Chapitre 8 : Visite inattendue

Suite à la déclaration de Shou, Ritsu en resta pantois. Il n'aurait jamais pensé que le rouquin puisse prendre ce genre de décision. Même s'il ne le montrait pas, la famille restait quelque chose d'important pour lui. Il découvrait encore et encore de nouvelles facettes de lui et ça lui plaisait toujours plus. Ils se sourirent doucement et décidèrent donc de prendre la direction de la prison haute sécurité pour les espers. Ils ne volèrent pas si rapidement que ça mais Shou avait l'impression qu'il fonçait à toute allure et qu'il se rapprochait de la guillotine. Il ne savait pas quoi attendre de cette rencontre mais au final il se disait que puisque Ritsu était avec lui, tout irait bien. Lorsque la prison fut en vue, ils descendirent doucement, se fichant bien d'être vus. De toute façon, les espers étaient maintenant connus et acceptés par la société.


Ils atterrirent devant la grande porte, déserte à cette heure-ci. Tous les employés étaient déjà rentrés et ce n'était pas un endroit très fréquenté par les touristes. Il n'y avait donc personne pour les voir. Le télékinésiste avait un air déterminé mais au moment d'avancer, il sentit une résistance. Il se retourna pour voir l'air inquiet, quasi paniqué du rouquin.


« Ritsu : Shou ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Shou : ... Et si ... Et si c'était une mauvaise idée ? J'étais pour, d'accord. Mais là, d'être devant les portes, de se dire qu'on y est bientôt et que oui, ça va arriver, ça me fout la trouille. Ça me fout la trouille comme jamais. Encore plus que quand j'ai dû lui avouer je crois.

Ritsu : Sauf que quand tu as dû lui avouer, tu étais seul. Et maintenant, je suis là, avec toi. On est tous les deux et tout va bien se passer.

Shou : T'es sûr ? T'es certain ?

Ritsu : Non. On ne peut jamais être certain de rien. Mais même si ça ne se passe pas comme tu le veux, je suis toujours là. Et on peut rentrer à la maison, retrouver tout le monde, ça te réconfortera.

Shou : Je ... je peux vraiment considérer que ... c'est aussi ma maison ?

Ritsu : Évidemment, Shou. Et puis, tu ne t'étais jamais posé la question avant. De toute façon, papa et maman, même Shigeo ont tellement l'habitude de te voir à la maison qu'ils ont l'impression que tu y habites.

Shou : *sourit, rassuré* Ouais, c'est vrai. Et après mon père, on ira voir les autres et on leur dira aussi. C'est un peu dégueulasse pour eux que ce soit mon père qui sache en premier pour nous deux.

Ritsu : C'est vrai. J'ai envie de voir la réaction des autres, ce sera drôle je pense.

Shou : Faudra que tu me racontes comment ça s'est passé pour Mob et Hanayama.

Ritsu : Ouais, t'inquiètes. »


Alors qu'ils continuaient de parler, ils avancèrent comme si de rien n'était. Ils purent donc passer les grandes portes sans une attaque de panique du côté du pyrokinésiste. Ils se dirigèrent immédiatement vers l'accueil. L'hôtesse étant étonnée de voir arriver deux adolescents, main dans la main, dont l'un n'était visiblement pas à l'aise d'être là. La panique avait repris Shou alors qu'ils s'étaient dirigés vers le bureau de l'accueil. Étant donné qu'ils avaient grandi, ils n'avaient plus besoin de se mettre sur la pointe des pieds pour se pencher sur un bureau d'accueil. Shou n'arrivait plus à parler, ce fut donc Ritsu qui prit les choses en main.


« Ritsu : Bonjour, mademoiselle. Nous sommes là pour voir Toichiro Suzuki.

Hôtesse : Toichiro Suzuki ? Désolé mais il est dans le bloc S, le plus haut niveau de sécurité. Si vous n'avez pas de lien avec lui, je ne peux p...

Shou : Je suis son fils. Toichiro Suzuki est mon père, je voudrais le voir.

Hôtesse : Ah, je vois. Avez-vous une pièce d'identité sur vous pour le confirmer ?

Shou : Ah non, je n'en ai pas.

Hôtesse : Allez la chercher et revenez. Sans ça, vous ne pourrez pas.

Shou : Non, euh ... Vous m'avez mal compris. J'ai pas de pièce d'identité, du tout.

Hôtesse : Quoi ? Vous vous fichez de moi ?! C'est impossible. »


Voyant que l'ambiance commençait à partir en vrille, Ritsu exigea de faire venir Joseph. Bien sûr, Joseph s'était occupé de toute l'affaire, il connaissait très bien Shou et étant lui-même un esper, on ne pouvait pas le tromper. Joseph arriva donc quelques minutes plus tard, les mains dans les poches, l'air totalement décontracté.


« Joseph : Je me disais bien que c'était vous. Qui d'autre pour aller voir Toichiro Suzuki de toute façon. Et le grand Kageyama est déjà venu.

Shou : Elle refuse de me laisser le voir. *pointe du doigt l'hôtesse*

Hôtesse : Eh ! C'est vous qui me dites que vous n'avez pas de pièces d'identité. Sans ça, je ne peux pas vous laisser passer.

Joseph : Désolé Shou, elle est nouvelle. L'autre dame a pris sa retraite, donc elle ne te connait pas. Elle est arrivée pendant ton absence.

Hôtesse : M. Joseph, qu'est-ce que ça signifie ?

Joseph : Shou est bien le fils de Suzuki, ça c'est clair, il a même aidé à le mettre en prison. Le truc, c'est qu'il ne peut pas s'identifier à vous parce que, techniquement, il n'existe pas. Son père n'a jamais fait d'acte de naissance. Il n'a ni carte d'identité, ni passeport, ni rien du tout.

Hôtesse : C'est impossible.

Ritsu : Ça ne l'est pas quand on est Toichiro Suzuki. Maintenant que Joseph l'a confirmé, soyez gentille et laissez-nous passer. *énervé*

Joseph : Eh ben, le petit Kageyama est énervé, j'aurais jamais cru voir ça.

Hôtesse : Et vous, vous êtes qui ? *dédain*

Ritsu : *claque sa carte d'identité sur le bureau* Ritsu Kageyama. Son petit-ami. Je l'accompagne pour dire à mon beau-père la bonne nouvelle de notre mise en couple. *regard noir, main serrée, sourire crispé* »


Lorsque Ritsu avait dit ça, Shou avait été totalement subjugué par la présence que dégageait son petit-ami. Il ne fallait vraiment pas énerver un Kageyama. Tout le monde le savait pour Mob mais personne ne l'avait jamais fait avec Ritsu et personne n'avait donc pu le voir. Joseph avait écarquillé les yeux à la nouvelle balancée de but en blanc par le corbeau mais rigola tout de même discrètement. Au final, ça ne l'étonna même pas plus que ça. L'hôtesse, quant à elle, resta interdite. Elle ne savait plus quoi dire, ni quoi faire. Ritsu en profita alors pour demander à Joseph de les emmener auprès de son beau-père. C'était surtout ça qui avait fait rire Joseph et interloqué Shou. Ils savaient tous les deux la haine de Ritsu à son encontre mais pas l'hôtesse d'accueil.


Ils purent donc, d'un pas pressé, se diriger vers le bloc S où était enfermé le père Suzuki. Il n'y eut aucune parole, bien que l'adulte eut envie de bombarder de questions les deux adolescents. Ils marchèrent pendant encore un moment, prirent toutes sortes d'ascenseurs, marchèrent encore. Pour, enfin, se retrouver devant la porte tant attendue. Joseph l'ouvrit, laissant les deux garçons entrer. Considérant la conversation privée, il décida de ne pas entrer. De toute façon, une plaque de verre les séparait, Toichiro était affaibli et les deux garçons étaient suffisamment puissants comme ça. Lorsqu'ils entrèrent, Toichiro était assis, dos au mur, face à la vitre. Il fut surpris de les voir là, tous les deux, et n'hésita pas à le montrer.


Il se leva alors lentement pour se rapprocher tandis que les deux amoureux se postèrent au milieu de la pièce qui leur était dédiée. Ritsu resserra son emprise sur la main de Shou, pour lui rappeler qu'il était là, qu'il n'était pas seul. Lorsque Toichiro leur firent enfin face, debout, de toute sa stature, ils se regardèrent enfin dans les yeux. Ce fut un véritable combat qui se mena là. Ils ne se lâchèrent, ils s'affrontaient sans même avoir besoin de mots. Et, sans que Toichiro ne puisse le prévoir, son fils se retourna subitement et attrapa le menton du garçon à ses côtés. Ils s'embrassèrent alors furieusement. Il n'existait plus rien à part eux deux. Même son père avait disparu. La seule chose qui existait était les lèvres de Ritsu sur les siennes. Alors qu'ils se séparaient doucement, Shou se tourna vers son père et avant même que celui-ci puisse parler, il prit la parole.


« Shou : Je l'aime. J'aime Ritsu. Autant que maman. Je m'en fous de ton avis, de ce que tu penses. Ton empire et sa descendance, tu peux l'oublier. Je ne veux plus me cacher, cacher qui je suis vraiment, je veux dire fièrement que je suis capable d'aimer comme n'importe qui. On s'en branle que je sois gay, ce serait la même chose si j'étais hétéro. Je l'aime et c'est tout ce qui compte. T'as pas à te mêler de ça. C'est moi et seulement moi. Et maintenant, c'est lui aussi.

Ritsu : M. Suzuki, j'aime votre fils. Même si vous ne l'acceptez pas, on s'en fiche. Votre avis compte pour Shou, d'accord. Mais si vous restez comme vous l'êtes, alors je l'emmènerais loin de vous, pour le protéger. Je lui montrerais ce que c'est, un parent aimant. Parce que c'est exactement ce que vous n'êtes pas. Shou est l'homme que j'aime, point final. Je ne me suis jamais posé de questions sur moi et à vrai dire, je m'en fous complètement. La seule chose qui compte pour moi, c'est ma famille, mes amis et lui. Peu importe si vous ne l'aimez pas, Shou continue de vous aimer malgré tout ce que vous lui avez fait. Prenez-en conscience, c'est tout ce que je vous demande. Prenez conscience que la seule chose que vous rejetez, c'est de l'amour. Vous n'avez pas aimé votre femme, M. Suzuki ? C'est la même chose. C'est le même amour. »


Après leurs longues tirades à tous les deux, ils décidèrent de partir et de ne pas écouter la réponse que l'adulte aurait pu leur donner. Lorsque la porte se ferma et qu'ils furent coupés de tout, ils se laissèrent aller. Ils s'effondrèrent contre la porte et s'appuyèrent l'un contre l'autre. Puis, ils rirent. Ils riaient beaucoup aujourd'hui. Ça leur faisait du bien, après tout. Ils en avaient besoin. La journée était tellement remplie et ils n'étaient même arrivés à la moitié. Ils avaient encore des choses à faire mais ils en avaient déjà fait tellement. Se reprenant peu à peu, la pression les ayant quitté, ils purent sortir du bâtiment, narguant au passage l'hôtesse d'accueil.


Après ce qu'ils venaient de faire, Shou se sentait puissant. Il se sentait bien, confiant, heureux, délivré, soulagé, puissant. Il voulait désormais que tout s'accélère maintenant. Il voulait juste s'assumer. Assumer qu'il aimait Ritsu comme il n'avait jamais aimé quelqu'un. Il décida de voler à nouveau, puisque c'était là qu'il se sentait le mieux. Ritsu le suivit naturellement. Ils n'avaient même pas à chercher où aller. Le bureau des esprits regorgeait d'auras psychiques en tout genre. Les deux garçons savaient donc que tous leurs amis y étaient réunis. Peut-être pour parler d'eux, introuvables depuis le début de matinée mais ils s'en foutaient. Ils allaient faire une entrée fracassante. Une entrée à la Shou en quelque sorte. Ils accélérèrent un peu plus, la hâte les prenant. Ils voulaient leur dire. C'était ceux qui comptaient le plus pour eux. Et ils savaient que cette annonce serait bien prise.


Arrivés au bas de l'immeuble, ils montèrent les escaliers deux à deux. Heureusement qu'ils étaient un minimum physique puisque le bureau était tout de même au dernier étage. Arrivés devant la porte, Shou ne prit pas de gants et l'ouvrit en trombe, glissa sur le sol, arrivant comme un patineur artistique, les deux bras en l'air (il avait fini par lâcher la main de Ritsu). Ritsu arriva juste après lui et avant même qu'il n'ait pu dire quoi que soit, que les autres n'aient pu se remettre de leurs émotions, Shou balança simplement.


« Shou : Applaudissez-moi. Oui. Moi, le grand Shou Suzuki a ENFIN trouvé chaussure à son pied. Oui, mesdames et messieurs, vous avez bien compris, je suis en couple. Et je suis putain d'heureux et de fier. Mon petit-ami est le meilleur du monde. Je ne veux aucune remarque, je sais que j'ai raison. »


Il l'avait dit sans même les regarder, les yeux fermés, la tête légèrement penchée en arrière. Un grand silence s'en suivit. Ritsu, complètement gêné, rougissant à n'en plus finir, cachant son visage dans ses mains. Quant aux autres, ils ne savaient pas trop quoi dire. A vrai dire, ils se doutaient depuis longtemps de l'attirance entre les deux jeunes hommes alors la nouvelle ne les effleurèrent pas plus que ça. Seul Ekubo trouva quelque chose à dire, qui résumait en quelque sorte l'avis de toutes les personnes présentes dans la pièce.


« Ekubo : Eh ben putain, c'est pas trop tôt. »












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Huitième chapitre.


Magnifique intervention d'Ekubo, je sais, je sais.


Ce chapitre a été assez drôle à écrire pour la scène avec l'hôtesse d'accueil. Ritsu est quelqu'un de très stoïque mais je l'imagine tellement avoir ce genre de réactions. J'aimerais le voir dans l'anime. Ça m'a fait aussi du bien d'écrire des scènes où Shou se sent mieux, comme libéré d'un poids. Il ne faut pas s'inquiéter, il ira de mieux en mieux. Il a du monde autour de lui pour ça.


Chapitre très banal mais les suivants le seront aussi. Les chapitres d'émotion et de bouleversement sont passés, désormais, vous aurez de l'amour et des guimauves.

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