Déambulations

En chemin, nous dûmes traverser de nombreux couloirs. Les pierres blanches sur lesquelles nous marchions étaient d'une pureté sans pareil. Je ne saurais dire en quelle matière ces dallages étaient faits, mais ils étaient d'une blancheur immaculée. Même la neige fraîchement tombée semblerait sale et grise à côté.

Les murs étaient entièrement recouverts de pierre de jade. Certains d'entre eux étaient dépourvus de tout ornement, d'autres, au contraire étaient finement travaillés et richement décorés. Comme ce mur dont les motifs floraux taillés dans la pierre elle-même étaient rehaussés de dorures et incrustées de pierres précieuses en tous genres qui brillaient de mille éclats. Je comprenais à présent pourquoi madame Axianie appelait ce palais : le palais de Jade. Cette pierre était vraiment partout.

L'éclairage était quant à lui, soit assuré par la lumière du soleil qui filtrait à travers les différentes fenêtres vitrées en forme d'arc outrepassé, soit par des flambeaux qui répandaient leurs lumières chaudes et rassurantes dans des couloirs sombres et glacials.

J'avais l'impression d'être l'un des petits poissons de l'aquarium, extrait du «carnaval des animaux » composé par Camille Saint-Saëns.

Tout comme ces créatures marines, je déambulais avec crainte dans cet univers à la fois fascinant et inquiétant qui m'ouvrait ses bras.

Après tout, j'ignorais tout de la raison de ma présence dans ce palais, ni ce qui m'y attendait. Avouez qu'il y a de quoi s'inquiéter non ?

Nous marchâmes encore et encore jusqu'à ce que nous nous retrouvâmes dans une grande salle. Le contenu de cette pièce était pour le moins très curieux. Elle ne contenait que des tapis. Mais pas n'importe quelle sorte de tapis...

Des centaines de tapis volants étaient disposés de manière à former cinq escaliers en colimaçon. Chacun de ces escaliers avait une couleur bien définie. Nous montâmes sur l'un des tapis grisâtres de l'escalier le plus à droite qui se trouvait juste à côté de la porte d'entrée. C'est alors que tous les tapis se mirent en mouvement, exactement comme si nous étions montées sur un escalator.

Lorsque ceux-ci se mirent à bouger, je fus tellement surprise que j'en perdis l'équilibre. Madame Axianie m'empêcha de tomber en m'attrapant fermement par le bras.

- Non, mais quelle maladroite ! Faîtes donc un peu attention ! me gronda-t-elle, exaspérée par ma maladresse.

Face à son regard rempli de reproche, je ne pus qu'acquiescer timidement de la tête en gardant les yeux baissés.

Nous montâmes jusqu'à l'étage le plus haut de ce palais tout droit sorti des contes des mille et une nuit. Nous continuâmes d'avancer dans un large couloir, dont le sol était recouvert par un épais tapis aux motifs floraux aux couleurs chaudes et chatoyantes.

Nous continuâmes notre chemin jusqu'à ce que nous nous retrouvâmes devant une bien étrange statue. Celle-ci avait le corps fin et élancé d'une jeune femme, mais son visage ressemblait à celui d'un chat. Le tout était sculpté dans une pierre blanche aux reflets nacrés. La ressemblance avec cette pierre et celle qui fut utilisée pour fabriquer mon sifflet de cristal qui pendouillait comme toujours autour de mon cou était saisissante.

Sa longue chevelure était coiffée en une tresse d'argent figée qui lui tombait sur son épaule droite. Elle était vêtue d'une robe splendide aux manches amples d'un magnifique velours mauve qui contrastait merveilleusement avec la couleur de sa peau claire. Elle portait également de nombreux bijoux sculptés à même la pierre incrustée de pierres précieuses.

Lorsque nous arrivâmes à sa hauteur, les yeux de pierre de la statue s'ouvrirent brusquement laissant apparaître deux topazes en guise de globes oculaires. Puis elle leva sa main droite très doucement. Chacun de ses mouvements était accompagné par un horrible bruit de pierre qui grinçait. Le bruit était si insupportable que je dus me boucher les oreilles.

- Pose ta main sur la sienne, m'ordonna celle qui m'avait kidnappée.

Je n'étais guère rassurée. Cela me paraissait tellement irréel. Néanmoins, je m'exécutai. Lorsque ma peau rentra en contact avec la paume de la main de la créature de pierre, je ressentis un léger picotement me traverser, comme si un lien indescriptible me liait à cet être étrange.

Lorsque la sensation de picotement disparue, la sculpture glissa vers la gauche. À sa place, se trouvait désormais un gigantesque miroir dorée de forme ovale plus grand que moi d'au moins deux têtes sortit du mur. La surface du miroir était étrange, elle n'était ni réfléchissant ni solide. Mais elle ressemblait à une matière argentée visqueuse et liquide.

- Suis-moi.

Sur ses mots qui ressemblait plus à un ordre qu'à une invitation, Madame Axianie traversa l'étrange matière de l'objet mystérieux, et disparut de l'autre côté.

J'inspirai un grand coup et bloquai l'air que j'avais inhalai comme si je m'apprêtais à faire le plus grand plongeon de ma vie. Puis je traversai à mon tour.

Bonjour à tous. Ce chapitre vient de se terminer.

Vous trouverez une vidéo ci dessous une vidéo de la musique citée dans ce chapitre.
















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