ?
Teru : Shou, c'était depuis le départ. T'as jamais vu comment il te regardait ?
Reigen : Il te regardait comme si t'était son monde. *sarcastique*
Shou : Eh ! Je vous signale que c'est le cas, c'est pas « comme si ».
Reigen : Ah ! Tu vois.
Serizawa : C'est vrai que Shou n'a jamais été discret. Je crois que ça été plus compliqué de deviner que c'était réciproque.
Ritsu : Eh ! Ça veut dire quoi ça ?
Tome : Ça veut dire que t'es plus dense que du brouillard. Si toi-même tu te rends compte de rien, c'est mal barré.
Mob : Ah ... euh ... Ritsu .... Ce que veut dire Tome, c'est que ... *essaye de rattraper*
Ritsu : Ne t'inquiètes, grand frère, je sais que j'ai été un abruti de ne pas m'être rendu compte de mes sentiments plus tôt.
Tome/Ekubo/Reigen/Teru : OUHOUH, IL L'A ENFIN DIT !!!!!
Ritsu : *rougit, énervé* Allez vous faire foutre !!!
Reigen : *rigole* Waouh, Shou a déteint sur toi, c'est incroyable.
Shou : Putain, ouais. Je crois que j'ai trop déteint. Vous savez pas ce qu'il a décidé de faire ce matin ?
Tome/Teru : *intéressés par les ragots* Vas-y, dis.
Shou : Il a décidé qu'on aille voir mon homophobe de père, qu'on s'embrasse devant lui pour lui montrer qu'on est ensemble et de se barrer.
Tlm : *impressionnés* Vraiment ?! Ritsu ?!
Ritsu : *énervé* Oui, bah, ça va. C'était sur un coup de tête, ok. Mais ça a payé.
Serizawa : Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment vous avez fait pour rentrer ? »
Les deux garçons étaient en train de raconter ce qu'il s'était passé le matin, en omettant volontairement certains détails, on n'est jamais sûrs de rien avec ce qui leur servait d'amis. Ils racontèrent également l'horrible hôtesse d'accueil, le « sauvetage » de Joseph. Shou explosa de rire en arrivant à la partie où Ritsu s'était présenté devant elle. Et ils racontèrent enfin la partie où ils avaient déballé tout ce qu'ils avaient sur le cœur à Toichiro. Serizawa était le plus impressionné de tous, lui qui n'aurait jamais pensé parler ainsi à son ancien patron. Reigen rigolait du début à la fin, accompagné de Tome et Ekubo. Mob ne disait rien, écoutant religieusement et Teru essayait de calmer les hilares pour entendre correctement et tout comprendre.
Ils étaient bien, là, avec tous leurs amis, leur racontant leurs mésaventures. Qui s'étaient pourtant passées en quelques heures seulement. Ils étaient bien, là, à parler, rigoler, mais Shou avait envie de leur dire pour sa mère, surtout à Serizawa qui avait bien connu la femme. Il recommençait à stresser et Ritsu lui prit la main pour l'encourager. Shou se lança alors, leur disant qu'il avait quelque chose d'important à annoncer. Tout le monde comprit que c'était sérieux en voyant l'air abordé par le rouquin. Il n'avait jamais pris cette expression et ça les inquiétaient. Prenant son courage à deux mains et essayant le plus possible de moins pleurer, il leur annonça la terrible nouvelle. Sa mère était morte. Ils restèrent sur le cul quelques instants mais juste après, ils se levèrent tous comme une seule et même personne et allèrent faire un énorme câlin au jeune homme.
Ils l'encerclèrent tous, le prenant plus ou moins dans leurs bras. Cela réchauffa le cœur du pyrokinésiste comme jamais. Il savait déjà parfaitement que Ritsu, son fantastique petit-ami serait toujours là pour lui, pour le soutenir, mais voir que tous leurs amis étaient également présents lui faisait un bien fou. Il se permit donc de se laisser aller. Pleurant tout ce qu'il pouvait. Il allait réussir. Il allait faire son deuil. Il allait vivre, avec eux, le plus possible, pour sa mère, pour l'honorer. Shou pleurait et ça déclenchait les larmes de tous les autres. Ils se serrèrent encore plus si c'était possible et cela arracha un sourire et un rire au concerné du câlin. Ils le ponctuèrent d'ailleurs de paroles encourageantes, bienveillantes. Ils certifièrent à Shou qu'ils seraient toujours là pour l'aider mais Shou n'avait pas besoin qu'ils le lui disent. Il le savait déjà. Mais bon, le savoir et l'entendre dire étaient deux choses différentes et la deuxième était un réel bonheur.
A vrai dire, ils ne savaient pas trop combien de temps ils étaient tous restés là à réconforter Shou et à se faire le plus gros câlin qu'ils n'aient jamais fait. Mais bon, ils s'en fichaient tous. Et puis, c'était cool les câlins, tout le monde aime ça. Bon, ok, ils finirent quand même par se sentir étouffés et se relâchèrent mais les intentions étaient là et étaient passées. Ils se rassirent tous à leurs places et même si les larmes de Shou avaient creusé des sillons dans ses joues, personne n'y fit attention et les discussions enflammées habituelles reprirent aussitôt. Ça aussi, ça faisait du bien au rouquin. Il avait l'impression d'être de retour deux ans auparavant. Ça instaurait un habituel dans lequel il se sentait bien. Et il savait que lorsqu'il devrait partir du bureau des esprits parce qu'il allait fermer, il avait un endroit où aller, où rester. Et c'était avec Ritsu. Cette pensée élargit encore plus si c'était possible son sourire déjà grand.
Lorsque midi sonna enfin que tout le monde commença à protester d'avoir faim, ils sortirent tous, avec leur groupe d'excentrique, pour aller trouver de quoi manger. Parce que, bien évidemment, Reigen n'avait absolument rien dans son frigo, fallait pas déconner. Le petit groupe, extatique de la journée, riait aussi fort que possible. Ils se dirigèrent tous vers le petit restau du coin de la rue où ils allaient toujours. Le patron les accueillit vivement et serra Shou aussi fort que possible dans ses bras, heureux de le savoir de retour en ville. Le rouquin fut d'abord gêné mais se laissa bien vite entrainé dans le câlin qui le fit même rire. L'ambiance était à la bonne humeur, tout le monde parlait en même temps, tout le monde essayait de suivre les conversations en même temps. Lorsque les plats arrivèrent, ce fut encore pire. Seul Ekubo ne mangeait pas, évidemment, morphologie de fantôme, et il continuait de faire la conversation à lui tout seul. Ponctuée de remarques d'un peu tout le monde.
Ils causèrent tout le brouhaha du restaurant mais le patron était ravi. C'était convivial, exactement ce qu'il avait voulu lorsqu'il l'avait ouvert il y a longtemps. Il sourit doucement, il adorait ce groupe éclectique, ils étaient tous empreint d'une bonne humeur, quasi à toute épreuve. Lorsque le repas fut passé, ils rentrèrent tous au bureau. Tandis que certains préférèrent faire la sieste, d'autres décidèrent de se lancer dans un jeu de société. Mais faire un jeu de société avec des espers était une vraie galère, puisqu'il y avait régulièrement possibilité de triche. Et autant dire que Shou et Ekubo adoraient le faire. Ils furent remis en place à plusieurs reprises par Ritsu mais ils s'en fichaient et riaient simplement, la situation les faisant rire.
L'après-midi se passa tranquillement, aussi tranquillement que possible avec un groupe comme le leur. Ils eurent trois clients cette après-midi et les quatre garçons se lancèrent dans le concours de celui qui exorciserait l'esprit le plus rapidement possible. Au grand bonheur de Reigen, puisque ça arrangeait son business. Le concours fut évidemment remporté par Mob, sans surprise. Bien que cela fit un peu râler les trois autres sous les regards d'incompréhension du concerné. Ils explorèrent une nouvelle partie d'une ville qu'ils connaissaient un peu et s'amusèrent à faire peur aux esprits errants dans le cimetière. Enfin, ça, c'était surtout Ekubo, Tome, Teru, Shou et Reigen. Les deux frères et le seul adulte restant ne comprenant pas vraiment l'intérêt de la chose. Ils durent arrêter après une gueulante de Ritsu qui leur hurla qu'ils allaient causer une deuxième crise cardiaque à l'esprit d'une petite vieille.
Le reste de la journée se passa sans grand accident, si on ne comptait pas le fait que Teru ait failli s'éclater contre le sol après avoir essayé la technique de vol de Shou, sous les rires incontrôlables de certains. Le soleil commençait à présent de se coucher et tout le monde commença de rentrer chez eux. Ils se séparèrent en petits groupes et chacun rentra chez lui. Shou alla bien évidemment avec les frères Kageyama. Il fut décidé d'annoncer la nouvelle de leur récente mise en couple aux parents pendant le repas. Ritsu était quelque peu stressé mais Shou savait quoi lui dire pour le rassurer et la situation les firent rire. Cette fois-ci, c'était l'inverse. C'était Shou qui rassurait Ritsu, qui était complètement stressé. La table fut mise, le repas apporté, et tous commencèrent à manger. Au bout d'un moment, Ritsu se dit que c'était le meilleur moment et décida de prendre la parole.
« Ritsu : Papa. Maman. J'ai un truc à vous dire.
Mme.K : Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe Ritsu ?
Mr.K : C'est grave ? Un problème de santé ? Ce sont tes pouvoirs ?
Ritsu : Quoi ? Non, non, pas du tout, tout va bien de ce côté-là. C'était juste pour vous dire que ... Voilà-je-sors-avec-Shou. *dis à toute allure*
Mr.K/Mme.K : *comprennent quand même* Quoi ? C'est tout ?
Mme.K : Ouf, j'ai eu peur que ce soit grave.
Mr.K : Et ... c'est tout ?
Ritsu : Euh ... oui.
Mr.K : Ah, ok. Bon, bah, félicitations à vous.
Mme.K : Oui, félicitations. Vous êtes fait l'un pour l'autre, j'en suis sûre. »
Oh, Dieu, que Ritsu aimait ses parents. Il se dit à ce moment-là qu'il avait une chance infinie d'avoir une famille et des amis aussi tolérants. Bien sûr qu'il était obligé d'avoir des amis tolérants avec ce groupe de cinglés dont il faisait partie. Mais sa famille, il savait déjà qu'ils étaient exceptionnels pour avoir accepté les pouvoirs de son frère aussi facilement et maintenant pour les relations que leurs fils avaient. Ils étaient géniaux. Il ne put s'empêcher de laisser quelques larmes s'échapper. Ses parents le voyant immédiatement allèrent lui faire un énorme câlin. Il les remercia d'être ses parents et ils répondirent que c'était normal. Tout le monde se joignit au câlin. Lorsque les émotions passèrent, le repas reprit tranquillement. Et la vie avec.
Le lendemain, et les jours d'après, les deux amoureux jouèrent encore et encore dans les rues de la ville. Leurs rires résonnèrent à des heures quelques fois négociables. Mais ils s'en fichaient, ils vivaient simplement. Ils redécouvraient ensemble cette ville qu'ils connaissaient déjà pourtant par cœur. Ils les faisaient, les 800 coups, la promesse qu'ils s'étaient faites. Ils vivaient. Shou honorait sa mère en vivant, respirant à pleins poumons, s'amusant, riant, laissant le soleil marquer les rides qui se formaient au coin de sa bouche alors qu'il souriait sans cesse. Les journées passaient et aucunes ne se ressemblaient. Leur jeu préféré restait tout de même de courir sur les toits, volant entre deux, sans jamais se lâcher la main. Tous les toits de la ville avaient subi les coups de pieds ravageurs de vie des deux adolescents.
Les vacances jusqu'à la rentrée passèrent sans même qu'ils ne s'en rendirent compte. Dire que les deux dernières années, Ritsu avait détesté les vacances, lui rappelant plus violemment que les autres fois l'absence de celui qu'il aimait. Mais maintenant, ce n'était pas la même chose. Shou était revenu. Il se sentait enfin vivre après deux années de vide. Maintenant qu'il y pensait, il avait l'impression que ces deux années n'avaient même pas existé. Un grand vide, un grand trou noir les remplaçait. Comme s'il se disait que ces deux années n'avaient pas existé parce que Shou n'avait pas été avec lui. La tête à l'envers sur son lit, les bras ballants, admirant le dos de Shou qui, assit au bureau, dessinait, Ritsu réfléchissait. A ces deux années qui s'étaient passées dans la plus grande tristesse et dans une solitude qu'il s'était lui-même imposé après le départ de son meilleur ami. Mais aussi, il réfléchissait à ce qu'il allait faire après. Shou était là, après tout. Pendant ces deux ans, il n'avait pas réfléchi à ça, il avait simplement étudié et était rentré dans un excellent lycée juste pour oublier momentanément l'absence du rouquin. Il avait fait tout ça sans trop s'en rendre compte. Mais maintenant, il en prenait conscience, qu'allait-il faire ? Après ? Pour son boulot.
Il ne savait pas, il n'avait jamais trop réfléchi à ça. Il avait toujours étudié sans trop savoir pourquoi. Mais rencontrer Shou signifiait prendre conscience de tout dans sa vie. Ritsu savait désormais qu'il devrait se décider. Et Shou ? Le corbeau savait qu'il hésitait entre vétérinaire et dessinateur professionnel. Lorsqu'il le lui avait dit, une après-midi, sur le toit de l'immeuble du bureau des esprits, Ritsu avait éclaté de rire. C'était des domaines de compétence tellement différents. Mais au moins, il avait une idée. Lui, il ne savait tout simplement pas. Soupirant, il se dit qu'il verrait bien quand il reprendrait les cours. Et puis, ce serait une nouvelle année monotone, non ?
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Neuvième chapitre.
Plus que deux avant la fin. Et oui, c'était court.
Ce chapitre peut-être considéré un peu comme sans intérêt mais je trouve qu'il en a quand même. Déjà, parce que j'adore les câlins groupés. Et parce que Shou arrive maintenant à se livrer, toujours avec difficulté, sur sa mère. Et puis, ça fait plaisir de voir Shou heureux, non ? J'aime l'écrire lorsqu'il sourit et vit tranquillement. Et pour les interrogations de Ritsu à propos de son métier futur, ce sera vite réglé, après tout, ce n'est pas le centre de l'histoire.
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