Chapitre 13
Je me réveille avec un gros mal de tête, ligotée à m'en faire mal aux poignets et aux chevilles. Je regarde autour de moi, mais je ne vois que des raies de lumière dans la pièce obscure où je me trouve. Je plisse les yeux quand l'une d'elles s'approche et s'intensifie. C'est l'homme que j'ai à peine eu le temps de voir dans la ruelle. Il illumine comme une lanterne, ce qui me brûle les yeux dans cette triste noirceur. Il est plus grand que Tchad, mais moins costaud. Il a des cheveux blond grisonnant et des yeux vert... semblable à ceux de Justin. Un sourire étire ses lèvres alors qu'il me regarde de toute sa hauteur. Il est habillé de blanc de la tête au pied... comme les autres, j'imagine...
– Bonjours mon ange, dit-il en se penchant pour me caresser le visage. Ça va?
– Est-ce que j'ai l'air d'aller, ai-je crié en lui crachant dessus tout en essayant de me battre contre mes chaînes.
Grrr... Ça ne fait qu'empirer les coupures sur ma chair déjà meurtrie.
Il grogne tout en se levant et en s'essuyant le visage.
– Où est Justin, ai-je demandé en redoutant la réponse.
Il ricane en voyant mon regard apeuré.
– Ne t'inquiète pas, il va très bien.
– Où est-il, ai-je insisté en serrant les dents.
– Justin... approche.
Justin sort de l'ombre d'un pas hésitant avant de s'arrêter à quelques pas de nous.
– Qu... qui a-t-il père, bredouille Justin, les yeux rivés vers le sol de marbre blanc.
Je m'étouffe avec ma salive en l'entendant prononcer ces mots.
– Mon petit ange souhaitait ta présence.
– Traitre, me suis-je exclamée en essayant de me défaire de mes liens avec rage.
Justin sursaut devant mon agressivité.
– Ce n'est...
– Tais-toi, crie son père en le giflant. Je ne t'ai pas donné le droit de parler!
J'en reste choqué, la bouche grande ouverte. Mais pourquoi diable se laisse-t-il faire! Imbécile!
– Pardon pour toute cette violence et mon manque de politesse, me dit mon kidnappeur comme si je n'étais pas sa prisonnière. Je me nomme Salomon. Je suis le maître des vampires d'Europe.
Salomon? Vampire d'Europe?
– D'accord, mais... pourquoi vous m'avez kidnappé? Il me semble qu'il y a assez de diablotin dans le monde... pourquoi moi?
Salomon part d'un grand rire, ses longues canines le rendant aussi horriblement effrayant qu'une tronçonneuse en marche.
– Qui est l'imbécile qui croit que tu es l'une des leurs. Petite idiote, dit-il en secouant la tête. Nous voulons certes ton pouvoir, mais tu es comme un ange... la fille d'un dieu.
Je reste un moment à le regarder avant d'éclater de rire à mon tour, au point de m'en faire mal au ventre.
– Ha, ha, ha, n'importe quoi! C'est seulement impossible! D'un, je suis loin d'être un ange... de deux, les dieux, ça n'existe pas... ce sont des croyances absurde de gens qui croit que leur destin est entre les mains de quelqu'un!
Il me regarde avec des éclairs dans les yeux.
– Peu m'importe que tu croies en la vérité ou non, grommelle-t-il, ne s'attardant pas sur mes paroles. J'aurais bientôt ma récompense. Le grand Hadès a dit qu'il donnera l'immortalité à ses acolytes qui trouveront la fille de Zeus. Bien que nous pouvons resté jeune éternellement, nous pouvons être facilement tué, comme n'importe quel humain stupide. Nous devons te forcer à utiliser ton pouvoir des portails pour le secourir une fois pour toute du monde dans lequel il est prisonnier depuis des siècles.
Je pouffe de nouveau devant son visage sérieux. Moi... la fille de Zeus! C'est la meilleure blague que j'ai entendu de toute ma vie! Il doit surement me confondre avec la fille de ma vision!
– Désolé de vous décevoir, mais je suis incapable de créer la foudre... ni même de faire une petite étincelle!
Il grogne en voyant que je le prends pour le dernier des imbéciles.
– Tu es la fille d'Athéna aussi... la déesse de la guerre et de la stratégie et je ne sais plus quoi, marmonne Salomon qui semble commencer à désespérer.
– La fille d'Athéna! Tu plaisantes, ai-je crié en gloussant toujours autant. Tu t'ais fait berner comme un nouveau-né! Regarde-moi, ai-je l'air un tant soit peu futé! Si je l'étais, je ne me serais jamais fait prendre par des abrutis comme vous!
Salomon me regarde avec férocité et me flagelle avec un fouet, que je n'ai pas vue avant ça, jusqu'à ce que je m'évanouisse de douleur.
† † †
Mon corps me brûle douloureusement, comme si l'on m'enlevait partiellement des bouts de peau et de chaire. Je n'arrive même pas à gémir alors que le maître des vampires ne prend aucune pause, continuant à me cingler, comme s'il voulait me dompter, alors que je ne bouge déjà plus depuis une heure ou deux... peut-être même plus. Il me frappe au visage, m'arrachant une partie de ma peau endolorie, puis un autre coup sur mes bras déjà ensanglantés... sur mon ventre et ma poitrine déchirée... sur mes jambes complètement déchiquetées qui ne me tiennent plus debout.
– Hadès nous a dit que les dieux se régénéraient plus vite que les surnaturels, ricane Salomon en prenant une minuscule pause. Voyons voir jusqu'où va cette vérité.
Il attend peut-être à peine une dizaine de minutes avant de revenir dans la salle de torture où il me laisse mourir à petit feu. Les plaies sont toujours aussi suintantes de sang, mais ça ne l'empêche pas de me flageller aux mêmes endroits de nouveau. Je m'évanouis encore sous les coups de cette torture qui dura encore plusieurs heures.
† † †
Je me réveille encore une fois, mais le paysage est complètement différent et je suis mouillée de partout. Je regarde lentement à gauche, puis à droite. D'un côté, il y a une rivière, de l'autre, une forêt. Soudain, je sens quelque chose de froid et humide sur mon visage. Je lève les yeux et croise un doux regard. C'est une jeune femme aux longs cheveux châtain clair et aux yeux gris. Un sourire étire ses lèvres et doucement, elle me caresse les cheveux comme si j'étais la chose la plus fragile qu'elle est vu.
En cette instant, je l'aurais peut-être pensé... je sens à peine les muscles endoloris de mon corps tant ils sont complètement détruits de partout...
– Vous n'avez pas à vous inquiéter, mademoiselle, j'ai commencé à vous soigner. Dans trois ou quatre semaines, vous devriez presque être comme neuf.
Je cligne plusieurs fois des yeux. L'un deux est caché par un bandage. J'essaie de me redresser, ce qui me fais grimacer de douleur. Chaque part de mon corps semble crier et il me fallut un effort surhumain pour ne pas m'évanouir de nouveau.
La jeune femme m'aide à m'asseoir contre un arbre.
– Où suis-je?
Elle se lève et se dirige vers un homme noir grand et costaud. Il a des cheveux noir frisé et des yeux aussi sombres que la nuit. Leur habit blanc le mette en valeur. Ils chuchotent quelques secondes avant de se diriger vers moi.
– Bonjour demoiselle, commence l'homme en asseyant, puis me tend la main. Je me nomme Caleb Black et voici ma femme Lili.
Je hoche la tête en lui prenant difficilement la main de la mienne, celle non bandé.
– Moi, c'est Angélique.
– Je suis le chef de la meute des loups d'Europe. Comme tu peux le constater en regardant autour de toi. Je suis le chef parce que je suis le seul de la meute à voir les cheveux noirs... sauf Maali bien sûr, qui sera notre prochaine meneuse.
C'est bizarre ça...
Je regarde autour de moi pour voir apparaître ici et là une bande de loup blanc.
– Est-ce votre fille, lui ai-je demandé avec curiosité en voyant une louve au pelage noir qui sort du lot.
– Non, dit Lili en riant. Je suis trop jeune pour avoir une fille de son âge. Les futurs chefs peuvent naître dans n'importe quelle famille. Nous ne le savons qu'au moment de la naissance.
– Oh... je vois... ce n'est pas hiérarchique... mais ce n'est pas la loi du plus fort non plus.
Je ne vois pas pourquoi ils me racontent tout ça...
– En fait, commence Caleb sans avoir perçu mon envie de les ignorer. Dans les premières années qui ont suivi la création de notre meute, certains ont voulu se mesurer à l'alfa divine qui avait des cheveux noirs. Ils ont tous perdu face à lui. Depuis, les combats sont devenus plus un jeu qu'un duel pour gagner la place de l'alfa.
– Bein ça alors, me suis-je exclamée, impressionné malgré moi. Ça veut dire qu'il y a une ou deux personnes avec les cheveux noirs dans toute votre meute?
– Exactement, dit Caleb en souriant.
Je fronce les sourcils en me demandant soudainement où est Ariane. Elle m'aurait surement aidé si elle avait été là.
Mais pour le moment, la question la plus importante, c'est : qu'est-ce que je fais là? N'étais-je pas prisonnière d'un vampire complètement taré?
– Comment je suis arrivée ici, leur ai-je demandé avec inquiétude.
Ils échangent un regard avant que Caleb reprenne la parole.
– Et bien... nous nous sommes incrustés dans le manoir des vampires pour aller sauver l'un des notre et nous t'avons emmené avec nous du même coup. Nous ne nous sommes jamais entendus avec eux. Et puis, tu étais tellement mal en point que nous nous sommes dit que tu méritais que quelqu'un te sauve de là.
Un étrange sentiment s'empare de moi. Est-ce de la joie... du soulagement... un peu des deux? Peu importe, avec eux, je me sens bien et en sécurité.
† † †
Une semaine plus tard, je suis encore avec la meute. J'ai presque l'impression d'en faire partie!
Bon d'accord, j'exagère un peu... je ne peux pas me transformer en loup.
Heureusement, ils marchent à mon rythme... ou à peu près.
Maali aussi est super, la jeune louve au pelage noir, nous nous ressemblons beaucoup... enfin, notre personnalité.
C'est tellement simple de parler avec elle!
Peut-être parce que nous avons le même âge...
Elle est grande et mince avec une longue cascade de cheveux noirs et des yeux bruns très foncé. Son visage est long avec des pommettes hautes et des lèvres rouge vif qui contrastent avec sa peau noire. Son regard est persan, ce qui la rend un peu intimidante, mais c'est une chouette fille.
– Ange, regarde ça, crie Maali alors qu'elle est sous sa forme de lycanthrope.
Elle saute, s'agrippe à une branche très haute avec sa gueule, se balance d'avant arrière, se lance, fait trois flippes, puis retombe sur ses pattes.
J'en reste bouche bée autant que les garçons de leur meute.
– Ouah, comment tu fais pour sauter aussi haut!
– J'ai la force, la grâce et la légèreté pour le faire, dit Maali en levant son museau de fierté.
– Tu as, une fois de plus, laisser ébahi les gars, dis-je en secouant la tête avec un sourire taquin.
Je fais un coup de tête vers les autres loups qui restent à une certaine distance de nous. Maali suit mon regard, puis lève les yeux au ciel.
– Ils sont ennuyants, soupire-t-elle en montrant ses crocs tranchants. Il ne pourrait pas en avoir un qui ne se laisse pas impressionner par ma beauté magistrale.
Je lève les yeux au ciel et nous nous fixons quelques secondes avant d'éclater de rire. Je sais que, contrairement à Justin (heurk), elle n'est jamais sérieuse par rapport à ça.
– Je voudrais qu'il en ai un qui se fiche de moi, pour que je tente le tout pour le tout pour le séduire, s'exclame-t-elle en bondissant partout.
Je retiens un sourire en la voyant faire.
– Tu as vraiment de drôle de goût en matière d'homme!
– Tu parles pour toi là. Ton homme est dans le camp ennemi.
Je grimace en entendant son allusion à Justin.
– Je te l'ai dit mille fois, dis-je en soupirant. Nous n'étions déjà plus ensemble.
– Ouais, ouais, c'est ça, c'est ça.
– Et toi, ai-je répliqué. À part le fait que tu veux que ton homme se fou de toi... tu veux qu'il ressemble à quoi?
– Le seul truc, c'est qu'il soit beau, grand et fort... comme Caleb, quoi.
– Hmm...
Je repense à Tchad... il est exactement comme Maali a décrit son homme de rêve. Je pousse de nouveau un soupir en pensant à cet imbécile.
Il ne peut pas sortir de ma tête une bonne fois pour toute!
Nous parlons comme ça pendant tout le trajet vers l'Allemagne. Seulement... à la moitié de notre trajet, j'eu la pire surprise de ma vie... bon... j'exagère un peu... mais juste un peu.
– Mince, grogne une voix grave derrière plusieurs arbres. J'étais persuadé que je l'avais senti.
D'un coup, je me retrouve entouré de la meute. Ils sont tous prêt à bondir, Caleb et Lili en tête.
– Bravo mon pote, dit une autre voix masculine. Tu t'es encore foiré.
– Je suis sûr qu'elle ne doit pas être loin, dit une fille.
Cinq têtes apparues à l'horizon. Tous se figent en nous voyant.
– Ne bougez pas, dit le plus grand. Nous sommes tombés sur une meute de loups. Je croyais pourtant qu'ils étaient un peu plus loin. En revanche, je ne comprends pourquoi il y a une fille qui ressemble à une momie.
Plus nous nous approchons, plus ils me disent quelque chose.
– Tchad, me suis-je exclamée en le reconnaissant. Mais qu'est-ce que vous faites là!
Je regarde autour de moi de mon seul œil visible.
– C'est bon, ce sont des amis à moi.
D'un seul coup, la meute me fait un passage jusqu'à eux. Je leur fais signe d'avancer. Tchad marche avec un air suspect, suivi de près par une fille que je ne connais pas. Je me fige en voyant les traits de son visage. On aurait dit qu'elle avait volé les miens, à la seule différence près que ses yeux sont d'un rose bonbon irréel, ses cheveux d'un blanc qui semblent avoir des reflets argentés et une taille plus grande que moi. Je secoue la tête, ébahis.
Ça ne doit pas être vrai... je dois être en train de rêver!
Je me frotte l'œil valide, mais son visage ne change en aucun point. J'ai la confirmation. Je ne rêve pas.
– Qui es-tu, me dit Tchad en grognant. Qu'est-ce que tu nous veux.
Il renifle l'air comme s'il essayait de savoir ce que je suis. Ses beaux yeux verts s'écartent de surprise alors qu'il vient de me replacer.
– Angélique, crie Laurie en courant pour me prendre dans ses bras. Mon dieu! Qu'est-ce qui t'es arrivée.
Elle me surprend en commençant à pleurer contre mon bras et je grimace de douleur en essayant de l'éloigner de moi. Elle recule à contrecœur alors que Jack et Sophia se rapprochent lentement.
– J'ai... eu un petit accident...
– En fait, commence ma copie conforme pas tout à fait conforme. Elle a été torturée... je l'ai vue dans ma dernière vision.
– Quoi, rugit Tchad en se tournant vers elle. Pourquoi tu ne nous l'as pas dit plus tôt!
Elle hausse les épaules comme si ce n'étaient pas grave qu'il le sache ou pas. Et en y repensant, je suis plutôt d'accord avec elle. Ils auraient pu se mettre en danger pour rien.
– Qui c'est, elle, ai-je demandé en la fixant malgré tout avec méfiance.
– Oh...euh, c'est Angelie, c'est en partie grâce à elle que nous t'avons retrouvée, bredouille Jack en se passant une main dans ses cheveux.
– C'est bizarre qu'elle ait eu des visions de moi, ai-je marmonné en plissant les yeux.
– Ce n'est pas sa faute, dit Laurie en reculant à côté de cette fille. C'est son pouvoir.
Je lève un sourcil en regardant la fille et frissonne. J'ai presque l'impression de me regarder dans un miroir. C'est effrayant...
– Je vois... c'est très... utile... pour se défendre.
– Tu n'es pas vraiment mieux, dit calmement Angelie. De toute manière tu ne peux pas savoir de quoi je suis capable... tu ne me connais pas.
– Et tu penses me connaitre, peut-être, ai-je répliqué d'un ton amer. Il paraitrait que je suis comme une sorte d'ange.
Je ricane en repensant aux bêtises que m'a dit le père de Justin.
Moi? Un ange? Sans blague. Si je suis un ange, je dois être détraqué.
– C'est vraiment la meilleure blague qu'un vampire peut dire, me suis-je exclamée en ricannant.
– Non, dit Tchad d'un ton illogiquement agacé. La meilleure blague que peut faire un vampire serait de te dire de garder ton sang-froid.
Un long silence s'en suivit, puis, Angelie commence à rigoler comme une folle... morte de rire.
Euh... c'était censé être une blague, ça?
– Allons-y, dis-je aux loups alors qu'Angelie se tordait toujours dans son délire.
– T'en mieux, dit Maali. Je commençais à m'ennuyer.
Je regarde Tchad dans les yeux. Son expression est détestable.
– Pousses-toi, Tchad, ai-je marmonné en baissant les yeux.
– Pas question!
Ce qu'il peut être énervant quand il s'y met! Non mais! C'est quoi son problème à la fin!
– Pourquoi vous m'avez suivi, ai-je grogné en levant les yeux au ciel. Vous avez mieux à faire que de perdre votre temps à essayer de me retrouver.
– Et bien, marmonne Tchad, étonnamment et soudainement mal à l'aise en se passant une main dans ses cheveux noirs. Je voulais... m'excuser...
Je le regarde sans comprendre. Lui? S'excuser?
– Pourquoi, lui ai-je demandé, surprise.
– T'as déjà oublié, idiote!
Il passe ses mains sur son visage, comme s'il essayait de se calmer, puis pousse un soupir exaspéré. Je continue de l'observer sans comprendre de quoi il parle. Il fait un pas vers moi et me regarde de toute sa hauteur, ce qui me déstabilise autant qu'avant. Il ressemble à un géant à côté de moi.
Un éléphant et une souris...
– Pour ce que je t'ai dit... avant que tu partes... je suis désolé... je... je t'ai... mal jugé.
Je le regarde en fronçant les sourcils.
Tchad est mal à l'aise! Et il s'excuse! À moi! La fille qu'il déteste le plus au monde!
Bon... je dis ça, mais je n'en sais rien.
Son expression piteuse le rend plutôt mignon...
– Je... je t'ai vu, continue-t-il avec un sourire qui ressemble plus à une grimace. Quand tu as acheté des choses à cette vieille femme. Je... je t'ai perdu de vu quand je me suis arrêté pour lui parler.
Ma bouche grande ouverte semble le mettre de plus en plus mal à l'aise à force que les secondes s'écoulent. Nous nous fixons, puis la main d'Angelie brise le charme, alors qu'elle l'agite devant mon visage. Le sien, si semblable au mien, est redevenu comme une plaque de glace, froid, alors que son regard fixe me déstabilise.
– Oh... tu... euh, dis-je en faisant un pas en arrière. Tu... euh... pensais que s'était pour ça...
– Quoi, grogne Tchad en fronçant les sourcils, rendant de nouveau son visage un peu moins joli. Ce n'était pas pour ça! Tu pleurais pourtant!
– Non, ai-je menti en évitant son regard. Tu as seulement imaginé que je pleurais. Je ne suis pas aussi bébé pour pleurer de quelque chose venant de toi.
Je lui jette un regard en coin et le vois serrer les lèvres. Je serre les miennes, regrettant déjà mes mots...
† † †
Quelques heures plus tard, nous nous sommes installés dans un coin de la forêt pour la nuit. Nous sommes entre la ville Saint-Dié-des-Vosgues en France, et la ville de Strasbourg en Allemagne. Tous les lycanthropes dorment, alors que je n'arrive pas à fermer l'œil. Je ne comprends comment ils y arrivent à cause des cris de folies d'Angelie. Tchad, Laurie, Sophia et Jack accouraient comme des fous vers elle alors que je me lève lentement pour aller voir pourquoi elle fait autant de bruit.
Quelle agaçante créature!
Comme toi, me nargue une voix dans ma tête que je chasse aussitôt.
Je marche tout en me frottant l'œil valide. Je suis surprise de voir Tchad se précipiter vers elle aussi rapidement que les autres.
Oh mon dieu! Et s'il sort avec elle! Non! Je ne veux pas! Ils n'auront pas ma permission!
Un étrange sentiment de jalousie me prend par surprise et me fait rire toute seule.
Non. Je ne peux pas... non. Je ne suis pas jalouse que Tchad s'inquiète pour une autre fille.
Je me fiche de ce gars! Je me fiche de ce gars! Je me fiche de ce gars!
Je secoue la tête, me trouvant énervante rien qu'avec ces pensées envahissantes. Je m'arrête à quelque pas d'eux en frissonnant de voir sa crise.
Ai-je l'air d'une possédée, moi aussi, lors de ses moments. Ses yeux roulent horriblement dans leur orbite alors que nous ne voyons même plus ses iris. Son corps se tord d'une manière qui n'aurait jamais dû être possible. Malgré la peur et le dégoût que je ressens en la voyant ainsi, je n'arrive pas à détourner les yeux de l'horreur qui se déroule.
– Angelie, crient-ils en cœur. Qu'est-ce qu'il a!
Elle se lève d'un bon, revenant soudainement à elle, ce qui les fait tous sursauter.
– Euh... j'ai fait un rêve vraiment étrange...
Pendant un ainsi, elle semblait chercher ses mots, comme si elle n'osait pas nous révéler ce qu'elle a réellement vu.
– Je... sortais avec chacun de vous...
Je ne la crois pas une seconde.
– Quoi, gueule Tchad avec une expression dégouté.
– Tu fais des rêves vraiment étranges, a écrit Sophia en fronçant les sourcils.
– Euh... désolé de te décevoir Ange, mais je... je suis amoureuse des garçons... pas des filles, dit Laurie, mal à l'aise. Je... je suis amoureuse de... de Jack.
Elle rougie comme une tomate, alors que Jack la regarde avec de grands yeux surpris, mais heureux.
– Tu... tu m'aimes!
– Euh...oui.
Jack s'approche d'elle, l'enlace et l'embrasse sur la joue en lui murmurant des mots doux.
Ils sont maintenant perdus dans leur petit monde...
– Bravo Angelie, dis-je avec un sourire mesquin, en sachant qu'elle les a facilement berner. Au moins, une bonne chose de faite. Je me lassais de les voir se dévorer du regard sans se rendre compte que s'était réciproque. En revanche, tu risques de mettre le doute dans la tête de ton copain.
Je la regarde, puis regarde Tchad qui fronce les sourcils, avant de reporté mon attention sur Angelie.
Elle rougie en évitant mon regard.
Oh mon dieu! Je le savais! Ils sont ensembles!
Un malaise s'empare de moi et je retourne vivement vers mon petit coin en marchant d'un pas raide. Je sens le regard de Tchad dans mon dos, comme si j'avais dit quelque chose d'étrange. Je soupire en arrivant à côté de mon sac.
Pourquoi je me sens si déprimer rien qu'en y pensant... ce n'est pas comme si j'étais amoureuse de lui... non? Je regarde autour de moi en me demandant si j'arriverais à me rendormir.
Brusquement, quelque chose ou quelqu'un me plaque contre un arbre. Par malheur, la chose avait pensé mettre l'une de ses mains sur ma bouche pour m'empêcher de crier. En fait, elle fait la moitié de mon visage et est beaucoup trop poilue pour que ce soit celle d'un simple humain.
– Soit bien sage, d'accord, chuchote une voix grave, mi-homme mi-animal, à mon oreille.
J'essaie de me débattre, mais la chose me soulève comme un petit insecte. L'être est fort poilu et marche sur deux pattes. Quelque chose commence à me brouiller l'esprit, alors que je papillonne des yeux pour restés éveillée. Doucement, je sombre dans le sommeil, bercé par les bruits de la forêt.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top