Chapitre 4 Yakim

Je prends une rapide douche froide, comme à mon habitude, me permettant de me rafraîchir les idées, avant de me diriger de nouveau vers ma chambre en séchant, d'une main, mes cheveux avec ma serviette blanche.

- Combien de fois devrais-je te répéter de ne pas te promener comme ça dans l'appartement, Yak, dit une voix féminine et familière derrière moi.

Je jette un coup d'œil dans mon dos pour voir Mya, la petite sœur de Keven qui va encore au secondaire. Elle se tient dans le cadre de la porte de sa chambre, juste en face de la salle de bain. Elle me jette un regard en coin avant de détourner les yeux en rougissant légèrement. Elle ressemble beaucoup trop à Keven, comme si dieu l'avais simple changé en fille, mais, contrairement à son frère, elle me paraît carrément minuscule du haut de son un mètre cinquante-deux. Mya a seize ans, mais beaucoup pense qu'elle est plus jeune... moi y compris, la première fois que je l'ai vu. Je me rapproche d'elle pour la taquiner un peu.

- Tu sembles pourtant apprécier ce que tu vois, dis-je alors qu'elle rougit de plus belle. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, c'est clair, petite frimousse.

Elle gigote, mal à l'aise, alors que Keven s'approche de nous. Il me pousse le bras pour me faire dégager de devant sa sœur, mais son geste ne me fait même pas bouger d'un millimètre. Il déteste me voir taquiner sa petite sœur chérie comme si elle était la prunelle de ses yeux... et j'exagère à peine.

- Laisse-la tranquille, tu veux, me sermonne Keven en faisant un signe de tête vers ma chambre.

- Ouais, ouais, dis-je en me dirigeant de nouveau vers le fond du couloir.

- Et apporte un chandail de rechange la prochaine fois, il y a une jeune fille qui habite ici.

Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il aurait dit si je me promènerais à peine en serviette ou même nu comme un ver. Leur mécontentement ou leur gêne n'est pas mon problème. C'est lui qui s'est incrusté chez moi avec sa petite sœur. Et puis, c'est ça faute à elle si elle sort de sa chambre chaque fois que je sors de la douche. En fait, elle est gênée parce qu'elle m'apprécie un peu trop... enfin, je crois. C'est fort probable vu qu'elle sort exprès pour me dire ce que je devrais ou ne devrait pas faire. Un jour, je vais finir par les mettre à la porte s'ils continuent à chialer sur tout et n'importe quoi.

- Si ça vous déplait tant que ça, vous n'avez qu'à partir d'ici, dis-je en fermant la porte de ma chambre.

Ils ne sont que des durak, mais malgré ma forte envie de les jeter dehors, je sais que je n'en ferais rien... même si c'est moi qui paye l'appartement, la bouffe et tous les autres trucs à l'exception de leur école, leurs fringues et tout ce qu'ils veulent absolument posséder. Je soupire et décide de me mettre en pyjama (qui consiste en un short et c'est tout) même s'il est encore tôt. Mya me répète continuellement que je ne devrais pas dormir comme ça ou au moins, m'arranger pour avoir des vêtements chauds à porter de main. Au cas où il faudrait sortir en vitesse, comme elle dirait.

Moi, je m'en fiche.

Non mais! Pour de vrai! De quoi elle se mêlent cette minus! Est-ce que je vais lui chialer dessus parce que je dois faire son lavage, parce qu'elle laisse ses fringues traînés partout? Non!

Mais j'en ai couramment envie... peut-être que je devrais simplement tout balancer dans sa chambre... elle finira peut-être par comprendre que je ne suis pas leur homme de ménage... Keven y compris. Sa chambre semble empester à perpétuité et il y a des moments où on le sent partout dans l'appartement.

Parfois, je me demande si ces deux-là n'étaient pas des porcs dans leur ancienne vie.

Je m'assois sur la chaise de mon bureau lorsque mon téléphone portable vibre sur celui-ci. J'y jette un regard en m'essuyant les cheveux. C'est mon collègue de travail, Cédrick Valier, qui est aussi le représentant des Forès. Je me demande ce qu'il peut bien me vouloir... il ne m'appelle pratiquement jamais... sauf si je dois faire du remplacement ou collaborer avec lui pour une ronde. Il est mon supérieur en t'en que policier et c'est l'un des seuls que je respecte parce qu'il n'utilise pas son titre et son pouvoir n'importe comment, pour le valoriser ou quelque chose du genre. Je décroche et le mets sur haut-parleur.

- Y a-t-il une urgence, lui ai-je demandé sans le saluer tout en continuant de me sécher les cheveux.

- Non... du moins, pas à ma connaissance. Je t'appelais seulement parce qu'Ambrose souhaite organiser une fête en invitant seulement les Forès... et comme tu es son meilleur ami... il voudrait que tu l'aide pour ses préparatifs. C'est... vendredi de cette semaine, il me semble... dans deux jours.

Je souris en m'imaginant parfaitement l'expression d'Ambrose en donnant notre amitié en excuse pour que je l'aide. Ambrose est le fils unique de Cédrick et il est mon meilleur ami depuis que nous savons marcher. Lorsque mes parents et moi étions arrivés dans cette ville, c'est Cédrick qui nous ait venu en aide. Heureusement, parce que ma mère était enceinte de trois mois de mon frère Pavel. Nous avions d'abord habité avec Ambrose et son père, puis lorsque mon père a réussi à trouver un emploi, Cédrick nous a trouvé l'appartement dans lequel je vie en ce moment.

À la naissance de mon deuxième frère, Ruslan, ma mère a pu chercher un travail à temps partiel... elle ne travaillait pas pendant que j'allais à l'école, mais je devais m'occuper de mes deux frères lorsque je revenais et qu'elle, elle partait à son travail... c'était le temps où elle ne dormait pas beaucoup... mais bon, il y a cinq ans environ, mes parents se sont trouvé une maison pas très loin de la ville, dans la campagne. Je vais les voir de temps en temps, comme lors de fête ou lorsque que nous allons visiter la famille de ma mère en Russie... mais dernièrement, c'est plus rare... la majorité du temps, se sont mes frères qui viennent pour la fin de semaine pour que nos parents puissent passer du temps en tête à tête.

Ça ne me dérange pas.

- Yak?

La voix de Cédrick me tire de mes souvenirs.

- Dis-lui que je veux bien, vu que j'n'ai rien à faire... mais seulement pour cette fois-ci.

Le rire de Cédrick résonne dans ma chambre alors que je n'ai aucune idée de ce qui le fait autant rigoler.

- Tu as dit la même chose lors de sa dernière fête, Yak.

Je reste un moment silencieux avant que le souvenir qui va avec ses mots fasse surface dans mon esprit. Je secoue la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Dis-lui alors que je ne peux pas, parce qu'il faut que je tienne mes propres promesses... et que je suis impatient de voir comment il va se débrouiller sans moi.

Cédrick eut un petit rire avant de me saluer et de raccrocher. Je décide d'écouter une nouvelle série policière sur Netflix, vu que je n'ai rien d'autre à faire. Après plusieurs épisodes, je jette un regard à mon téléphone et vu qu'il est dix-neuf heures. Normale que j'aille une faim de loup à cette heure-ci. Je grogne en me rappelant que s'est toujours moi qui prépare nos repas.

Je ne suis pas leur papa, bon sang! Keven et Mya devraient au moins essayer de faire de quoi! Ils n'osent même pas essayer de faire des grille-cheeses et ils attendent des heures pas possibles pour que je finisse par préparer moi-même quelque chose!

Je grogne et vas me mettre un t-shirt avant de sortir de ma chambre. Je marche d'un pas lourd vers la cuisine (où se trouve la porte d'entrée), alors que l'appartement est complètement silencieux. Depuis la porte, on peut aussi voir la salle à manger, tout au fond. À côté de la salle à manger, il y a la chambre de Keven et en face de sa chambre, il y a le salon, qui consiste en une pièce sans porte et qui fait la chambre de Keven plus la moitié de celle de Mya. La sienne est entre celle de Keven et une chambre vide. À côté du salon et partiellement en face de la chambre de Mya, il y a la salle de bain. Et pour finir, à côté de la salle de bain, il y a ma chambre (ancienne chambre de mes parents) qui est pratiquement de la même grandeur que le salon.

En arrivant dans la cuisine, je me dirige vers le réfrigérateur et l'ouvre en grand. Je pousse un soupir en constatant qu'il est pratiquement vide... à l'exception de quelques légumes moisies, d'un pichet de lait à moitié vide et de deux œufs... je n'ai pas eu le temps de refaire le plein. Je referme le réfrigérateur en grognant, puis me dirige de nouveau vers ma chambre pour aller chercher mes clés, mon téléphone portable et mon portefeuille. Les deux paresseux doivent déjà être sorti pour aller manger à l'extérieur. Je prends ma veste en cuir, accroché sur un support, dans l'entrée, puis sors de l'appartement avant de barré à clé celui-ci. Je me dirige vers ma Lamborghini tout en débarrant de loin les portières. Je monte derrière le volant en me demandant si j'allais manger au McDonald's ou si j'allais au super marcher du coin. Je réfléchis un moment et opte pour le restaurant, plus simple et plus rapide pour moi. Je démarre et me dirige vers le centre de la ville... où se trouve la majorité des restaurants et des magasins. Je me souviens qu'à mi-chemin, il y a quelques restaurants, dont un McDonald's qui vend leur bouffe pas cher. Je me stationne et sors avant de barrer les portières à distance.

Dès que j'entre à l'intérieur, la caissière et les gamines du secondaire qui trainent là me regardent à la dérober avec des sourires niais, tandis que leurs compagnons me lancent des regards suspicieux... comme s'ils croyaient que j'allais voler leurs petites copines. Je jette un regard à mon t-shirt noir qui moule parfaitement mon torse légèrement musclé. Ah, les gamines, ai-je pensé en m'avançant à grande enjambée vers la caissière qui se lèche les lèvres et essuie ses paumes de main sur son uniforme.

- Que puis-je pour vous, dit-elle en battant des cils beaucoup plus que nécessaire sans se répartir de son sourire confiant.

- Je viens pour commander, pas pour le plaisir, ai-je pesté en levant les yeux au ciel. Je me serais bien passé de voir votre visage qui a encore plus gâcher ma journée.

Les gamines ricanent en disant à quel point j'ai une merveilleuse voix grave, séduisante et sensuelle, tandis que les p'tits gars grognent de mécontentement. La caissière pince les lèvres et baisse les yeux comme si je l'avais grondé. Je dis d'une traite ma commande et m'impatiente en la voyant taper d'une lenteur extrême sur sa caisse. Dès que j'eus ma commande, je dégage du resto en me disant que je n'y retournerai pas avant un bon bout de temps.

- J'aurais dû passer au service auto, ai-je marmonné en prenant place sur le siège conducteur.

Je place mon thé glacé entre les deux sièges et ouvre le sac en papier où se trouve mes deux macpoulets et mon paquet de frites format familial. Lorsque je termine, il est presque dix-neuf heures et demie. Je soupire en partant ma caisse et en faisant marche arrière. Dommage que je n'aille pas garder contact avec mes druzey du secondaire... à cette heure-là, nous serions en train de jouer au football sur le terrain de l'école même si c'était interdit. Chacun notre tour, nous aurions mis nos playlists préférer, la musique à fond. C'était les années que nous croyons avoir la vie devant nous pour décider de notre avenir... des années de pure insouciance et d'immaturité... mais sans doute les meilleures années de ma vie. D'un côté... je comprends pourquoi Keven y est encore, bien que ce soit prioritairement parce que le conseil des marqués lui a donné une mission... vu qu'il est une sorte d'espion ou quelque chose du genre... du moins, de ce qu'il m'a dit.

- C'est dommage que je n'aie pas le pouvoir de retourner dans le passé, ai-je marmonné tout en conduisant vers mon appartement, laissant un léger fond de musique jouer dans l'habitacle de ma Lamborghini.

J'arrive quelques minutes plus tard et je vais m'enfermer dans ma chambre. Je me laisse tomber sur mon lit, perdu dans mes pensées. Un bip résonne et je jette un regard à mon téléphone. Je pousse un soupir en constatant qu'il vient de ma mère. Elle me harcèle encore pour que je me trouve une copine... je n'y peux rien, moi, si je n'ai jamais rencontré une femme qui arrive à me rendre dingue (dans le bon sens, j'entends). Je me rappelle la fois où elle voulait me présenter une fille... qui était elle aussi une Forès... mais elle faisait beaucoup trop garçon avec sa musculature impressionnant...

Je me demande bien comment elle sera... celle qui fera battre mon cœur de pierre... comme dirait n'importe qui... qui me connait ou non...

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