Chapitre 43 Yakim
Je suis assis avec Cédrick, Jeffrey, l'inspecteur Tim, ainsi que Cassandra, une Férus et Loukas, un démarqué (deux « nouveau », des jumeaux, qui ont intégré notre équipe il y a quatre mois) dans la salle de conférence. Des tonnes de papier sont étalées devant nous, alors que nous essayons de faire des liens entre les informations que nous possédons du dossier Lynch.
– Le sept juillet deux-miles-sept, commence Cédrick en nous regardant tour à tour. Frank Lynch et Julianne Mcluhan sont décédés, puis ils ont été retrouvé une semaine plus tard par leurs fillettes. Dans ce temps-là, Julianne représentait les Invis et Frank l'aidait de temps à autre lorsqu'il n'avait pas de crime à résoudre. Je pense qu'il se pourrait que quelqu'un voulait se venger de lui. Huit ans plus tard, le dix-neuf avril deux-miles-quinze, James Lynch et Élizabeth Doyle sont décédés d'une manière semblable. James avait repris la charge de représentant lorsque son fils et sa belle-fille sont morts... mais il semblerait que l'assassin n'a pas été satisfait de son premier meurtre. Ce qui nous pousserait à croire que ceux qui manigance tout cela ont une dent contre cette famille.
– Mais ça ne s'arrête pas là, n'est-ce pas, l'ai-je questionné en accottant mon visage sur mon poing, le coude contre la longue table blanche. Quel qu'ait été la source de leur haine, ce n'était que le premier pas vers quelque chose de plus grand.
– C'est ce que les meurtres dernièrement nous pousse à penser, oui. Nous ignorons la raison exacte de leurs actes de départ, mais nous pouvons être sûr à quatre-vingt-quinze pour cent que les Invis sont principalement leurs cibles.
– Pour l'instant, marmonne l'inspecteur en farfouillant dans son carnet les notes qu'il a pris depuis le début de leur recherche.
Heureusement qu'il l'a toujours avec lui, car le reste des données compilées avait miraculeusement été volées.
Un bip retenti et je sors mon téléphone pour curieusement y voir un message de notre cher anonyme : « Ce n'est que le début vers un nouvel air. Si tu fouines trop, ta petite protégée n'aura pas de seconde chance. » Il y avait longtemps que je n'avais pas reçu une nouvelle ugrose.
Je laisse tomber mon téléphone pour que mes collega puissent tous bien voir la davlenie que me fait notre ennemi.
– Il se manifeste enfin de nouveau après autant de temps sous silence, ai-je marmonné en croisant les bras tout en m'enfonçant plus confortablement sur ma chaise.
– Est-ce que notre équipe d'informaticiens a enfin réussit à retracer la provenance des messages, demande Cédrick à Jeffrey.
– Non. C'est si bien fait qu'il nous faudrait un Intès pour contrer cet harceleur.
– C'est un Intès qui est à la tête de tout ça, alors, nous questionne Cassandra, alors qu'elle fronce les sourcils en regardant les deux feuilles qu'elle tient en main.
– C'est fort probable, confirme notre chef d'équipe en passant une main dans sa tignasse grisonnante.
Nous restons un moment en silence jusqu'à ce que Loukas pousse soudainement un cri d'exclamation, les yeux grands comme des soucoupes.
– Chef! Il faut absolument que vous voyez ça!
Il tend son ordinateur portable vers Cédrick, puis nous nous levons tous pour aller et rester debout derrière lui, observant l'écran par-dessus ses larges épaules. Nous y voyons ce que les caméras de surveillance de la ville ont pu capter ces dernières semaines.
Sur l'une des cases, nous pouvons voir le même sentier boisé où j'étais allé avant la mort d'Ambrose. La caméra montre l'entrée légèrement enneigée.
Nous m'y voyons passé d'un pas rapide et rude avant de disparaitre entre les arbres dénudés et les sapins.
Sur la caméra, nous pouvons remarquer qu'il est dix-huit heures moins le quart.
J'avais passé ma journée à aller d'un bord et de l'autre pour évader ma colère du moment, sans réel résultat optimiste.
Vers dix-huit heures trente, un muzhchina habillé en noir de la tête aux pieds passe à travers les bois d'un pas lent, une boite en main. Avant que nous le voyions disparaitre, il jette un regard derrière lui et fait un geste de la main vers quelque chose ou quelqu'un qu'on ne voit pas dans l'angle de la caméra. Je me penche en avant pour mieux observer.
Nous le revoyons sortir à dix-huit heures quarante et se diriger vers l'endroit où il était arrivé plus tôt, les mains vides.
– C'est bien lui, me questionne Loukas avec un signe de main vers l'écran.
– Il semblerait bien.
Mon collègue hoche la tête avant de tirer le portable vers lui pour taper dessus. Il trouve d'autre vidéo de la surveillance dans le coin de mon quartier, ainsi que près du café où travaillait Clara, du motel miteux où elle avait vécu avant de venir vivre à mon appartement, de l'école où elle va dorénavant, dans les parages de son ancienne maison, près du bâtiment où la zhena de Ted Kennedy a été retrouvée morte, puis le parc où la fillette est décédée.
– Ce n'est clairement pas une coïncidence, dit Loukas en nous pointant les dates et les heures indiquées. Tout ça concorde trop bien pour qu'il ne soit qu'un pion quelconque.
Hier, le quinze décembre deux-milles-vingt-trois, on aperçoit l'homme roder dans mon quartier vers dix-huit heures vingt.
Le vingt-six novembre, on le voit de nouveau aux alentours du café vers dix-huit heures cinquante et la même journée, un peu plus tôt dans la soirée, près du motel.
Le premier novembre, vers dix-neuf heures, il rode près de l'ancienne maison de Clara
Il y a quelques jours, le cinq décembre, entre dix-huit heures et dix-neuf heures, il s'est retrouvé à trois endroits différents... le shkola de Clara, le lieu de travail de la zhena de Ted Kennedy, ainsi que près du parc.
Tous les mêmes jours que les meurtres et aux environs des heures de leurs morts.
– Il nous faut trouver son identité, dit l'inspecteur en prenant des notes sur l'apparence de cet homme et des endroits où il aurait pu être aperçu.
– Jeffrey, commence Cédrick en rassemblant les feuilles des informations que nous avons réussi à conserver sans qu'il y ait eu un autre vol du dossier Lynch. Va aider l'équipe d'informatique pour retracer ce foutu anonyme. S'il le faut, je te permets de demander de l'aide à tes parents, vu qu'ils sont tous les deux des Intès. Loukas et Cassandra, vous continuez à surveiller les caméras de la ville. Prévenez-moi s'il y a du nouveau. Yak, tu vas aller avec James pour récolter d'autre info sur place. Je vais prévenir le boss de nos avancer avant de vous rejoindre. Je vous appellerai pour savoir où vous êtes rendu.
Nous hochons tous la tête avant de nous mettre en mouvement. Loukas et Cassandra retournent à leur poste, alors que Jeffrey va retrouver les informaticiens qui tapent frénétiquement sur leurs claviers. Je vais chercher mon manteau de cuir sur le dossier de ma chaise de travail avant de rejoindre l'inspecteur à l'arrière du poste tout en enfilant mon vêtement. Nous nous dirigeons vers les véhicules de patrouille et je lui propose que je prenne le volant.
Nous embarquons, puis je dirige le char vers mon coin de ville, vu que, logiquement, nous devons commencer par l'endroit le plus ressent où le muzhchina aurait pu être aperçu.
Nous nous arrêtons près de la caméra de surveillance qui montre l'endroit où il a été capté. J'arrête le moteur et nous descendons pour observer les lieux. Je barre les portes à distance avant que nous nous dirigions vers l'immeuble le plus près. Il s'agit d'un duplexe semblable à celui où j'habite.
– Il devait faire trop sombre pour que quelqu'un ait pu le repérer, ai-je marmonné en mettant mes mains dans mes poches, alors que l'inspecteur sonne à la porte du bas.
Un jeune muzhchina d'environ mon âge ouvre lentement, les yeux bouffis par le manque de sommeil. Ses cernes sont si intense qu'ils sont presque plus sombre que ses iris marron foncé. Ses longs cheveux noirs sont gras et emmêlés au point qu'on se demande jusqu'à quand remonte son dernier lavement.
– Ouais, a-t-il maugréé en essuyant la bave au coin de ses lèvres mince et pâle.
L'inspecteur Tim sort son badge de politseysky, puis lui montre avant de le ranger dans l'une des poches intérieures de son manteau. Il prend ensuite son carnet et son stylo, prêt à prendre des notes.
– Nous avons quelques questions à vous poser par rapport à hier soir.
– J'ne sais rien du tout. J'n'étais même pas chez moi. J'suis revenu à quatre du mat.
– Quelqu'un peut le confirmer?
Le gars empoigne agressivement le carnet et le stylo que mon collègue tenait pour y griffonner un numéro de téléphone. Il le lui rend avant de refermer brusquement la porte. Lorsqu'on regarde son écriture grasse et croche, nous voyons un nom écrit entre parenthèse.
Jake Renzer.
– N'est-ce pas le gars qui a été porté disparu, il y a quelques temps, ai-je marmonné en fronçant les sourcils.
– Si cette information est véridique, nous pourrons la donner à l'équipe en charge de le retrouver.
Il range ses accessoires d'inspection, sort de nouveau son badge avant de se diriger vers l'escalier pour se rendre à l'appartement supérieur. Je le suis de quelques pas et nous sommes à mi-chemin quand quelqu'un nous interpelle.
Nous nous retournons pour voir une fillette qui se tient près des marches. Ses cheveux blond clair et lice virevolte autour de son visage poupin. Elle porte un manteau à fourrure qui lui tombe presque jusqu'aux genoux, un faux jean bleu foncé, des bottes brunes et des petits gants gris. La malenkiy devochka nous observe de ses yeux grisâtres avec un sourire.
– La vieille dame qui habite là est partie en voyage, il y a trois jours. Je m'occupe de ses chats en son absence.
L'inspecteur et moi descendons pour la rejoindre et je reste à une certaine distance pour que nous n'ayons pas à nous casser le cou en nous observant. Je regarde la malenkiy devochka, alors que mon collègue lui montre son badge. Elle semble avoir aux alentours de douze ou treize ans et pendant un instant, je me demande si je ne l'avais pas déjà croisé dans le quartier.
– Est-ce que tu étais chez cette vieille femme, hier, vers dix-huit heures vingt, lui demande l'inspecteur en rangeant son badge pour prendre son oborudovaniye de note.
Elle secoue la tête avant de croiser ses petits bras dans une mine concentrée.
– D'ordinaire, je pars vers dix-sept heures, parce que mes parents n'aiment pas me savoir seule... surtout que le type qui vit en bas est un dealer... Dans les cas comme ça où cette dame s'absente plusieurs jours, je dors chez ma grand-mère qui n'habite pas loin.
L'inspecteur Tim hoche la tête en écrivant, puis lève ses yeux vers la malenkiy devochka.
– Maggie Volling, c'est bien ça?
Elle hoche la tête avant de me regarder alors que ce nom me dit vaguement quelque chose.
– Est-ce que nous nous sommes déjà croiser quelque part, lui ai-je demandé en fronçant les sourcils alors qu'une légère odeur de gâteau se dégage d'elle.
La malenkiy devochka ricane avant d'envoyer ses cheveux par-dessus ses frêles épaules.
– Tu étais mon gardien lorsque tu allais encore au secondaire, Yak.
J'ouvre grand les yeux en observant plus en détail ses traits, alors que des images d'une gamine de cinq, six et sept ans se ravivent dans mon esprit.
– Tu es la petite Maggie, me suis-je exclamé avec surprise, alors qu'elle éclate de rire en hochant vivement la tête. Khorosho bozh! Tu as tellement changé que je ne t'ai même pas reconnu.
– À part avoir encore grandit, tu n'as pas du tout changé, Yak.
Je m'approche d'elle et lui ébouriffe les cheveux comme j'avais l'habitude de faire, lorsqu'elle était plus jeune.
– Tes parents travaillent-t-ils toujours autant que dans mes souvenirs?
– Ma mère a réduit ses heures depuis la mort de mon grand-père, mais mon père s'épuise toujours à la tâche.
Je cligne plusieurs fois des yeux, alors que mon collègue va examiner les alentours.
J'ignorais que son grand-père était décédé.
Il avait été mon uchitel lorsque j'avais quatorze ans. Je restais parfois après les cours pour discuter avec lui sur différents sujets. Lorsque j'avais dix-huit ans, c'est Ambrose qui m'avait appris que Marc Clinton (notre ancien uchitel) avait été accusé de maltraitance envers ses élèves.
J'ignore toujours ce qui s'est passé par la suite.
– Quand... quand est-il décédé, lui ai-je demandé en fronçant les sourcils.
– Deux ans après que tu as été diplômé, me répond Maggie avec une expression triste.
– Qu'est-ce qui... lui ait arrivé exactement?
Elle pousse un long soupir avant de mettre ses petites mains dans ses poches, puis d'aller s'asseoir sur l'une des marches glacées de l'escalier.
– Il a été accusé à tort de maltraitance... La décision du juge l'a innocenté, mais... le Conseil n'a pas été d'accord avec ce choix... Les représentants disaient avoir trouver des preuves contre lui... Il a techniquement été condamné à mort... même si, si nous excluons le fait d'être marqué, cela ressemble beaucoup plus à un meurtre... le gouvernement humain à longtemps enlever la peine de mort... Ma mère m'a raconté qu'il est arrivé quelque chose de semblable à mon oncle, son frère. Je ne l'ai jamais connu... je n'avais qu'un an à l'époque.
Je m'approche d'elle et m'accote contre la rampe.
– Ça prouve une fois de plus à quel point ceux qui détiennent le pouvoir deviennent durak. Ils veulent toujours plus et se débarrasse en un claquement de doigt ceux qu'ils considèrent comme des nuisances.
Nous restons un moment en silence jusqu'à ce que l'inspecteur revienne vers nous.
– On va au prochain spot, me dit-il en ignorant Maggie dont les yeux sont imbibés de larme qui ne coulent pas.
Je tapote la tête de celle-ci avant de suivre mon collègue vers la voiture. Nous embarquons et lorsque je jette un regard vers l'escalier, la fillette a disparu.
Je fronce les sourcils en démarrant, puis je dirige le véhicule vers la shkola de Clara, Mya et mes frères en me demandant si ce que nous faisons en ce moment est réellement utile. Si tous ces meurtres ont été planifiés par quelqu'un du Conseil, nous nous battons contre un adversaire puissant. Méticuleux qui plus est. Et audacieux. Il faut être audacieux pour vouloir supprimer tous les Invis.
J'essaie de me souvenir des détails que je connais des représentants... c'est-à-dire, pour la plupart, pas grand-chose.
Le téléphone de l'inspecteur sonne et il décroche, alors que je lui jette un coup d'œil. Son expression d'ordinaire froide et sérieuse devient si choquer que je m'attends d'avance à une mauvaise nouvelle.
Il raccroche alors que son visage ne change pas.
– Yak... Victor, le boss et... sa femme... sont mort hier... à dix-neuf heures...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top