Ça chauffe!


            Nous roulons sur la route déserte et sombre, éclairée que de temps à autres par la lumière de la lune qui passe à travers les arbres bordant la route. Stuart a visiblement fusé, parce que je l'ai perdu de vu il y a une dizaine de minutes quand nous avons quitté la ville. J'aimerais m'endormir, vraiment, ou me sentir mal pour l'obliger à rouler plus vite, mais je suis juste tétanisée. Je n'ai jamais eu l'idée de proposer quoi que ce soit à un garçon, et maintenant que je suis une adulte, je me suis dit que j'avais un peu plus d'assurance, mais visiblement, elle n'a duré que cinq minutes. Je n'ose même pas regarder Drew du coin de l'œil, je suis presque collée contre ma portière.

— Tu as froid ? il demande en tournant le bouton du chauffage.

— Non, ça va.

Je ne sais même pas si j'ai froid. Je suis juste assise, pétrifiée, les bras croisés, comme si j'avais froid effectivement, et je fixe la route en espérant que le chalet apparaisse.

— Tu es beaucoup moins... enfin tu as l'air presque effrayée. T'es sûre que ça va ?

Je tourne la tête pour croiser son regard inquiet. Dans un mensonge nécessaire je hoche la tête.

— Oui, ça va.

— Ok. Parce que je voulais te parler de quelque chose.

Sa voix est soudainement plus grave. On est trop loin du chalet pour que je décide de rentrer à pied ? Mon dieu mais qu'est-ce qui m'a pris de lui parler d'une éventuelle relation ? Bon, je sais ce qui m'a pris. Je le trouve vraiment beau et sexy et j'ai décidé de mettre un peu plus de piquant dans ma vie, mais maintenant j'ai juste l'impression d'avoir lancé un boomerang et de me le reprendre en pleine figure.

— Si... si c'est à propos de ce que j'ai dit tout à l'heure, n'y fais pas attention. Je dis n'importe quoi quand j'ai la gueule de bois.

Il a un rire bref. Il ne me croit visiblement pas. Je me mords la lèvre nerveusement.

— En général, c'est quand on est encore bourrés qu'on dit n'importe quoi, il se moque gentiment.

Je resserre mes bras autour de moi et tourne la tête vers la vitre. Je sursaute quand je sens sa main sur mon genou. Mes yeux se fixent dessus comme si une apparition divine venait de se produire. Il la retire rapidement, mais j'ai le temps de sentir sa chaleur qui s'éternise encore quelques secondes. Puis il reprend la parole.

— Tu as dit tout à l'heure que tu n'attendais rien. Qu'est-ce que tu voulais dire par là ?

Je fronce les sourcils et essaye de me souvenirs de toutes les conneries que j'ai débités tout à l'heure. Je lui ai dit ça parce qu'il m'a dit qu'il ne pourrait pas m'apporter ce que je pourrais attendre de lui, ou quelque chose comme ça. Et moi je n'attends rien de lui. On attend quelque chose d'un petit-ami, mais ce n'est pas ce que je veux. Pas maintenant.

— Je ne cherche pas de... relation, je réponds d'une voix hésitante. Je ne veux pas m'engager avec quelqu'un.

— Alors tu cherches quoi ? Juste quelqu'un pour te faire grimper aux rideaux ?

Il pose cette question avec tellement de sérieux que j'ai du mal à respirer. Je sens mes joues s'enflammer de parler de ça avec lui. J'ai envie de me taper le front contre la vitre.

— Quelque chose comme ça, oui. Mais je ne suis pas non plus du genre à me laisser aller avec le premier mec que je trouve en boite ou dans un bar.

Et c'est là tout mon problème. Je ne veux pas d'une relation compliquée où il faut montrer à l'autre qu'on tient à lui à tout bout de champs, où on a peur que l'autre s'en aille pour un oui ou pour un non, ou pour une autre. Je veux juste m'amuser mais pas avec n'importe qui. Une peu comme... des amis avec avantages.

— J'avoue que ça me plait.

Je tourne des yeux ronds vers lui. Qu'est-ce qui lui plait ? Moi ? J'observe son profil alors qu'il regarde la route. Dans l'obscurité, je ne vois pas grand-chose, mais ses yeux brillent sous le reflet de la lune, lui donnant un peu l'air d'être une créature mystique. Quand il tourne son regard luisant vers moi, je reste pétrifiée.

— Nous sommes deux célibataires et on est coincés ici pendant toute une semaine, il annonce comme si c'était les paramètres d'un problème à résoudre.

Il tourne à nouveau son regard vers la route. J'ai peur de comprendre la solution à son problème. Enfin non, je n'ai pas peur, je souhaite que ce soit bien ce que je pense.

— Et nous ne cherchons rien de sérieux, j'ajoute pour voir s'il va toujours dans le même sens que moi.

— Et nous sommes tous les deux attirés l'un par l'autre, il confirme.

Mon cœur bat de plus en plus vite mais je ne sais pas si c'est de la peur ou de la joie. Peut-être de l'excitation ? Le silence retombe dans l'habitacle et je me triture les doigts nerveusement. Je sais que mes joues sont rouges, mais je m'en fiche, il ne fait pas assez clair pour qu'il le remarque. Enfin je crois. Ma lèvre se retrouve coincée entre mes dents alors que je ne peux pas décoller mon regard de son visage. Plus précisément, de ses lèvres. Légèrement entre-ouvertes comme s'il allait parler, mais rien ne sort de sa bouche. Je détourne vivement le regard quand il se tourne à nouveau vers moi. Je l'entends soupirer légèrement mais il ne dit toujours rien et j'ai peur que si je ne parle pas, il va renoncer à sa proposition.

— Tu me proposes vraiment ce que je pense ? je demande sans quitter la route des yeux.

Ma voix tremble un peu trop. Je dégluti difficilement à cause de la boule qui s'est logée dans ma gorge et mon pouls est bien trop rapide. Je me sens ridicule et pendant un instant j'envisage de lui dire que ce n'est pas une bonne idée et de me convaincre que tout ça n'est qu'un rêve et que je suis en fait tranquillement allongée dans mon lit.

Ah, mon lit ! Qu'est-ce que j'aimerais y être là tout de suite... avec lui. Non ! Arrête de rêver Tess ! Je soupire doucement pour me calmer et évacuer ces idées. Sa main se pose à nouveau sur mon genou et y reste un peu plus longtemps cette fois.

— Je n'ai jamais fait une telle proposition, il me confie.

Parce que tu crois que moi je l'ai déjà fait ? Je le regarde fixement, parce que je sais qu'il regarde la route et je me dis qu'il ne me voit pas.

— Tu me propose quoi, exactement ?

J'essaye de contrôler les tremblements de ma voix. Il n'a pas l'air de s'en soucier, ou de le remarquer. Ses lèvres se pincent, sa mâchoire se crispe, puis il soupire.

— Je te propose de t'éclater au lit pendant que nous sommes coincées ici. Tous les deux. Sans rien de compliqué. Sans attentes. Rien que du sexe.

Mon souffle s'est bloqué dans ma gorge. Je sens que je vais partir dans un fou-rire nerveux très malvenue. Alors je ferme les yeux quelques secondes et inspire profondément. C'est exactement ce que j'ai failli lui proposer tout à l'heure, non ? Et ça correspond parfaitement à ce que je veux.

— Tu n'es pas obligée de me répondre tout de suite. Je me doute que ça doit te paraitre étrange.

Il me regard quelques secondes et je vois... de l'espoir ? Dans ses yeux ? Il ne se moque visiblement pas de moi. Il est tout à fait sérieux. Je n'ai aucune raison de refuser. Il m'attire vraiment, plus que le premier et dernier partenaire que j'ai eu. C'est un bon point, un très bon point. Mais d'un autre côté, je pense qu'il est aussi beaucoup plus expérimenté. Je n'ai qu'une expérience à mon registre et elle était lamentable.

La voiture ralentit et nous nous retrouvons devant le chalet. Il coupe le contact et se tourne vers moi. Je n'ai pas bougé. Ma lèvre est toujours coincée entre mes dents et je le regarde droit dans les yeux sans pouvoir détourner le regard. Avec la lueur de la lune, le vert profond de ses yeux est hypnotisant.

— Je voulais juste...

— D'accord, je le coupe.

Il me fixe, l'air hésitant.

— D'accord ?

Je lui tends la main, comme nous l'avons fait pour notre pacte qui ne sert en fait strictement à rien. Il regarde ma main comme si je pointais un pistolet vers lui, mais il finit par la saisir. Le contact de sa peau est presque brûlant. Nous nous faisons face, sans un mot. Son regard plonge dans le mien et un léger sourire s'étire sur ses lèvres. Je crois que je lui réponds de la même façon, mais je n'en suis pas certaine. Je ne suis plus vraiment consciente de ce que je fais.

— Je te retrouve dans ta chambre tout à l'heure, il annonce d'une voix rauque avant de lâcher ma main et de sortir de la voiture.

Quoi ? Je reste quelques secondes sans bouger, fixant sa portière. Qu'est-ce que je viens de faire ? Je sursaute quand ma portière s'ouvre. Il me tend la main pour m'aider à sortir de la voiture. La mienne est un peu tremblante, mais on va dire que c'est à cause du froid et pas du tout du fait qu'il vient d'annoncer qu'on va s'envoyer en l'air dans ma chambre tout à l'heure. Non. Pas du tout.

— Eh ben, vous en avez mis du temps ! s'exclame Sophia alors que nous les rejoignons tous dans le salon.

Elle m'adresse un regard lubrique, avec un petit sourire. Non, elle ne sait pas ce que nous venons de convenir avec Drew, alors pas la peine de paniquer. Je me détourne pour accrocher mon manteau près de la porte en même temps que Drew.

— On est arrivé il y a à peine cinq minutes, chérie, rétorque Jules avec un rire.

Drew m'adresse un clin d'œil et un sourire. J'essaye de lui répondre de la même façon mais ça doit sans doute ressembler à une grimace. Je rejoins les autres et m'installe sur le canapé à côté d'Elise. Stuart revient avec deux bières et un verre remplit d'un liquide rouge. Il le dépose devant Elise avant de tendre une bière à Jules.

— Tess, tu veux quelque chose ?

Je lève les yeux vers Drew dans la cuisine, de l'autre côté de la pièce.

— T'as l'air d'avoir besoin de te détendre, me dit doucement Elise avec un petit coup de coude.

— Ouais... euh... un truc fort, je réponds avant de croiser le regard étonné de Sophia.

— Tu crois que c'est une bonne idée après la cuite que tu t'es prise hier soir ? me demande Jules.

— C'est une excellente idée, confirme Sophia. Ramène-moi la même chose, s'il te plait.

Son regard ne me quitte pas et son sourire en coin est plus qu'explicite. Il va falloir que je travaille ma subtilité parce qu'elle se doute visiblement de quelque chose. Il est vrai que ce n'est pas dans mes habitudes de boire de l'alcool fort, mais là je sens que j'en ai vraiment besoin. Sinon je risque de monter en courant dans ma chambre et de fermer la porte à clé jusqu'à demain pour ne pas laisser Drew entrer. Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ?

Il vient déposer deux verres sur la table basse et ouvre sa bière. Le liquide dans mon verre est de couleur ambré et quand je le porte à mon nez, je reconnais l'odeur du whisky. Je n'en prends qu'une petite gorgée mais elle me brûle toute la gorge. Je vois que Sophia m'observe attentivement et ça me rend encore plus nerveuse. Il faut que je me calme, ce n'est pas un drame. Tout va bien se passer, pas vrai ? Je vais passer une semaine à m'envoyer en l'air avec le mec le plus sexy qui m'ait été donné de rencontrer, et franchement après avoir rencontré Jules je pensais que ça n'existait pas. Personne ne saura ce que nous faisons, il suffit de rester discret et puis ce n'est pas comme si ça pouvait se voir sur nos fronts.

— Il faut qu'on parle du programme de demain, annonce Stuart.

Jules pointe sa bière vers lui l'air de le remercier de lancer le sujet.

— Tu n'as pas de programme parfaitement planifié ? demande Sophia à Jules pour le taquiner.

Jules est du genre à toujours tout prévoir dans les moindres détails. Notre semaine de vacances pour célébrer leurs fiançailles en est la preuve.

— Si, j'ai tout prévue. Je veux juste avoir votre avis pour que ça convienne à tout le monde, il répond avec un sourire de fierté.

Sophia se penche vers lui pour l'embrasser, ce qui doit juste être la soixantième fois qu'elle le fait devant moi depuis que nous sommes arrivés. Je lève les yeux au ciel et reprend une gorgée de whisky.

— Et qu'est-ce qui est prévu pour demain ? demande Drew.

— Une sortie avec les scooters des neiges ! s'exclame Sophia en claquant des mains.

J'écarquille les yeux, ne sachant pas si je dois m'en réjouir ou avoir peur. Au moins ce n'est pas du ski. Mais je ne suis pas certaine que ce soit moins dangereux pour moi.

— Il y en a trois dans le garage, ajoute Elise de sa petite voix qui ne porte pas très loin.

Elle a l'air tout aussi contente que Sophia. Mon regard se tourne vers Drew, qui n'est pas moins content que les autres. À vrai dire, tout le monde semble super excité par l'idée, sauf moi. Je déteste être la rabat-joie de service. J'avale le reste de mon verre d'un trait. Qu'est-ce que c'est dégueulasse ! Mais je me reprends et affiche le même sourire ravi que les autres.

— Alors c'est décidé, annonce Jules. On partira vers dix heure pour rejoindre le refuge. J'ai déjà réservé, on déjeunera là-bas, et ensuite nous ferons le parcourt qui traverse la forêt avant de revenir ici. On devrait être de retour pour seize heure.

Je me laisse aller contre le dossier du canapé parce que je sens soudain le whisky me monter à la tête.

— Tess, ça va ?

Elise, l'air inquiète, se penche un peu vers moi. J'agite la tête de haut en bas et ferme les yeux.

— J'ai juste bu un peu trop vite. Ça va passer.

Elle tapote mon bras pour me réconforter.

— Ça convient à tout le monde ? demande Jules.

Je lève un pouce pour confirmer, les yeux toujours fermés et les autres lui répondent par l'affirmative.

— Je devrais peut-être aller m'allonger, j'annonce en me levant.

J'évite de regarder Drew, parce que je ne veux pas voir la déception dans son regard ou pire, la colère. S'il m'en veut d'avoir bu pour m'en rendre malade. Ou s'il pense que j'ai fait exprès pour ne pas coucher avec lui ce soir.

— Déjà ? s'étonne Sophia l'air déçu. Il n'est que dix heure.

La nausée est partie, mais je préfère monter et m'allonger parce que ma tête tourne encore un peu. Je tiens beaucoup mieux l'alcool habituellement.

— On a tout le reste de la semaine pour faire la fête, je lui réponds avec un sourire.

Elle me fait un clin d'œil et je fais un signe de la main pour souhaiter bonne nuit à tout le monde avant de monter.

Dans ma chambre, je m'affale sur mon lit et prend un coussin entre mes bras. Je n'arrive pas à croire qu'avec seulement un verre de whisky je suis dans cet état où tout vous semble plus léger et où vous prenez conscience que la terre tourne doucement, mais plus vite que vous. Je ferme les yeux un instant et me concentre pour entendre leurs conversations en bas, mais cette maison est tellement bien insonorisée que je n'entends strictement rien.

J'ai besoin de prendre un peu l'air. Je me lève et ouvre la porte vitrée qui donne sur le balcon. Il fait un froid de canard mais je m'avance quand même vers la rambarde et me penche pour évaluer la hauteur. De ce côté, le chalet a l'air d'être accroché à la montagne. Il y a une hauteur de trois étages alors que de l'autre côté il n'y en a que deux. Je me demande ce qu'il y a dans la cave. Sans doute juste plein de toiles d'araignées et du vin.

— Tu ne cherches pas à te suicider, n'est-ce pas ?

Je sursaute et pousse un petit cri en entendant la voix de Drew juste derrière moi. Son air amusé apparait quand je fais volte-face, la main sur la poitrine pour empêcher mon cœur d'en sortir.

— Désolé, je ne voulais pas te faire peur, il dit en riant.

Eh bien c'est raté ! Je traverse le balcon et le rejoins à l'intérieur. Son regard luit plus qu'il ne le devrait. A peine ai-je refermé la porte vitrée que je sens une sorte de tension plutôt agréable emplir la pièce. Mon regard se perd vers la porte de ma chambre avec l'angoisse que quelqu'un nous trouve tous les deux ici.

— Je l'ai verrouillée, il m'annonce d'une voix basse qui vibre directement contre ma peau.

Soudain je me sens empotée et je ne sais pas quoi faire de mes bras alors je les croise sur ma poitrine. Il n'a donc pas renoncé à ses projets en voyant que je me sentais mal. Une partie de moi en est heureuse, l'autre a juste la trouille.

— Tu vas mieux ou c'était juste une excuse pour monter ?

Il fait un pas vers moi et je reste plantée devant lui, le souffle court. Tout ce que je trouve à répondre c'est un hochement de tête. Il sourit, amusé, et pose ses mains sur mes bras. Je sens leur chaleur à travers mes manches. Il les fait glisser doucement jusqu'à mes coudes qu'il saisit pour m'éloigner de la fenêtre et m'attirer avec lui vers le lit.

— Tu as l'air... nerveuse, il dit en fronçant les sourcils.

Parce qu'il ne l'est pas lui ? Bon, c'est une question idiote. Il ne l'est visiblement pas. Il s'arrête devant le lit et ne quitte pas mon regard. Je me mords la lèvre et hoche la tête. Autant être sincère. Ses doigts s'approchent de mon visage et glissent sur ma joue, déclenchant des frissons dans tout mon corps. J'essaye vraiment de ne pas respirer comme une folle devant son idole, mais il faut admettre que je suis vraiment très impressionnée là tout de suite. Totalement ridicule. Drew se penche vers moi, approchant sa bouche de mon oreille et je sens son souffle sur ma peau quand il me chuchote :

— Moi aussi.

Un gloussement m'échappe, mais je plaque ma main devant ma bouche aussitôt. Il se moque sans doute de moi, mais ça a le mérite de me détendre un tout petit peu. Quand je sens ses lèvres sur ma peau juste en dessous de mon oreille, je frissonne toute entière. Il le remarque et sourit contre ma peau. Je me détends un tout petit peu plus. Ses mains descendent le long de mes cotes, lentement. Sa bouche ne quitte pas ma peau et rien qu'à ce contact je sens tout mon corps s'enflammer. Non, ce n'est définitivement pas une mauvaise idée de faire ça. Mes bras se relâchent doucement et plus ses lèvres s'aventurent vers le bas de mon cou, plus mes bras se détendent et mes doigts finissent par s'accrocher à son pull. Son souffle chaud et les caresses de ses lèvres sont plus agréables que la meilleure tablette de chocolat du monde. Il se redresse pour reprendre contact avec mon regard, me faisant ravaler le gémissement qui voulait s'échapper à la perte de son contacte. Je n'ai pas allumé la lampe quand je suis arrivée dans la chambre et lui non plus, la seule source de lumière est la lune, pleine, qui brille dans le ciel dégagé. Comme dans la voiture, ses prunelles luisent sous les reflets de la lune. Ses yeux s'orientent vers ma bouche et je réalise qu'il ne m'a pas encore embrassé. Je ne l'ai pas fait non plus d'ailleurs. Je me mords la lèvre nerveusement en imaginant la sensation de sa bouche sur la mienne. Mes doigts sont toujours accrochés à son pull et se recroquevillent en poings serrés, tendant le tissu. Le léger sourire qui étirait ses lèvres s'efface et ses sourcils se froncent.

— Si tu ne veux pas...

Je secoue la tête pour le couper. Je ne veux pas qu'il me propose de renoncer, parce que je sais que je sauterais sur l'occasion. Il faut juste que je saute le pas. Ce n'est pas la première fois après tout. Et ça sera sans doute meilleur. Il faut juste que je respire et le laisse faire. Mon inexpérience se remarquera sans doute. Et si je n'étais pas douée ? Si en fait, c'était moi le problème ? Mon cœur commence à battre un peu trop vite, je le sens jusqu'au bout de mes doigts. Drew prend mon menton dans sa main et tire sur ma lèvre pour la décoincée d'entre mes dents.

— Je veux vraiment le faire, je souffle.

J'ai trop peur que ma voix se casse pour parler plus fort. Son léger sourire revient.

— Dis-moi. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il lit dans les pensées ou c'est moi qui ne suis vraiment pas convaincante ? J'opte plutôt pour la seconde option. J'inspire profondément pour reprendre le contrôle de ma voix et lui avoue.

— Je n'ai pas... je n'ai pas d'expérience.

Il a un mouvement de recul, léger, mais je le remarque quand même. La stupéfaction apparait furtivement sur son visage.

— Tu veux dire... pas du tout ?

Je me mords à nouveau la lèvre et baisse les yeux.

— Juste une, j'avoue en sentant mes joues devenir tellement chaudes qu'elles ont l'air de brûler.

Sa main revient sous mon menton et le remonte pour que je croise son regard.

— Si tu ne veux pas aller plus loin, je ne t'en voudrais pas.

Je m'attendais plutôt à ce que lui me dise que c'est une mauvaise idée et sorte de la chambre sans se retourner.

— Mais toi tu veux... quand même ?

Ma voix est montée dans les aiguës ce qui le fait rire.

— Je ne comprends pas comment tu as fait pour n'avoir pas plus d'une expérience avec ce corps à tomber mais je n'ai certainement pas l'intention de renoncer. A moins que tu ne me le demande.

Moi ? Je suis à tomber ? On ne doit pas avoir les mêmes critères. Un corps de rêve, c'est celui de Sophia, qui peut porter tout ce qu'elle veut et rester toujours sublime. Moi j'ai un corps... avec du volume.

— C'est juste que je ne... je n'en avais pas envie. Enfin, personne ne m'en a donné envie.

— Mais moi, oui ?

Je retiens le rire moqueur qui essaye de s'échapper. N'importe quelle femme en aurait envie avec lui. Un visage à la mâchoire carrée, une fossette au menton, un nez droit et fin, des yeux d'un vert magnifique, des cheveux noirs qui vous invitent à passer vos doigts dedans sans vous arrêter, une musculature qui laisse imaginer le temps qu'il passe à la salle de sport, essoufflé et tout en sueur... je me perd. Je hoche la tête un peu timidement.

— Je pense que tu sais très bien que tu es très attirant.

C'est presque un murmure. Un sourire de pure fierté s'affiche sur son visage.

— C'est toujours agréable de l'entendre, il confirme.


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