Chapitre 12
Pdv Sophie
Le paysage calme des Rives du Réconfort se matérialisa devant Sophie et Grady qui avaient tous deux les yeux encore rougis. La jeune fille se tourna vers la porte en soupirant. Elle était lasse des retrouvailles éclair.
Elyseus se trouvait là, un petit sourire satisfait aux lèvres.
Décidant de se concentrer uniquement sur le présent, Sophie relégua les émotions contradictoires de sa journée dans un coin de son esprit.
- À toi l'honneur, commença la source d'énergie en désignant la porte.
Après une profonde inspiration, la Télépathe frappa deux coups. Elle recula ensuite de quelques pas, la respiration courte.
Un bruit de bottes résonnant sur le sol lui parvint, se rapprochant de l'entrée. Le battant pivota, dévoilant Lord Cassius, plus soigné que jamais.
- Mademoiselle Foster, dit-il.
Il paraissait mi-étonné mi-ennuyé. Son regard ignora superbement Grady mais il s'arrêta sur Elyseus.
- Vous êtes sûrement l'énergie que ma femme cherchait à s'approprier, ajouta l'Empathe sans montrer d'émotion.
L'ancien humain eut un sursaut.
- Vous êtes le mari de cette agresseuse d'ados ?!
- J'étais...enfin, c'est une longue histoire. Et je ne pense pas que vous soyez là pour me parler de mes choix amoureux. Je me trompe ?
Lord Cassius allait droit au but, comme toujours. Sophie ouvrit la bouche pour répondre mais Elyseus lui coupa l'herbe sous le pied.
- Non. Je suis là pour soigner votre fils d'une maladie mortelle sous la supplication de la jeune elfe ici présente.
Le membre de la noblesse sembla décontenancé.
- Une maladie mortelle ? Il n'a pourtant aucun signe...
- Il semblerait que oui et elle serait due aux expériences de votre femme.
- Vous êtes sûr de pouvoir le soigner ? demanda Cassius avec une pointe d'inquiétude —? — dans la voix.
- Oui, annonça la source d'énergie sans hésitation.
Un soupir de soulagement s'échappa des trois paires de lèvres autour de lui. Même Grady, qui n'avait pourtant jamais porté Keefe dans son cœur, était heureux.
Le père du jeune homme se tourna vers l'intérieur et cria le nom de son fils pour qu'il descende.
On entendit une porte claquer à l'étage, des bruits de pas dans l'escalier. Inexorablement, il se rapprochait, pourtant Sophie n'était pas prête. Sa respiration s'accéléra, son pouls s'emballa.
Soudain, il apparut. Le regard de le jeune fille remonta du col ouvert de sa chemise à ses lèvres légèrement rose, puis ses joues plus creuses qu'avant son départ, une mèche de cheveux égarée barrait son nez et enfin, ses yeux bleu glacier.
Il semblait perdu, complètement perdu. Sophie remarqua un sac sur son épaule : il partait.
- Keefe, commença-t-elle. Je...
- Sophie.
Les adultes manifestèrent leur départ en disant vouloir aller se désaltérer en les attendant.
Le jeune Empathe laissa tomber son sac au sol et, en trois enjambées, il se retrouva devant elle.
Ils se prirent dans les bras avec force. Une bulle semblait les entourer entièrement, le soleil semblait briller plus fort. Leurs lèvres se cherchèrent pour un doux baiser.
Ils se séparèrent, le souffle court.
La joie intense de pouvoir revoir le jeune homme fut balayée par la tristesse de l'imminence de leur séparation. Son sourire rayonnant laissa la place à de nombreuses larmes amères qui commencèrent à couler sur ses joues et elle se laissa aller contre le garçon.
- Hey, chuchota-t-il, tout va bien. On est à nouveau ensemble.
Elle secoua la tête avec force. Keefe fronça les sourcils et se décala pour la regarder dans les yeux.
- Explique-moi.
Sophie lut dans son regard une telle peur qu'elle trouva la force de se redresser pour commencer une explication pas trop douloureuse.
- Pour faire court : j'ai réussi à convaincre Elyseus de te soigner mais il y a une contrepartie qui est...
- Que tu dois rester avec lui, termina l'Empathe.
La Télépathe approuva d'un signe de tête.
- Ce que tu ne comprends pas c'est que je n'ai pas envie d'être guéri si je ne peux plus te voir. Je ne veux pas vivre sans toi !
- Moi non plus, Keefe, c'est pour ça que tu dois te faire soigner. Je pourrais peut-être partir un jour, alors que toi, tu ne peux pas guérir miraculeusement.
La voix de la jeune fille s'était faite plus ferme, n'acceptant aucune objection. Elle se souvint d'un détail qui pourrait convaincre totalement Keefe.
- En fait, Elyseus va me garder emprisonnée même si il ne te soigne pas. Je ne suis pas partie quand il l'a demandé.
Les yeux de son ami s'embuèrent et une première larme glissa silencieusement sur sa joue, suivie de bien d'autres. Les rares fois où Sophie l'avait vu dans cet état, elle s'était à chaque fois sentie désemparée.
Cette fois-là encore plus que les autres, car c'était pour elle qu'il pleurait.
Ne sachant que faire d'autre, elle passa son bras au-dessus des épaules de son ami et l'aida à marcher jusqu'à la salle à manger, où se trouvaient Elyseus, Grady et Cassius.
Keefe allait se faire soigner.
Pdv Dex
Les larmes de Dex s'étaient taries depuis longtemps déjà lorsqu'Elwin appela Médoc (alias Livvy) pour qu'elle prenne son relais.
Dès que la médecin arriva, le propriétaire du Centre de Soins s'effondra dans un lit, épuisé par sa journée passée à tarir le flux de sang menaçant la vie de Rex. Elwin avait posé un bandage mais ses élixirs ne parvenaient pas à refermer la plaie.
Kesler avait proposé d'utiliser une technique humaine : les points de suture, mais le médecin avait formellement refusé. Livvy passa encore plusieurs heures au chevet de son patient, sous les regards angoissés de toute la famille et les ronflements d'Elwin.
Au bout d'un moment, elle retira son masque pailleté pour mieux analyser la blessure.
- Vous pouvez m'aider à dégager ses cheveux, s'il vous plaît ? demanda-t-elle.
Edaline, qui était restée pour soutenir sa famille, s'avança et déplaça avec douceur les mèches blondes gorgées de sang de son neveu, qui était allongé sur le flanc. Le silence pesant de la pièce s'intensifia car tous ses occupants retenaient leur souffle. Ils allaient voir la blessure qui causait tant de malheur à leur famille.
Elwin l'avait bien inspecté auparavant mais il ne l'avait aucunement montré à ses amis, de peur de les effrayer.
Derrière l'oreille de son petit frère, Dex aperçut une fine ligne carmin laissant le sang s'échapper petit à petit. Livvy appliqua un épais sérum sur la plaie puis poussa un soupir infiniment long.
- Grâce à cette mixture, nous avons quelques heures de répit, pendant lesquelles je vais tenter de créer quelque chose capable de le soigner. Si je n'y arrive pas, il va bien falloir essayer les points de suture.
Les deux petits Dizznee s'effondrèrent dans les bras de leurs parents quelques secondes plus tard. La nouvelle d'un moment de calme les avait détendus et avait permis à leur extrême fatigue de s'exprimer. Kesler et Juline se couchèrent sur des lits de camp avec les deux frères.
Dex, quant à lui, se laissa choir sur une chaise et laissa lentement le sommeil prendre possession de son corps.
Il s'endormit avec la certitude que Rex allait être sauvé.
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