Chapitre 17

Pdv Sophie

La jeune fille sentait le regard pesant d'Elyseus posé sur elle. Elle déglutit avec difficulté, les mots amenant tant de perspectives refusaient de sortir de sa bouche.

- Comment est-ce qu'elle a fait ?! demanda l'ancien humain avec brusquerie.

Sophie inspira profondément, s'obligeant à le révéler à voix haute.

- Je...(Elle se racla la gorge.) Commençons par le plus simple à comprendre... La technique qui lui a permis de s'infiltrer dans ma cellule malgré vos protections. Vous savez qu'elle est Invocatrice et qu'elle le cachait. Nous n'avons pas réussi à trouver d'utilisation vraiment convaincante avec Edaline qui l'aurait poussée à nous le cacher. Mais finalement... il y avait bien une raison...

La jeune elfe s'interrompit, essayant de trouver la manière la plus simple pour expliquer le phénomène.

- Elle a réussi à trouver "le fil" – comme dit Edaline – d'un objet dans ma cellule et, en lieu et place de l'attirer à elle, elle a réussi à faire le contraire : pousser l'objet à l'attirer ! Reste à savoir quel objet...

Elyseus, en face de la jeune fille, ouvrait les yeux et la bouche d'un air ébahi. Un nouvel éclair de génie traversa soudain l'esprit de Sophie. 

Gisela était la mère de Keefe !

Elle tâta une poche se situant près de sa cheville. Trouvé ! La Télépathe en sortit un objet qu'elle gardait avec elle depuis plusieurs semaines. La lettre de Keefe. 

C'était grâce à cet objet que Gisela avait pu entrer dans la cellule de Sophie.

- Bien, opina la source d'énergie. Et maintenant, comment a-t-elle réussi à influencer ma volonté ?

La jeune fille repassa sa théorie dans sa tête afin de s'assurer qu'elle tenait la route. 

- Alors... Imaginez que votre esprit est un bâtiment que vous devez avant tout protéger des menaces extérieures, commença-t-elle en puisant dans ses connaissances de Télépathie. Dans ce bâtiment, il y aurait un objet représentant les souvenirs que vous avez de mes amis. Gisela a réussi à attirer cet objet, cette métaphore après tout, à elle. Et elle l'a remplacé par un objet qui donnait une image péjorative d'eux et qui contenait aussi l'idée de leur effacer la mémoire.

Sophie marqua un arrêt, reprenant son souffle, devant un Elyseus aux sourcils froncés.

- Mais les souvenirs ne sont pas des objets, continua la fille. Elle a réussi, durant toutes ces années de silence à manipuler sa façon d'utiliser l'Invocation pour qu'elle fonctionne sur les pensées aussi.

Sa propre révélation donnait la chair de poule à la Télépathe. Si leur ennemie était capable de changer le but profond de son talent... que pouvait-elle faire d'autre ?

Un silence lourd de peur et d'appréhension s'installa. Même Elyseus mesurait l'ampleur du danger que représentait la mère de Keefe. Sophie croisa le regard de son interlocuteur et les mots semblèrent inutiles. 

Ils savaient ce qu'ils avaient à faire.


(Note de l'auteure : Eux ils savent mais moi pas encore 😂 je vais devoir trouver !)


Pdv Dex

Il se trouvait dans un grand espace obscur, entouré d'une brume impalpable. Il ne voyait aucune limite autour de lui, seulement de l'obscurité à perte de vue. 

Lorsque de la buée sortit de sa bouche lors d'une expiration, le garçon se rendit compte qu'il faisait froid, très froid. Il frissonna et s'entoura de ses bras dans l'espoir de se réchauffer, sans succès. 

À une trentaine de mètres de là, Dex distingua une lueur dorée. Il s'en rapprocha doucement, une peur étrange lui tiraillant le ventre. Plus il était proche, moins il ne comprenait ce qu'il avait devant lui.

Soudain, le jeune homme reconnut la machine de Mécano. Elle brillait d'un éclat doux mais tranchant, suspendue dans les airs. Sous l'engin suintait un gouffre énorme, celui qu'il avait créé avec sa professeure Technopathe...

De cette plaie dans la terre émanait une chaleur malsaine, de celles qui pousse à se blottir confortablement pour ensuite ne jamais en ressortir. Dex avait du mal à respirer en étant mis en face de sa faute avec tant de violence. Une larme glissa sur sa joue.

Sans que rien ne l'y prépare, une force invisible le tira vers la faille, inexorablement. Il tenta de s'agripper ; le sol était lisse, sans aucun accroc lui permettant de rester en place. Dex fut aussitôt gagné par la terreur. Il voyait sa fin inévitable se rapprocher sans pouvoir rien faire.

Alors qu'il commençait à tomber, il se réveilla en sursaut dans un lit de camp. Le jeune homme était encore tremblant, la respiration incontrôlable, à cause de son rêve. Il avait la nette impression que ce cauchemar n'était pas anodin, qu'il le prévenait du danger de la machine créée par Mécano, d'une certaine façon. 

Dex se redressa avec la sensation d'avoir un bloc de plomb dans le crâne. Le Technopathe fut pris d'un vertige intense et il retomba sur l'oreiller lourdement. Le jeune homme entreprit d'analyser le lieu dans lequel il se trouvait.

Les murs étaient en pierre taillée de manière peu régulière, c'était une grotte. Des dizaines d'étagères de bois étaient disposées çà et là, soutenant des fagots d'herbes, des ingrédients étranger, ou encore des flacons d'élixirs aux couleurs incongrues. Sur sa gauche se trouvait une porte en chêne vermoulu. Le courant d'air frais qui lui en parvenait indiquait qu'elle donnait sur l'extérieur.

Dex resta un long moment étendu là, essayant de se lever à plusieurs reprises mais retombant à chaque fois. 

Tout à coup, un son de voix lui parvint de derrière la porte. Deux femmes discutaient et il reconnaissait une des deux.

- Comment va-t-il ?

- Quand je suis partie il était dans un état plutôt critique mais la lotion à base de saule blanc que je lui ai donnée devrait avoir fait effet, répondit une voix plus fluette.

- Je peux entrer avec toi ? 

C'était Mécano, il en était sûr désormais.

- Évidemment.

Le battant de bois s'ouvrit sur les deux femmes. Dex ne s'était pas trompé, sa professeure de Technopathie était entrée, les cheveux couverts de poussière mais sans autre trace de l'accident. La deuxième arrivante, par contre, lui était inconnue. 

C'était une grande femme aux cheveux noirs nattés derrière son dos drapé d'une cape émeraude. La couleur de son habit faisait ressortir ses yeux... verts. À bien y regarder, le jeune homme remarqua des imperfections sur son visage et ses vêtements sous la cape tout sauf elfiques. 

Une humaine. Qui l'avait guéri. Amie avec Mécano. 

Il en déduisit qu'il pouvait avoir confiance en elle. Son intuition se confirma lorsqu'elle se rapprocha de lui en souriant.

- Tu t'es réveillé ! Tu sent encore un poids dans la tête ?

- Oui... un peu, dit-il d'une voix affreusement patteuse.

- D'accord, avale ça alors, lui demanda-t-elle gentiment en lui tendant un flacon rempli d'un liquide violâtre. 

La lotion avait un goût âpre mais il sentait qu'il devait la boire sans rechigner.

- Eh bien, mon cher apprenti, je pense que cette machine va devoir être reléguée à la cave. Qu'en dis-tu ?

- Excellente idée. Je ne vais pas tester un engin qu'on ne comprend pas de sitôt ! 

Mécano sourit. Elle reprit la parole, cette fois à l'intention de l'humaine.

- Quand va-t-il pouvoir repartir, Layna ?

- Tout dépend de la force de son organisme... mais normalement, vous, les elfes, devriez être plus résistants que nous.

Un petit rire s'échappa des lèvres du Technopathe.

- Si je part de ce principe, continua Layna, il devrait pouvoir se lever dès maintenant.

Sur ce, elle empoigna Dex par le bras avec une force étonnante, puis le redressa sans ménagement. Le sol tangua un peu sous ses pieds mais se stabilisa rapidement. Il se demanda brièvement comment une humaine pouvait concocter des élixirs aussi performants que ceux d'Elwin. Avant que le jeune homme ait eut le temps de poser la question, Mécano lui attrapa l'épaule et le tira vers la sortie.

- À bientôt Layna ! cria la professeure.

- Merci beaucoup, tenta Dex.

L'humaine guérisseuse avait déjà disparu. 




Salut à tous/toutes,

Voilà un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis ou à me corriger. C'est bientôt les vacances, je ne sais pas si je vais avoir le temps de beaucoup écrire alors je m'excuse d'avance !

Joyeuses fêtes et bonnes vacances,

TerredeLumiere

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