Chapitre 5
Chaque jour est un enfer et les regards de Tchad de plus en plus évident. Il me déteste au point de me torturer mentalement.
Horrible! Ce type est horrible! Mais... tellement beau...
Ce qu'il doit aimer par-dessus tout, s'est de passer très près de moi et de me regarder de haut...
Ce n'est pas juste! Pourquoi je dois me sentir horriblement minuscule à côté de lui! C'est à s'imaginer qu'il a des gènes de géant! À moins que... ce soit moi qui... non non non! Tu es parfaite de toute part! Tu n'es pas une naine! C'est lui qui, de son un mètre quatre-vingt-deux, est un géant!
Ne te voile pas la face, ma vieille... il a une taille tout à fait banale... c'est toi qui es un petit pois à côté d'une carotte.
Halala! Pourquoi la carotte revient dans mon esprit! J'ai accepté que c'était ma faute, bon! Est-ce que je peux passer à autre chose!
Et le pire, à chaque fois que je le vois, mon cœur dit quelque chose (genre oh mon dieu! Ce type est trop beau!) et ma tête une autre (genre mais à quoi tu penses, grosse nouille! Vous êtes ennemis depuis la catastrophe de la carotte!).
Horreur!
Je sais, je sais... faut que j'en revienne à un moment donner...
Nous savons tous, la tête essaie continuellement (c'est exaspérant) de résonner le cœur. Malheureusement à chaque fois, mon cerveau bloque sur des absurdités. Et comme une idiote, je bave presque lorsque je le vois. Mon corps bourdonne d'envie de l'approcher de me coller à se corps solide et protecteur... mais... son attitude envers moi m'empêche de faire des idioties.
Heureusement!
En plus, je viens à peine de sortir d'une relation que déjà mon cœur en fait une tonne!
Je suis malade ou quoi! J'ai de la fièvre! Je vais mourir ici! Dans la crasse, dans la tristesse et dans des rêveries luxuriantes! Sans avoir pu vivre une vie pleine d'aventure et d'amour!
Personne ne m'aime! Je vais mourir dans une folie sombre!
Ce n'est pas une raison de devenir une imbécile!
Je n'aurais jamais pensé que je ne mourais pas de ma main...
Je sais! Je suis exaspérante! Mais je n'y peux rien! C'est un endroit de détraqué ici!
Et c'est comme ça que près d'un mois plus tard (et avec toutes les mêmes pensées complètement marteau), je suis toujours coincé à Stomberg House...
Cet endroit, c'est l'ennuie total... même pas un brin de réso dont je puisse accéder. Pas le choix d'utiliser le vieil ordinateur dans le salon qui pue la mousse décomposée, le vomi et une odeur que je n'arrive même pas à définir tellement ça sent mauvais...
Et puisqu'on ne me laisse pas sortir, c'est encore pire. Les superviseurs disent que c'est trop dangereux.
Pour qui?
Pour moi?
Mon œil!
Ils veulent simplement me laisser enfermer ici jusqu'à ce que je crève d'ennuis!
J'avais déjà essayé de m'échapper, une fois, mais la porte était barrée. Et ce qui est frustrant, c'est que ce n'est pas une porte à serrure, mais une avec un code. Et il semblerait que ce soit pareil de l'extérieur que de l'intérieur. Un peu comme si c'était pour empêcher les gens d'entrer autant que dans sortir.
Le pire, c'est que, une fille parfaite comme moi n'a aucune chance de découvre un code complexe de dix chiffres et ou de lettres! J'ai le cerveau au ralenti, c'est dernier jour!
Mais bon... ma routine est tout de même assez simple (simple, dans le genre d'extrêmement ennuyante). Le matin, je dois aller voir le docteur Chips, le seul de cet endroit. Et en plus, il est aussi bizarre et peu rassurant que tous les adultes de cette place maudite.
Je dois le rencontrer avant de déjeuner... ce qui est vraiment agacent pour mon estomac...
Cependant, ce n'est pas l'unique raison. C'est aussi parce que c'est un vieux monsieur amorphe qui semble trop prendre plaisir à nous droguer avec des pilules douteuses. Soit dit en passant, il ne m'a même pas passer de test sanguins et tout et tout. Il m'a prescrit une pilule que je dois prendre le matin, en mangeant. Et il dit que ça va m'aider, sans aucune autre explication.
M'aider à quoi?
À vomir!
Ou à mourir, oui!
Vous savez, c'est le genre de vieil homme que tu éviterais de croiser même dans la rue.
Exactement ce qu'il est... la frousse totale.
Ensuite, après m'être nourrie comme "un gros porc", je devais aller dans une salle spécialement pour étudier.
Non mais! Ils ont l'intention de nous transformer en machine de guerre hyper performant! La première fois que je suis allée dans cette salle, j'avais l'impression que Julien parlait une langue extraterrestre!
Donc, intelligente comme je suis, je me disais toujours « Plutôt vomir que de mourir d'ennuie. » Et quoi de mieux que de trop manger pour tout recracher... ou avoir un teint malade et avoir des douleurs à l'estomac.
C'est clair que je passe de plus en plus pour une idiote devant Tchad et les autres...
Non! Je m'en fiche!
Enfin... juste un peu...
Il est quinze heures et demie... je suis dans "ma chambre" en train d'écrire tout et n'importe quoi pour que je ne devienne pas trop folle à force de rester ici... même s'ils me croient déjà folle.
Évidemment idiote! Si tu n'es pas folle pour de vrai, pourquoi vivrais-tu avec des cinglés!
Ah! Je m'exaspère moi-même.
En plus, faut dire qu'avec l'odeur désagréable qui entre dans vos narines au point de vous asphyxiez, on peut facilement se faire vomir. C'est le genre de mélange de mur humide et de vieux crouton. Une odeur de moisissures et de pipi de mouffette. À croire qu'ils ne mettent jamais de détergent ou de sens bon dans les pièces. Ça sent tellement mauvais que même la faucheuse sentirait bon comparer à l'endroit.
Bon... ce n'est pas comme si je la connaissais personnellement... je vois juste où elle va passer et qui elle va emporter...
Les murs ici sont tous d'un jaune verdâtre, sauf ma chambre... et s'en doute les autres aussi... et les taches de moisissure sont inévitablement visible. Tout ici parait crasseux et vieux, sauf la cuisine qui a dû être changé il y a quelques années.
Je ne comprends même pas comment le bâtiment tient encore debout...
- Salut, dit Laurie en entrant dans ma chambre, suivie de Sophia et Ariane. Qu'est-ce que tu fais?
Je lève les yeux vers elles en me crispant.
Est-ce qu'elles aussi sont folles? Elles ont l'air pourtant tellement sereine et bien dans leur peau...
Tout le contraire de moi...
- J'écris pour ne pas devenir cinglé, dis-je avec hésitation, mais elles se contentent de se rapprocher de moi. La plupart du temps... des petites pièces de théâtre ou des chansons... chanter m'aide aussi... et quelqu'un m'a déjà dit que j'avais une belle voix.
Je leur fais un petit sourire mal à l'aise, mais elles me sourient aussi. Malgré la distance que j'ai instaurée entre nous, elles ne semblaient pas le moins du monde me juger, ce qui me fait les apprécier malgré moi.
Elles peuvent facilement remplacer mes ancienne amies. C'est triste, parce qu'à chaque fois, je me dis la même chose.
De ce que j'ai pu constater en les observant de loin, Ariane est toujours enjouée et plaisante presque toute le temps. Laurie est douce et sage... un peu autoritaire parfois, surtout avec Ariane quand elle commence à trop délirer dans ses plaisanteries. La petite Sophia est un peu des deux. Elle sait quand elle peut plaisanter et quand quelque chose doit être pris au sérieux. Elle a le rire facile aussi et sa bonne humeur est toujours contagieuse. Je dis ça , car rien qu'en la regardant rire, je souris sans le vouloir.
Je souris en me sentant soudainement et étrangement réconforter à leur simple présence.
D'un coup, mais yeux se voilent et tout devient noir autour de moi, comme si je tombais dans un puit sans fond, sans pouvoir m'agripper quelque part. Je chute encore et encore... puis... je vois, dans ce tourbillon d'un noir d'encre, Ariane... couchée... sur... sur une grande table blanche et sale... des tonnes de fils rouges dans le corps... des gens aux visages mornes et sombres en blouse blanche l'observent d'un regard sans vie... alors que c'est Ariane qui ne bouge plus... qui ne respire plus... qui ne vit plus. Ses cheveux vont dans tous les sens. Sa peau grisâtre semble glacé. Son corps est taché de sang... et de sang... et...
- Angélique, Angélique, crient plusieurs fois des voix qui me semblent aussi loin qu'elles sont proches.
Un éco assourdissant qui rebondit dans mon crâne et repart sans que celui-ci l'enregistre vraiment.
Ariane me secoue sans douceur, me faisant balloter comme une poupée de chiffon... me permettant au moins de revenir peu à peu à moi.
- Qu...qu'est-ce que...
Les filles me regardent avec une mine inquiète. En me rappelant ma vision, je faillis éclater en sanglot.
Pourtant, je ne vois pas l'épée de Damoclès au-dessus de la tête d'Ariane... alors que, normalement, elle devrait y être.
- Tu t'es évanouie et tu es tombée de ton lit, dit Laurie avec une expression soucieuse alors qu'elle est accroupie à côté d'Ariane.
Les larmes me montent aux yeux et la peur me noue le ventre. Je ne veux pas leur raconter! Je ne veux pas qu'elles me craignent! Mais... mais... si ce que j'ai vu arrive...
- Tu es malade ou quoi, a écrit Sophia en grosse majuscule avec plein de point d'exclamation.
Je secoue la tête en essayant de reprendre mon souffle qui s'était entrecouper. Mon corps tremble et des frissons s'emparent de moi alors que je repasse l'horrible scène dans ma tête. Sophia vient derrière moi et me frotte le dos après m'avoir aidé à m'asseoir.
- Je... je dois regarder quelque chose, ai-je marmonné en me levant d'un bon tout en essuyant vivement les larmes qui avaient coulé sur mes joues.
- Doucement, s'exclame Ariane qui, pour une fois, a une expression trop sérieuse pour sa personnalité extravertie.
- Elle a raison, ajoute Laurie d'une voix douce. Tu devrais t'allonger quelques minutes.
Sophia secoue la tête et me pousse doucement pour que je m'allonge sur mon lit. Je voulu protester, mais Laurie me lance un regard éloquent. Si je bouge de là, elle me passera un savon digne d'une mère poule.
- Les filles, crit au loin Mme Desjardins. Venez ici.
Parfait. C'est justement ce qu'il me faut pour que leurs yeux de lynx me lâchent un peu.
- A...allez-y...
Elles me lancent toutes un regard qui en disait long, puis sortent d'un pas trainant, se doutant pourquoi Mme Desjardins les appelle. Des corvées ennuyantes.
Depuis l'incident dans la cuisine, on me dit de laver les vêtements et... c'est tout...
Encore là, je ne savais même pas comment faire avant que Sophia me montre. Je me sens vraiment honteuse de ne rien connaitre des tâches ménagères. J'ai été grandement chouchouter par maman, Jeanne et Lucian (mon père ne compte pas vraiment...).
J'attends quelques minutes, le temps qu'elles soient assez loin. N'entendant plus leur pas sur les planches grinçantes, moisies et à moitié manger par des bibittes, je me lève en vitesse en ignorant mes étourdissements. Ils me font presque trébucher en plus d'une planche molle.
Je sors de la pièce même si mon corps et ma tête protestent. En essayant de marcher le plus discrètement possible, je passe devant le couloir interdit. Il mène seulement à deux ou trois portes de ce que je peux voir d'où je suis.
Je me dirige ensuite vers le salon, un peu plus loin, où se trouve le seul ordinateur utilisable... une version qui semble vieille de mille ans. Le code d'accès est écrit sur un bout de papier rose et posé à côté du petit écran aussi gros que les deux mains de Tchad. Bon, je dis ça, mais je n'ai pas testé. Je me fis à mes deux yeux.
J'entre le mot de passe et ouvre Firefox. Dans la barre de recherche, j'écris le nom de mon école et « mort d'une petite fille de cinq ans » ... aucun résultat n'apparait...
Je fronce les sourcils, puis mon ventre se tord.
Non non non! Je ne peux pas être réellement folle!
- Si personne ne sait ce qui s'est passé... alors... alors... soit c'est mon imagination, soit ses nanas se sont débarrassées de son corps, ai-je murmuré pour moi-même en voulant que ce soit cette vérité et pas une autre.
En y repensant, je frissonne d'horreur.
Je cherche alors l'école en 1984 et les photos des finissant. Je me fige sur place, ouvre la bouche et la referme comme si j'étais un poisson.
Elles sont là.
Devant moi.
Les photos des trois véritables démentes.
A... alors... elles... elles existaient belle et bien.
J'en eu la chair de poule.
Je ne suis pas folle! Je ne suis pas folle!
Je me fige tout de même, puis me mords la lèvre.
Je doutais de ma vérité alors que, depuis toujours, j'ai des visions de ce genre. Donc il y a un truc qui cloche avec les pilules que le docteur Chips me force à avaler. Je croyais qu'ingurgiter toutes ses pastilles médicaux servaient justement à garder mes visions loin de mon cerveau qui n'y comprend rien de rien...
Est-ce que son seul but est de me droguer? Mais que ces pilules n'ont aucun effet apparent?
Et si... c'était elles qui donnent la folie? Un frisson de dégoût me traverse et je tente d'oublier cette sensation désagréable.
Je pousse un soupir en m'imaginant le plaisir mental de ne plus avoir ce genre de problème à penser. D'avoir comme seul souci le genre de vêtement que je devrais porter à la prochaine soirée, ou encore au garçon qui me fait craquer. Oh oui. Surtout les garçons mignons. Nous plaisanterons comme des adolescents imbéciles qui rigolent à des conneries pas drôles. Ou encore nous ferons la fête en nous soûlant comme des dingues. Ou nous ferons plein de...
- Qu'est-ce que tu fais ici, dit une voix grave, me tirant de mes pensées fantaisistes sur les mecs craquants.
- Wouah, me suis-je exclamée en sursautant, mettant mes mains sur ma bouche.
Je me retourne rapidement et mon nez cogne celui de Tchad.
Mon dieu! Il est trop près!
Je rougis en me retournant vers l'écran d'un geste vif.
Bon sang de bon sang! Mais d'où il sort!
- J...je ne t'ai même pas entendu arriver, ai-je marmonné en gigotant sur ma chaise comme une grosse niaiseuse. Qu'est-ce que tu veux?
Il reste là un moment et je sens son souffle chaud sur ma joue. Je me retiens de tourner de nouveau mon visage vers lui alors qu'un frisson se propage dans tout mon corps.
- Rien, grogne-il en se redressant enfin, me permettant de respirer alors que je ne m'étais même pas aperçu que je retenais mon souffle. Je me demandais ce que tu faisais puisque les filles sont avec Desjardins.
- Ce n'est pas rien alors, me suis-je exclamée en me levant d'un bon pour lui faire face... bien que je lui arrive à peine à l'épaule.
Ouh lala! Je suis si minuscule!
- Ouais et, dit-il d'un ton arrogant. Je voulais voir jusqu'où allait ta stupidité.
Quoi! Il a vraiment un problème ce type!
- Tu m'énerves, ai-je marmonné en levant les yeux au ciel.
- Ah oui, je suis bien contant de l'apprendre, dit Tchad alors qu'un sourire mesquin se dessine sur son visage. De toute manière, nous sommes ici parce qu'ils pensent que nous avons des problèmes dans la tête, du moins, c'est ce qu'ils veulent nous faire croire, je sais que...
- T'as plutôt un problème de personnalité toi, ai-je grogné en reculant d'un pas alors qu'il me foudroie de son regard sauvage et intensément vert.
Tchad penche légèrement sa tête sur le côté en me dévisageant, tel un chien qui attend quelque chose. Son regard est si vif que j'en ai des frissons. Je regarde mes pieds en gigotant comme une idiote tout en mordillant ma lèvre inférieure. Il prend mon menton dans sa main gauche et me fait relever la tête d'un geste sans douceur. Je serre mes lèvres pour qu'il ne les voit pas trembler.
Comment ce type arrive-t-il à m'attirer autant qu'à m'effrayer! Qu'est-ce que je raconte! Moi! Peur de quelqu'un! Pff! Même pas en rêve! Et attirer par ce gros tas de brute! Encore pire que mes cauchemars!
Bon... j'exagère... mais juste un mini peu, hein.
- Donc, dit-il, attendant visiblement que je dise quelque chose.
Sa voix grave fait vibrer mon corps en entier. Mon cœur commence à battre étrangement vite et le rouge me monte aux joues quand je réalise que je fixe ses lèvres charnues. J'ai chaud et froid en même temps, comme si je me trouvais dehors un jour d'été extrêmement chaud, puis la seconde d'après, en hivers, en simple t-shirt.
Quel agréable et désagréable sensation à la fois!
- Qu... quoi, dis-je d'une petite voix tremblante, qui m'agace moi-même.
Andouille! Idiote! Arrête de bégayer devant lui!
- Tu vois des choses ou tu es folle.
Il fait un signe de tête vers l'écran toujours ouvert et je tape sa main pour fermer l'ordinateur avec empressement.
Pourquoi je devrais me confier à un type qui aime me ridiculiser!
- Je... je ne te dirais rien, me suis-je exclamée en évitant de le regarder dans une tentative de boudage ridicule.
Je croise les bras et le regarde du coin de l'œil. Il lève un sourcil comme s'il était intrigué, mais les froncent rapidement.
- Fait ce que tu veux, c'est ta vie. Ça n'a rien à voir avec moi.
Ces paroles dites avec tant de froideur me laissent complètement dépourvu de réplique.
Tchad se tourne et marche d'un pas silencieux vers la porte alors que je reste bouche bée en le regardant s'éloigner, clignant des paupières dix millions de fois comme si j'avais de la poussière dans les yeux. Je secoue la tête tout en regardant le plancher pourrie où il a marché.
C'est vraiment curieux... il doit peser deux ou trois fois mon poids et il ne fait aucun bruit alors que moi... les planches crient grâce à chacun de mes pas. Même que parfois, je fais des trous. Je fronce les sourcils en chassant les idées étranges qui envahissent mon esprit.
Et... de qui parlait-il en disant "ils"... Mme Desjardins et toute la bande? Sûrement. Je ne vois pas qui d'autre...
Je sors du salon avec la même perplexité agaçante, essayant de résoudre quelque chose d'impossible pour mon cerveau.
† † †
Je suis couché dans mon lit bien sagement, comme un enfant qui écoute ses parents et qui se couche tôt (ce qui n'a jamais été mon cas, vu tous les cauchemars que je faisais et qui m'empêchaient de dormir), rêvant de soirées relaxes et de beaux garçons... quand soudainement, je me réveille en sursaut, tombant presque du lit riquiqui, même pour ma minuscule personne.
Il est minuit passé et des cries résonnent dans tout Stomberg House. Mon cœur bat à tout rompre et mon souffle s'accélère d'un seul coup, comme si ma conscience se doute déjà de ce qui se passe. Je ressens des picotements dans tout mon corps et une sensation désagréable me pousse à me lever et aller voir ce qui m'a réveillé avec angoisse.
Je sors dans le couloir d'un pas tremblant tout en serrant les poings et les lèvres. Ariane fait une étrange crise pendant que les deux directrices la maintenant fermement, l'une par les bras, l'autre par les jambes. Les yeux de celle-ci brillent étrangement dans l'obscurité, tel deux lumières bleues fluorescentes. Ses cheveux semblent flotter autour de son visage, comme s'il y avait du vent alors qu'il n'y a aucune fenêtre à proximité.
Le sol mouillé et glissant est glacé sous mes pieds nus. Je vois mon souffle à chacune de mes respirations et constate que les murs autour de la chambre d'Ariane, à quelques pas de la mienne, sont givrés, comme si un géant flocon s'était posé contre celle-ci. La porte pend lamentablement sur le côté, comme si on l'avait défoncé, mais je vois bien que les rouages qui maintiennent la porte en place sont mangé par une rouille qui n'était même pas là, hier soir, au moment d'aller nous coucher.
- Qu'est-ce qu'y se passe encore, marmonne Laurie en sortant de sa chambre (à côté de la mienne), les cheveux tout emmêlés comme une boule de laine gonflée.
Elle se fige en voyant le couloir gelé, puis son regard se fait d'une profonde inquiétude. Sophia sort de la sienne au même moment en grognant comme un petit animal sauvage. Je cligne des yeux en me disant que je ne la reconnais même pas tant elle semble dégager une chaleur suffocante.
Tchad et Jack arrivent à leurs tours, vu que leur chambre se situe à l'autre bout du couloir en forme de T. Le premier se passe une main dans ses cheveux comme s'il était exaspéré. Le second se frotte les yeux en murmurant je ne sais pas quoi.
Les deux directrices entraînent Ariane quelque part dans le bâtiment alors que celle-ci continue à se débattre comme une déchaînée... presque comme si elle avait la rage. Un bruit assourdissant résonne, puis le silence fût. Mon corps tremble, puis mon esprit se fige.
Nom de dieu! Tout s'est passé si vite! Et qu'est-ce qui les rend si peu humain! On se croirait dans un zoo!
Tchad se place à côté de moi et me regarde de toute sa grandeur, me faisant, encore une fois, me sentir minuscule. Une petite lueur de folie semble briller dans ses yeux et, tout comme Ariane, les yeux de tous semblent rayonnés... comme... Justin... aussi... les jours de pleine lune...
- Bienvenu chez les fous, marmonne Tchad en retournant dans sa chambre, comme si tout ce cirque est tout à fait normal.
- Qu'... qu'est-ce qui vient de se passer, ai-je murmuré les lèvres tremblantes et gelées.
Tous grognent, mais ne disent rien, comme s'ils avaient perdu leur humanité... Est-ce l'influence des pilules bizarre du doc.? Jack s'approche de moi et pose une main sur mon épaule, son contacte tiède ne me rassure guère plus que si j'avais un énorme serpent autour du cou.
- Ça l'arrive à chaque pleine lune, dit-il en bayant comme s'il cherchait à avaler la terre entière. Ça m'est déjà arrivé de perdre le contrôle, comme Laurie et Sophia, mais Ariane, c'est à chaque fois. J'imagine que cette fois-ci ils en ont eu ras le bol d'elle...
Jack baye de nouveau et retourne dans sa chambre comme un zombie. Dès que j'entre dans la mienne et que je referme la porte, une étrange sensation monte en moi. Mon ventre se noue, mon cœur bat de plus en plus vite, mon esprit dérive et me fait perdre le contrôle de mon corps. Mes yeux roulent dans leurs orbites. La nausée me gagne et tout autour de moi commence à tourbillonner comme si je me trouvais sur une toupie géante qui ne peut jamais s'arrêter. Mes pas chancèlent et je gémis comme un petit animal en proie à une atroce torture.
- Non, ai-je murmuré avec effort. Non... pas ça... pas une autre fois... pas comme maman...
Je m'effondre au sol, impuissante de mon sort...
†††
J'étais dans un coin de la pièce... il faisait noir... et froid... partout... je n'entendais même pas mes pleurs et mes gémissements tellement les bruits de ma vision m'avaient traumatisée.
- Angélique, murmurait la voix de ma mère alors qu'elle s'approchait de moi. Que fais-tu là, ma puce? Pourquoi tu n'es pas dans ta chambre?
Elle s'accroupissait à côté de moi et me caressait les cheveux.
- Je n'en peux plus, disais-je de ma petite voix en reniflant. Je ne veux pas de ce don... maman... c'est de pire en pire...
- Chut... chut mon bébé. Tout va bien aller, ne t'inquiète pas. Dis à maman ce que tu as vu.
Je secouais ma petite tête blonde en gémissant.
- Je... j'ai peur... ils te veulent du mal... je ne peux pas... à cause de moi... tu ne pourras pas...
- Chut... tout va bien. Maman est là.
Elle me caressait de nouveau les cheveux en fredonnant la berceuse qu'elle avait écrite pour moi.
- Ne va pas réveiller ton père, d'accord... maman va aller chercher le docteur Félix. Nous trouverons une solution...
Elle se levait et m'ébouriffait les cheveux. Je lui faisais non de la tête en le répètent tout bas. Maman m'ignorait en me faisant un sourire et en disant que tout allait bien, que je ne devais pas m'inquiéter. Pourtant, je savais qu'elle ne devait pas partir, pas cette fois. J'entendais dans la nuit noire avec la pleine lune rouge sang le moteur de la voiture de maman partir au loin. Je me levais en tremblant et marchais doucement vers la porte d'entrée. Une décharge électrique me traversait le corps une dizaine de minute plus tard. Mon ventre se nouait, des frissons me parcouraient le corps... et j'avais su... que ce que j'avais vu... venais tout juste de lui voler sa courte vie... des créatures de la nuit...
Je tombais à genou en pleurant et en criant tellement fort que mon père se précipitait pour me demander ce qui se passait...
†††
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