Aya me boude pour je ne sais pas quelle raison idiote depuis sa rencontre avec Keven. Elle est devenue soudainement distante. Parfois, je me demande si elle n'en saurait pas plus que ce qu'elle a dit...
En tout cas, elle m'a dit qu'il la met mal à l'aise. Ça, je le comprends... mais de m'éviter, non. Ce qui est étrange pourtant, c'est qu'elle a quand même accepté de nous aider à aider Keven par rapport à sa mission venant du Conseil. Carrément louche. Je ne la jugerais pas trop vite, mais je la garde à l'œil... et elle semble le savoir...
Mais avant tout, une promesse est une promesse, donc nous devons nous préparer pour la soirée de ce soir... la fiesta d'Elizabeth... un défi qui semble presque surhumain pour ma sœur jumelle en ce moment... du moins, à en croire son agitation excessive. En gros, elle parle à une vitesse incroyable, qui fait que je ne comprends strictement rien de son baratin.
Heureusement que Maggie est là pour me traduire sa nouvelle langue. Je me coupe les cheveux de manière qu'ils m'arrivent en dessous des oreilles, alors que les filles se concentrent sur leur maquillage léger. Je vais discrètement piquer un costume à Léo, dans ceux qu'il ne porte pratiquement jamais. Aya trouve un masque noir dans son taudis. Je sais que ma sœur croit avoir pris son envol en devenant amie avec Elizabeth et ses larbins... elle qui était d'ordinaire autoritaire qu'avec moi et ultra timide devant les autres, elle a fini par un peu trop apprécié les fêtes, l'alcool et les garçons... mais je sais que c'est pour cacher sa vulnérabilité face à la mort de nos parents et nos grands-parents... du moins, je crois que je sais.
Elle s'est habituée à cacher son mal-être derrière des sourires. Aya copie nonchalamment Louisia en pensant que je ne remarquerais rien à son petit jeu... je sais qu'elle n'arrive pas à toujours être sincère... avec les autres, mais surtout avec elle-même. Si quelqu'un la voit en ce moment même, elle en aurait honte, même s'il n'y a aucune raison de paniquer. Elle sait qu'elle n'arrive pas bien à me mentir et je ne tente jamais de lui cacher des choses, même si ça fait mal... de toute manière, contrairement à elle, je ne peux pas pleurer... du moins, pas devant les autres... et je n'y arrive d'ordinaire même pas... et je n'en n'ai pas envie non plus.
Certains disent que je suis trop froide, impassible, indifférente et insensible, mais je m'en fiche... Aya pleure assez pour deux. Tout ce qui m'importe, c'est de régler une fois pour toute le compte de ce fichu criminel! C'est mon intention primordiale, mais ça, je ne l'ai dit à personne... pas même à Keven, à Maggie, à Kat... et encore moins à Aya et aux deux policiers qui nous ont recueillis... Ils trouveraient un moyen de m'enfermer quelque part jusqu'à ma mort.
Tous croient que piquer des enquêtes est un simple passe-temps gore d'une fille psychopathe. Je me dis que c'est t'en mieux pour eux et pour moi... ce n'est pas comme si j'allais me sentir attaquer, humilier et essayer de nier à bloc tout en pleurnichant... ça, se serait le genre à Aya... peut-être même Keven aussi, mais lui le ferait pour plaisanter... il plaisante toujours... lui, c'est ça, son passe-temps.
J'observe Maggie et Aya qui placotent comme de vraies petites pies, tout en s'acharnant à se faire de jolie coiffure. C'est la première fois depuis trois ans que Maggie vient à la maison. D'ordinaire, c'est moi qui vais chez elle... et je suis contente de les voir bien s'entendre, contrairement à la seconde impression d'Aya par rapport à Keven... Peut-être qu'elle est seulement mal à l'aise, vu qu'il est déjà un adulte. En y repensant, c'est tout à fait plausible et que j'ai tout de suite porter à conclusion qu'elle n'ose pas dire quelque chose tout simplement parce qu'elle a été la petite copine de Jake. En tout cas, quand on a une Maggie je sais tout dans sa vie, on ne s'ennuie jamais. Parfois elle peut sortir des trucs pas croyables, mais tellement vrai.
– Tu es prête à en découdre, Clara, me demande Maggie avec un sourire en me regardant de la tête aux pieds. Tu as vraiment l'air d'un garçon! Les filles vont toutes tomber raide dingue de toi!
Je lève les yeux au ciel.
– T'exagères.
– Pas du tout, pas vrai Aya.
Aya et elle se font un sourire complice alors que je me retiens de lever de nouveau les yeux au ciel.
– Je suis tout excitée!
– Ça sera ta première fête, c'est ça, lui demande Aya en essayant de replacer ses cheveux.
– Yep! C'est pour ça que j'ai hâte de flasher!
– Tu ne pourrais pas nous aider, me demande Aya en s'asseyant sur mon lit avec sa longue robe mauve brillant qui fond jusqu'à un rose orangé, complètement exaspéré par sa coiffure.
Je fais signe à Maggie de prendre place à côté de ma sœur. Celle-ci me sourit en lissant sa robe bleu nuit tout aussi brillante que celle d'Aya.
– Voyons voir, dis-je en croisant les bras tout en les observant tour à tour.
Je fais d'abord une tresse française à Maggie, tout en y insérant des fausses fleurs, puis je fais une simple toque en tire-bouchon à peine au-dessus de la nuque d'Aya, laissant quelques mèches encadré son visage, puis en lui insérant une unique fleur.
– Vous êtes magnifiques les filles, leur dis-je en les contemplant de nouveau.
Elles me sourient et se lèvent comme une seule femme, avec la grâce qui me manque. Nous descendons les marches, puis marchons vers la porte d'entrée, souliers en main.
– Toi aussi, tu es belle... enfin... même si ton costume est un peu...
– Moi en tout cas, j'aime son côté un peu macabre et morbide, même si certains diraient que son caractère est méphitique, dit Maggie.
– Méphitique? Qu'est-ce que c'est?
– Qui est désagréable voir même toxique, explique Maggie à Aya. Normalement, on l'emploie pour parler d'une odeur, mais je pense que ça peut quand même bien décrit notre chère Clara.
Je secoue la tête, un léger sourire aux lèvres, alors que nous sortons de la maison. Nous nous dirigeons vers la l'habitation démesurément grande d'Elizabeth.
Même d'ici, à plusieurs rues de sa baraque, on peut entendre la musique joué à fond la caisse. Je n'imagine même pas comment les autres doivent être en train de devenir sourd. Aya et Maggie me suivent de quelques pas en arrière tout en discutant de tout et de rien. Chaque fois qu'Aya ne comprend pas un mot de ce que Maggie lui dit, celle-ci lui en donne la définition avec une joie trop grande pour moi. D'une certaine manière, je comprends, vu que j'évite normalement de trop la questionner pour ne pas devenir complètement paumé et me sentir stupide. De ce que je peux entendre, Aya ne semble pas penser de cette manière... heureusement pour elle. Je suis déjà exaspéré de les entendre alors que je ne participe pas à la conversation. Je comprends bien pourquoi toutes les filles me traitent d'anti-sociale... mais elles me font rire, parce qu'elles n'ont pas l'air de comprendre que ce n'est pas une insulte, mais juste une vérité.
– Est-ce que tu as un plan, me demande Maggie alors que nous arrivons devant l'interminable aller qui mène au palace du maire. Parce que moi, je n'ai pas pensé à une tactique de vengeance.
– Pas besoin, je suis sûr que le simple fait d'avoir osé y mettre les pieds va énerver cette petite saint-nitouche, tellement qu'elle pourrait en faire une crise... mais c'est sûr que je ne dirais pas non à un peu de pagaille, tant que personne ne s'en prend à Aya ou toi.
– Tu es formidable, Clara, disent Aya et Maggie en cœur en me serrant dans leur bras, avant de se regarder et d'éclater de rire.
– Les filles, dis-je en levant les yeux au ciel. Vous savez que j'ai horreur de ça.
Elles se dégagent rapidement, un sourire aux lèvres.
– Premièrement, je ne vois pas en quoi je suis formidable. Deuxièmement, je suis seulement qui je suis, un point c'est tout. Troisièmement, lorsque nous serons dans ce cauchemars, vous n'avez pas intérêt à prendre une seulement goutte d'alcool, c'est clair... surtout toi Maggie. Quatrièmement, ne faite confiance à personne et n'accepte rien, il y a toujours des gens chelous qui se cachent partout.
– On ne peut pas s'amuser un peu, rechigne Aya.
– Oui maman, dit Maggie avant d'éclater de rire devant mon expression outrer.
– C'est surement parce que tu étais soûle qu'Elizabeth et ses guenons ont pu te filmer en train de faire des conneries.
Du moins... si tout ceci est vrai... mais je ne vois pas quel serait l'intérêt à Aya si tout ceci est faux. Mais bon, je m'en fiche. Ça me ferait seulement du bien de ridiculiser Elizabeth devant une foule d'admirateurs.
– Si vous vous êtes bien entré ça dans le crâne, profitez de la soirée comme ça vous chante. Je viens d'avoir une petite idée pour l'humilié. Si tout se passe comme prévu, je vais m'esquiver, alors, ne me chercher pas.
– Quoi! Mais tu m'as promis d'être mon cavalier!
– Non. J'ai promis de t'accompagner à cette fête, mais je n'ai jamais promis d'être ton pseudo cavalier pour cette fête. Ce n'est pas la même chose.
Aya grogne et marche devant moi. Maggie secoue la tête, un léger sourire aux lèvres, avant de suivre ma sœur de près. Je flâne à quelques pas en arrière d'elles. Lorsque j'entre à l'intérieur, je regarde autour de moi en plissant les yeux. La pièce est vaste, mais j'y distingue les quelques marqués qui s'y trouvent, en plus des yeux rose bonbon de Maggie déjà rendu à l'autre bout de la pièce avec Aya et quelques mecs plutôt beau gosse. Je regarde partout, telle un scanneur de garce, mais je ne trouve nulle part la personne que je cherche. Je me dirige vers Maggie, Aya et les garçons avant de passer mes bras sur les épaules des filles.
– Question, dis-je en coupant la parole d'un des types qui parle de soccer. L'un de vous pourrait me dire où se trouve Elizabeth Prenley?
Les trois garçons se regardent avant que l'un d'eux ouvre la bouche.
– Elle est supposé être dans la pièce d'à côté, l'un des salons, je crois, dit-il en me pointant un cadrage de porte en arche. Elle devrait y être avec Vanessa, Zoé et Amélie.
– Merci mon pote, dis-je en me reculant puis en me retournant pour faire un pas.
Je me retourne vers le quintuple, puis regarde les trois mecs dans les yeux.
– Vous avez intérêt à être des gentlemans avec ces jeunes filles... sinon, vous aurez affaires à moi.
Sur ces mots, je me détourne pour de bon et marche vers l'endroit que m'a indiqué le gars. Je trouve ma cible, assise sur un long canapé, deux jeunes hommes plutôt ordinaires à côté de cette majorette débile. Les trois autres, qui se pensent autant coqueluche dans leur robe de soirée qu'Elizabeth, restent debout à discuter avec leur grand manitou. Je réfléchis un moment à une tactique, me demandant si elles vont me reconnaître malgré mon déguisement. Pour tester un coup, je m'accotte au cadrage entre la piste de danse et le salon copieux (et beaucoup trop spacieux pour un simple salon), avant de croisé les bras et de les observer à la dérobée, comme si je n'avais que ça à faire. Après un certain moment, Elizabeth et ses amies me regardent en souriant. Lorsque que leur petite maîtresse m'interpelle, je me prépare à faire une voix masculine, avec un léger accent britannique. Je sais que ce genre de fille adore ça.
– Toi, dit Elizabeth en levant légèrement la tête. Que veux-tu?
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