Corps à corps
Mon cœur qui s'est affolé au point de me faire défaillir, se calme doucement. La réalité est moins douloureuse que mon imagination. Beaucoup moins en fait. Drew n'est pas du tout en sang, il n'est pas non plus allongé sans vie. Aucune machine n'est branchée à son corps inerte. Assit sur un lit, il est torse nu, les poings serrés posés sur ses genoux. Il relève la tête quand j'entre. Une infirmière à côté de lui semble le recoudre et lève les yeux à notre arrivée.
— Je peux vous aider ? elle demande l'aiguille en l'air, une main posée sur l'épaule de Drew.
— Putain ! Tu nous as fait peur, s'exclame Kyle en entrant à son tour.
Je reste figée un moment, réalisant qu'il va bien, ou du moins qu'il n'est pas sur le point de mourir. Il va relativement bien.
— Madame ? m'interpelle l'infirmière, se demandant sans doute si je vais tourner de l'œil.
— Tu vas bien ? je demande en essuyant une larme sur ma joue.
Drew hoche la tête et fait un geste que je n'espérais pas, il tend la main vers moi et m'invite à m'approcher. Je ne me fais pas prier et me précipite vers lui, enroulant mes bras autour de son cou. De sa main droite il caresse mon dos pendant que l'infirmière applique un large pansement sur les points de suture qu'elle vient de terminer à son épaule gauche.
— La balle n'a rien touché, il lui faudra tout de même du repos, nous informe l'infirmière.
— La balle, je répète en m'écartant de lui.
Il secoue la tête pour me dire que ce n'est rien.
— Un contrôle qui a mal tourné. Ce n'est pas grave. Kyle n'aurait pas dû te prévenir.
Cette fois c'est une légère colère qui m'envahit.
— Bien sûr que si ! Je suis ta femme, j'ai le droit de savoir. Et ce n'est pas lui qui m'a prévenue, c'est l'hôpital qui m'a appelé. Et c'est moi qui ai prévenu Kyle.
Il passe une main sur son visage.
— Ouais, j'avais changé le numéro d'urgence après... notre mariage.
Il a mis mon nom pour la personne à prévenir en cas d'urgence alors que moi je n'ai même pas encore mis son nom sur mes papiers. Je me sens plus que nulle. L'infirmière lui donne la prescription du médecin et s'en va.
— La balle a traversé ? demande Kyle en se penchant pour voir les deux pansements, de chaque côté de son épaule.
— Ouais. Ce n'est rien. Vous n'avez pas à vous inquiéter. Je vais bien.
Ne résistant pas à l'envie de m'assurer qu'il est bien là en vie, et encouragée par les caresses qu'il m'a faites il y a quelques minutes, je le prends à nouveau dans mes bras et enfouit mon visage dans son cou. Cette fois, il pose sa main gauche sur ma hanche et me serre contre lui de son bras droit.
— J'ai eu tellement peur, je souffle.
Il embrasse mes cheveux et caresse mon dos pour me réconforter.
— Je vais bien.
— J'ai failli me prendre une balle moi aussi, proteste une voix que je commence à connaitre.
Je m'écarte en riant, essuyant une dernière larme rebelle qui n'a pas encore compris que tout va bien.
— Palmer, grogne Drew.
Il agite sa main, celle qui ne tient pas un gobelet de café fumant.
— T'inquiète pas, j'ai bien compris que Madame Jacobs est chasse gardée. J'essaye juste de détendre l'atmosphère.
Drew retire lentement le bras qu'il avait laissé autour de mes hanches. Ce geste me blesse bien plus que nécessaire. Pourtant, je persiste à ne pas bouger. Il va finir par m'entendre, et comprendre que je veux toujours de lui, bien plus qu'avant.
— Pourquoi tu n'as rien, toi ? demande Kyle les sourcils froncés.
Palmer hausse les épaules et sourit largement.
— Je suis un chanceux !
— Je dirais plutôt un connard, intervient Drew.
Il n'y a aucune haine dans ses paroles, juste de l'amusement et de la taquinerie.
— Que veux-tu, c'est ma bonne étoile. Grâce à toi, je n'ai plus à travailler avant mardi.
Je penche la tête et me tourne vers Drew.
— C'est la procédure après une telle intervention, nous sommes tous les deux en arrêt forcé pendant trois jours.
— Mais tu as besoin de plus que ça ! Tu as été blessé !
Il prend l'une des feuilles que l'infirmière lui a laissées et la lit.
— Je suis en arrêt pour deux semaines.
— C'est qui le connard, maintenant ? ronchonne Palmer.
— Tu ne t'es pas pris une balle, je réplique avec agacement.
Palmer rit et regarde Drew d'un air suppliant.
— Madame Jacobs me plait vraiment beaucoup, il dit en hochant la tête.
— Casses-toi, lui répond Drew en riant.
Palmer m'adresse un clin d'œil et s'en va après une petite révérence.
— Je vais m'occuper de toi, j'affirme en prenant les papiers posés sur le lit.
— Tu n'es pas obligée, Tess, je peux me débrouiller.
Je lui adresse un regard noir et saisi son bras pour l'obliger à se lever et me suivre.
— Donne-moi ma chemise, il demande à Kyle.
Je la saisi à sa place et l'aide à l'enfiler. Je ne manque pas le regard amusé de Kyle, mais je ne compte pas m'arrêter là. Il a besoin qu'on prenne soin de lui et qui de plus légitime que sa femme pour le faire ? Cette blessure est une bonne occasion pour moi de lui faire comprendre que je ne partirais pas de sitôt.
Je suis allongée sur le tapi devant le canapé, dans l'appartement de Drew, quand il rentre. Je ne l'ai pas lâché depuis que nous sommes revenus de l'hôpital et après que Kyle ait décidé qu'il était temps pour lui de partir à son rendez-vous, Drew m'a dit qu'il allait sortir Boomer. Seul.
Je suis consciente qu'après ce qui nous est arrivé, il n'est pas très à l'aise de me voir comme ça chez lui. Il avait sans doute besoin de réfléchir un peu, alors je n'ai pas protesté. J'avais moi aussi besoin de réfléchir. Pendant l'heure qu'il a pris pour sortir Boomer, j'ai appelé Sophia pour lui dire ce qui se passe, lui expliquer également mon plan pour récupérer mon mari et lui demander quelques petites faveurs. J'ai été étonnée de voir avec quelle facilité elle a adhéré à toutes mes requêtes. Elle doit vraiment vouloir que les choses s'arrangent.
Quand la porte de l'appartement s'ouvre, il ne faut pas plus de quelques secondes à une grosse masse de poils pour venir me lécher le visage.
— Boomer !
Je le repousse avec mes mains jusqu'à ce que Drew l'appelle et le fasse aller dans son panier.
— Qu'est-ce que tu fais parterre ? il demande dans un soupir d'épuisement.
Je me redresse et regarde son visage fatigué.
— J'aime bien m'allonger parterre ces derniers temps, ça m'aide à réfléchir. Tu as l'air épuisé. Tu devrais dormir.
Il hoche la tête et passe une main sur son visage.
— Tu veux que je te raccompagne d'abord ?
Les sourcils froncés, je me redresse totalement et lui fais face.
— Je ne vais pas partir Drew. Je reste là, avec toi.
— Kyle ne va pas passer la nuit dehors, je peux me débrouiller jusqu'à ce qu'il rentre.
Je m'approche et le regarde droit dans les yeux.
— Je ne vais pas partir, j'articule avec aplomb.
Il secoue la tête d'un air dépité.
— Je ne comprends pas ce que tu me demande, Tess.
C'est le moment, je ne tiens plus, tout ce que j'ai a lui dire doit être dit maintenant. Alors je me lance avec le plus de conviction dont je sois capable.
— Je te demande juste de me croire. Je sais que c'est difficile après ce que j'ai fait, je sais que je n'aurais jamais dû partir et que le réaliser une fois que le mal a été fait était une très mauvaise approche. Mais j'ai compris. J'ai compris que je ne veux pas vivre un seul jour sans toi. Je ne peux pas rester une seule nuit sans te savoir à moi. Je sais que tu ne vas pas me croire tout de suite, que tu vas avoir besoin de preuves, et je vais t'en donner. Tout ce que je te demande, c'est de me laisser te le prouver.
Son regard est dur, et son visage ne dégage aucune expression.
— Comment ?
Il fait un pas vers moi, effaçant tout l'espace qu'il restait entre nous. Son corps est si proche que nos souffles se mêlent. Il me regarde droit dans les yeux avec un air de défi. Une étincelle de colère brille au fond de son regard, mais elle est beaucoup moins éclatante que ce matin.
— Comment comptes-tu me faire croire que tu ne vas pas fuir à la moindre occasion ? Comment vas-tu me montrer que tu m'aimes autant que je t'aime ?
Il se baisse légèrement à mesure qu'il parle. Son visage est maintenant juste en face du mien.
— Comment comptes-tu me faire changer d'avis, Tess ?
Le désespoir me ronge. Je suis à la fois en colère par ses doutes et tourmentée par son corps si proche du mien. Je ne suis pas soûle cette fois pour éviter de faire n'importe quoi. Et cette fois, je ne doute plus. Je sais que j'y arriverais parce que c'est ce que je veux, ce que je désire le plus. Je suis déterminée.
— Je le ferais, j'affirme juste avant de passer mes bras autour de son cou pour effacer les quelques millimètres qui empêchent nos lèvres de s'unir.
Il ne répond pas tout de suite, mais j'insiste. Je caresse ses lèvres des miennes, les mordilles et un gémissement fini par lui échapper. Ses mains se posent sur mes hanches, d'abord hésitantes, puis plus fermement une fois que sa bouche répond à la mienne. Je mordille sa lèvre, puis y passe ma langue. Il écarte ses lèvres et vient chercher ma langue, vient la caresser en grognant de détresse. Mes doigts se glissent dans ses cheveux pour le garder contre moi. J'ai envie de lui. Tellement envie de lui.
— Tess, il gémit contre mes lèvres.
Je l'embrasse sans le laisser protester. Mes mains descendent sur son torse et ouvrent sa chemise. Je la repousse sur ses épaules et cette fois il gémit de douleur.
— Merde ! Désolée, je souffle caressant délicatement son épaule douloureuse.
— Tess, il souffle, son front contre le mien, les yeux fermés.
Je pose un doigt sur ses lèvres pour lui dire de se taire.
— Je vais m'occuper de toi.
Il saisit mon poignet en ouvrant les yeux, et plonge droit dans mon regard.
— Ce n'est pas avec du sexe que tu vas me convaincre.
Je prends son visage entre mes mains et caresse ses pommettes de mes pouces.
— Je sais. On ne le fera pas si tu ne veux pas.
Il a un rire bref et ironique.
— Tu crois vraiment que je n'ai pas envie de toi ? il demande en m'attirant contre ses hanches.
Je n'ai pas besoin de baisser les yeux pour savoir qu'il en a autant envie que moi. Je l'embrasse à nouveau, plus doucement cette fois, l'amenant avec moi jusqu'au canapé. Je l'oblige à s'asseoir, bien que je n'ai pas grand-chose à faire pour le convaincre, et m'installe sur lui, appuyée sur mes genoux. Sans arrêter de nous embrasser, nos mains explorent le corps de l'autre. Il caresse mon ventre sous mon t-shirt, remonte sur ma poitrine, alors que j'explore son torse, caresse ses épaules. Abandonnant sa bouche, je dépose quelques baisers sur sa blessure.
— Tu as mal ?
Il secoue la tête et embrasse mon cou.
— Juste un peu.
Tirant sur mon t-shirt, il le fait passer au-dessus de ma tête d'une main, ne pouvant pas lever son bras blessé assez haut. Quand nos regards se croisent, il n'y a que de l'amour, pur et sans limite. Mon cœur gonfle dans ma poitrine, au point de me donner l'impression de suffoquer. Je l'embrasse pour retrouver de l'air, respire son parfum, goûte ses lèvres.
— Tu me manques, il souffle contre ma bouche alors que ses mains ouvrent mon jean.
Je l'embrasse avec plus d'ardeur pour lui montrer que je suis là, que je ne pars pas. Sa main se glisse sous la ceinture de mon pantalon, ses doigts me cherchent. Ma respiration se fait plus saccadée et je gémis sous ses caresses. Je me laisse submerger par l'apaisement et le plaisir de le retrouver avant de reprendre conscience.
Je veux lui montrer que je l'aime, que j'ai besoin de lui. Mes mains descendent sur son torse et ouvrent son jean. Saisissant son poignet, je retire sa main de moi et m'écarte. Les sourcils froncés, il me regarde avec méfiance. Je sais qu'il aime me déshabiller, mais cette fois je le fais pour lui. Debout entre ses genoux, je retire le reste de mes vêtements sans quitter son regard. La passion l'enflamme et me brûle la peau. C'est mon mari, et il me désir comme je le désire, sans retenue. Je me penche pour tirer sur son jean, il m'aide à le retirer et il se retrouve nu sur le canapé, son désir dressé et ardent.
Doucement, pour ne pas trop m'appuyer sur son épaule blessée, je reviens sur lui, un genou de chaque côté de ses hanches. Il ne lâche pas mon regard quand ses mains se posent à nouveau sur moi. Il me caresse doucement le dos, la poitrine, les hanches, le ventre, les cuisses.
— Je t'aime, je souffle contre ses lèvres avant de l'embrasser à nouveau.
Il me tient contre lui de son bras valide, avec une telle force que je sais que j'en aurais les traces. Son autre main se glisse entre mes cuisses, il me caresse doucement, juste assez pour me faire gémir. Je descends mon bras et le prend dans ma main, la faisant coulisser sur toute sa longueur au même rythme que ses caresses. L'instant est enivrant, et nous continuons ainsi de longues secondes, perdus dans le contact de nos bouches et nos doigts. Nos peaux l'une contre l'autre s'échauffent et s'embrasent. L'instant est magnifique et intense.
Quand ses hanches se soulèvent à ma rencontre, je le guide en moi, baissant mon bassin pour qu'il entre lentement, que je le sente centimètre après centimètre. Sa main entre mes cuisses se fige et son bras autour de moi se crispe. Son visage enfouit dans mon cou, il soupire et grogne, murmurant mon nom contre ma peau. Sans le laisser aller jusqu'au bout, je coulisse sur lui, ondulant du bassin pour lui arracher encore quelques protestations. Ses mains se crispent sur mes hanches et son bassin vient rencontrer le mien pour aller toujours plus profondément jusqu'à atteindre ce point si délicieusement douloureux. Mes mains dans ses cheveux, je lui donne tout mon amour par mes baisers, mes caresses, mes gémissements et mes gestes. Je sais que ça ne suffira pas pour le convaincre, mais je sais également qu'il comprend ce que je lui donne. Il embrasse mon cou puis descend vers ma poitrine. Il me taquine de sa langue et ses dents, ses mains caressant mes fesses, mes hanches, mon dos.
Mon rythme devient plus rapide à mesure que le plaisir augmente. Seuls nos respirations raisonnent dans l'appartement vide. Le son de nos corps qui se rencontrent de plus en plus violemment sonne comme une musique étourdissante. Je perds rapidement le contrôle, sentant mon corps trembler sous le plaisir qui me submerge.
— Tu me manques tellement, il murmure contre ma peau.
— Je suis là. Je ne partirais plus.
Il me serre contre lui et m'embrasse, sans arrêter ses mouvements, sans que je ne cesse les miens. Le plaisir augmente, augmente, augmente, jusqu'à ce que je ne sois plus capable de rien. Agrippée à son cou, mes lèvres contre les siennes, je retiens mon plaisir jusqu'à ce que le sien explose. Nous gémissons à l'unisson, mes paupières sont tellement serrées que je vois des feux d'artifices. J'ai envie de crier, pleurer et rire. Au lieu de cela, j'embrasse son front, ses paupières, ses joues, son nez et ses lèvres.
— Je t'aime, il murmure contre mes lèvres avant de cacher son visage dans mon cou.
Le soulagement envoie ses dernières vagues de plaisir dans mon corps et je les sens se répercuter dans le sien. Nous nous tenons comme si nous avions peur que l'autre disparaisse, attendant que nos souffles se calment. Regardant la tempête s'éloigner.
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