Chapitre 8

Nous sommes regroupés depuis quinze minutes, après les cours (d'un ennui terrible, comme toujours quand mon cerveau se met à bloquer au premier mot complexe), pour discuter de ce que nous devrions faire.

Heureusement, pour une raison que j'ignore, les adultes sont sortis pour tout l'après-midi (c'est ce que nous a dit Julien à la fin de son discours d'une chose trop confuse pour mon esprit).

Tchad m'a forcé de dire tout ce que je sais, sur ce que j'ai vu ou entendu (ce qui est très peu, on sentant... mais surtout désagréable à se rappeler). Pour une fois, je n'argumente pas... bien qu'on ne puisse pas vraiment appeler ça de cette manière quand je rage contre Tchad.

Je m'exaspère tellement quand je dis n'importe quoi à cause de la fureur agaçante qu'il fait naître en moi avec ses petits commentaires désagréables.

Nous sommes assis en cercle dans le minuscule salon qui peut à peine tous nous contenir. Nous sommes installés sur le vieux tapis à poil gris usé jusqu'à la corde. Tchad est à ma droite (ce qui me donne envie de le frapper pour la tape de tout à l'heure, mais je m'en abstiens avec difficulté) et Sophia est à ma gauche. Laurie est en face de moi et entre Tchad et Jack. Nos genoux se frôlaient tellement nous sommes installés les uns près des autres.

- Alors, commence Tchad avec sa mine sombre et sévère habituelle. Il y a surement une raison de notre présence ici, nous sommes tout de même quatre sur six à avoir un pouvoir... et tous ses corps dans la zone interdite... Se sont tous des surnaturels...

Des surnaturels? Ils m'ont pourtant semblé tout aussi humain que nous... enfin... à l'exception de leur apparence tordu et presque méconnaissable.

- Comment ça, ai-je demandé, en ne comprenant pas où il voulait en venir.

- Ariane, Laurie, toi et moi, dit le géant à côté de moi comme si c'était évident.

Ah non, il ne va pas commencer à me traiter comme une imbécile! Je sais ce que veut dire surnaturel!

- Je veux dire, nous avons un pouvoir spécial, pas un don?

- Idiote, dit Tchad en grognant tout en me prenant le menton (c'est une habitude chez lui ou quoi!) pour que je le regarde. Un don ou un pouvoir, c'est pareil.

Finalement, j'ai encore dit un truc stupide...

- Alors, c'est la même chose que quand on dit que quelqu'un a un don pour parler ou un don pour mettre les gens à l'aise?

Je veux absolument voir ça réaction!

- Mais non, andouille, dit Tchad en me lâchant et en levant les yeux au ciel. Pas dans ce sens-là. Nous pouvons faire des choses que de simples humains ne peuvent pas faire, nous sommes des surnaturels, mieux que tout ce qui est naturellement naturel.

- Ah... d'accord, dis-je avec perplexité en me demandant en quoi il est mieux que n'importe qui d'autre.

Il n'ait certainement pas mieux que moi, en tout cas!

- Hmm, fait Sophia pour attirer notre attention.

Elle se lève, la rendant presque au centre de notre petit groupe. Doucement, Sophia ferme les yeux et tend ses mains devant elle, paume vers le plafond gras et jauni. Ses mains commencent à briller d'une lueur rouge ainsi que le petit tatou de flammèche à l'effet de vitre brisée sur son poignet. Des flammes rouge-orangé tournoient au-dessus de ses paumes aux doigts écartés. Le feu est de la même couleur que ses yeux lorsqu'elle les ouvrait.

- Wouah, me suis-je exclamée en tapant frénétiquement dans mes mains alors que Sophia se rassit avec un petit sourire timide. C'est incroyable!

Jack et Laurie hochent la tête avec une lueur dans les yeux.

- Et toi Jack, lui demande maladroitement Laurie en jouant avec une mèche de ses cheveux roux. Il me semble que tu pouvais faire quelque chose.

Tchad lève un sourcil et regarde Laurie et Jack tour à tour alors qu'un message secret semble passé des yeux de l'un aux yeux de l'autre.

Jack se lève et s'éloigne de nous. Il sort un drôle de crayon tactile noir et trace quelque chose dans l'air devant lui. Sur son bras, son tatouage, un minuscule chapeau de sorcier entouré d'une sorte de rune, prend une teinte blanche et lumineuse. Les étranges lignes noires s'entre-mêlent pour former quelque chose qui ressemblait à une autre rune. Il range son crayon et chuchote quelque chose qui doit être du latin ou une autre langue ancienne. Le dessin s'illumine d'une lumière blanche, puis Jack et le symbole disparait. Je sursaute de surprise et regarde dans la pièce en le cherchant des yeux. Il n'est nulle part, comme s'il n'existait plus, comme s'il n'avait jamais été là. Quelques minutes plus tard, il réapparaît, assit à sa place, à côté de Laurie et Sophia. Elles sursautent à leur tour.

- Je n'ai pas appris beaucoup de chose depuis que mon père a disparu avec votre mère, dit Jack à Tchad et Laurie.

Je le regarde et m'apprête à leur demander comment ils sont arrivés ici, chose que j'ai tait malgré ma curiosité, mais je dis plutôt en souriant :

- Ne t'inquiète pas, je ne sais pas gérer le mien.

- Toi, ça ne m'étonne pas, réplique Tchad avec un sourire mesquin. Stupide comme tu es.

Je lui lance un regard noir en le mitraillant enfin de coup et en le traitant de méchant. Mon peu de force le fait rire. Inconsciemment, des larmes me montaient aux yeux devant sa moquerie. J'arrête de le frapper et me cache le visage avec mes bras, le front sur les genoux.

Mais qu'est-ce qui me prend de bouder comme ça! Ce n'est pourtant pas mon genre d'être aussi bébé!

- Arrête de faire semblant, grogne Tchad en essayant de voir mon visage. Tu ne fais pas pitié d'être aussi faible physiquement et mentalement.

Je gémis au moment où il réussit à voir mon visage baigné de larme. Tchad se fige et les autres semblent mal à l'aise, n'étant pas habituer de me voir pleurnicher, mais plutôt à répliquer.

- D...désolé, balbutie Tchad en grimaçant, surpris de voir à quel point cette minuscule attaque à ma personne m'avait ébranlée.

Il approche mes mains à ses lèvres et les embrassent doucement, comme s'il cherchait à se faire pardonner. Je sursaute et reprends d'un geste vif mes mains, rougissant, le cœur battant un peu trop vite pour être normal.

Les autres le regardent, surpris par sa soudaine douceur envers moi. Ce n'est pas dans ces habitudes d'être aussi... agréable, délicat et soucieux de moi. D'ailleurs, que ce soit devant les autres ou moi, il n'a jamais montré une expression aussi... piteuse.

Tchad lève des yeux tristes vers moi et essuie les larmes qui restent sur mes joues rouges.

- Bon, dit-il d'une voix ennuyée en regardant les autres, reprenant son visage trop sérieux. Nous avons un plan à échafauder.

† † †

Après trois jours et deux heures de réflexion discrète, nous décidons de partir le soir même. C'est à cause de Tchad que cela nous à pris autant de temps, car il n'était pas sûr de me croire. Enfin, c'est ce qu'il a dit, mais il a vu les cadavres autant que moi. Je crois qu'en fait, il voulait simplement m'énerver pour rattraper sa gaffe de douceur à mon égard.

Nous avons décidé de passer par la fenêtre de la chambre de Jack, étant la plus près de la forêt environnante. Jack et Sophia sont déjà sorties dehors (avec l'aide de Tchad, puisque les fenêtres sont trop hautes pour nous) pour attraper nos sacs. Laurie (et je ne sais pas comment) reste assise dans l'embrasure de la fenêtre pour pouvoir passer les sacs que Tchad lui donne.

Il doit être environ deux heures du matin quand nous commençons à traverser la forêt à côté de Stomberg House. Nous pouvons y entendre la mer même si la plage se trouve de l'autre côté.

Jack est en tête, suivit de près par Sophia et Laurie. Tchad ferme la marche et me pousse à avancer plus vite, grognant dans mon dos d'une voix dédaigneuse, comme quand il a dû me passer par la fenêtre. Or, nous le savons tous avec évidence, je n'ai pas ses longues jambes. Je fais trois pas alors qu'il en fait qu'un. C'est très frustrant pour ma petite personne.

Non, ma belle! Ma beauté magistrale! Tu n'es pas une naine! Simplement une personne de petite taille!

- Continuez, dit soudainement Tchad après environ une heure de marche. Je reviens tout de suite.

Il renifle l'air d'une drôle de manière en observant autour de lui.

- Non, dit Jack en se retournant. Je pense que nous sommes mieux de prendre une pause.

- Ouais, renchérit Laurie avec un doux sourire en jouant dans ses cheveux. Je suis sûr que Sophia et Angélique sont crevées.

Je hausse les épaules, alors que Sophia se dirige vers une souche morte pour s'asseoir dessus. Un vent fort fait bruisser les feuilles des arbres et je me remercie d'avoir mis ma veste en jean noir. Malheureusement, comme l'idiote que je suis, j'avais mis un short de sport noir. Sophia a une petite veste mauve (qui, soit dit en passant, lui va très bien) un jean bleu clair et un sac à dos de Star Wars, Yoda en gros plan. Jack et Laurie portent tous les deux une veste rouge, des pantalons noirs et des sacs à dos gris, comme s'ils s'étaient passer le mot pour s'habiller.

Tchad, lui, porte une veste de motard sous laquelle on pouvait voir son t-shirt vert militaire qui lui moule le torse. Son jean noir lui va très bien... trop bien à mon goût. Cette simple pensé m'agace et je me retiens difficilement de débattre avec ma propre personne. Le sac de Tchad est de la même couleur que son t-shirt et est trop stylé, ce qui m'emmène sur d'autres pensés agaçantes, mais irrésistible à son sujet. Celui-ci disparait dans l'obscurité en laissant son sac et le sac de nourriture à côté de moi.

- On va manger un petit quelque chose en même temps, dit Jack en nous souriant tout en faisant un geste vers le sac large et noir à côté de moi.

Heureusement pour nous, Tchad avait emporté des provisions : des pommes, des barres, un sac de noix et des bouteilles d'eau.

Jack demande à Laurie d'aller chercher du bois pour que nous puissions faire un feu avec le pouvoir de Sophia. Je lui propose de l'aider et elle accepte volontiers en me taquinent gentiment par rapport à mon peu de force et ma petite taille. Malgré le fait qu'elle n'a que treize ans, elle paraît plus vieille que moi avec son gabarit mince et élancé.

D'un côté, ça m'agace, mais de l'autre, Laurie est tellement une fille douce que je ne peux pas lui en vouloir.

- Laurie?

- Oui, dit-elle alors que nous prenons des branches rabougries.

- Je peux te poser une question?

- Tu viens de le faire, me taquine-t-elle pour la deuxième fois en souriant. Mais vas-y.

Je secoue la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Quel est ton don?

Elle eut un grand sourire en entendant ma question.

- Les gens comme moi, on les appelle les Draco Terra, qui veut dire dragon de terre en latin. Ma mère est une Draco Terra et mon père était un simple humain.

Elle eut un regard triste en parlant de son père. À en croire son expression, il devait soit avoir divorcer de sa mère... soit mort... Des sourires mal à l'aise se dessinent sur nos visages alors que nous marchons vers notre campement artificiel. Après un moment, Laurie dépose ses bouts de bois au sol et détache sa veste, puis me montre un tatouage sur son ventre. C'est une petite fleur en train d'éclore. Elle rattache en vitesse sa veste alors que le vent froid se lève de nouveau.

- Alors, ai-je repris en hésitant. Tchad est aussi un... Draco Terra?

Elle reprend le bois avant de marcher de nouveau sur le petit chemin terreux et broussailleux.

- Non, dit Laurie en secouant la tête alors que je la regarde sans comprendre. Les gens comme Tchad ont des améliorations sensorielles... et physique aussi... d'une certaine manière. Tout ce que ma mère m'a dit sur son espèce, c'est qu'ils sont très puissants et qu'on les appelle les métamorphes ou les porteurs de peau, parce qu'ils peuvent prendre l'apparence de n'importe quel animale... enfin, les plus puissants de leur race. Les plus forts de tous les surnaturels se sont les Talpa. Ça veut dire caméléon en latin. Ils peuvent copier le pouvoir de n'importe quel surnaturel. Ils sont très rares. À ma connaissance, il y en a un tous les dix ou vingt ans dans le monde, du moins, c'est ce qu'on croit, puisqu'ils se cachent toujours sous la forme d'un autre surnaturel.

- Wouah, ils doivent être vraiment fort et avoir une mentalité d'acier.

Ce n'est clairement pas ce que je pourrais être.

Laurie hoche la tête avec une lueur dans ses yeux gris-vert. Un doux silence nous entoure pendant quelques minutes.

- Donc... Tchad n'est pas ton vrai frère.

- Non, dit-elle en soupirant, ce qui, pendant un instant, me brise le cœur. Ma mère m'a dit qu'elle l'avait trouvé devant la porte de notre maison. Il avait à ce moment-là seulement cinq ans alors que j'en avais deux. Tu aurais dû voir à quel point il était maigre et sale...

Mon dieu! Pauvre chou! Je n'imaginais pas qu'il avait vécu quelque chose comme ça!

- Je le considère qu'en même comme mon vrai frère, repris Laurie après un court silence. Lui et Jack ont toujours pris soin de moi.

Laurie eu un doux sourire à cette pensé.

Nous rejoignons les autres dans un silence paisible et triste. Quand nous arrivons, Tchad n'est toujours pas revenu. Un peu inquiète malgré moi, à la suite de la révélation de Laurie, je dis aux autres que je vais le chercher. Ils ne proposent pas de m'aider et je ne le demande pas non plus.

Je suis mon instinct, même s'il n'est pas toujours très efficace, tentant de voir à travers la pénombre. Le vent souffle dans les arbres, faisant bruisser les feuilles. Un frisson me parcourt alors que je me demande si je n'avais pas dû demander à Ariane de surveiller nos arrières.

Mes pas craquent sous les vieilles branches et l'obscurité me déstabilise alors que les branches basses des petits arbres me griffent les joues et me tiraient les cheveux.

Les entrailles nouées à cause de l'ambiance inquiétante, je regarde partout dans l'espoir de trouver rapidement Tchad. À quelques reprises, je trébuche sur de grosses racines qui me semblent sortir de nulle part, alors qu'à d'autres moments, des branches me fouettent le visage sans aucune pitié, presque comme si ceux-ci avaient une conscience d'humain sadique.

- Tchad !

Quelques minutes de marche plus loin, j'entends un bruit... et plus je me rapproche, plus le son me fait penser à une lamentation. Quelque chose grogne, un bruit de pas de course, puis plus rien.

- Tchad, ai-je de nouveau demandé. C'est toi?

Un autre grognement m'arrête net. Est-il en train de se transformer? Si oui, que dois-je faire?

Que dois-je faire!

Je m'avance encore à l'aveuglette, bien que le soleil commence à se lever.

Quelque chose fend l'air et me rentre dans l'épaule dans un couinement visqueux et douloureux. C'est une fléchette tranquillisante, comme celle qu'on envoie sur des animaux sauvage ou enragés. Je l'arrache de mon épaule en grimacent alors qu'un liquide chaud coule le long de mon bras et mouillait ma manche.

Un rugissement retentit et quelque chose me cloue sauvagement au sol dans vitesse folle, tel un prédateur attrapant sa proie. Je n'ai même pas eu le temps de cligner des yeux que la chose m'écrase de tout son poids. J'essaie de me débattre, mais mon adversaire est dix fois plus fort que moi et avec mon bras qui s'engourdit, je n'ai aucune chance d'avoir le dessus. Attrapant la main de celui-ci, je me mets à le mordre le plus fort que je le peux.

- Chut... calme toi, arrête de gigoter et de me mordre, dit une voix roque et familière près de mon oreille.

Surprise, je lâchais prise sur sa main avec une honte grandissante.

- Tch...Tchad?

- Tais-toi, souffle-t-il doucement en m'observant de ses yeux lumineux et luisant, comme ceux d'un chat dans le noir. Ils savent à peu près où nous sommes.

Ils savent où nous sommes? Qui sait où nous sommes?

- Qui ça, ils?

- Le docteur Chips et sa bande de faux scientifique, imbécile, chuchote Tchad en éloignant un peu son corps du mien, dressant l'oreille. Maintenant, tais-toi.

- Mais je...

Il met un doit sur mes lèvres et me fait signe de rester en silence. Tchad se lève à moitié et se déplace pour ne plus m'écraser. Accroupit, il regarde aux alentours en reniflant l'air et en écoutant le moindre bruit, tel une bête qui se fit uniquement à ses sens aiguisés. Ses oreilles bougent drôlement et, le voyant ainsi, un rire me monte à la bouche alors que je m'accroupis à côté de lui. Je réussis tant bien que mal à le retenir. Il me foudroie du regard, comme s'il savait, puis pointe en avant de nous, sans doute pour me dire que les voix qu'on entend au loin viennent de cette direction. Pour ne pas faire de bruit, je décide de le contempler pour la millième fois depuis que nous nous sommes rencontrés.

Tchad est le genre de gars que personne ne cherche à se mettre à dos.

Bon... je n'ai pas aidé ma cause en le mordant comme une enragée...

Il se retourne vers moi et me surprends à le regarder. Il fronce les sourcils alors que je rougis en regardant mes pieds tout en serrant mes bras autour de mes jambes.

Mes yeux papillonnent et je sens que la fléchette commence à faire effet. Mon cerveau s'embrume lentement, comme si j'allais sombrer, d'une minute à l'autre, dans un profond sommeil. Tchad articule quelque chose en silence et je ne réussis pas à lire sur ses lèvres. Il me tire pour me lever et part à courir tel le plus rapide des fauves. J'essaie de le suivre, mais mon jogging ressemble plus à une personne droguer qu'à quelqu'un de lucide.

Mon pied se prend dans une racine et je tombe par terre comme une buche, cette fois-ci, pour de bon. Ma vision s'embrouille comme si je voyais à travers une vitre opaque, brumeuse et sale. L'humidité de la forêt et la fraicheur du matin me donnent le tournis et une envie de vomir titille mes sens. Des sueurs froides me parcourt le corps alors que le vent glacial souffle sur la peau nue de mes jambes.

Les voix se rapprochent dangereusement et j'essaie de bouger, en vain. Mon corps s'alourdit, alors que mes muscles me semblent plus mous que de la guimauve fondue. La noirceur me rattrape lentement, me poussant dans les bras de Morphée sans que je puisse résister. Tchad ne prendra pas la peine de revenir sur ses pas. Il me laissera à mon sort et je serai prise par ceux que nous voulons à tout prix échapper.

Il me laissera seule...

- Qu'est-ce que tu fais, crie une voix masculine. Lève-toi, idiote!

Entendre sa voix si près de moi fait battre mon cœur. N'aurait-il pas été mieux qu'il m'abandonne à mon sort. Il me déteste, de toute façon. Pourquoi est-il revenu?

- Tch... Tchad, ai-je marmonné d'une voix faible et pâteuse. Je...

- Tais-toi, andouille!

Il me prend dans ses bras avec une facilité presque effrayante, comme si j'étais encore plus légère qu'une plume alors que je me sens lourde.

Terriblement lourde...

- Ils sont là-bas, crie quelqu'un, pas aussi loin que je le croyais, dans notre dos. Attrapez-les!

Tchad jure tout bas et se met à courir aussi rapidement que s'il ne m'avait pas. Il fait assez claire pour qu'ils nous distinguent entre les arbres, mais pas assez pour qu'ils nous rattrapent rapidement... surtout que Tchad court comme un dingue. Après peut-être seulement cinq minutes, nous arrivons au faux campement. Ils semblent tous assis calmement à côté du petit feu, mais je n'aurais pas su le dire avec précision.

En nous entendant arriver, les trois se lèvent debout.

- Prenez vos sacs, on repart tout de suite, grogne Tchad en me passant sans aucune douceur sur son épaule, comme si je n'étais pas mieux que son sac.

- Qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce qu'elle a, demande Jack en s'approchant de nous avec empressement. Et ta main?

- Pas le temps d'expliquer, dit Tchad en prenant son sac même s'il me porte encore. Jack, prend le sac de provision. Laurie, emmène celui d'Angélique.

- Oui chef, dit celle-ci d'un ton trop enthousiaste en faisant le salut militaire, copiant Ariane alors que ce n'est pas du tout le bon moment pour plaisanter.

Tchad fronce les sourcils puis lève les yeux au ciel quand Laurie lui sourit. Quelques minutes plus tard, alors qu'ils marchent rapidement vers je ne sais pas où, je plonge dans un sommeil sans rêve.

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