Au bord de la falaise




— Bonjour Tess, s'exclame Jenna quand j'arrive au travail.

Ses lèvres ridés arborent aujourd'hui un léger rouge inhabituel. Elle me prend dans ses bras comme si j'étais partie tout un mois et non juste un week-end. Je lui rends son étreinte avec le sentiment de retrouver une tante, une partie de ma famille. Et remarque également qu'elle porte plus de parfum qu'à son habitude.

— Comment s'est passé ce séjour à Las Vegas ? Raconte-moi tout.

— Dis-moi d'abord pour qui tu es si apprêtée?

Elle rougie légèrement et passe une main dans ses cheveux gris naturels et lisses.

— Un vieil ami vient nous voir aujourd'hui.

— Un vieil ami ? Dois-je craindre une crise de jalousie de la part de Frédéric ? Parce qu'il me fait un peu peur quand il n'est pas content.

Elle rit mais chasse ma remarque de la main.

— C'est le meilleur ami de Frédéric. Il n'est pas revenu ici depuis près de trente ans.

— Waouh ! Un sacré bout de temps en effet.

— Mes vieilles histoires n'ont aucun intérêt, raconte-moi ce week-end.

— Il y a du travail, non ? Je t'en parlerais plus tard.

Elle fronce les sourcils devant ma tentative évidente de fuir. Ses mains tiennent les miennes pour me retenir, ou juste s'assurer que je ne lui tourne pas le dos. Le sourire que je lui adresse ne semble pas du tout la convaincre.

— Tu me cache quelque chose, toi.

Elle plisse les yeux, marquant un peu plus les rides qui les entourent. S'éloignant d'un pas, elle me regarde de la tête aux pieds. Je perçois parfaitement le moment où elle voit mon alliance. Ses yeux s'écarquillent, puis se plissent à nouveau pour mieux voir, puis son visage s'illumine et elle reprend rapidement un air sérieux et détaché.

— C'est une alliance ? elle demande comme on parle de la pluie et du beau temps.

— Hum...

J'essaye dévaluer à quel point je pourrais être crédible si je dis non. Mais elle sait très bien que s'en est une, inutile de mentir.

— Oui, c'est mon alliance.

Elle se met à rire en posant une main sur sa joue. Je ne m'attendais pas à cela.

— Je ne te pensais pas aussi spontanée.

— Je ne le pensais pas non plus, je marmonne alors qu'elle rit toujours.

Elle m'attire contre elle, si heureuse que je me demande si je suis la seule à trouver cela absurde.

— Je dois trois jours de salaire à Kyle maintenant.

— Quoi ?

Elle me relâche et secoue la tête.

— Peu importe. Drew viendra ici pour le déjeuner ?

— Je ne sais pas.

— Je suis certaine qu'il ne manquera pas une occasion de venir voir sa femme.

— Pourquoi es-tu aussi certaine que c'est avec lui que je me suis mariée ?

Elle glousse et lève les yeux au ciel.

— S'il te plait, Tess, je suis vieille mais pas sénile ni aveugle. Ce jeune homme te vénère et si ce n'est pas avec lui que tu t'es mariée, alors il va falloir très vite rectifier cela.

J'admire l'anneau d'argent qui reflète la faible lumière du soleil levant.

— Je suppose qu'il n'y a rien à rectifier alors, je grommelle en me sentant idiote.

Tout le monde voit ce mariage comme une évidence. Je crois qu'il faut que je commence à l'accepter à mon tour. Jenna tapote ma joue.

— Trêve de bavardage. Nous avons un café à faire tourner et des clients à servir.

Elle me pousse vers la salle à moitié pleine, alors qu'il n'est que sept heure et demi du matin. Kyle et Sarah qui ont repris les cours, ne travaillent que le week-end. Une nouvelle personne a été engagée pour la semaine, mais je ne le connais pas vraiment. Il est gentil, enfin il en a l'air, comme c'est son premier jour, je n'ai pas encore eu le temps de lui parler.

Durant toute la matinée, je persuade mon cerveau de ne pas penser à ce week-end. Au mariage, à Drew, à l'avion, à ce que nous avons fait dans l'avion, à notre dispute. Mais c'est compliqué. Comme s'il m'avait jeté un sort hier, je ne fais que penser à Drew. J'entends sa voix quand personne ne parle. Je sens son parfum comme s'il passait à côté de moi. Je me retrouve même à renifler le nouveau, Neil, pour voir s'il ne porte pas le même parfum que Drew. C'est sans doute pour cela qu'après m'avoir regardé d'un air amusé tout en versant du café dans deux tasses, il a fini par m'adresser la parole.

— C'est un nouveau parfum, j'ai voulu essayer quelque chose de plus discret. Tu aimes bien?

— Euh... ouais. C'est... pas mal.

Il m'adresse un clin d'œil alors que j'exerce soudain mes talents inexistants de télépathe pour lui faire oublier ce qu'il vient de se passer.

Retournant travailler, je vois carrément le visage de Drew sur des inconnus qui traversent la rue. J'en deviens folle. Et ça me rend encore plus furieuse contre lui. Alors quand il vient pour le déjeuner, comme l'avait deviné Jenna, je l'ignore. Enfin, j'essaye.

Il s'installe à une table près du comptoir, il est seul, ce que je trouve étonnant, et il patiente. Je ne vais pas à sa table, je ne le regarde pas. Du moins pas directement. Quand je sors servir des clients à la terrasse, je l'observe de l'autre côté de la vitre. Ou alors je le regarde du coin de l'œil en passant à côté de lui.

— Tess ?

Neil est vraiment grand, une tête de plus que moi. Il est un peu impressionnant. Il n'est pas très musclé mais sa carrure est imposante et ses longs cheveux blonds attachés en chignon lui donnent un air de rebelle.

— Oui ?

Il a l'air légèrement déçu, ou blasé. Une main sur la hanche, il indique l'intérieur du café du menton.

— Hum... le type là-bas, le flic vraiment pas mal, il dit qu'il ne veut être servi que par sa femme. Et Jenna m'a dit que c'est toi.

Je soupire d'agacement et Neil recule d'un pas, sans doute parce que j'ai l'air de vouloir tuer quelqu'un. Qu'est-ce qu'il peut être obstiné quand il veut. Il a même le culot de m'adresser ce sourire à tomber qui remue mon ventre.

— Je m'en occupe, je grogne en détournant les yeux.

— Alors c'est vraiment ton mari ?

— Ouais.

Je retourne à l'intérieur du café alors que Neil me suit.

— Dommage, il marmonne.

Je dépose mon plateau sur le comptoir et lève les yeux vers lui. Il hausse une épaule et jette un dernier regard à Drew.

— Il est vraiment pas mal.

Oh ! Je vois !

— Tu es gay?

Il m'adresse un autre clin d'œil et se penche sur le comptoir, posant son menton sur sa main.

— Allez ! Va servir l'homme que je n'aurais jamais pendant que je vous regarde en bavant.

J'éclate de rire et me tourne vers la table de Drew. Je ris encore en arrivant devant lui, mais essaye de me contrôler.

— Bonjour, mon amour.

Les papillons, on se calme ! Drew dépose un baiser sur ma joue et se rassoit. Mon regard tombe sur son alliance. J'ai dit qu'on se calme là-dedans ! Il faut vraiment que j'investisse dans un insecticide.

— Bonjour, je marmonne en le regardant s'asseoir.

— Tu as un nouveau collègue ? il demande les sourcils légèrement froncés en pointant le menton vers le comptoir.

J'imagine que Neil nous regarde encore.

— Figure-toi qu'il t'apprécie beaucoup.

Drew lève un sourcil et se penche légèrement pour voir Neil derrière moi. Quand je me retourne, je le vois lui adresse un clin d'œil.

— Dommage pour lui, je suis déjà pris, s'amuse Drew.

Je secoue la tête à l'intention de Neil, et me retourne vers Drew.

— Tu as fait ton choix ?

— Le mien est fait depuis longtemps, bébé. Et toi ?

Je lève les yeux au ciel, peu désireuse de me disputer avec lui, et m'en vais vers le comptoir pour préparer ce qu'il prend habituellement. Et je me rends compte que je sais ce qu'il préfère dans tout le menu que nous proposons. Une petite révélation en ce qui me concerne. Je prépare la même chose pour moi et ramène le tout à sa table. Je n'ai pas la force de me battre. Je me laisse tomber sur la chaise en face de lui et soupire.

— Tu as parlé à Kyle ?

Il penche la tête et prend un air très sérieux.

— Je lui ai parlé, oui. Je lui ai dit que nous nous sommes mariés et il a juste sourit comme s'il venait de gagner à la loterie.

C'est un peu le cas. Si pour lui trois jours de salaire sont l'équivalant de la loterie.

— Il a parié.

— Parié ?

— Avec Jenna. Elle lui doit trois jours de salaire maintenant.

Levant les yeux au ciel, il secoue la tête avant de passer une main sur son visage.

— Ce gamin va me rendre dingue.

Je lève une épaule pour donner moins d'importance à tout ça.

— Ce n'est pas très grave. Et il a eu raison.

Il y songe quelques secondes avant de froncer les sourcils.

— Ça expliquerait pourquoi Palmer m'a félicité après avoir ronchonner quelque chose sur un pari perdu. Il a sans doute parié avec lui aussi.

Cette fois, je sens à la fois les papillons s'envoler et mon cœur qui essaye de se suicider.

— Tu l'as dit à tes collègues ?

— Je n'avais pas vraiment le choix. Palmer a vu mon alliance.

— Tu aurais pu l'enlever, je dis d'un air sournois.

Il plisse les yeux comme moi et répond sur le même ton.

— Tu ne l'as pas enlevée, toi.

Je regarde ma main, l'anneau qui scintille à mon doigt. J'ai hésité à la retirer ce matin, mais je n'ai pas pu m'y résoudre.

— Je n'ai pas réussie, je lui avoue.

Il a l'air étonné et furieux.

— Elle est coincée ?

Je secoue la tête, au bord des larmes.

— Non, je n'ai juste pas pu m'en convaincre.

Il attrape ma main sur la table et la serre.

— J'aurais aimé que tu t'en souviennes par toi-même, mais je pense que ça n'arrivera pas.

— Me souvenir de quoi ?

— La cérémonie. Ce que tu as dit, ce que tu as promis.

J'essuie une larme qui essaye de rouler sur ma joue. Je me sens terriblement coupable.

— Je veux savoir. Mais je crois que j'ai besoin d'un peu de temps pour laisser les souvenirs me revenir.

Il m'observe un instant, les lèvres pincées. Ses doigts jouent avec les miens, glissent sur ma peau, jouent avec mon alliance.

— Je viendrai te chercher après ton service.

J'aime et je déteste quand il prend ce ton autoritaire.

— Pourquoi faut-il que tu me donnes toujours des ordres ?

Il sourit, se lève et vient juste à côté de moi.

— Parce que tu as besoin que quelqu'un te dise ce que tu ne veux pas entendre.

Il passe un doigt sous mon menton pour relever ma tête et embrasse mes lèvres. Pendant quelques secondes, j'oublie pourquoi je lutte. Il fait glisser sa langue sur ma lèvre et alors que j'en attends plus, il se recule, les yeux rieurs.

— Tu m'as donné un ordre un jour. Tu ne t'en souviens pas, mais j'ai obéi sans hésiter une seconde.

Il s'en va sans que je puisse savoir de quoi il parle, mon cerveau baignant dans la frustration et la colère. Quand je reprends mes esprits, Neil m'adresse une moue boudeuse avant de se mettre à rire.

Comme promis, après mon service, Drew m'attend à la porte du café. Il a troqué son uniforme pour un jean, des bottes et un pull. La neige est partie mais l'air est encore frais. Malgré cela, il prend le temps de m'attirer contre lui et m'embrasser langoureusement comme dans ces films romantiques qui ne reflètent pas du tout la réalité. Ses lèvres douces caressent les miennes, deviennent plus insistantes, sa langue vient me titiller et je le sens sourire quand un gémissement m'échappe. Ses doigts tirent sur mes cheveux pour m'écarter de ses lèvres. Il caresse mon visage, mon cou, et me regarde dans les yeux comme s'il me voyait pour la première fois, le regard brillant et le visage détendu. Il sait que je lui appartiens, pourquoi devrait-il s'inquiéter ?

— Quel est ton plan, cette fois ? je lui demande très sérieusement.

Il penche la tête puis sourit.

— Entre dans la voiture, je t'expliquerais en chemin.

Je m'installe dans l'habitacle surchauffé et le laisse entamer le début du chemin en silence. Je suis obligée de retirer mon manteau pour ne pas suffoquer. Je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où nous allons.

— Tu m'as dit que tu as besoin de temps pour accepter ce qui nous arrive, il commence sans lâcher la route des yeux.

Je le sens mal.

— Oui, je réponds avec une grimace.

— Je vais t'en laisser. Mais j'ai beaucoup réfléchit hier soir.

Je crains le pire. Il semble avoir un plan bien ficelé ce qui veut dire que je n'ai aucune chance.

— Tu ne vas pas me mettre dans une cellule jusqu'à ce que j'accepte tout ça, n'est-ce pas ?

Il rit et prend ma main.

— L'idée est tentante. Mais non. En revanche, je dois avouer que t'attacher toute nue à mon lit m'a effleuré l'esprit.

Je me crispe et tourne un regard sans doute follement apeuré vers lui. Son éclat de rire me surprend autant qu'il me détend.

— Idiot, je grommelle en le bousculant.

Il récupère ma main et la porte à ses lèvres.

— Alors quel est ton plan ?

Il relâche ma main et la repose sur sa cuisse.

— Avant ce weekend, tout allait très bien entre nous, pas vrai ?

L'idée que maintenant tout ne va plus très bien, me rend coupable. C'est un peu de ma faute tout ça.

— Oui, ça allait.

J'avais quand même les mêmes doutes et les mêmes craintes.

— Je me suis dit que tu avais peut-être besoin d'oublier quelques temps que nous sommes mariés. Faisons comme avant. Le flirt, les sorties, la séduction. Ce n'est pas parce que nous sommes mariés que tout cela est acquis. Alors je vais continuer à t'inviter, tu vas continuer à faire tout ce que je te dis comme si j'étais ton Dieu, et les choses se mettrons en place.

— Mon Dieu, hein ? Tu n'exagère pas un peu ?

— A peine.

J'ai droit au sourire et au clin d'œil. Son idée est bonne, je suis partante. Mais je ne vois pas comment je pourrai oublier que je suis mariée.

— Mais on n'enlève pas les alliances, n'est-ce pas ?

— Tu veux les enlever ?

— Non.

— Tant mieux, parce qu'il en est hors de question.

— D'accord.

Il grogne et serre un peu plus ma main.

— Tu sais que ce mot, venant de ta bouche, a un effet étrange sur moi ?

Je glousse.

— Ah oui ?

Il déplace ma main sur sa cuisse, la faisant remonter vers sa braguette.

— Oh ! Il va falloir que je fasse plus attention. Ça ne doit pas être très confortable.

Mes doigts glissent sur son jean. Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça, j'en ai juste envie.

— Tu veux vraiment faire ça, là ? il demande entre ses dents.

Je regarde autour de nous, il n'y a que de la forêt.

— Où est-ce que tu nous emmènes ?

Il soupire, sa main crispée sur mon poignet.

— C'est supposé être une surprise. Il faudrait juste que je tienne encore quelques minutes.

Je glousse à nouveau, voyant à quel point je peux lui faire perdre les pédales. Ma main s'immobilise, la sienne se détend. Je m'éloigne lentement de son excitation et reste la plus sage possible jusqu'à ce qu'il s'arrête.

Nous nous retrouvons au bord d'une falaise, surplombant une petite ville voisine. Le soleil commence déjà à se coucher à l'horizon, diffusant une lumière spectrale sur le décor qui nous entoure. Les arbres projettent de longues ombres sur nous et la silhouette de la ville se détache dans l'horizon orange et rose du ciel de fin de journée. Le spectacle pourrait être un tableau fantastique et surréaliste en exposition grandeur nature devant nos yeux.

— Comment as-tu entendu parler de cet endroit ?

Je sors de la voiture pour avoir une meilleure vue sur le bas de la falaise. J'évite cependant de m'en approcher, sentant mes jambes se dérober sous l'effet du vertige malgré la barrière. La hauteur est impressionnante, j'ai l'impression de dominer le monde. C'est à la fois magnifique et effrayant. Exactement comme ce que je ressens à chaque instant depuis que je connais Drew. Cette falaise si attirante, ce sentiment que rien ne peut nous atteindre et soudain la peur de tomber dans le vide et se perdre, se détruire à jamais dans la chute.

— Jules m'en a parlé. Je voulais voir de mes propres yeux.

— Tu n'es jamais venu avant ?

Il passe ses bras autour de ma taille.

— Non.

Son souffle me chatouille avant qu'il n'embrasse mon cou.

— C'est très beau.

— Mmmhmmm.

Je me laisse aller contre lui, les yeux fermés, appréciant sans retenue la sensation de ses baisers sur ma peau brûlante.

— On devrait retourner dans la voiture, je propose d'une voix rauque.

Il m'attire en arrière jusqu'à la portière et me fait monter sur la banquette. Refermant la portière, il s'allonge sur moi. Je sens parfaitement bien la bosse de son jean contre le bas de mon ventre et mes cuisses se resserrent d'instinct.

— Je crois que la première fois que je suis tombé amoureux de toi, c'était dans cette voiture.

Mes mains sur ses côtes descendent jusqu'au bas de son pull pour chercher le contact de sa peau.

— Nous étions souvent dans cette voiture.

Il embrasse mon nez.

— Je connaissais à peine ton nom, je te regardais dans le rétroviseur, tu étais endormie contre la vitre.

Ses lèvres descendent de ma joue à mon cou. Quand me suis-je endormi à l'arrière de sa voiture? Quand je lui avais proposé cet arrangement plus que déroutant, j'avais fait semblant de dormir, mais j'étais à l'avant. La seule fois que je me suis réellement endormie dans cette voiture, c'était pour aller au chalet.

Une de ses mains sur ma poitrine me distrait. Il l'a passé sous mon pull pour me caresser à travers la dentelle de mon soutien-gorge.

— Tu veux dire... que c'était..., je soupire quand il mordille ma peau.

Mes doigts s'enfoncent dans son dos pour le rapprocher de mon corps. Il ondule ses hanches contre moi, m'excitant au point de me faire perdre la tête, alors que nous sommes encore totalement habillés.

— C'était la première fois que tu me voyais ? Quand nous allions au chalet ?

Il s'écarte assez pour me débarrasser de mon pull et s'adresse à ma poitrine pour me répondre.

— Exactement à ce moment-là, il souffle en baissant le bonnet de mon soutien-gorge pour prendre mon sein dans sa bouche.

Je gémis de plaisir et m'arc en arrière, une main dans ses cheveux, l'autre se faufilant vers sa ceinture.

— J'étais hypnotisée par tes yeux ce jour-là, j'avoue pendant que je suis encore capable de réfléchir.

Il sourit contre ma peau et s'attaque à mon autre sein, passant sa main dans mon dos pour dégrafer mon soutien-gorge. N'y tenant plus, je tire sur son pull pour l'en débarrasser. Pendant qu'il me retire mes chaussures, j'ouvre mon jean et me dandine pour le faire descendre. La banquette n'est pas très large, j'ai l'impression de tomber à chaque mouvement.

— Quand je te regardais, je rêvais de faire ça.

— Faire quoi ? Me retirer mes chaussures ?

Il fait claquer sa main sur le côté de mes fesses maintenant nues.

— Bien plus que tes chaussures, petite maligne. 

Il tire sur le bas de mon jean pour me le retirer complètement.

— Maintenant je t'ai enfin nue sur la banquette de ma voiture.

Il prend ma main gauche et la pose au milieu de ma poitrine comme s'il plaçait un modèle pour un dessin.

— J'ai même un petit bonus avec, il ajoute en souriant rêveusement avant de plonger vers mes lèvres.

Il se frotte contre moi à travers le tissu de son jean, une main sous mes fesses, l'autre en appui à côté de ma tête. Il n'est pas encore en moi, mais je me sens déjà partir. Ma poitrine frotte contre la sienne, nous arrachant des gémissements et des grognements passionnés. La main sous mes fesses revient entre nous et il l'utilise pour me faire crier son nom, encore et encore, jusqu'à ce que l'extase m'emporte loin, très loin d'ici. Je plane quelque part entre le bonheur et l'euphorie. Ma peau hypersensible capte chacun de ses mouvements alors que ma vision est totalement brouillée.

— C'était pour ce que je n'ai pas pu faire ce jour-là, il grogne en ouvrant son pantalon.

Il le baisse sur ses cuisses, l'espace réduit ne lui permettant pas de le descendre plus bas dans cette position. Je suis encore essoufflée, je ne comprends pas tout, mais je n'ai pas besoin de plus d'indice pour savoir que ce n'est pas encore terminé.

— Et ça, c'est pour aujourd'hui.

Un cri m'échappe alors qu'il s'enfonce d'un coup, une main sur mes hanches pour me tenir en place.

— Déchaîne-toi, Tess.

Il ne me donne que quelques secondes pour me laisser reprendre mon souffle avant de me transformer en poupée de chiffon. Je m'accroche à lui, du moins j'essaye, cherchant à trouver son rythme pour maintenir la cadence.

— T'es tellement chaude, ma puce.

— Plus fort, j'exige en serrant mes jambes autour de ses hanches.

— Je n'en reviens pas... d'avoir tellement de chance, il articule entre ses soupirs saccadés.

Il fait si chaud dans la voiture que nos corps glissent l'un contre l'autre. Nos gémissements sont prisonniers de cette fournaise, se répercutent contre les vitres et nous reviennent en un chant érotique qui ne fait que nous enflammer.

— C'est si bon, je gémis le regard plongé dans le sien.

Et ce que j'y vois me fait replonger dans le plaisir si violemment que j'ai du mal à rester avec lui. Je ne tiens plus, mon corps ne tient plus, toutes mes cellules crient à la délivrance. Je me surprends à le supplier, mais je ne sais pas pourquoi. C'en est si bon que mon cerveau ne suit plus. Mon cœur est déjà en miette et tous mes membres tremblent.

— Donne-moi ton cœur et je te donnerais mon âme, il murmure sans quitter mes yeux.

Je nous revois soudain devant l'autel, ses yeux brillent, mon cœur palpite si fort. Ses vœux. Ce sont les mots qu'il a prononcé à la fin de ses vœux.

Avant que je n'ai le temps de revenir au présent, mon corps abandonne la bataille et je jouis avec lui, perdue entre la réalité et le rêve. Nos corps se déchaînent avant de s'effondrer comme un château de cartes, aucun de nous ne pouvant soutenir l'autre, aucun de nous ne voulant lâcher l'autre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top