Chapitre 03


En attendant le taxi, j'appelle Romane. Il est dix-neuf heures, elle est peut-être aux fourneaux. Elle décroche au bout de deux sonneries.

Romanes : Oui, ma blonde !

Olivia : Bonsoir, ma rousse ! Je ne te dérange pas j'espère ?

Romane : Non, non le service n'est pas commencé et puis même si c'était le cas tu ne me déranges jamais !

Olivia : Super, je voulais savoir si tu travailles vendredi midi ?

Romane : Oui ton frère aussi.

Olivia : Parfait tu peux me réserver une table de quatre ? Je voudrais emmener mes nouveaux collègues.

Romane : Pas de soucis tu veux un truc particulier.

Olivia : Mes lasagnes préférées !

Romane : C'est noté ! Je te laisse ton frère commence à râler.

Olivia : Bisous ma beauté !

Romane : Bisous !

Le club où je me produis, est sous la coupe, d'un des gangs les plus actifs dans New York. Il sert principalement pour y blanchir de l'argent et les membres du gang ont une ristourne, c'est assez régulier de les voir. Valentin et son frère en font partie.

Arriver au Hechizar, je passe au bar, dire bonjour à Valentin le barman. C'est un homme à la carrure imposante, des muscles bien dessinés, un visage carré et chauve il pourrait se faire passer pour de Dwayne Johnson avec des lunettes et une tenue de serveur. Il est toujours jovial, et me réserve toujours une consommation avant de partir. C'est le meilleur barman, c'est cocktail sont à tomber.

Phoebe/Olivia : Salut Val ! Comment ça va, ce soir ?

Valentin : Toujours bien quand t'es là Bee ! Et toi ?

Phoebe/Olivia : Oh ! Tu sais la vie, le boulot, les soucis, les amis et mes frères !

Valentin : Il faut vraiment que tu me les présentes un jour.

Phoebe/Olivia : Dans tes rêves je ne vais pas amener des mineurs ici et encore moins mes frères pour qu'ils découvrent que le cabaret dans lequel je me produis...

Valentin : '... N'est vraiment pas celui qu'ils imaginent'. Il rit. Tu ne veux pas changer de discours j'arrive à finir tes phrases maintenant.

Phoebe/Olivia : Arrête de me poser la même question toutes les semaines. Si non quel cocktail en vedette ce soir ?

Valentin : Un Aurore, liqueur de café, sirop d'orgeat et de fraise des bois un peu de vodka et du champagne brut, bien sûr !

Phoebe/Olivia : Tu me fais toujours rêver quand tu énonces les ingrédients de tes créations.

Valentin : C'est pour ça que je suis le meilleur !

Phoebe/Olivia : Aller je file voir Karim, il doit m'attendre.

Je pars direction le bureau de Karim le manager du club. C'est un Libyen à la peau allée, un visage carré avec son menton pointu toujours rasé de près, un regard marron avec des cheveux cours et frisés. C'est un personnage toujours tirer à quatre épingles dans des chemises à la coupe droite au col écarté, toujours un papillon au cou. Je toque un coup à la porte et rentre sans plus de cérémonie.

Phoebe/Olivia : Bonjour, Karim qu'est ce qui est prévu ce soir ?

Karim : Bonjour Phoebe. Rien de spécial, le show d'habitude. Il n'y a pas grand monde ce soir tu peux le faire court si tu veux.

Phoebe/Olivia : Ok j'y vais.

Karim : Attends ! Le grand patron vient dans quelques jours. Je veux que tu sois là, tu l'impressionneras avec ton show !

Phoebe/Olivia : Le grand patron ? Il vient ici ?

Karim : Oui il fait sa tournée annuelle pour voir si tout va bien.

Phoebe/Olivia : Il n'est jamais venu. Pourquoi maintenant ?

Karim : Le successeur d'El Padre a repris le flambeau, il y a peu, il veut voir en personne si tous ses biens sont en ordres. C'est pour ça que j'ai besoin de toi.

Phoebe/Olivia : Tu as des trucs à cacher ? Lui dis-je en rigolant.

Karim : Bien sûr que non, se défend-il, mais si ta présence peut le mettre de bonne humeur pour pas que je passe à la casserole. Ça me sera favorable.

Phoebe/Olivia : Demander comme ça, je ne peux pas te le refuser, je suppose ?

Karim : Pour Jefe, je veux le meilleur ! Le meilleur c'est toi Phoebe ! Ta voie de sirène et ton corps de déesse ! Me dit-il sur le ton de la séduction.

Phoebe/Olivia : Oh Karim, tu peux me complimenter, je ne repartirai pas avec toi ce soir !

Karim : Je peux toujours essayer. J'arriverai un jour à te mettre dans mon lit.

Phoebe/Olivia : Dans tes rêves tu as plus de chance d'y parvenir. Allez ! Je file le spectacle va commencer.

Je me précipite dans les coulisses. Ce n'est pas la première fois qu'il me le demande même si ça devint plus rare depuis quelque temps. J'ai toujours refusé, pour lui coucher avec une fille c'est la payée après. Je repense à une sombre période de mon passé.

Dans le quartier où nous vivions, il y avait une maison close. La patronne, Mary, ma prise sous son aile, au début elle me payait à faire les taches du quotidien, la cuisine, le ménage, etc., mais un jour elle m'a prostituée. Repenser à cette période de ma vie est difficile. À cause de cette femme j'ai perdu beaucoup plus que ma dignité. Le diable a pris mon âme et mon enfant.

Chassant ces mauvaises pensées de mon esprit, je salue les filles qui se préparent. Dans les collègues, il y a de tout. Les employées qui adorent leur métier comme Zoé. Elle voit dans le strip-tease une expression de sa beauté, de sa sexualité, de son amour-propre et elle s'éclate à amasser une petite fortune.

Les étudiantes qui prennent ça comme un petit boulot. Les filles pour qui la fin justifie les moyens, leur permettant de financer sans difficulté une dépendance à la drogue ou à l'alcool. Elles ne restent pas très longtemps Karim les vire très vite, ces donzelles ne sont pas fiables à long terme.

Certaines se déshabillent parce qu'elles sont persuadées de ne rien savoir faire d'autre Justine fait partie de cette catégorie. Sa confiance en elle est liée à son corps et à l'usage qu'elle en fait. Celles qui ne font que ça pour gagner leur vie et les nombreuses femmes de passage, qui font ça quelque mois avant de changer de direction.

D'autre travail dans ce club pour leur permettre de cumuler plusieurs boulots. Un peu comme moi, même si j'ai un statut à part. Tous les cas sont propres, chacune à son histoire.

Beaucoup de femmes restent convaincues que la sexualité est quelque chose de sale, qu'il faut avoir honte de son corps et qu'il n'y a que les « putes » pour s'aimer physiquement. Moi, je ne le pense pas. Le pouvoir d'une femme née de la façon dont on assume son corps sans honte et jouit de toutes les facettes de notre personnalité en inspirant la fierté plutôt que la honte.

Une femme est au summum de sa puissance non pas quand elle peut convaincre un homme de sa beauté, mais quand elle parvient à s'en convaincre elle-même. De plus le sexe fait partie de la vie et le strip-club ne réside pas dans les filles nues qui s'y produisent ou des lap-dances torrides, mais plutôt dans la notion palpable de tabou. Tout le plaisir de l'expérience repose sur l'idée qu'il est excitant de braver l'interdit.

Les nouvelles filles sont embauchées en tant que serveuse dans des sous-vêtements affriolants, passant huit heures debout pour un salaire dérisoire, tandis que les autres filles du club récolte en une nuit ce que les serveuses gagnent en une ou deux semaines. Le but du gérant est de renouveler les danseuses qui nous quitte sans les forcer à se déshabiller, ça doit venir d'elle.

La serveuse en galère fini par se dire que l'autre côté et plus alléchant et opte à son tour pour le catwalk. Pourtant le service n'est pas ardu, il n'exige aucune compétence de plus que celles d'une serveuse normale. Il n'y a rien de bien difficile à apporter des boissons à des hommes qui se foutent royalement de ce qu'ils boivent, à part peut-être rester jucher sur des talons de plus de dix centimètres tous les soirs sans pouvoir se poser cinq minutes. Regarder les autres récolter des centaines de dollars pour quelques heures de boulot est une proposition très alléchante et je les comprends.

Moi je suis rentrée comme la perle rare et je me demande toujours pourquoi, je suis une belle femme je le sais, mais je n'ai rien d'exceptionnel. Juan Garcia l'ancien propriétaire décédé et tombé sous mon charme. 'Avec ta voie et ton corps tu envoûtes tous les hommes. Tu représentes Hechizar' me répétait l'homme qui m'a tendu la main.

Il m'a réservé au vip room où le client a le droit à une demi-heure de danse, nu intégral et du champagne en tête-à-tête avec moi. Je fais parfois des private dance avec mes collaboratrices dans les salons semi-privé. Je ne fais pas de table danse ou de pole dance, à la table du client qui a le droit qu'à du topless. J'ai un show où je chante tel une cantatrice en me défeuillant un minimum pour attirer les hommes à dépenser plus devenant à leur tour des vips.

Le travail des filles consiste à parler au client, boire des coups avec lui, le draguer, le charmer, le chauffer. Les danseuses sont payées au ticket de danse donc c'est un peu la guerre, le but étant d'en chopper le plus possible. Du coup, tous les moyens sont bons pour le faire dépenser un max. C'est un boulot où il y a de la rivalité et forcément il y a quelquefois des coups bas, de l'hypocrisie et de la jalousie. Contrairement à moi j'ai un salaire fixe, si j'ai des clients qui me demandent c'est un plus. En général ce que le client me paye en pourboire, j'en partage une partie avec celle qui non pas fait de bonne soirée. Autant dire qu'elles sont super charmantes avec moi.

Je rentre en scène et me voilà en train de chanter sur la musique du gentlemen's club, effeuillant mes vêtements petits à petit jusqu'à me retrouver en sous-vêtements. Je joue avec le public masculin en manque de sexe, pendant que mes consœurs dans des lingeries affriolantes se déhanche sur les clients ou sur les barres de pole dance.

Dans la clientèle il y a de tout. Des hommes mariés qui viennent cinq nuits par semaine, dépenser chaque soir pour la même fille. Attendant celle-ci, déclinant poliment les propositions de lap-dance que font les autres filles, jusqu'à ce que leur préférée soit disponible. La plupart du temps, elles restent assises sur leurs genoux à discuter. Ils conversent pendant des heures. Tout simplement.

Des jeunes hommes qui, à peine entrés, font couler l'argent à flots, imitant le clip de je ne sais quelle chanson de rap visionnée en boucle. Ils viennent avec une bande d'amis montrant que ce sont eux les meilleurs et font toujours beaucoup de bruit. Ils se réjouissent même d'offrir à chaque fille un billet de vingt, cinquante, voire cent dollars. Généralement ils finissent leurs soirées en ma compagnie, comme je suis inaccessible pour le « commun des mortels » je les attire comme des mouches.

On trouve des hommes en colère qui ressentent le besoin d'exprimer leur frustration sexuelle ou la douleur de récentes déceptions sentimentales sur ces filles qu'ils méprisent. Ils sont foutus à la porte avant la fin de la nuit, à juste titre. On retrouve de temps en temps le gros pervers de base qui ne rêve que de voir des boobs de très près. Des hommes anxieux, mal à l'aise et incertains, entraînés par une bande d'amis. Ils ne veulent pas être là, cela se voie, et ils ne sont clairement pas à l'aise dans cet environnement, mais se sentent obligés de rester. S'ils osent s'exprimer leur désaccord, ils sont taxés de 'gonzesses' ou de 'tapettes'. Aussi plein de mecs super sympas même des femmes, certes elles sont rares, mais il y a de tout.

Au bout d'une heure, mon show se termine. Mes collègues prennent le relais sur les catwalk. Contrairement à moi qui choisis mes horaires, elles sont là jusqu'à la fermeture.

Je retourne dans les coulisses, Karim me félicite sur ma prestation comme d'habitude. Je lui demande si personne ne s'est présenté pour m'avoir et comme à chaque fois que personne ne me demande, je prends la décision de rentrer chez moi. Une fois rhabiller, je passe voir Valentin, qui me donne un Aurore, le cocktail du moment, un sourire aux lèvres. Je le remercie, bois, discute un peu avec lui avant de partir.

Une fois sorti je me tâte à rentrer à pied, mon appart est à quinze minutes. Même si les rues de la grosse pomme ne sont pas sûres vue l'heure tardive de la nuit, je sais me défendre. Je n'ai pas le temps de me poser vraiment la question, je me retrouve face à deux hommes me barrant la route.

??? : Bonsoir mai bambina !

Olivia : Giorgio, que fais-tu là ?

Giorgio : Voyons, un père n'a pas le droit de voir sa fille ?

Olivia : Disons que depuis notre dernière entrevue, je ne m'attendais pas à te revoir si tôt. Surtout avec ton bras droit...

Giorgio : Je suis venu voir si tu avais changé d'avis.

Olivia : Tu reviens sur tes conditions ?

Giorgio : Mai Bambina, tu commences à me connaître.

Olivia : Alors, je n'ai rien à rajouter. Bonne soirée !

Je me retourne, rentre dans le taxi le plus proche direction mon logement. Giorgio Maccini, mon père biologique et Fabien son bras droit qui se trouve être de la même famille que moi. La dernière fois que je les ai vues ça c'est mal fini, je me demande ce qu'ils faisaient ici.

Giorgio c'est un Italien de quarante-quatre ans aux cheveux châtains et aux yeux bleu-vert comme moi. Hé oui j'ai les yeux de mon père forcément qu'ils sont comme moi. Il dégage une prestance d'homme d'affaires prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut. Il a connu ma mère dans son enfance, ils habitaient tous les deux dans le même quartier à Milan.

Ils étaient amis d'enfance et Giorgio éprouvait des sentiments pour elle. Quand il était jeune, il était timide et il ne voulait pas gâcher sa relation avec Rosa, il ne lui a jamais déclaré sa flamme. Puis ils se sont perdus de vue quand ma mère a débarqué à New York.

Quand ils se sont revus dans ce petit café où ma mère travaillée. Ils ont partagé leurs souvenirs. Giorgio a avoué ces sentiments qui se sont renforcés avec le temps. Il ne l'avait jamais oublié et a essayé de la convaincre de repartir avec lui en Italie. Elle n'a pas voulu, sa vie était aux États-Unis, elle était amoureuse de John et a toujours considéré mon père comme un frère, pourtant elle lui a accordé une nuit. Cette nuit-là j'ai été conçu. Une histoire à dormir debout, enfin la première de ma vie... Ils ne se sont plus jamais revus.

Un jour, il a reçu une lettre. Ma mère, lui expliqué que neuf mois après la nuit où leur amour c'était exprimé, elle me donna la vie. Il nous a cherchés. Malheureusement cette lettre, qui fut écrite quelque jour après ma naissance, c'est perdu dans le courrier non distribué. Jusqu'aux jours où un employé un peu loufoque décida de livrer celui-ci, quinze ans plus tard.

Il a réussi à me trouver après presque un an de recherche grâce à son réseau. C'est le chef de la filière de la mafia italienne à New York "La Biscia". Eh oui l'année de mes seize ans j'ai appris être la fille d'un mafieux. Les garçons sont au courant depuis un peu plus d'un an, enfin que je suis finalement que leur demi-sœur pas que Giorgio est un mafieux. Je ne voulais pas le dire au début, je n'ai pas eu le choix.

Le chauffeur de taxi, me sort de mes pensées. Je paye et sort du véhicule. Je passe voir chacun de mes frères endormis. Une fois douché, je m'écroule dans mon lit douillé.

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