Chapitre 20
Nous nous réveillons le lendemain matin au chant des oiseaux. Douce mélodie qui caresse délicatement mes oreilles alors que je regarde le plafond sombre et le lustre riche de cristal. Je suis entortillée dans les couvertes noires alors qu'Angelie s'étire longuement sur le lit de l'autre côté de la pièce. Elle me jette un regard, puis éclate de rire en voyant que seule ma tête est visible du cocon de tissus qui s'est serré autour de moi, presque comme une deuxième peau.
– Mes couvertures ont essayé de me tuer pendant mon sommeil, me suis-je exclamée d'une voix étouffée par les nombreux coussins et oreillers.
Angelie pince les lèvres pour tenter de retenir son rire.
– Tu as dû faire un rêve assez spécial pour que tu te retrouves prise comme ça, dit-elle avec un sourire en coin. Ne bouge pas, je vais t'aider.
Elle marche vers moi, puis embarque sur mon lit et essaye de me déprendre de mon piège.
– Comment as-tu fait pour être aussi coincé, s'exclame Angelie en riant alors qu'elle n'arrive à rien, à part resserrer les tissus sur moi comme un étau.
– Je te l'ai dit, ces couvertures sont vivantes! Elles voulaient que je meure étouffée!
Nous nous débattons pour me faire sortir de mon cocon alors que quelqu'un cogne à notre porte. Je me tortille comme une chenille sans pour autant arriver à sortir un mini peu. Essoufflée et un peu agacée, Angelie se lève lentement et va ouvrir. Sophia et Laurie entrent, encore habillé de leur pyjama. Celui de Sophia est rouge à pois blanc, tandis que celui de Lauri est tout noir.
– Qu'est-ce que vous faites, dit Laurie les yeux écartés en me voyant coincer.
Sophia éclate de rire en me pointant du doigt, puis en se tenant les côtes.
– Euh... je suis restée prise dans ma couverture... et Angelie m'a encore plus emmêlé...
– Ne fait rien, a écrit Sophia en riant toujours. Nous allons te sortir de là. À trois, se sera plus facile.
Elles s'approchent toutes les trois vers moi et je tombe de mon lit en riant alors que les filles rigolent trop pour faire quoi que ce soit. Elles avancent encore de quelques pas vers de moi, une expression déterminée sur leur joli visage. Elles se démènent sans succès et commencent à être exaspérer.
– Ce n'est pas une couverte normale, marmonne Angelie essoufflée.
– Quelqu'un a dû la lui coller dessus, grimace Laurie en essayant de reprendre son souffle.
– C'est clair, a écrit Sophia, les joues rougies par l'effort. Il y a quelque chose qui cloche.
J'éclate de rire en les entendant.
– Ce que vous pouvez être bêtes, me suis-je exclamée en me tordant de rire. C'est normal que vous n'y arriviez pas, je tenais les bouts dans mes mains.
Je lâche la couverture et sors sans encombre, un sourire aux lèvres.
– Toi alors, s'exclame Angelie en commençant à me chatouiller.
Je pousse un cri et gigote en riant alors qu'elle me taquine. Je réussis tant bien que mal à sortir de son emprise et cours de l'autre côté de la pièce pour attraper un oreiller. Et c'est en nous battant avec des coussins et riant aux éclats que les garçons nous retrouvent.
– Pourquoi vous faites autant de bruit dès le matin, grogne Tchad alors que Charly et Jack ont un sourire aux lèvres.
Ils sont déjà tous habillé pour la journée.
– Elles ont le droit de s'amuser un peu mon gars, lui dit Charly en lui faisant une petite tape dans le dos.
Celui-ci grogne alors que Laurie saute dans les bras de Jack. Angelie rougie quand Tchad regarde tour à tour nos vêtements (à Angelie et moi) en levant un sourcil. Nous portons toutes les deux la même nuisette longue et noir qui nous arrive à mi-mollet.
– Comment nous trouves-tu, ai-je demandé à Tchad avec un sourire arrogant en prenant le bras d'Angelie avec les miens. Nous nous ressemblons beaucoup, pas vrai?
Un long silence gênant s'en suivit.
– Maintenant que tu le dis, marmonne Jack en fronçant les sourcils. Ça me donne la chair de poule.
Il frissonne et Laurie eu un petit rire en lui frictionnant les bras.
– Aller, marmonne Tchad en se retournant pour sortir. Les autres métamorphes ne vont pas nous attendre plus longtemps pour aller déjeuner.
Je jette un regard victorieux à Angelie qui me donne un petit coup de coude dans le ventre. Elle sait autant que moi que le silence de Tchad est un signe... car il aurait sans doute grogné quelque chose du genre « vous êtes ridicule accoutré de cette façon », ou encore « dans vos rêves peut-être je vous trouverais jolie, mais dans la réalité, c'est une autre paire de manche ».
Le connaissant, il aurait surement réagi avec dédain et répugnance s'il était vraiment indifférent.
† † †
Nous sommes à peine entrées dans l'immense salle de bal qui, à cet instant, est remplie de table longue, que des garçons sont venus nous parler, à Angelie et moi. Certes, nous ne passons pas inaperçu avec nos longues robes souples de la même couleur que nos yeux (la sienne rose bonbon, la mienne bleu pastel) et notre visage si semblable alors qu'elle est loin d'être aussi petite que moi. Nous ressemblons à des jumelles plus ou moins identique, comme si nous regardions notre reflet dans l'eau alors que celle-ci est remplie de remous et de vibrations.
Bref, des garçons métamorphes nous posent des questions et semblent vouloir attirer notre attention. Contrairement à Angelie qui semble vraiment agacé de les voir tourner autour d'elle presque en bavant comme s'ils avaient une surdose de salive, je suis plutôt heureuse de toute cette attention.
Alors que nous nous asseyons tous les sept (Charly, suivit de Tchad et Jack, puis Laurie et Sophia et pour finir, Angelie et moi entouré de garçons) ils me demandent quel âge j'ai, d'où je viens, qu'est-ce que je faisais avant d'arrivé ici et blablabla. Évidemment, je ne leur dis rien de vrai sur moi, se serait idiot de parler de moi à coeur ouvert avec des inconnus... j'ai retenu la leçon, hier. L'un d'eux, plutôt beau garçon avec des cheveux blond ébouriffé et des yeux très foncés, me demande :
– As-tu déjà vu une partie de chasse?
Une partie de chasse? Il veut dire... des humains chassant ou des... animaux?
– Non, dis-je en levant un sourcil presque sûr qu'il fait allusion à la deuxième option. Pourquoi?
Un large sourire étire ses lèvres, révélant une petite fossette sur sa joue gauche. Mon cœur manque un battement alors qu'un des garçons le pousse pour qu'il vienne s'asseoir à côté de moi, suivie des autres garçons, qui s'installent en face de nous.
– Le deuxième jour des festivités, tous les mâles entre dix-huit et quarante ans doivent participer à un concours, c'est à dire, une partie de chasse. Nous sommes alors jumelés avec trois autres mâles, et les gagnants, l'équipe qui aura rapporté le plus rapidement ses proies, aura le droit de choisir sa cavalière pour la soirée.
Je fronce les sourcils en l'entendant prononcer le mot mâle... ça me fait bizarre d'entendre ce terme pour les désigner... bien qu'ils soient à moitié des animaux... Et puis, je trouve un peu ridicule que les filles ne peuvent pas y participer... et de tuer des animaux pour le simple plaisir... c'est cruel.
– N'est-ce pas un peu... cruel de tuer pour le plaisir, même des animaux sauvages?
– Je me disais justement la même chose pour cette tradition, dit-il avec un clin d'oeil. Mais aucun membre du conseil ne veut écouter un petit minable de dix-sept ans comme moi.
– C'est une très vieille tradition, dit un garçon aux cheveux bruns, aux yeux gris et à la peau chocolat en prenant une bouchée de ses crêpes. Nous n'y pouvons rien! Les ainés sont très à cheval sur ça!
Quelqu'un ricane, sans doute dû au fait qu'il a dit une expression avec un animal. Je prends une bouché de mes pancakes en me questionnant sur le fonctionnement de leur tribut.
– Certes, dit un garçon roux aux yeux bleu saphir avec un sourire en coin. Il me semble que l'animal préféré de Gray est le cheval.
– Tu es sûr, demande un blondinet aux yeux vert très pâle, lui aussi avec un sourire. Je croyais qu'il préférait le gorille.
– Mais non, idiot, s'exclame le brun à la peau chocolat en rigolant. Le gorille c'est Manzur.
– Peut-être bien, pouffe le rouquin. C'était la première fois que je voyais un métamorphe aussi petit et aussi large que lui! Gorille lui va vraiment bien!
Je fronce les sourcils en les regardant tour à tour, puis nous prenons tous une bouché de nos crêpes remplies de sirop d'érable et de fruit mûr.
– Gray et Manzur sont les plus vieux du conseil des sept, m'explique mon séduisant voisin aux yeux noirs. Pour ce qui est des animaux, ce n'est qu'une plaisanterie entre nous.
– Mais avoue le, Alec, s'exclame le second blond. Ces surnoms leur vont comme un gant.
– Certes, Jason, je ne le nierais pas, dit Alec avec un petit sourire. Mais je ne trouve pas ça aussi hilarant que vous trois.
– Oh aller, marmonne le rouquin en cachant son sourire avec son poing. N'essaie pas de la jouer cool devant une jolie fille, mon vieux, c'est toi qui avais fait la blague le premier.
– Peut-être Brian, grogne Alec dans une fosse mine bourru. Mais ce n'est pas moi qui continu.
– Il va nous sortir son "c'est drôle une fois, une deuxième fois ça passe, mais la troisième...", dit le brun avec un sourire.
– C'est la meilleure, s'exclame Jason en riant. Oh, j'allais presque oublier, July te cherchait tout à l'heure Rex.
Jason fait un signe vers une table et je me retourne pour regarder. Un petit groupe de fille nous fixe avec une expression qui veut tout dire. Elles sont mortellement jalouses d'Angelie et moi... de moi à vrai dire... puisqu'Angelie les ignores superbement, comme tous mes amis... à l'exception de Tchad (je l'ai vu en train de me regarder discuter avec les garçons alors que je prenais ma première boucher de pancake) avec son petit air agacé et agacent.
Bref, pour en revenir aux filles, deux d'entre elle en particulier me regarde avec des éclairs dans les yeux.
Quoi! Mais c'est quoi leur problème! Je ne vais tout de même pas leur voler leur cruch! Je reste au minimum qu'une semaine!
Bon... j'avoue qu'ils sont mignons à croquer, mais je n'ai aucune intention de sortir avec qui que ce soit...
L'une des filles a de longs cheveux en cascade, de la couleur du caramel, qui lui arrive presque aux hanches et des yeux verts très pâles. Je me demande aussitôt si ce n'est pas la sur ou la cousine de Jason tellement elle lui ressemble. L'autre a des cheveux noir brillant et lice qui lui arrivait à la poitrine et ses yeux dorés sont tellement persan que son regard me fait frissonner. En me retournant vers ma table, je vois Rex hausser les épaules comme s'il n'en avait rien à faire de cette fille, qui qu'elle soit.
– Que veux-tu que je lui dise de plus, dit celui-ci en soupirant. Je ne sais plus combien de fois je lui ai dit que je n'étais pas intéressé.
– Tu devrais peut-être sortir avec une autre pour la décourager, dis-je même si je me sens un peu mal pour la fille. Du moins, si tu as une fille en vue.
Le métamorphe a la peau chocolat eu un sourire en coin en me lançant un regard coquin.
– Quoi, tu veux m'aider à régler mes petits problèmes.
– Je ne dis pas que je serais contente pour la fille en question, mais si elle te déplait tant que ça... bein, le mieux à faire se serait de trouvé quelqu'un que tu aimes bien ou que tu aimerais connaitre, dis-je en haussant les épaules. Je dis ça comme ça, je ne suis pas experte sur le côté sentimental, mais pour être franche, je connais que trop bien le sentiment d'agacement vis à vis ce genre d'émotion.
Les garçons semblent perdus dans leur penser pendant quelques secondes. Ils réfléchissent sans doute à ce que je viens de dire alors que nous mangeons tous nos derniers bouchés. Mais à peine ai-je finit que Tchad vient mettre son grain de sel.
– Ne raconte pas n'importe quoi, grogne celui-ci en se levant, puis en s'arrêtant à côté de moi, nous intimidant de sa hauteur. Les filles finissent toujours par avoir ce qu'elles veulent, qu'elles ont des obstacles à franchir ou non.
– Excuse-moi si je me trompe, me suis-je exclamée en me levant, aucunement intimidé par lui (du moins j'essaie...) mais tu es en train de généraliser là! On pourrait en dire autant des garçons, alors ton argument n'est pas valable! Ne juge pas tout le monde dans le même sac! Nos expériences font de nous qui nous sommes et certaines personnes préfèrent prendre d'autre chemin pour éviter les problèmes!
– C'est pour ça que tu es aussi imbu de ta personne, parce que ton père brisait les obstacles devant toi avec de l'argent!
– Ce n'est pas mon père qui à forger ma personnalité et il n'a jamais utilisé de l'argent pour me défendre! Tu ne peux pas parler de lui sans le connaitre! Tu ne sais pas comment il est, comment il me traite quand il me voit! As-tu la moindre idée de pourquoi il est toujours parti, pourquoi il ne s'intéresse pas à moi, à ce que je vis et de comment je me sens. Est-ce que tu le sais, ai-je hurlé en sentant des larmes coulées sur mes joues. Non. Bien sûr que non! Ce n'est pas toi qui vas demander, qui ne vas pas me juger après avoir connu tous les détails de mon existence pourrie. Qui vas me conseiller de ne pas mettre fin à ma vie parce que je suis mal dans ma peau! Qu'au fond, tout ce que je dois endurer mérite d'être endurer parce que quelque chose de merveilleux m'attend dans l'avenir!
– Qui t'as dit un truc aussi absurde, marmonne Tchad, le regard triste.
– Tchad, arrête de la traiter de cette manière parce que tu es en manque d'attention, dit Charly avec un grand sourire.
– La ferme, grogne de nouveau Tchad en reprenant son visage glacial. Je me fiche complètement de cette fille de riche.
Je pars d'un rire amer en essuyant les larmes sur mes joues alors qu'Angelie vient à côté de moi pour me caresser les cheveux. Les garçons paressent de plus en plus mal à l'aise, les filles de tout à l'heure, très heureuse (grr, elles sont vraiment sans cœur) et les autres autours, inquiets ou curieux.
– Certes, ai-je marmonné en m'efforçant de sourire. Qui ne se ficherait pas de moi, la fille d'un caporal de l'armée canadienne qui lui-même se fiche d'elle depuis qu'il croit qu'elle est maudite. Celle qui a prédit d'innombrable fois la mort de sa mère, de ses amis, de ses voisins et même des inconnus! Au fond, je suis peut-être folle... Être capable de sentir des odeurs même dans des rêves! Prévenir les gens alors que ça ne fait que vous retombé dessus! Sais-tu le nombre d'école que j'ai dû faire, le nombre d'amis qui mon traité de tous les pires noms possibles, de tous les malheurs qui m'ont fait du mal jusqu'au tréfonds de l'âme, de tous les morts que j'ai sur la conscience alors que personne m'écoutait, que personne me croyait! Que crois-tu que je ressentais quand tu me harcelais presque de te confier mon secret alors que tu me traitais avec dédain et irrespect, en me traitant à la longue des "idiote" par si et des " sotte" par là. Heureusement qu'il y a des gens qui m'accepte comme je suis, sinon ma vie aurait été courte!
Je tourne les talons alors qu'Alec, Jason, Brian et Rex me suivent de près. Nous marchons vers l'extrémité de la salle (c'est à dire, de l'autre côté du côté où nous sommes rentrés), puis sortons. Cette porte donne sur la cour arrière, du même côté que les balcons. Je prends une grande respiration pour essayer de me détendre.
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