Mile High Club




Je gigote sur mon siège pour trouver une position confortable. L'avion, ce n'est vraiment pas le grand luxe. A côté de moi, Drew regarde par le hublot, admirant la vue. Sans vraiment y réfléchir, je prends sa main et entremêle nos doigts. J'admire son alliance, un anneau argenté plus large que le mien avec les mêmes motifs en laurier.

— On est marié, je chuchote pour moi-même, essayant encore d'y croire.

Sans aucun souvenir de la cérémonie, je n'arrive pas à me dire que c'est bien à moi que c'est arrivé. Drew ramène ma main à ses lèvres et y dépose un baiser.

— Tu n'es pas la seule qui n'arrive pas à y croire, il me dit en faisant un signe du menton vers le rang à côté du notre.

Bethany regarde le papier sur lequel son mari lui a inscrit son numéro et son adresse. Parce que non, ils n'ont pas annulé. Et même s'ils le voulaient, ils n'avaient plus assez de temps. Alors ils ont décidé de se laisser une chance. Alan ne vit qu'à deux heures d'avions de Bethany et son métier de photographe lui permet de déménager si leur relation devient plus sérieuse.

Je souris en la regardant mordiller sa lèvre pour ne pas garder ce sourire béat sur le visage. Celui que j'ai à chaque fois que je regarde cette alliance sur la main de Drew. J'ai l'impression d'être dans un petite bulle toute douce qui me berce sans s'arrêter. Ce doit être ça qu'on appelle être sur un petit nuage.

— Tu connais le mile high club ? il me chuchote à l'oreille.

J'en ai des frissons jusqu'aux orteils. Ses lèvres se perdent dans la courbe de mon cou.

— Ça me dit quelque chose, je murmure pour ne pas faire entendre le tremblement de ma voix.

— J'en ai entendu parlé, mais je n'y suis jamais entré.

En même temps que ses lèvres embrassent mon épaule, sa main remonte sur ma cuisse. Je commence à avoir très chaud.

— On pourrait y entrer ensemble, je propose à ma plus grande surprise.

Il mordille mon cou alors que je me force à rester vigilante, de peur que quelqu'un vienne nous réprimander.

— Le vol n'est pas très long.

Il se redresse pour voir mes yeux.

— Nous venons de décoller.

Il sourit, voyant que je ne marche plus, je cours carrément dans la même direction que lui.

— Je vais aller aux toilettes. Rejoins-moi dans cinq minutes, le temps de t'imaginer toutes les choses que j'ai envie de faire à ma femme.

Rien qu'en entendant ces mots, « ma femme », je sens le bas de mon ventre se contracter d'impatience. Je le suis du regard quand il se lève, passe devant moi en me décochant un clin d'œil et s'en va dans l'allée. Un sourire nerveux sur les lèvres, je regarde par le hublot. Cinq minutes. Dans cinq minutes j'irais le rejoindre. Et j'en trépigne d'impatience. Je suis certaine que cette idée de faire l'amour dans un avion est totalement surfaite. Que ça n'apporte rien de plus sauf l'excitation ou l'angoisse de se faire surprendre, mais c'est Drew qui me le propose. Je crois que je ne dirais jamais non à essayer quelque chose avec lui. Ça risque de devenir dangereux.

— Tess ?

Sophia est penchée vers moi depuis le siège de l'autre côté de l'allée.

— Tu ne m'en veux pas pour tout ça ?

Je fronce les sourcils.

— Tout quoi ?

— Vegas, le mariage.

— A moins que tu ne m'ais forcée à dire oui, je ne t'en voudrais pas.

Elle sourit.

— Techniquement, tu n'as pas dit oui.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— J'essaye d'y penser depuis le décollage. Je me souviens de quelques passages, mais pas grand-chose. En tout cas, je me souviens que tu n'as pas dit « oui », tu as dit « d'accord ». Je m'en rappel parce que ça nous a tous surpris.

Je ris, mais elle ne cherche pas d'explication.

— C'est bien plus qu'un oui, je lui confie en me levant.

Je ne tiens plus. Il faut que je retrouve mon mari. J'essaye de ne pas courir dans l'allée et toque deux fois à la porte des toilettes. J'espère que c'est le bon, les autres ne semblent pas occupés. La porte s'ouvre et un bras en sort pour m'attraper et me tirer à l'intérieur. En un battement de cils, je me retrouve collée contre la paroi, son corps recouvrant le mien.

— Il va falloir être silencieux.

Je souris.

— Ça me rappelle quelque chose.

Il m'embrasse, ses mains cherchant déjà à me déshabiller. Dans l'espace étroit, nous nous bousculons facilement, nous cognons aux parois, à l'évier, même au toilette. Mais nous n'arrêtons pas.

— Pourquoi tu n'as pas mis une jupe ? il grommelle en se battant avec ma braguette.

Je l'aide un peu mais il chasse mes mains.

— Pourquoi toi, tu n'en as pas mise une ?

Il réussit à me débarrasser de mon jean et me retourne, faisant claquer sa main sur mes fesses nues. Je glapie.

— Parce que tu es beaucoup plus sexy que moi avec une jupe, il grogne à mon oreille.

Ses mains descendent sur mes hanches, l'une me maintenant contre lui alors que l'autre glisse entre mes cuisses. Ma tête retombe en arrière sur son épaule et un soupire m'échappe.

— Reste silencieuse, il murmure contre ma peau qu'il suce et mordille.

— Nous n'avons pas beaucoup de temps.

Il s'écarte légèrement, l'espace réduit ne lui permet pas beaucoup de mouvement. Je l'entends ouvrir sa braguette et m'accrochant au mur, je laisse mon front tomber sur mes bras. Mes jambes ne me soutiennent presque plus. Il attire mes hanches vers lui, je le sens si dure contre moi.

— On fera une nouvelle cérémonie, pour que tu t'en souviennes, il murmure en posant sa main gauche sur la mienne.

Ses doigts glissent entre les miens et nos alliances s'unissent. J'ai juste le temps de le voir avant qu'il ne pose son autre main sur ma bouche pour étouffer mon cri de délivrance au moment où nos corps s'unissent. Son visage se loge dans mon cou pendant que nos hanches dansent à l'unissons. Dans cette pièce si étroite, nos soufflent résonnent et la chaleur monte vite. Mon corps se recouvrent rapidement de sueur, mon t-shirt me colle, son souffle dans mon cou me chatouille. Mais rien ne nous arrête. Drew continu ses vas-et-viens, plus rapide, plus frénétique. Sa main quitte la mienne alors que l'autre reste sur ma bouche parce que je suis incapable de retenir les sons qui s'en échappent. Il enroule son bras autour de mes hanches et m'aide à suivre le rythme. Mes muscles se contractent, mon sang s'enflamme, mon souffle se coupe, mes jambes tremblent et submergée par le plaisir intense que seul lui sait me procurer, je mords dans sa main pour ne pas crier. Il jouit presque immédiatement, grognant dans mon cou. Nos corps ne s'arrêtent pas, l'avion passe un trou d'air et j'ai soudain l'impression de décoller du sol, le bras de Drew se resserrant autour de ma taille alors qu'il grogne une dernière fois contre ma peau, envoyant les dernières vagues de plaisir droit entre mes cuisses. Nous nous tenons au mur pour ne pas nous effondrer. Le souffle court, nos cœurs battant à tout rompe. Si fort que tout l'avion pourrait les entendre.

— Attends quelques secondes, il me dit essoufflé. Je vais t'aider à te rhabiller.

Je souris contre sa main toujours sur ma bouche. Il embrasse ma joue et se recule assez pour pouvoir se rhabiller.

— Ne bouge pas.

Il se penche, me nettoie, heureusement que nous sommes dans les toilettes, et fait remonter mes vêtements sur mes hanches. Je suis toujours gênée, mais j'imagine que je vais m'y faire. Une fois présentable, je me retourne et dépose un baiser sur ses lèvres. Je m'apprête a lui dire que je l'aime, mais soudain, je me rends compte que j'ignore si je le lui ai déjà dit. Je ne vais pas le faire pour la première fois dans les toilettes d'un avion. Drew ne semble pas remarquer mon trouble. Il essaye de me recoiffer avec ses doigts, et après quelques minutes, il décide que le résultat lui convient et embrasse mon nez. Puis mon front. Mes joues. Mes paupières. Et enfin mes lèvres.

— Je ne pourrais plus jamais prendre l'avion sans y penser.

Je ris et enroule mes bras autour de son cou.

— Je pourrais rende Julie et Jade jalouses.

Il lève un sourcil, mais je secoue la tête et lui accorde un dernier baiser.

— Tu sors en première ?

— Tu es parti avant moi, tu devrais retourner à ta place en premier.

— D'accord.

Il sort de la cabine et je referme derrière lui. M'asseyant sur les toilettes, je regarde ma main, ou plus précisément ma bague, en essayant de me souvenir de quelque chose. Comment puis-je tout oublier de la cérémonie de notre mariage ? C'est ridicule. Je ne me souviens de strictement rien. Les quelques flashs que j'ai eu jusqu'ici ne font que référence à des moments qui ont précédé le mariage, comme le choix de ma robe, ou quand nous sommes partis du club. Je me suis souvenue que la bagarre entre Drew et Tim avait commencée parce que ce dernier croyait que Drew me harcelait. Alors Drew a cru que je l'avais trompée avec Tim. Quand nous sommes partis du club, je me souviens avoir hurlé sur Tim pour qu'il s'en aille et puis ça devient flou. Plus j'y pense, plus mon moral s'effondre. C'était un grand n'importe quoi.

J'attends encore quelques minutes avant de sortir à mon tour. Me passant de l'eau sur le visage pour en faire partir les rougeurs. A mon plus grand soulagement personne ne fait attention à moi quand je sors. Personne ne me suit du regard en se disant « je sais très bien ce que tu viens de faire avec cet homme ». Je m'installe à coté de Drew, mon mari. J'essaye de m'en convaincre, mais de ne pas m'en souvenir rend la chose bien plus compliquée. Il prend ma main et la pose avec la sienne sur sa cuisse. C'est si naturel et pourtant je réalise que nous n'avons rien réglé, rien convenu. A quoi va se résumer la suite?

— Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il fronce les sourcils.

— De quoi tu parles ?

— De nous. Qu'est-ce qu'on va faire ? Nous ne vivons pas ensemble. Tu as ton frère et... Oh, non! Qu'est-ce qu'on va dire à ton frère ?

— Tess, calme-toi. On va faire les choses les unes après les autres.

— Je pense que tu devrais en parler avec ton frère d'abord.

Il soupire, comme si j'étais une enfant qui faisant à nouveau une crise de colère.

— Si tu y tiens.

— Ne répond pas comme ça.

— Très bien.

— Non, comme ça non plus.

Il lève les yeux au ciel et se tourne vers moi, lâchant ma main.

— Tess, arrête ça tout de suite.

— Arrêter quoi ?

— Tu le sais très bien. Nous sommes mariés, arrête.

Je commence à m'énerver sans savoir pourquoi.

— Je ne vois pas ce que ça change que nous soyons mariés.

Sa mâchoire se contracte visiblement.

— T'es sérieuse ?

Il s'énerve aussi. Ce n'est pas bon signe.

— Oui, je suis parfaitement sérieuse. Tu étais sans doute plus sobre que moi, pourquoi tu as laissé une telle chose arriver ?

Il passe une main sur son visage en évitant de me regarder.

— Je n'y crois pas. Tess, je t'en prie, tais-toi, il soupire.

C'est la meilleure ! Il me demande de me taire ? Très bien, alors je vais me taire, mais il ne risque pas de m'entendre à nouveau de sitôt.

Quand nous débarquons, je ne lui parle pas. Quand nous attendons nos bagages, je ne lui parle toujours pas et il ne cherche pas la conversation non plus. Sans me consulter, il dit à Elise et Sophia qu'il me raccompagne et elles ne s'en étonnent pas puisque qu'il est mon mari. Je devrais même aller dormir chez lui maintenant. Commencer une vraie vie de couple sans doute. Oui, je devrai faire ça. Mais je suis furieuse contre lui, alors je ne lui parle toujours pas.

— Je vais parler à mon frère comme tu me l'as dit, même si je ne vois toujours pas ce que ça peut faire.

Il se gare devant mon immeuble et je ne perds pas une seconde avant d'ouvrir la portière.

— Tess...

Il sort de la voiture et m'aide à prendre ma valise dans le coffre.

— Tu réagis comme une adolescente.

Si mes yeux pouvaient être des fusils, il serait couché sur le trottoir et se viderais de son sang. Je réalise soudain qu'une telle chose pourrait réellement lui arriver. Il est flic. Son métier le met en danger. Mais ça ne lui arrivera pas. Il est doué, il sait ce qu'il fait. La preuve, c'était le moins amoché des trois à Vegas. Il ne lui arrivera rien. Je dois m'en convaincre. Voilà juste une autre raison qui fait que ce mariage était absurde. Trop rapide. J'ai perdu tous ceux qui comptaient pour moi. D'abord ma mère, puis mon père. Il ne me reste personne. Maintenant Drew est tout ce que j'ai, tout ce qui compte se résume à lui. Comment pourrais-je gérer cela ?

Il me suit jusqu'en haut des escaliers, devant ma porte. Je ne sais pas s'il s'attend à ce que je le laisse entrer. Je n'en ai pas l'intention, mais je n'ai pas non plus très envie qu'il parte. Il a raison, je réagis comme une adolescente qui ne sait pas ce qu'elle veut. J'ai envie de m'enfermer et me frapper la tête contre les murs jusqu'à ce que ma raison revienne. Je m'apprête à entrer dans mon appartement, mais il me retient par le bras, m'obligeant à me retourner. En levant les yeux vers lui, je me rends compte que ma vue commence à se brouiller de larmes. La fatigue, les émotions contradictoires, l'angoisse. Tout ça fait un peu trop. Drew me regarde avec peine et colère à la fois. C'est étrange et déroutant. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Alors je reste muette et j'attends. Finalement, il prend mon visage entre ses mains et m'embrasse. Pas comme dans l'avion, pas comme quand nous nous sommes retrouvés. Il m'embrasse comme si c'était habituel, comme s'il savait si bien ce que je veux, qu'il me le donne avant que je ne le réclame.

— Je ne sais pas exactement ce qui se passe dans ta jolie petite tête, mon amour, il dit en collant son front au mien. Mais j'ai fait le serment dans cette chapelle, de toujours être là pour toi, de t'aider quoi qu'il arrive. Je ne vais pas abandonner.

Il m'embrasse à nouveau, sans me laisser le temps de répliquer. Il m'adore avec sa bouche, me dévore avec sa langue, m'aime avec ses lèvres. Comment ai-je fais pour me retrouver dans une telle situation ? Pour avoir un homme aussi merveilleux rien que pour moi alors que je suis incapable de l'aimer comme il le mérite. Je l'aime, oui. Qu'est-ce que je l'aime ! Mais je n'arrive pas à lui donner tout ça. Je n'étais pas prête avant ce mariage et je ne le suis toujours pas.

— Je ne vais pas te lâcher. Tu n'auras pas le temps de respirer. Tu ne verras que moi, tu n'entendras que moi, encore et encore, jusqu'à ce que tu te décides à prendre le même chemin que moi au lieu de passer par les routes cabossées que tu t'inflige.

Ce mec est un poète. Un philosophe. Il me connait bien mieux que je ne le pensais.

Sans un mot de plus, sans attendre de réponse, il dépose un dernier baiser sur mon front et s'en va.

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