Chapitre 16

Pdv Dex

Le Technopathe sentait le bout de cœur qui s'était brisé lorsqu'il avait fait du mal à Biana se recoller. Elle lui pardonnait. Et ils étaient à nouveau amis. L'annonce que leur avait transmis Keefe ternissait le tableau joyeux, plantait une pointe de culpabilité dans son esprit. Mais le jeune Empathe leur avait aussi fait part de quelques ébauches de plans afin de sauver Sophie.

Dex rentra chez lui avec soulagement. Ces enchaînements d'évènements l'avaient vidé de toute énergie. Il se réjouissait de pouvoir se jeter dans son lit et de dormir jusqu'à la fin des temps.

Il s'apprêtait à gravir les escaliers menant à sa chambre lorsqu'il aperçut une silhouette passer derrière la fenêtre du salon puis se profiler  vers la porte. Les visiteurs venant directement chez lui étaient rares. Ceux qui tentaient de passer inaperçus encore plus.

Sur la défensive, Dex attrapa le premier objet qui lui tomba sous la main, une longue fiole d'alchimie appartenant à son père, qu'il brandit au-dessus de sa tête. Les pas se rapprochaient et il se mit à trembler, à avoir les mains moites.

Deux coups lourds résonnèrent dans le couloir, le jeune homme ouvrit précautionneusement le battant puis recula précipitamment de quelques pas. Dans le soir tombant se tenait une femme qu'il connaissait bien : Mécano. 

Elle regardait d'un air amusé la fiole entre les mains du jeune garçon, qui rougit. Il posa sa pseudo-arme au sol.

- Tu m'as fais peur, bougonna le garçon. Que-ce qui t'amène ? 

- Aurais-tu le temps de passer chez moi ?

***

Élève et professeure se tenaient devant un immense dispositif flottant à côté de la tour de Mécano. N'importe qui l'aurait qualifié de tas de ferraille. Mais ils n'étaient pas n'importe qui : ils étaient des Technopathes. Tous deux voyaient les rouages, les jointures entre les pièces aussi distinctement que s'il s'était agi d'yeux au milieu d'un visage. 

- As-tu jamais vu quelque chose d'aussi beau, cher élève ?

Dex ne répondit pas, son regard détaillait chaque pièce avec une joie contenue. Sa professeure travaillait depuis plusieurs mois sur la machine qui se tenait devant lui. Il n'avait jamais eu le droit de faire autre chose que de la regarder faire sans poser de questions, et voilà que l'objet se trouvait là, suspendu entre ciel et terre, paraissant intouchable dans sa splendeur surnaturelle. Les morceaux de bronze luisaient dans la lumière du soleil couchant.

- À quoi elle sert ? demanda-t-il.

- À vrai dire... Penses-tu que je le sache ?

Le jeune homme soupira. Elle lui donnait des cours de Technopathie depuis longtemps déjà, mais jamais il ne s'habituerait à sa façon de ne parler qu'en questions, sans répondre à celles des autres.

- Bah oui... c'est toi qui l'as construite quand même. J'espère bien que tu sais comment elle fonctionne.

- Théoriquement oui mais... Que penses-tu de l'essayer ?

Un sourire éclaira le visage de Dex. Bien sûr qu'il voulait faire fonctionner la machine la plus géniale que le monde ait connu ! 

Les elfes grimpèrent dans le poste de commande à l'aide d'une longue échelle, non sans mal. Une multitude de boutons et de manivelles constellaient le tableau de bord aussi large qu'un bras. Deux sièges faisaient face au tableau. C'étaient de belles chaises de bois ouvragées. 

Mécano s'installa dans celle la plus proche du levier commandant le réacteur puis elle lança un regard à son apprenti.

- Tu ne t'assied pas ?

- Je... moi ? balbutia Dex, qui s'était imaginé en simple spectateur.

Pour toute réponse, elle lui lança un regard éloquent, semblant vouloir dire : "Oui, toi, espèce d'imbécile. Si tu n'y vas pas tout de suite je suis capable de te lancer par-dessus bord en un claquement de doigts.".

Le jeune homme se laissa choir sur le siège en admirant chaque détail de la structure de l'engin. Ce n'était pas pour rien que Mécano était la Technopathe du Cygne Noir !

- Comment ça fonctionne ? 

Pour une fois, la femme sembla estimer que Dex méritait une réponse.

- Tu vois ce levier là-bas ? Il sert à alimenter la machine en essence de phénix, ce qui fait en sorte qu'on peut flotter, commença-t-elle en désignant une barre en métal sur sa gauche. On doit flotter pour que, qu'importe ce qu'il se passera en bas une fois l'engin allumé, on soit en sécurité. Ensuite, il va falloir qu'on appuie sur ces quatre boutons bleus, là, simultanément. Tu prends les deux de droite et moi ceux de gauche. Et après... on verra bien ce qu'il va se passer.

Le garçon hocha de la tête, légèrement inquiet. 

- Bien. À trois. Un...

Ils calèrent leurs paumes sur les interrupteurs.

- Deux...

Leurs respirations s'emballèrent.

- Trois !

Les deux Technopathes pressèrent de tout leur poids.

Rien ne se passa. 

Puis un son de rouages se mettant en marche leur parvint et, tout à coup, un immense craquement retentit. Dex écarquilla les yeux, son cœur battant à ses tempes de toutes ses forces.

Un nouveau silence... CRAAAAAC ! 

Sous leur regard ébahi, le sol devant la demeure de Mécano se déchirait à une vitesse fulgurante, laissant la place à un énorme gouffre béant. L'effort faisait trembler la machine.

- Appuie sur les boutons jaunes sur ta droite ! hurla la professeure, apeurée.

Le jeune elfe dû faire un effort innommable pour atteindre les boutons sans tomber à la renverse, car le dispositif était de plus en plus instable. Il pressa les interrupteurs avec force.

- Plus fort ! entendit-il.

Il se laissa choir de tout son poids dessus, une mèche humide par l'effort plaquée sur son front.

- Relâche ! Et à mon signal sur ceux vert... Maintenant !

Apprenti et professeure se courbèrent en même temps sur une autre série de boutons tandis que la machine dans laquelle ils se trouvaient semblait sur le point d'exploser.

- On doit sortir ! exigea Dex, conscient qu'il ne pourrait pas tenir beaucoup plus longtemps.

- Attends ! Encore un peu !

Le garçon se résigna, il n'allait pas laisser Mécano toute seule. Quelques instants passèrent, sans amélioration.

Soudain, la machine eut une violente embardée. 

Dex se sentit projeté en arrière, sa nuque se tordit et il eut la sensation que ses jambes partaient chacune dans une direction différente. Il aperçut Mécano qui faisait tout son possible pour rester debout en restant plaquée contre le tableau de bord.

Sa tête heurta un levier. Le monde devint tournoyant et indistinct. Puis tout se couvrit de noir.




Bonjour bonjour !

Voici un chapitre qui m'a prit beaaaaaaaauuuuucoup de temps à écrire. J'espère qu'il vous a plu et, promis, vous aurez les révélations de Sophie dans le chapitre suivant !

C'est tout,

TerredeLumiere

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