Chapitre 12
Ai-je rêvé? Étaient-ils tous là à me regarder partir?
Non. Impossible. Ils n'en auraient pas eu le temps...
Un frisson me parcourt en repensant à son regard... était-ce de la colère que j'ai vu?
De la tristesse peut-être?
À moins que s'était du regret?
Mais... comment avait-il réussit à me rejoindre aussi vite? Il ne pouvait tout de même pas me renifler aussi facilement avec toutes les odeurs de New York... si? Il est peut-être tellement habitué à mon odeur qu'il pourrait me trouver dans n'importe quelle grande ville... je me renifle un moment, puis fronce les sourcils en secouant la tête, me trouvant totalement idiote.
Je soupire en me laissant tomber sur le lit. J'enlève ma veste et prends ma boîte de macaron (qui est dans mon sac de voyage) et commence à en manger au hasard. Il y en a de toutes les couleurs.
Après quelques minutes, quelqu'un entre dans la pièce, me faisant sursauter et presque m'étouffer avec un macaron. Je me retourne vivement et fronce les sourcils en me demandant si ce n'est pas la personne à qui j'avais volé la chambre.
Un jeune homme aux cheveux blond platine avec des yeux dorés et une peau bronzée se tient devant moi avec une expression surprise, puis avec un grand sourire. Ses dents sont très droites et d'une blancheur éclatante. Ses vêtements noirs font un étrange contraste avec son aura lumineuse. Il regarde le numéro sur la porte comme pour s'assurer qu'il était bien au bon endroit.
Son attitude me dit que c'est le propriétaire de la chambre.
Il entre et referme la porte derrière lui avant de reporter son attention sur moi.
– Salut, dit-il en français d'une voix chantante avec un accent européen, comme s'il savait de quelle langue je parlais. Je peux savoir ce que tu fais là?
– S...salut, ai-je bredouillé en me mordillant les lèvres, cherchant une excuse plausible à mon intrusion. Je... je suis une passagère clandestine.
Je grimace devant ma propre idiotie. Tu n'aurais pas pu trouver mieux, stupide cerveau.
Le garçon lève un sourcil, puis accote sa valise à côté de la porte.
– Mick Wilson, ravie de faire ta connaissance.
Il me tend la main, mais voyant que je ne bouge pas d'un poil, il la laisse retomber sans se répartir de son sourire charmant.
– Euh... moi, c'est Angélique Dawnham, me suis-je présentée avec hésitation.
Il lève de nouveau un sourcil alors qu'un silence gênant règne.
– Mon père est le capitaine de ce bateau, tu sais.
Quoi! Merde!
– Euh... d'accord, ai-je bredouillé en clignant des yeux, cherchant une quelconque échappatoire à cette soudaine mauvaise fortune.
Tu aurais dû t'en douter avant d'entrer ici idiote, me nargue une voix dans ma tête. Je cherche à l'ignorer, mais c'est impossible puisque c'est nul autre que moi-même.
Il éclate de rire devant mon expression paniqué.
– Relaxe. Je suis quelqu'un avec un bon cœur. Je te laisse cette chambre, mais en échange, tu vas devoir me tenir compagnie pendant le voyage.
– Okey, ai-je grogné, ne voyant pas ce qu'il pourrait faire de toute façon.
Ils ne m'auraient quand même pas balancé à la mer?
Il jette un regard dans la pièce avant de revenir sur moi.
– Tu as quel âge, au juste? Ça me trotte dans la tête depuis que je suis entré. Tu m'as l'air jeune.
Pourquoi est-ce qu'il me passe un interrogatoire, soudainement?
– Et toi, dis-je en me demandant si je devrais révéler plus ou non.
– J'ai dix-neuf ans, dit Mick avec un grand sourire en penchant la tête sur le côté tout en plissant légèrement ses yeux.
Je me mordille la lèvre, jette un regard par la fenêtre, puis reporter mon attention sur lui.
– J'en ai quinze, ai-je marmonné avec hésitation.
Le visage de Mick se fige un instant avant qu'il n'éclate de rire.
C'est quoi cette réaction?
– Je n'aurais jamais pensé rencontrer un enfant aussi rebelle, ricane-t-il en venant m'ébouriffer les cheveux. Tu as fait une fugue, c'est ça.
Je fronce les sourcils même si je sais qu'il a parfaitement raison, d'une certaine façon. N'importe qui aurait fugué à ma place. Il faudrait être vraiment taré pour rester à Stomberg House après avoir vu tous les cadavres dans la zone interdite du bâtiment.
– Mon père n'a aucun intérêt sur ce que je fais et ma mère est morte depuis longtemps. Je peux faire ce que je veux, quand je veux et aller où ça me chante. Mon père sans contre fiche. Tant que je ne fais pas une crise qui lui ferait honte.
Mick lève un sourcil, en entendant ma dernière phrase.
– Une crise d'adolescence, hein, dit-il en secouant la tête, un sourire aux lèvres.
Je lui lance un regard noir, ce qui le fait lever les mains en signe de défense alors qu'il rit devant mon attitude.
– C'est bon, j'ai compris, je te laisse à ta rébellion.
Mick reprend sa valise et sort en me faisant un clin d'œil.
Je fronce les sourcils devant sa réaction et me lève pour aller fermer la porte qu'il a laissé ouverte. Je me retourne pour de nouveau aller m'asseoir, mais d'un coup, ma vision se trouble. Je cligne des yeux alors qu'ils se noient encore une fois dans un océan de larmes. Des picotements et des frissons me parcourent le corps. Mon visage me brûle, comme prise d'une mauvaise fièvre, alors que le reste de mon corps se refroidit, se glace, givré par quelque chose d'inexplicable. Mes pieds chancèlent et je pousse des petits gémissements, telle une souris qui couine. Mes yeux roulent dans leur orbite, de la sueur dégouline sur mon visage et des spasmes me prennent à cours.
Mon souffle me manque.
La dernière chose que je vois avant que je tombe dans le néant, c'est la pleine lune d'un rouge effrayant alors même que nous sommes en plein jour.
†††
Quelque chose m'étouffait, ma gorge me brûlait... comme si je manquais d'air... le son des vagues m'irritait les oreilles alors qu'elles auraient dû m'apaiser... on aurait dit qu'une tempête battait la mer dans une rage à en tuer des baleines... et je me trouvais dans cette colère.
Pourquoi là! Pourquoi moi! Méritais-je vraiment cette torture!
Un rire cruel déchirait mes tympans alors que mon corps s'alourdissait. Je m'efforçais d'ouvrir les yeux et de crier à l'aide, mais deux mains puissantes tenaient mon petit corps de bébé... Je réalisais alors que mes longs cheveux étaient argent et que ce que j'avais pris pour de l'eau était d'un mauve sombre et atrocement brulant.
Ce n'est pas moi alors... je vois simplement à travers ses yeux...
De la vapeur noire montait en haut de ma tête... un visage flou se dessinait au-dessus de moi... terrifiant... déformé par la mer mauve... mais j'y distinguais un sourire cruel.
– Ouvre cette maudite porte, criait une voix masculine qui me semblait lointaine.
Rapidement, il me faisait sortir de l'eau et m'agitait dans l'aire comme une poupée de chiffon. La bête, mi-homme mi-démon, approchait mon visage du sien. Une odeur de pourriture et d'humidité se dégageait de lui. Ses yeux d'un noir de puit avaient une lumière rouge orangé qui semblait tournoyer par la colère... et ses cheveux noirs lui arrivaient aux épaules. D'étranges crocs sortaient de ses lèvres pulpeuses et d'énormes ailles noires, fait de cendre, sortaient de son dos. L'extrémité des plumes avaient la même couleur que ses yeux. Deux cornes noires sortaient de sa tête semblable à celles d'un bélier.
– Tu sais très bien que je peux te torturer aussi longtemps que tu n'auras pas fait ce que je te demande, Angena. Tu ne pourras jamais m'échapper. Zeus et Athéna te recherche partout dans votre royaume, mais ils sont trop idiots pour croire que tu es ici, avec moi.
Un sourire carnassier se dessinait sur ses lèvres.
– Je suis très patient, tu sais. Je peux très bien attendre que tu saches marcher et parler toute seule. Quelques années de patience n'est rien comparée à l'éternité.
– Hadès, criait un autre homme. Laisse la princesse tranquille!
Hadès se relevait à une vitesse hallucinante alors qu'un homme approchait. Il avait des cheveux noirs au reflet bleu et des yeux bleu pailleté d'argent. Il regardait Hadès avec un dégoût aucunement dissimuler. Je voulais crier, mais rien ne sortait.
– Tient... tient... que me vos cette visite, cher petit frère.
– Ne prend pas tes désirs pour des réalités, Hadès! Relâche immédiatement la princesse Angena! Elle est incapable d'ouvrir un portail!
– Ne dit pas n'importe quoi, Poséidon. Je ne suis pas idiot, sifflait Hadès entre ses crocs. Il suffit de voir ses yeux pour le savoir, elle a les mêmes paillettes que toi... celle de l'eau d'argent. Et puis, pourquoi te soucier d'elle alors que tu as déjà des problèmes avec l'un de tes fils... comment s'appelle-t-il déjà...
– Ne mêle pas mon fils dans tout ça!
– C'est vrai, mais c'est toi qui me cherches... bien que tu m'ais trouvé maintenant...
Un loup-garou fait de goudron se matérialisait à côté d'Hadès et celui-ci me prit des bras de son maître avant de reculer. Hadès créait une armée de géants dragons démoniaques fait de cendre, de magma et de goudron en riant alors que des êtres aillés de lumière arrivaient du côté de Poséidon avec des armes fait en énergie et en lumière argenté.
†††
Je me réveille le lendemain avec un terrible mal de tête. Des larmes coulent sur mes joues rougies de chaleur et ma respiration est rapide. Mon corps me semble glacé et j'ai mal au nez et cela, parce que j'étais tombé en pleine face sur le sol. Je me relève en grognant et j'observe la pièce en essayant de me calmer.
Je ne comprends rien de cette vision. Pourquoi y avait-il des dieux de la mythologie grec? Et qui était cette fillette dont j'avais intégré le corps? Elle ressemblait étrangement à la description de l'histoire que m'a raconté la jeune femme dans le traversier.
Bon d'accord, comme j'étais elle, je n'avais vu que ses cheveux, mais de ce qu'à insinuer Hadès à propos des paillettes d'argent, ça marche assez bien.
Et si mon destin est de retrouver cette fille... mais c'est impossible, elle aurait plus de cent-quinze ans... à moins qu'elle vieillît plus lentement que des humains normaux...
Tout en réfléchissant, je fais les cent pas dans la chambre. Elle est tout en blanc, du plancher jusqu'au plafond.
Une blancheur exaspérante.
Trois coups à la porte me fait sursauter. J'ouvre et grogne en voyant Mick devant ma porte.
– Petit déjeuné au premier balcon, dit-il avec un grand sourire en me prenant par le bras.
Il était vraiment sérieux en disant qu'il voulait que je lui tienne compagnie...
– Laisse-moi au moins me changer, ai-je marmonné en me défaisant de sa poigne.
Il fronce les sourcils en voyant que je suis habillée comme hier.
– Tu as vraiment dormi comme ça.
Je le regarde en me demandant s'il est plus crétin que Tchad.
– Euh, oui. Qu'est-ce que ça fait?
Dormir est un bien grand mot dans ce cas, mais bon...
Il regarde mon chandail bleu clair souple et mon short en jean noir, puis secoue sa tête blonde avant de me faire un grand sourire.
– D'accord, je t'attends devant ta porte.
Il m'ébouriffe les cheveux avant de la refermer.
Il me prend pour quoi! Un cabot! C'est la deuxième fois qu'il me décoiffe!
Bon, en vrai, je faisais déjà dur... ça n'a fait qu'empirer un peu.
Je soupire en sortant une camisole noire et une jupe rose poudre de mon sac. Je les enfile à la va-vite, peigne mes long cheveux comme je peux, puis je sors rejoindre Mick qui attend les bras croiser, dos au mur, à côté de ma porte. Il me fait un grand sourire avant de me prendre la main, comme si nous nous connaissions depuis des années.
D'ailleurs, où est-ce qu'il a passé la nuit si je lui ai volé sa chambre?
Ariane apparait à ce moment-là en bondissant. Un sourire niait se dessine sur son visage quand elle voit Mick. Je me retiens de lever les yeux au ciel devant sa réaction. Mon amie s'amuse à passer devant lui en riant comme une dégénérée. Je me retiens avec difficulté de passer un commentaire.
En arrivant sur le pont, je vois qu'il y a de grande table ronde avec des nappes blanches et huit chaises autour de chacune d'elles. Mick m'entraîne vers une table près du bord, d'où nous pouvons voir l'ensemble en plus de pouvoir sentir l'eau salé de la mer.
– La mer est la mère de toute chose, me dit Mick d'un ton philosophique complètement ridicule au moment où nous nous asseyons. Sans elle, la vie ne serait pas la vie, puisque tout être vivant à besoin d'eau pour vivre.
Je lève un sourcil devant ses mots.
– Et les bactéries, ai-je argumenté d'instinct. Certain n'ont besoin ni d'aire ni d'eau pour vivre... pourtant, c'est vivant. En plus, il y en a une sorte qui s'appelle le tardigrade aussi connu sous le nom d'ourson d'eau qui pourrait vivre à de très basse ou de très haute température sans boire ni manger.
– Je ne considère pas vraiment ces bestioles comme des choses vivantes, dit Mick avec un petit rire stupide, comme si, en vrai, il ne cherchait qu'à me faire réagir.
– Pourtant nous en étions avant de devenir graduellement des humains, c'est une preuve purement scientifique, dis-je en haussant les épaules. Il faut bien partir de quelque chose... à moins que tu croies en dieu et la religion qui n'est, et je ne dis pas ça pour t'attrister, qu'une panoplie de mensonge de fou...
Les dieux n'existent pas. C'est tout bonnement impossible.
Avant qu'il n'ait pu répliquer quoi que ce soit, une serveuse nous apporte à chacun une grosse assiette remplit de saucisse, d'œuf brouillé et de pancake remplit de sirop et de fruit frais.
– Hmm, fait Ariane avec une moue attristée. J'aimerais bien pouvoir manger moi aussi, juste pour me rappeler l'effet que ça fait.
Je lui fais un sourire triste alors qu'elle va flotter dans un coin.
Le capitaine Wilson sort par l'une des portes du haut et se dirige vers nous en saluant les passagers. Ce n'est pas difficile de le reconnaître étant donné qu'il a un chapeau de capitaine de bateau. En revanche, sans, je n'aurais su dire, car Mick n'a rien en commun avec cet homme. Alors que son fils ressemble à du caramel chaud, le père a la peau laiteuse, des cheveux noir grisonnant, des yeux brun sombre et une taille peu imposante. Son pardessus bleu marin, sa cravate et sa chemise blanche lui vont comme un gant.
– Bonjour, me salue le capitaine en s'asseyant à côté de son fils avant de me tendre la main. Comment se fait-il qu'une demoiselle aussi jeune que toi puisse être sur mon bateau sans parent?
Il échange un regard avec Mick qui hoche la tête, comme pour répondre à une question silencieuse.
Lui a-t-il dit que j'étais une voleuse de chambre?
– Je vais rejoindre mon père, ai-je bêtement menti en lui serrant la main. Je débarquerais quand nous arriverons en...euh... Europe.
Enfin, je dis ça alors que j'ignore où le navire se dirige.
– Une chance pour toi que c'est notre première destination, dit-il, surpris, puis suspicieux.
Il me lâche la main et je lui fais un sourire que j'espère ne pas paraitre trop crisper. Je hoche la tête alors que le capitaine fait signe à un serveur.
† † †
À peine quelques jours sont passés et une routine s'est installé entre Mick et moi.
Le matin, il vient me chercher pour que nous déjeunons ensemble. Quelques fois, avec le capitaine aussi. Nous allons ensuite nous baigner dans un spa jusqu'au dîné. Heureusement que j'avais pensé à mettre autant mon costume que des vêtements chauds.
Ensuite, nous nous asseyons sur le pont, sur de longues chaises, à côté de la piscine. Il me parle de ses études, de la mort de sa mère quand il n'avait que deux ans et de ses amis, qu'il va rejoindre pour les vacances d'été avant de retourner aux études, en France. Je lui parle à mon tour de mes amis, ma famille, sans pour autant aborder les sujets épineux. Je ne lui parle évidemment pas de mon pouvoir de voir la mort. De toute manière, il semble préféré parler de lui que m'écouter parler de moi. D'un côté, ça m'arrange assez bien.
† † †
La veille, le capitaine avait averti tous les passagers que nous arriverions en France dans deux jours.
† † †
Quelque chose me réveille en sursaut. Je me lève, tire le rideau pour constater qu'il fait encore nuit. Après quelques minutes, sachant que je ne m'endormirai plus, je décide de sortir sur le pont. L'air est doux et frais, les vagues, relaxantes.
J'avance doucement vers le bord alors qu'une lueur blanche passe dans l'obscurité. Je pousse un cri et écarte les yeux en voyant un visage familier dans la lumière. Mon coeur bondit dans ma poitrine et s'élance au galop comme un cheval fougueux. Je mets une main sur mon thorax en essayant de ralentir mon souffle, en vain.
– Mi...Mick...tu...tu...
Il se rapproche de moi en regardant les alentours, comme s'il se demandait ce qu'il faisait là.
– Angélique? Que fais-tu dehors à une heure pareille?
Mes lèvres tremblent alors que je ne comprends pas pourquoi il est soudainement devenu un esprit. Je n'ai ni eu de vision de sa mort ni vu l'épée de Damoclès en haut de sa tête. Alors... comment ce fait-il que...
– Et...et toi...que...que fais-tu là?
Mick observe un instant la mer avant de reporter son attention sur moi.
– Je ne sais pas, dit-il en haussant les épaule comme si de rien n'était.
Est-ce que je viens de découvrir quelque chose d'autre par rapport au fantôme? Sont-ils lumineux la nuit? Je ne me rappelle pas en avoir vu...
– Angélique?
Je me retourne vivement pour voir le capitaine s'avancer lentement vers moi alors qu'il observe les alentours. Il se demande sans doute à qui je parle.
Je pince les lèvres en me demandant si je devrais l'aviser du décès de son fils.
– Euh... monsieur... j'ai... une mauvaise nouvelle à vous annoncer, ai-je commencé alors qu'il m'écoute attentivement. V... votre.... fils est... mort...
Le capitaine Wilson hoche la tête comme s'il était déjà au courant.
L'aurait-il tué? À moins que Mick avait une quelconque maladie?
– C'est son vingtième anniversaire.
Je le regarde sans comprendre. Que veut-il dire?
– J'imagine que tu le sais parce que tu le vois. Il est un Sirius.
Je cligne plusieurs fois des yeux en ne comprenant pas ce qu'il veut dire par là.
– Un quoi?
– Un Sirius... ils sont des esprits de lumière qui guide les autres esprits vers la bonne voie... du moins, quand ceux-ci veulent bien écouter. Ils servent de guide vers le paradis, en quelque sorte... sa mère était une Sirius... comme lui. En générale, ils meurent à l'âge de vingt ans et leur corps disparait avec eux. Ils ont le même nom qu'une étoile très brillante. Techniquement, on pourrais dire qu'ils sont presque équivalant à la plus basse classe des anges, qui sont des messagers.
Je le regarde en clignant des yeux. Alors il y a un type de surnaturel qui est destiné à mourir? C'est triste, quand on y pense...
Le capitaine m'observe en fronçant les sourcils avant de me faire signe de le suivre. Mick, à quelques pas de nous, a une expression déboussolée peint sur son visage de lumière. Nous entrons dans le cabinet de commande et le capitaine commence à chercher quelque chose.
– Si tu vois des esprits, tu dois être une lutine ou un diablotin.
– Hein?
Tchad aussi avait dit quelque chose du genre, il me semble...
– Je ne connais pas grand-chose à ce monde, mais seuls les lutins ou si vous préférez les diablotins, ainsi que les elfes, ont la capacité de voir les esprits.
Je cligne des yeux en le voyant sortir un gros livre semblable à un dictionnaire. Cependant, celui-ci est fait avec une vieille couverture de cuir noir. Le capitaine Wilson touche le bouquin du doigt en me montrant le centre, où il y a un cerceau rouge brillant.
– La majorité des pouvoirs surnaturels sont doublés les soirs de pleine lune. Par exemple, les chiens ou les loups, et certains autres pouvoirs d'animaux, double de volume lors des pleines lunes.
Je le regarde, bouche bée alors qu'il me tend le grimoire.
– Prenez le, il ne m'a jamais vraiment servi de toute manière.
– Merci, dis-je encore plus surprise.
Je ne m'attendais pas du tout à une tournure d'évènement pareil... je n'ai même pas vu l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de Mick.
– C'est toujours un plaisir de pouvoir aider les gens, dit-il avec un sourire triste.
† † †
Nous arrivons au port de Roscoff le lendemain, puis je me dirige vers l'aéroport Brest Bretagne pour ensuite me rende à Paris.
C'est une belle journée ensoleillée à la fois chaude et fraîche.
En arrivant à Paris, je me dirige vers la bibliothèque nationale de France. À ma connaissance, c'est l'une des plus prestigieuses bibliothèques du monde. Je me suis dit que je trouverais peut-être plus d'informations sur les surnaturels que les quelques petites choses que le capitaine m'avait apprises.
Je me dirige vers l'une des parties multimédia de la bibliothèque, comme il y a beaucoup trop de livre et que je ne veux impliquer personne dans mes recherches. Je cherche l'histoire de l'ange que la jeune femme m'avait racontée dans le traversier, mais je ne trouve rien du tout.
Rien d'étonnant... cette histoire est trop étrange pour être prise au sérieux... pourtant...
Je soupire, puis écris dans la barre de recherche «lutin créature» : les diablotins ou les lutins sont, dans la mythologie, des créatures démoniaques de petite taille. Ce sont des petits êtres espiègles, mais peu malins et se sont les assistants du Diable.
Je frissonne en me disant que c'est bien possible que ce soit ce que je suis... je comprends pourquoi Tchad avait dit ça...
D'un côté, c'est insultant d'être associé au Diable.
Pour ce qui est des elfes, c'est la définition suivante : « Les elfes sont d'une grande beauté et possède la jeunesse éternel. On les retrouve le plus souvent dans des forêts où ils vivent en communeauté. Ils sont considérés comme des êtres immortels dotés de pouvoirs magiques. Ils se distinguent facilement des humains grâce à leurs oreilles pointues et une apparence plus élancée. »
Ça n'en dit pas beaucoup...
Je décide alors de chercher des informations sur le pouvoir de Tchad et Laurie, mais il n'y avait rien du tout en lien avec des pouvoirs spéciaux.
Je soupire de nouveau en fixant l'écran, puis, parce que je ne sais plus trop quoi chercher, j'écris mon prénom : « Angélique est un prénom féminin dont l'origine viendrait du grecque et dont la signification voudrait dire "semblable aux anges". »
Je grimace en voyant la définition... pourquoi un lien d'origine grecque... Et en plus, je n'ai rien d'angélique du tout... à par mon apparence physique... peut-être.
Je clique sur un site qui donne la définition de mon prénom : « Tout feu toute flamme, elle déteste les contraintes. Elle vit sans vraiment être consciente des dangers. Malgré son pouvoir de séduction, elle n'est pas vraiment féminine dans l'âme. Énergique, directive et assez égocentrique, elle veut avoir la première place dans la vie (euh... c'est exactement ce que me reprochait Tchad...). Effronterie, dynamisme, elle a les défauts de ses qualités : « impatience, instabilité, agressivité, parfois manque de discernement. » Elle est extrémiste. Son existence est peu linéaire, marqué d'évènement ici et là. Plutôt qu'un ange, c'est un petit diable qui est toujours en mouvement. »
Je cligne plusieurs fois des yeux en lisant ça. Cette définition me représente un peu mieux... mais cela fait vraiment un lien avec le Diable... et ce que je suis potentiellement, c'est à dire, un diablotin.
Je sursaute en sentant quelque chose sur mon épaule. Je me retourne vivement et grimace en reconnaissant l'individu détestable qui se tient près de moi. Justin se tient là, tout souriant, comme si nous étions toujours ensemble.
– Salut, beauté, me dit-il en jouant avec une mèche de mes cheveux. Que fais-tu ici? Je te croyais enfermé dans un bâtiment isolé du monde avec des tarés.
– Je...
Je fronce les sourcils, puis me retourne pour fermer l'ordinateur. Je me lève en prenant mon sac pour ensuite me dirige vers la sortie. Justin me suit de très près, ce qui m'agace vraiment.
– Je ne faisais rien de particulier... et non je n'étais pas dans un trou perdu au milieu de nul part... bon... peut-être un peu... mais il y avait d'autres adolescents et ils ne sont pas des tarés. Stomberg House, tu connais?
Il ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose, puis secoue la tête alors que nous marchons vers je ne sais pas où. C'est louche, comme attitude...
– Oh, c'est vrai! Quelle idiote! Le capitaine Wilson m'a donné un bouquin sur les êtres surnaturels!
Je réalise une seconde après ce que je viens de dire et mets ma main sur ma bouche. Imbécile! Imbécile! Imbécile!
– C'est vrai que tu es idiote. Tout le monde le disait à l'école. Oh. Et que tu étais folle aussi. La fille niaiseuse qui effraie tout le monde avec ces prédictions bizarres.
Je lui lance un regard noir puis ouvre le livre que je viens de sortir de mon sac. Je grogne en voyant que toutes les pages sont écrites dans une langue ancienne. Surement du latin.
– Et toi, lui ai-je demandé en rangeant le grimoire avec exaspération. Que viens-tu faire ici?
– C'est un secret, dit lentement Justin en souriant.
Je m'arrête et le fixe quelques secondes.
Essaie-t-il de paraître mystérieux? Il devrait pourtant se douter que je trouverais ça plus louche qu'autre chose.
Son sourire s'élargit et il montre pour la première fois ses dents. Ses canines sont étrangement longues pour un simple humain. Je pousse un cri en me rendant compte que ce sont des crocs de vampire.
– Est-ce que ça va, me demande Justin d'une voix mielleuse.
– Tu... tu...
– Oh... tu as enfin remarqué. Je suis un vampire. Il me semble que c'est évident, vu ma beauté suprême.
Je grimace en l'entendant se glorifier. Comme si la beauté était un prestige...
Et c'est toi qui dit ça, peste une voix dans mon esprit, que je chasse aussitôt.
– À vrai dire, tu aurais dû le savoir... puisque nous nous sommes embrassés... et tu es aussi une créature magique, toi aussi... tu es de quelle sorte en fait?
Je le regarde, bouche bée. Comment le sait-il? Je me reprends aussitôt.
– Je l'ignore, dis-je alors que nous arrivions dans une ruelle sombre et déserte. L'un de... hmm... mon... ami... Tchad pense que je pourrais être une lutine... ou un diablotin, mais ça revient un peu au même.
Justin éclate de rire, comme si j'avais dit quelque chose d'hilarant.
– Sur quoi il se base ton soi-disant pote, s'exclame-t-il en s'essuyant le coin des yeux, comme si, en vrai, il sait déjà ce que je suis.
– Sur...
Je m'arrête net. Nous sommes tout d'un coup entourés de gens selves à la peau très blanche, aux cheveux incolores et aux yeux irréellement pâles. Justin se fige en voyant un homme très grand s'approcher de nous. Il doit faire presque le double de ma taille.
Un coup violant me frappe le crâne et m'assomme avant que j'aille pu faire quoi que ce soit.
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