Chapitre 3 : Essayer

Lorsque Ritsu se réveilla, la pénombre l'accueillit. Il papillonna des yeux, essayant de se rappeler en premier lieu, pourquoi il s'était endormi. Alors que les révélations de Shou sur sa mère lui revinrent en mémoire, il grogna, la colère prenant à nouveau place dans son être. Il voulut se lever mais c'est à ce moment-là qu'il se rendit compte que quelque chose l'entravait dans ses mouvements. Et par quelque chose, un Shou endormi sur lui, leurs jambes entremêlées, la tête du rouquin sur sa poitrine, mais surtout, sa propre main reposant sur la taille du plus petit. Il rougit immédiatement au contact et retira sa main, ce qui provoqua un léger grognement de la part de l'endormi. Mais Ritsu se ficha d'avoir un grognement en réponse à son geste.


Il se concentra plutôt sur le visage de Shou. Ses yeux fermés semblaient un peu rouges et des larmes séchées s'étaient formées aux coins des paupières. Sa respiration était régulière, ce qui sembla rassurer le corbeau. Il avait tellement peur que Shou s'emballe en faisant un cauchemar. Mais non, il semblait paisible et plus qu'heureux d'être au creux des bras du lycéen. Un sourire attendri se répandit sur le visage dudit lycéen. Il était heureux que son meilleur ami soit revenu. Dans un sale état psychologiquement parlant mais au moins il était là. Le tenir entre ses bras était la meilleure sensation qu'il n'avait jamais connu. Ex æquo avec la fois où Shou lui avait appris à voler et où ils avaient survolé toute la ville, main dans la main, Ritsu encore trop peu habitué.


Souriant un peu plus au souvenir, il le perdit bien vite lorsqu'il se dit qu'il allait falloir réveiller la belle au bois dormant et ainsi, le faire retourner à la triste réalité d'une vie sans sa mère. Il ne voulait pas le réveiller. Mais il allait devoir le faire. Ritsu entendit son frère, derrière la porte, lui signaler que le repas était prêt. Grinçant des dents, il se résigna tout de même à le faire. Il le secoua doucement, ne voulant pas le brusquer. Celui-ci papillonna des yeux, se demandant sans doute ce qu'il fichait ici, et surtout où est-ce qu'il était. Remettant ses idées en place, il se releva subitement. Et sans même que le corbeau ne s'y attende, il fut immédiatement entouré des bras du rouquin. Ne comprenant pas la raison, il lui demanda.


« Shou : J'arrivais plus à dormir. Je ... je faisais des cauchemars ... c'était insupportable. J'étais obligé de m'hypnotiser pour m'endormir. Mais là ... d'être dans tes bras, de dormir avec toi ... c'est la première nuit depuis ... enfin, depuis ... que je ne fais pas de cauchemars.

Ritsu : *rougit* tu veux dire que c'est parce que t'as dormi contre moi que tu n'as pas fait de cauchemars ?

Shou : Oui.

Ritsu : *embarrassé* Si ... si je peux aider.

Shou : Rien que le fait que tu sois là m'aide déjà beaucoup. Tu me fais du bien Ritsu.

Ritsu : *sourire attendri* Je serais toujours là pour toi. *rend son câlin* »


Ils restèrent là un moment, ne bougeant pas, trop bien, calés l'un contre l'autre. Mais un rappel du repas les sortirent de leur léthargie et les obligèrent à sortir du confort de la chambre. Alors que Ritsu ferma sa porte, il attrapa Shou par la manche et le tira contre lui, l'embrassant délicatement sur la joue.


« Ritsu : Je vais t'aider. Ne t'inquiète plus de rien, je suis là maintenant. »


Shou écarquilla les yeux, sur le point de pleurer. Il tira Ritsu dans une étreinte et lui murmura qu'il allait essayer. Qu'il allait essayer de se battre. Satisfait de la réponse de son ami, Ritsu l'incita à descendre l'escalier pour retrouver les autres. Le repas fut convivial et l'ambiance distrayait suffisamment le rouquin. Et lorsque son esprit dérivait, Ritsu le sentait immédiatement et passa délicatement sa main sur la cuisse de son ami, la serrant légèrement. Comme pour lui signifier qu'il n'était pas seul, qu'il était là, qu'il l'aiderait. Lorsqu'il le faisait, Shou se tournait doucement vers lui pour lui offrir un sourire timide. Mais c'était déjà mieux que rien.


Lorsque le repas fut fini et que la table fut débarrassée, les deux adolescents remontèrent dans la chambre, le futon de rechange en main. Ritsu avait un lit occidental et Shou était habitué à dormir dans ce genre de lit également, mais leur famille n'avait que ça pour les invités. Mais ça suffisait pour Shou, il n'avait besoin de rien d'autre que la présence de Ritsu après tout. Le futon mit en place, ils s'assirent tous les deux par terre, dans une nouvelle étreinte. Le silence était confortable, il leur faisait du bien à tous les deux. Principalement à Shou qui avait besoin de calme, mais surtout de ne plus jouer les optimistes à longueur de temps. Ritsu le remarqua mais brisa tout de même le silence pour lui poser une question.


" Ritsu : Tu n'en as pas marre ?

Shou : De quoi ?

Ritsu : Ce sourire. Ce faux sourire. Tu te dissimules derrière et personne ne peut voir ce que tu penses vraiment.

Shou : Si. Il y a toi. Tu m'as déjà vu sans mon sourire de façade.

Ritsu : Quand tu traines avec moi, je le sais, ton sourire est sincère. Mais quand tu es avec les autres ?

Shou : Pour la bande de Mob et compagnie, je souris sincèrement. Parce qu'ils me font du bien. J'oublie qui je suis, ce qu'il s'est passé, mon passé, mes incertitudes. Il y a juste les débilités de tout le monde, les débats autour de sujets idiots. Je me sens à l'aise.

Ritsu : Et ton sourire de façade ? C'est quand que tu l'utilises et quand il est le pire ?

Shou : Je l'utilise beaucoup avec le gouvernement.

Ritsu : Attends. T'es en train de me dire que t'as passé deux ans à faire semblant de sourire et à cacher toutes tes émotions ?

Shou : En gros, ouais. Et le pire, c'est quand je devais prétendre que tout allait bien. Quand un « résistant » me regardait avec de la haine dans les yeux en me disant que je ne méritais pas d'être le fils de mon père.

Ritsu : Bande d'enfoirés. Ils ne te connaissent pas.

Shou : C'est ce que je disais aux membres de l'équipe pour leur faire croire que j'allais bien. Mais au fond, ça me détruisait. Je m'efforçais tellement d'être le fils parfait quand j'étais petit mais j'ai vite réalisé que mon père était juste fou et j'ai arrêté mon cinéma. Enfin, je l'ai continué dans un sens mais pas comme ça ...

Ritsu : J'ai saisi. J'ai saisi, ne t'inquiète pas. C'est juste que ... à cause de ça, les autres te croient inébranlables, ils croient que rien ne peut t'atteindre.

Shou : C'était le but. Avec ce genre de boulot, il ne fallait rien montrer. Sinon, on pouvait s'en servir contre toi. Que ce soit quand j'appartenais encore à la Griffe ou quand j'ai fait cette mission de démantèlement.

Ritsu : Je suis toujours autant énervé par ça d'ailleurs.

Shou : *rigole doucement* Je m'en doute. T'as pas changé.

Ritsu : Toi par contre, oui. Je le sens.

Shou : Sans doute. C'est vrai que je suis moins hyperactif qu'avant. Je me sens plus calme. Avant, j'avais besoin de sortir, de voir du monde. Maintenant, il y a des fois où je veux juste rester tranquille à la maison, pépère, sous la couette, avec juste un film et des popcorns et ...

Ritsu : Et ?

Shou : *détourne le regard* Toi.

Ritsu : Moi ?

Shou : Oui, toi. J'ai envie de rattraper le temps perdu. Bien sûr, j'ai envie de faire des conneries avec toi. Mais aussi envie d'être plus posé et de simplement être l'un contre l'autre, en se matant un bon film.

Ritsu : *se rapproche dans l'étreinte* T'es devenu plus mature, Shou. Ça me fait bizarre de te voir comme ça mais je pourrais vite m'y habituer.

Shou :*rigole* Ah ! Ne t'inquiète pas, j'ai toujours autant envie de t'emmener faire les 400 coups.

Ritsu : Oh non. Quand je pensais enfin faire quelque chose de convenable de toi.

Shou : *rigole franchement*

Ritsu : *attendri* Je suis ok.

Shou : Pour quoi ? Faire les 400 coups ensemble ?

Ritsu : On les a déjà fait. A notre niveau, ce serait plus les 800 coups.

Shou : *rigole, se cale un peu plus contre Ritsu* Je vais essayer, Ritsu.

Ritsu : Essayer quoi ?

Shou : De tenir bon, de m'accrocher. De surpasser tout ça.

Ritsu : Je t'aiderais.

Shou : Je le sais. C'est pour ça que je veux les faire les 800 coups.

Ritsu : Tu vois ça comme une sorte de thérapie ?

Shou : Mouais, en gros.

Ritsu : Alors dans ce cas, rien que pour toi, rien que pour t'ailles mieux, on va faire le plus de conneries ensemble. Crois-moi, je vais me faire punir à jamais par mes parents.

Les deux : *rigolent de bon cœur*"


Là, blottis l'un contre l'autre, la chaleur de l'autre leur suffisant, ils retombèrent dans le silence, uniquement pour se contenter des gestes et plus de la parole. La tête de Shou était dans le creux de la nuque de Ritsu et la sienne reposait sur le haut du crâne du rouquin. Collés l'un contre l'autre, leurs mains étaient enlacées. Sur leurs deux visages, de grands sourires ornaient leurs bouches. Ils étaient heureux de s'être retrouvés et ils n'allaient pas se quitter de sitôt. Ils allaient faire les 800 coups comme ils disaient, en subir les conséquences après, bouder sur le moment, en rigoler bien plus tard. C'était leur thérapie à eux. Ils allaient essayer. L'un d'affronter la perte de sa mère et tout ce qu'entrainait le deuil. Et l'autre, à affronter ses sentiments étranges qu'il ressentait pour son meilleur ami tout en l'aidant avec son deuil.











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Troisième chapitre.


Vous avez donc un peu plus compris dans quel état psychologique se trouvait Shou. J'étais tellement mal quand j'ai écris. Shou est mon perso préféré de Mp100, j'aime son caractère et tout et je l'ai écris dans cet état. Mais bon, c'est voulu et nécessaire pour la suite de son développement personnel.

On a aussi un peu les pensées de Ritsu, qui commence doucement à se perdre dans ses propres sentiments et son envie et besoin d'aider Shou. On va bien voir où ça va le mener tout ça


Ce chapitre est plus un chapitre de transition pour la suite, un peu comme le prochain. On rentrera dans le "vif du sujet" au chapitre 5. Même si tous les chapitres sont importants.

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