Chapitre 36

La course à obstacles et le combat à l'escrime ont passé très vite, j'ai à peine vu la journée passée. En ce moment, comme il fait beau à l'extérieur, nous faisons un combat avec nos pouvoir. C'est entre moi et Laurianne que se joue la première place. J'ai un peu trop facilement battue Juliette. Elle mettait beaucoup trop de temps à dire ses formules de mage qui sert plus en la création d'objets qu'autres choses. Il faut y aller jusqu'à ce que l'une de nous décide d'abandonner, ou si l'adversaire ne peut plus rien faire. Entre Laurianne et Natasha, ça été corser, mais c'est Laurianne qui à gagner. Yéti contre métamorphe, c'est un sacré combat... mais Laurianne a gagné en glaçant Natasha alors qu'elle était sous la forme d'un léopard.

- Je ne te ferais pas de cadeau, dit Laurianne en me ramenant à l'instant présent. Tu ne mérites pas de redevenir la petite amie de Tchad!

Sa voix est étrange alors qu'elle est dans sa forme de Yéti. Nous tournons en rond sans nous lâcher des yeux. À chaque fois qu'elle tente une attaque, genre avec ses longues griffes acérées, j'évite avec plein ses coups rapides.

Elle a vraiment l'air de vouloir me réduire en bouillie!

- De quoi parles-tu? Tchad et moi ne sommes jamais sorti ensemble.

- Vraiment, dit-elle en me foudroyant du regard. Pourtant, chaque fois que je le voyais, il faisait une tête d'enterrement. Il disait que tu étais partie sans rien lui dire et il ignorait s'il te reverrait un jour. Il disait qu'il se sentait mal d'avoir pensé que tu l'aimais bien. Dès que tu t'es présentée à moi, j'ai eu envie de te tué... d'enfoncer mes griffes dans ton petit cerveau lamentable et de te manger le cœur. Ce cœur qui ne fait que troublé et faire souffrir un homme aussi parfait que Tchad. J'ai envie de t'arracher la tête, là, maintenant. Et je n'en reviens toujours pas que cette gourde de Natasha est pu un tant soit peu séduire Tchad. Moi, j'étais là, à attendre qu'il se tourne enfin vers moi. Moi qui faisais ma gentille fille pour lui plaire.

Je reste là, à la regarder sans réagir, la bouche grande ouverte, surprise d'entendre tout ça venant d'elle. Elle veut ma mort... et bien dommage pour elle, mais je n'ai pas l'intention de mourir ici et surtout pas de sa main... ou plutôt, de ses griffes.

Mon adversaire réussi à rendre mon bras en bouillie alors que j'ai des plaies superficielles ici et là.

Je crie de douleur et de rage.

Un étrange feu en moi fait bouillonner mon sang. Mon corps entier commence à me démanger et avoir d'inquiétant spasme. Douloureusement, celui-ci se modifie. Mon nez et ma bouche s'étirent, alors que ma tête et le reste de mes membres grossissent.

Je tombe à quatre pattes, me tordant de douleur. Mes bras et mes jambes sont raide, déchirant mes vêtements alors qu'ils s'allongent rapidement et prennent du volume.

Je crie.

Mes doigts et mes orteils se rétractent d'une drôle de façon, puis finissent par devenir des sabots.

Je crie encore.

Mon ventre et mes fesses prennent beaucoup de volume, déchirant ma combine de combats.

Mon cri devient un étrange hennissement. Mes cheveux s'allongent en une épaisse crinière blonde alors que mes oreilles grandissent et montent sur ma tête. Une touffe épaisse sort de mes fesses alors que quelque chose perce mon front et que des ailes me sortent du dos. Un duvet blanc couvre mon corps en entier.

Je me relève difficilement sur quatre pattes tremblantes, puis secoue la tête en regardant Laurianne.

Elle semble surprise.

Je jette comme je peux un regard à mon corps pour constater que je suis devenu un cheval... un pégase avec une corne pour être exacte.

Je bouge mes pattes et mes ailes de feu bleu et vert exactement comme ma corne, tout en observant celles-ci. Mes ailes doivent faire deux fois ma taille de cheval et ma corne, deux fois celle d'une épée. Pourtant, bien que je sois naturellement petite, je suis de la grandeur d'un éléphant.

Laurianne aurait pu me montrer dessus dans sa forme de yéti, comme un cavalier et son cheval.

La blessure qu'elle m'a infligée a guéri.

- Oh mon dieu, s'exclame Laurianne en écartant les yeux.

Sans une minute de plus, je la propulse à quelques mètres, ce qui la fais basculer. Je pointe ma corne très près de son cou, un sabot sur son torse.

- Je te conseille d'abandonner, dis-je avec une drôle de voix entre-coupé d'hennissement. Tu n'as aucune chance de gagner.

J'approche ma corne de feu encore plus près de son cou et mets une plus grande pression sur mon sabot.

- D'accord, crie Laurianne en paniquant, sentant sans doute une légère brûlure à son cou. J'abandonne!

Je me retire lentement, toujours sur mes gardes, mais elle reste au sol, figée comme une statue de marbre.

- Alors, dit Angelie en s'approchant de nous. Qui a gagné?

Je la regarde de tout ma hauteur. Elle me parait minuscule. Quelque drôle de sensation... j'ai l'impression de voir un tout nouveau monde.

- Angélique, dit Laurianne, toujours en état de choc.

Angelie hoche la tête et nous conseille d'aller ailleurs pour reprendre notre apparence originelle, comme elle l'avait fait avec Natasha, avant d'aller rejoindre les autres qui patientent un peu plus loin.

Je décide de me rendre à la cascade pour changer de forme.

Je comprends maintenant pourquoi la transformation de Tchad au sanctuaire des métamorphes semblait si douloureuse...

C'était parce que ça l'était pour de vrai, pauvre nouille!

J'arrive rapidement à la cascade et ne prends pas une minute de plus pour reprendre ma vraie forme... ce qui fut... tout aussi douloureux. Ça l'est tellement que je faillis m'évanouir de douleur.

Je me fais une nouvelle robe et me dépêche de la mettre avant que quelqu'un ne vienne marcher jusqu'ici, même si c'est peu probable. La robe est longue et souple et est d'un vert émeraude avec un ruban or à la taille. La robe est plus courte en avant qu'en arrière. Elle ne possède aucune bretelle, mais le bustier est serré. De la dentelle noire est brodée en motif indien sur le buste, faisant ressortir le vert et l'or.

Je m'assois sur ma roche habituelle et je trempe mes pieds dans l'eau fraîche en poussant un soupir d'apaisement. Les monstres ne viendront pas tout de suite, mais il faudra que je parte avant la tombée de la nuit... même si, depuis quelques jours, je ne les sens plus roder dans le coin, je ne veux pas prendre de risque.

Je jette un regard à mon bijou et fronce les sourcils. Le violet fait maintenant un croissant de lune sur le bleu saphir.

Qu'est-ce que ça signifie?

Depuis mon départ de chez Stomberg House, elle est différente. Aura-t-elle réellement un aspect magique? Mais pour quelle raison réagit-elle que maintenant? Je l'ai depuis toujours. Je demanderais à Nicolas s'il sait quelque chose.

C'est à ce moment-là qu'un frisson me parcouru.

Je me retourne vivement, mais je ne vois rien. J'ai cette drôle d'impression d'être observé, mais rien n'indique la présence d'autrui.

Je ne prends pas de chance en sentant mes muscles se ramollir. Je sors mes ailes et m'envole pour gagner ma chambre.

† † †

Trois jours se sont écoulés depuis mon étrange impression dans la forêt et aujourd'hui, c'est le dernier jour de la bataille royal, ainsi que le début de mon rendez-vous avec Tchad (comme les trois autres ont eu les leur, c'est trois derniers jours).

Ce matin, j'ai décidé de mettre une robe rose poudré et des bottines de la même teinte. Nia et Luvia m'ont longuement fait des suggestions hier soir et nous avons opté pour cette robe aux fines bretelles et en tissu souple.

Après plusieurs tentatives de coiffure exotique, je me suis fait une simple couette haute, puis ajouter une fine couche de gloss.

Angelie a dit que c'est la seule journée que nous pourrons être plus proche de Tchad... par exemple... se prendre la main... s'embrasser... des trucs du genre, mais qu'il faut évidemment que Tchad soit d'accord... qu'il faut lui demander avant de faire n'importe quoi.

Évidemment, le rendez-vous se passe dans une ville. Nous avons encore eu l'autorisation de la directrice pour nous rendre à New York, mais que nous devons lui rapporter un petit quelque chose.

Tchad y est resté pour les quatre derniers jours et je dois aller le retrouver à l'aéroport... mais, en fait... c'est plutôt lui qui va mit rejoindre.

En le voyant arriver alors que je me dirige déjà vers la sortie, mon cœur s'emballe, bien qu'il soit habillé normalement. Son t-shirt vert militaire à manches longues mouille irrésistiblement ses muscles et son jean noir le fait paraître encore plus grand. Je le dévore des yeux, jusqu'à ce qu'il me voie. Les siens brillent d'une lueur intrigante. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres au fur et à mesure que je marche vers lui.

- Salut, dis-je sans pouvoir détachées mes yeux des siens.

- Salut, dit-il en me regardant, les sourcils froncés, le sourire complètement disparu, en caressant ma joue du bout des doigts. C'est moi ou tu es plus pâle que d'habitude.

- Ce... Ce n'est rien... Manque de sommeil, j'imagine.

Les monstres ne sont pas partis comme je l'avais d'abord pensé... Ou si oui... ils sont revenus... il y a trois jours.

- Je vois, dit-il en levant un sourcil.

Il me regarde un long moment, puis dit:

- J'espère que tu as une bonne idée de ce que tu veux faire, mais je te préviens que je n'ai pas envie de faire la même chose qu'avec les trois autres.

- Et... vous avez fait quoi?

- Natasha m'a traîné avec elle toute la journée pour qu'elle puisse faire tous les magasins vestimentaires qu'elle pouvait. Laurianne a voulu écouter des films anciens et des documentaires plates et Juliette a voulu aller à la ronde. Elle n'arrêtait pas de gueuler comme une folle... mais sa tronche me faisait bien rire.

Il me prend la main et me tire derrière lui en se dirigeant vers la sortie. Ma main disparait facilement dans la sienne. En regardant autour de nous tout en marchant, je remarque les regards appréciateurs des jeunes femmes que nous croisons. Je grogne à l'intérieur.

- Préfères-tu rester dans ta chambre d'hôtel ou tu veux faire des activités extérieures, lui ai-je demandé.

Il me lance un regard par-dessus son épaule.

- C'est étonnant que tu me demandes mon avis... habituellement nous nous chialerions l'un sur l'autre pour décider où aller.

Je rougis et baisse les yeux.

- À vrai dire... c'est que partout m'irais, t'en que nous sommes ensembles. Et, j'ai toujours voulu mieux te connaître même si j'en n'avais pas l'air... je... enfin, je veux dire, je m'intéresse à ce que tu aimes et tes opinions... j'imagine que, d'un côté, tu avais raison de croire que je te cherche des noises pour de vrai... comme certaines fois, tu voulais me faire réagir... et... parfois... bon d'accord souvent... ça marchait.

Tchad pouffe de rire, mais il met rapidement son poing libre devant sa bouche.

Est-ce un rire nerveux... ou embarrassé?

- Eh bein... je ne m'attendais pas à ça.

- C'est tout ce que t'as à dire, me suis-je exclamée avec une mine boudeuse.

Il s'arrête et me lâche la main tout en passant l'autre dans ses cheveux.

- Ce n'est pas que ça me déplait, au contraire... c'est juste que je ne m'attendais pas à ce que tu deviennes aussi directe tout à coup.

- Ça te plaît? Pas que je sois directe, je veux dire... que je ne te déteste pas à mort?

Tchad se tourne pour me faire face avec un sourire si craquant que je me sens presque fondre.

- Tout me plaît chez toi... ça fait longtemps que j'essaie de te le montrer, mais comme tu me repoussais chaque fois que quelqu'un était là, ça me fâchait et je voulais t'en faire voir de toutes les couleurs parce que mon égo était blessé. Je commençais à désespérer lorsque tu as disparu de nouveau sans rien dire. Je suis sortie avec Natasha pour essayer de me changer les idées... mais ça ne marchait pas vraiment... et tu es revenue. Grâce à Angelie, je sais maintenant que je n'aurais jamais dû te lâcher d'une semelle jusqu'à ce que je t'aille dompter.

Il me fait un clin d'œil et je rougis en évitant son regard.

- Qu'est-ce que tu racontes, pauvre idiot, ai-je marmonné en regardant mes pieds.

Tchad s'approche de moi et me prend délicatement le visage entre ses grandes mains. Son regard est doux et tendre, comme lorsque nous étions au sanctuaire des métamorphes. Mes joues virent de nouveau au rouge et je pince les lèvres alors que mon cœur s'affole comme un fou.

- Tu as été la seule fille à me torturé l'esprit... celle qui me plaît depuis longtemps. Je t'aime, Angélique Downham.

Il ne me laisse pas le temps de répondre à sa déclaration qu'il m'embrasse avec une douceur, puis une fougue qui me fait frissonner.

- ELLE EST LÀ!

Une voix d'homme résonne et Tchad lève la tête pour regarder ce qui se passe. Je me compresse contre son torse et son bras m'entoure d'instinct. Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse sur la joue.

- Je t'aime aussi, ai-je chuchoté à son oreille alors que je passe mes bras autour de son cou.

Tchad ne prend pas la peine de m'expliquer ce qui se passe et me prend comme un sac de patate, puis se met à courir en poussant les gens qui sont sur son chemin.

- Tchad? Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tu cours?

- Regarde en arrière et tu comprendras toute seule!

Je lève les yeux pour voir trois hommes qui semblent courir à notre poursuite. Avec les cours que j'ai eu sur les espèces surnaturelles, je sais qu'ils ne sont pas de simples humains.

Deux d'entre eux font partie de la famille des félins, mais je n'aurai pas su dire lesquels. Le troisième, vu son apparence fantomatique, il doit être un vampire. Sa peau pâle contraste avec celle des deux autres, qui eux, l'ont très foncé, de la couleur du chocolat. L'un des deux félins a les yeux noirs et les cheveux de la même teinte, contrairement à son acolyte qui les a dorés et un peu long avec des yeux d'or.

Tous les trois nous crient de nous arrêter... ou plutôt Tchad, comme si nous étions des voleurs en fuite.

Nous arrivons rapidement dans la zone d'un grand parc et nous nous retrouvons entourés d'une dizaine de surnaturel en plus des trois autres. Il y a cinq félins, deux vampires, quatre sorciers ou mages et deux ours.

Tchad me dépose au sol en jurant.

- Moi qui croyait qu'ils avaient enfin lâché l'affaire, marmonne-t-il en se positionnant pour se métamorphoser.

Plus rapidement, mais pas moins douloureusement, nous changeons de forme, lui à moitié en loup-garou (juste les griffes et les crocs), moi en pégase géant (j'en fais peut-être trop... je ne suis pas obligée de prendre cette taille). Les autres ne tardent pas à faire de même.

- Tu t'occupes de ses six là et moi d'eux, grogne Tchad alors qu'il me fait dos. Bien que je préfèrerais que tu partes.

- Regarde-moi bien et tu verras que je pourrais tous les écraser... et puis je ne te laisserais surement pas t'amuser sans moi!

- Comme si c'était le moment de plaisanter...

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