Arrivée au palais de Jade
- Madame, Endy ne va pas bien du tout ! Sommes-nous presque arrivés ? Criai-je le plus fort possible pour couvrir le bruit du vent et le bruissement des battements d'ailes de l'énorme chimère qui nous servait de moyen de transport. La créature sur laquelle nous voyagions était vraiment immense et imposante. Elle ressemblait à un énorme lion à la queue de scorpion dont la tête était couronnée deux de cornes de taureau.
- Nous y sommes presque ! Ne soyez donc pas si impatiente, me répondit sèchement ma kidnappeuse en tournant légèrement sa tête vers moi pour que je puisse mieux l'entendre.
- Tiens bon, Endy, je t'en prie ! J'ai besoin de toi ! Accroche-toi, lui murmurai-je terriblement inquiète tout en lui caressant délicatement son front dégoulinant de sueur.
Le tunnel stellaire dans lequel nous voyagions, était nuancé par différentes teintes verdâtres. Plus nous avancions, plus cette couleur se faisait présente et intense.
Nous continuâmes ainsi notre voyage jusqu'à ce que nous nous retrouvâmes devant un mystérieux miroir. Il flottait droit et immobile devant nous, dans le tunnel qui était à présent teinté par un joli vert jade. Son encadrement, en argent massif, était décoré aux quatre coins par un loup noir aux yeux de rubis probablement sculpté dans de l'onyx. Ces animaux décoratifs ressemblaient étrangement au pendentif que ma geôlière portait autour de son cou.
Ma très chère conseillère d'éducation principale descendit du dos de son fidèle allié et s'avança vers l'objet réfléchissant. Plus elle avançait, plus la chaîne qui me liait à elle grandissait comme par magie.
Elle enleva son précieux collier d'un geste vif et rapide. Puis, tout comme elle l'avait fait devant le miroir de ma chambre, elle le fit tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, à la manière d'un petit pendule.
C'est alors que les yeux de tous les fauves présents dans ce lieu étrange, aussi bien ceux des loups qui ornaient le miroir que ceux du pendentif d'Axianie, s'allumèrent dans une synchronie parfaite. La lumière qui émanait de leur regard se fit de plus en plus intense, de plus en plus aveuglante jusqu'à ce que finalement, elle finit par recouvrir entièrement la plaque réfléchissante de l'objet qui lévitait devant nous.
Lorsque la lumière se dispersa enfin, je m'aperçus avec étonnement que ce n'était plus le tunnel aux nuances verdâtres qui s'y reflétait, mais le reflet flou d'une salle étrange.
Dès que le portail fut ouvert, madame Axianie reprit sa place sur le dos de son étrange animal. Puis, sans perdre un seul instant, nous le traversâmes. C'est ainsi que nous arrivâmes dans une salle grandiose et incroyable.
Aussi étrange que cela puisse paraître, celle-ci ne possédait ni de mur ni de plafond, mais pas moins d'une vingtaine de miroirs gigantesques, tous différents qui flottaient droits et immobiles à quelques centimètres du sol dans un espace interstellaire constellé d'étoile. Ils étaient dispersés aux quatre coins de la pièce de façon à former un cercle parfait.
Plusieurs chemins érigés en pierre de jade flottaient à la surface d'une eau gélatineuse d'une jolie couleur dorée.
Miam, on aurait dit du miel ! Cela me donnait envie d'y goûter. D'autant plus que je n'avais rien mangé depuis hier midi, et à la seule vue de ce liquide dorée mon estomac se mit à gronder si fort que Madame Axianie l'entendit. Ce qui me valut à nouveau d'être transpercée par son regard noir et réprobateur.
L'un de ces curieux chemins suivait le cercle parfait formé par la configuration des miroirs ; tandis que les autres servaient à relier chacun des objets réfléchissants au centre de la salle.
À peine avions nous pénétré dans cette pièce que madame Axianie s'empressa de réitérer son étrange rituel.
À la seule différence prêt que cette fois, elle tourna son étrange pendentif dans le sens inverse à celui des aiguilles d'une montre.
Le portail était désormais fermé. Quoi qu'il puisse arriver maintenant, il m'était impossible de faire demi-tour, et Axianie ne le savait que trop bien. C'est sans doute pourquoi, dès que sa tache fut accomplie, elle me libéra enfin de ces horribles menottes qui me meurtrissaient les poignets et par la même occasion de la chaîne magique qui me liait à elle.
Une fois libérée, nous nous avançâmes jusqu'au centre de la salle. À ma droite, se trouvait une jolie colonne en pierre de jade d'environ un mètre de haut dont le sommet était scié en biais. Sur toute sa longueur, étaient sculptées, à même la pierre, sept silhouettes d'animaux.
Axianie inséra son étrange amulette dans celle qui ressemblait étonnamment à un Loup. Celle-ci correspondait parfaitement.
- Chez la guérisseuse et vite, prononça-t-elle de sa voix impérieuse.
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