Chapitre 35 Yakim
Je m'étire en baillant, puis me passe les mains sur le visage pour me réveiller un peu. Je me débarrasse des couvertures dont l'odeur est imprégnée de celle de Clara. Je me masse les épaules en me levant de son lit, puis mes sinus qui semble bizarre, ce matin.
Je suis encore un peu perturbé par l'attitude de celle-ci, la nuit dernière. Je me demande encore ce qu'elle attend de moi. Je ne comprends vraiment pas cette devochka! Ne s'intéresse-t-elle pas à Keven?
D'un pas bougon, je me dirige vers la salle de bain pour soulager ma vessie matinale. Lorsque j'entre, j'aperçois d'abord la lumière allumer.
Stroynoye! Qui est-ce qui l'a laissé ouverte!
Je l'éteints avec rage, puis je vois Clara, endormi contre la sécheuse, ses cheveux lices encadrant son visage bronzé. Je la regarde un moment, enregistrant les détails de ses traits mince, puis m'attarde sur ses lèvres noires légèrement entrouvertes. Je m'accroupis à côté d'elle, puis touche ses cheveux bleu sombre du bout des doigts.
Elle est si krasivaya.
Quand elle est réveillée, quand elle me regarde, je vois en elle une lionne, puissante et dévastatrice... mais là, endormie, elle ressemble plus à un mouton laineux... doux, paisible...
Et surtout, inoffensif.
Du coin de l'œil, je vois ce qu'elle a fait à la place de dormir. Je secoue la tête en grognant. Je retire ce que j'ai pensé une seconde plus tôt. Elle n'est vraiment qu'un boulet.
Mais un boulet qui a réussi à voler ton cœur...
Elle est razdrazhayushchiy!
Mais tu l'apprécies comme ça...
Je secoue la tête. C'est la seule tâche ménagère que je fais sans qu'elle se mette à chouiner pour le faire.
Bon... c'est un peu exagéré de dire qu'elle geint pour faire du ménage...
Mais quand même, khorosho krov! Il a fallu que je parte seulement pendant trois jours pour qu'elle s'occupe de tout!
Ruslan a dû l'aider un peu... au contraire de Pavel et des deux autres.
Je pousse un soupire, puis lève précautionneusement Clara dans mes bras, traverse le couloir et vais la coucher dans son lit.
Elle a combattu son sommeil, mais en vrai, elle devait être épuiser. Elle est comme ça, cette meuf. Elle fait tout pour aider sans qu'on la voit... alors qu'en face des autres, elle est directe... enfin... directe pour ce qu'elle décide de dire. Il y a sans doute bien des choses qu'elle garde en elle et sous silence.
Ça fait longtemps qu'elle s'est forger une armure dure comme fer...
Je me demande qui arrivera à la lui brisé...
– Malenkiy durak, ai-je murmuré en la déposant doucement. Tout ne peut pas être sous ton contrôle.
Je caresse son front, son nez, ses joues, son menton, pour finir par toucher ses lèvres, fasciné malgré moi par son visage. Clara frissonne, mais elle ne se réveille pas. Je me penche lentement vers elle et l'embrasse sur sa pommette avant de l'emmitoufler dans ses couvertures et de sortir discrètement de sa chambre pour me rendre à la mienne, juste en face.
Pavel dort toujours profondément, l'un de mes oreillers serrer dans ses bras comme si c'était sa copine imaginaire. D'ailleurs, il a la bouche coller sur le haut du coussin. Un sourire rusé étire mes lèvres. Je m'approche de lui et tente de le lui retirer. Mon nebolshoy brat grogne sans pour autant lâcher prise, s'y accrochant comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage dans le monde de ses rêves. Je souris et lui ébouriffe les cheveux avant de me diriger vers ma commode. J'y prends mes vêtements pour la journée, puis m'éclipse dans la salle de bain, vider enfin ma vessie et me changer en quelques minutes.
Ils vont tous se lever après que je sois parti... enfin... Ça l'aurait pu que Clara se lève à cette heure-là, c'est à dire, sept heure quarante, mais je pense bien qu'elle fera la grâce matinée même si c'est un jour de semaine... jeudi, pour être exacte.
Je fais de la patrouille aujourd'hui, il me semble... au moins tout l'avant-midi. Après... surement de la perte de temps au bureau, à attendre de voir si quelqu'un va appeler au poste. Il ne se passe pas grand-chose ici, même pour une grande ville.
J'espère que je vais faire de la formation, à la place. Ça, j'aime ça, parce que les p'tits nouveaux ont la trouille devant moi... ou ils veulent m'impressionner, mais ça ne marche jamais. Faut dire que c'est dur, quand on est un Forès, d'être impressionner par la force simple des humains simples. Certains, je dois bien l'avouer, sont plutôt bon en combat pour des êtres faibles. Ce qui me fait surtout rire, c'est quand l'un deux me propose en duel. Ils en mangent un sale coup sur leur orgueil et comprenne à quel point il ne faut surtout pas me chercher. Bon, en vrai, je ne les tabasse pas, je fais juste les mette à terre après quelques secondes.
Je sourire à cette pensée en sortant de la salle de bain tout en lissant mon t-shirt noir, mon pantalon noir et mon uniforme de policier par-dessus. Je me dirige de nouveau vers ma chambre pour y laisser mon short de pyjamas et pour prendre mes clés, mon manteau de cuir, mon sotovyi et mon chernaya sumka pour y mettre mon lunch (mes collègues aiment me taquiner sur les repas que j'emmène, parce que pour la plupart, ils se commandent des trucs vite fait). Je pars ensuite vers la cuisine pour prendre un déjeuner rapide (qui est constitué de trois œufs brouillés, un grand verre de jus d'orange et un yogourt avec quelques fruits frais), puis je prends ma portion des restes du souper d'hier, préparer par mes soins avec l'aide de Ruslan (qui consiste en une soupe au ris et aux légumes dans lequel j'avais ajouté du poulet, un peu de persil et de la sauce shriracha, ce qui donne un goût piquant à l'ensemble).
Ruslan apparait soudainement à côté de moi, alors que je viens de finir de nettoyer ma vaisselle sale, me faisant sursauter, ce qui lui tire un sourire endormi.
– Tu pars maintenant, me demande-t-il en se dirigeant vers l'une des armoires où se trouvait les boites de céréale à l'avoine, les noix et les fruits secs.
– Ouais, dis-je en observant son t-shirt et son sort bleu sur lequel est imprimé « Laissez-moi vivre comme je l'entends et vous ne m'entendrez plus chialer. »
Si seulement cette phrase marchait pour plein de gens...
– Bonne journée alors, dit-il en versant ses céréales dans un large bol, puis son lait aux amandes.
Je me souviens qu'il a pris l'habitude de manger avant même de se changer, chose que lui seul fait dans la famille. Je lui ébouriffe les cheveux et il me sourit.
– Toi aussi, passe une bonne journée.
Je sors de mon appart et me dirige vers ma Lamborghini en sifflotant, fait qui ne m'arrive pas souvent. Il y a si longtemps que je ne suis pas partis de chez moi d'aussi bonne humeur. Je me demande si c'est toujours comme ça lorsqu'on est amoureux. Amoureux. Ce simple mot me met un sourire aux lèvres. Quelle curieuse sensation. J'ai l'impression que tout est beau alors que je conduits à travers la ville. Pourtant, je la vois tous les jours.
Ma joie retombe rapidement en réalisant que Clara n'a jamais dit qu'elle s'intéresse à moi. Elle n'a jamais dit qu'elle partage mes sentiments. D'ailleurs... je ne lui ai pas dit que je l'aime. J'ai même montré le contraire...
Bon, j'ai dû passer pour un gros nul devant elle. Elle semble savoir ce que je ressens et elle se moque de moi, je l'ai bien vu. Son baiser sur ma joue ne veut certainement pas dire ce que j'espère qu'il veut dire... c'est sans doute comme l'autre fois... quand elle m'a embrassé sur la joue pour taquiner Mya.
Mais là, nous étions seul... c'était inévitablement pour me taquiner... elle a des émotions pour Keven, pas pour moi.
Ce ne sera jamais pour toi, slaboumnyy!
Je pousse un soupir alors que j'arrive près du poste. Je m'arrête en arrière, sur le stationnement réserver aux employés, en me trouvant complètement ridicule depuis ma rencontre avec Clara. J'ai l'impression de devenir un gamin pleurnicheur... alors que je n'ai jamais été comme ça... même pas quand ma mère m'a délaissé pour mes frères plus jeunes. Je suis l'ainé. Je dois me montrer à la hauteur des attentes de mes parents. Et puis... je sais que mes jeunes frères ont plus besoins de leur attention que moi.
Peut-être que c'est la raison pourquoi je me suis toujours sentis seul... et en colère contre la terre entière. Je pense que je me suis adoucis en côtoyant Clara... mais encore là... elle ne fera que m'effleurer des bonnes choses qu'elle m'apporte...
Je viens à peine de couper le moteur que Victor Korner prend bruyamment la place à côté de moi sur sa bécane or tape à l'œil (bon d'accord, ma caisse aussi est tape à l'œil). Je me dépêche de sortir, mais il eut le temps de sauter de sa moto et de se placer devant moi pour m'empêcher d'entrer par la porte des employés.
– Tu te dépêchais d'aller où comme ça, Mister White Russian, me demande-t-il en enlevant son casque (tout aussi or), puis en secouant la tête comme si ça pouvait coiffer ses cheveux noirs.
Je me retiens difficilement pour ne pas lui en coller une... comme chaque fois qu'il s'amuse à m'appeler comme ça.
Tout compte fait, il faudrait vraiment que je côtoie plus Clara pour m'adoucir.
Il se passe une main dans ses cheveux mi-long avec son habituelle air hautin et son sourire dédaigneux.
– Tu croyais pouvoir passer cette porte avant que j'arrive, hein.
Toujours le même cirque... il ne vaut pas la peine que je me fâche...
– Tu voulais éviter de devoir m'ouvrir la porte, c'est ça? Tu te crois toujours malin de partir tôt, mais tu vois, Mister White Russian, je te connais trop bien. Tu n'arriveras jamais à te débarrasser de moi. D'ailleurs, j'ai gentiment demandé à Jeffrey de changer son shift avec le mien. Tu vois, comme ça, j'ai la possibilité de t'écœurer toute la sainte journée.
Quand je parlais de type qui aime me chercher la bagarre... en voilà un en particulier qui me tape sur les nerfs.
Il me fait son sourire méprisant alors que je serre les poings et pince les lèvres.
C'est toujours la même maudite rengaine avec lui. On a à peine le temps de respirer qu'il vient vous traitez comme un moins que rien... seulement parce que vous avez des origines différentes. Le pire, c'est qu'il est anglais, ce qui le met dans la même catégorie que moi ou presque. J'ai presque toujours vécu dans cette grande ville où la première langue parler est le français... contrairement à lui qui a fini son secondaire ici. Son accent est encore tellement prononcer que parfois, je me demande s'il parle vraiment en français. On dirait qu'il mâchonne et crache les mots comme si ça avait un goût immonde de vinaigre et d'escargot gluant.
Victor marche à grande enjambée de son mètre quatre-vingt-deux vers la porte métallique, puis se tourne vers moi en me regardant de ses yeux vert fades. Je poussai un soupir las avant de passer devant lui pour aller ouvrir la fameuse porte. Victor s'y engouffre avec une démarche extravagante et exagérée tout en saluant de la main nos collègues comme s'il était le roi de la place. Or, comme moi, il n'a qu'un grade. C'est à dire, un simple agent senior. Pas un sergent ni un lieutenant ni un commandant ni un inspecteur... et encore moins un enquêteur (eux ils travaillent en collaboration avec la police, mais n'en fait pas vraiment partie). Juste un gars, comme moi, qui suit les directives de ses supérieurs... quand il ne change pas soudainement son horaire avec quelqu'un simplement pour m'énerver.
– Désoler, me souffle Jeffrey lorsque je passe devant notre table de bureau en me dirigeant vers la pièce réserver au big boss (c'est à dire, le directeur en chef... Cédrick est son second), du grand poste, la première porte, si on arrive par en avant, la dernière, pour les employés.
Je passe dans les couloirs exigus pour quelqu'un de mon gabarit tout en saluant de temps à autre un de mes supérieurs qui passent par-là, avec ou sans détenu, témoin ou suspect, vers la salle d'interrogatoire, qui ne se situe pas très loin des bureaux des commandant et des inspecteurs. Lorsque j'arrive devant le bureau du big boss, alors que la porte est déjà ouverte sur la grande pièce. C'est complètement différent de ce qu'on pourrait penser d'un bureau d'un vieux de soixante ans.
Sur sa large commodité noire, les tonnes de papier d'enquête traînent négligemment, comme s'il n'avait jamais le temps de les ranger... ce qui est faux d'ailleurs, car habituellement, ils sont classés et glisser dans la salle des archives spécialement barré par un cadenas à long code de chiffres et de lettres pour la sécurité de tous les anciens et nouveaux dossiers. De ce que je sais, il y a très peu d'agent qui y ont accès.
Petite précision. Victor peut changer son horaire à sa guise simplement parce qu'il est le fils du directeur. Il paraît que ces deux-là ne s'étaient jamais rencontrés avant que Victor vienne dans le coin... parce que ça mère était décédé à la suite d'un cancer.
– Bon matin, dis-je au boss alors que Victor est déjà là, les bras croisés et un grand sourire de nigaud aux lèvres.
Le directeur est tellement concentré dans son fouillage de papier qu'il ne me répond pas.
– Bon sang de bon sang, marmonne-t-il dans sa barbe noire strier de file gris et blanc. Nous ne pouvons pas l'avoir perdu...
Je fronce les sourcils en regardant le petit vieil homme, puis jette un regard vers Victor qui n'a pas changé d'expression. Au moment où je m'en attends le moins, boss lève ses yeux vert fades vers moi, comme s'il venait de se rappeler un fait important.
– Cédrick m'a dit que tu côtoies Clara Lynch, dit-il en s'approchant de moi à grand pas.
Je cligne plusieurs fois des yeux, surpris par sa question.
– Euh... ouais, ai-je marmonné en ne comprenant pas le rapport avec son oublie.
Son expression s'assombrit alors qu'il s'accote contre son bureau, les mains dans ses poches.
– Le dossier de l'enquête à disparue... je ne le retrouve pas.
J'ouvre grand la bouche, ne sachant pas quoi dire.
– Ce ne me serait pas Clara qui l'aurait volé, dit Victor en regardant les papiers sur la commodité de son père d'un air ennuyé. Il me semble qu'elle aime bien faire des petites enquêtes.
– Ce cas n'a rien de petit et tu sais que nous gardons les documents importants dans les archives. Elle ne peut pas y accéder vu que le code se situe que dans la tête de ceux qui le connait. Elle ne pique que ce qu'elle peut dans les tiroirs de la réception. La perte de ce dossier est très grave. Tout ce que l'équipe deux avait compilé sous les directives de Cédrick a disparue. Même cette boîte immaculée. Je ne vois pas pourquoi Clara l'aurait volé. D'ailleurs, je sais que ce n'est pas elle. J'ai regardé toutes les caméras de surveillance tôt ce matin. Clara n'est pas repartit avec les documents puisque la dernière fois qu'elle est venu... ça remonte à hier matin et tout y était, hier midi.
– Donc quelqu'un venu pendant la nuit, quand il n'y a presque personne, ai-je marmonné en fronçant les sourcils. Et quelqu'un qui s'est déjà promené dans le poste... et qui sait soit crocheter des serrures soit trouver inexplicablement des codes.
– C'est ça qui est étrange... rien n'a été crocheté et les caméras du soir n'ont rien détecté... et avant hier, je me suis arrangé pour qu'il y ait une alarme en cas d'intrusion dans la salle des archives.
Je l'observe, perplexe, puis dis:
– Mais alors... la personne est venue fouinée en après-midi, quand il y a plus de monde qui circule dans les couloirs, lui permettant ainsi de se promener avec moins de risque de se faire remarquer et a en plus réussi à détourner l'alarme... donc qu'il ou qu'elle savait que tu l'avais installé.
Son expression s'assombrit de nouveau.
– Les plus puissants Visis peuvent alterner la vision des choses des autres... et certains Intès peuvent jouer sur la mentalité... et peut-être bien même altérer le circuit de l'alarme... à moins que ce ne soit un Vités... si c'est le cas, personne n'a pu le voir... et il a pu entrer en sachant que quelqu'un allait bientôt ouvrir la salle des archives...
– Tu veux que je regarde les caméras avec toi... Papa...
Celui-ci hoche doucement la tête.
– Si nous voyons l'un ou l'autre, il ou elle pourrait bien être le suspect. Yak, ça va si tu vas surveiller la zone nord seul?
Je hoche la tête et me dépêche de sortir avant que Victor ne change d'avis.
† † †
Clara arrive alors que je sors à l'arrière du poste après une longue journée d'ennuis. Je n'ai donné aucune contravention. Et j'ai dû passer tout l'après-midi à poiroter dans le poste, à mon bureau, dans l'attente qu'il se passe quelque chose d'intéressant.
Je la regarde, surpris de la voir là, alors qu'elle me salue de la main avant d'enfoncer les deux dans son manteau de cuir.
– Que fais-tu là, lui ai-je demandé alors qu'elle s'approche de moi dans une démarche féline.
– Valier m'a averti, pour le dossier. Il a voulu que je jette un coup d'œil aux caméras si je connaissais quelqu'un parmi ceux qui sont venu au poste.
Je baisse la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux.
– Et... vous avez trouvé quelque chose?
– C'est dommage, mais non. Je ne connaissais personne à part quelques policiers.
Elle fait un geste vague de la main avant d'envoyer un coup de menton vers la porte en métal.
– Valier m'a dit que tu sortirais par là...
Un léger silence suivi, mais lorsque j'ouvre la bouche pour dire quelque chose, Victor sort pile à ce moment en sifflant une musique que je ne connais pas. Le regard de Clara dérive vers lui avant de lever un sourcil, un sourire fantôme, comme chaque fois qu'elle tente d'en faire un, sur ses lèvres rouge bourgogne.
– Salut mister j'aime faire des blagues nulles, dit-elle en se rapprochant encore plus près de moi, me frôlant presque, alors que Victor s'arrête avec un large sourire en nous observant, l'un après l'autre.
– Salut beauté j'aime mettre le trouble, dit-il sur le même ton taquin.
– Vous vous connaissez, ai-je bougonné en pressant ma paume sur la taille de Clara, d'instinct, devant leur complicité, comme si je voulais lui montrer qu'elle m'appartenait.
Ce qui, nous le savons tous, est complètement faux.
Celle-ci plisse les yeux d'une manière malicieuse en me regardant, puis met un doigt manucuré de noir sur mon torse.
– Il n'est qu'un passager clandestin dans le bateau de mon équipage, susurre-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds, les yeux si brillant que je faillis m'étouffer avec ma salive.
Mon ventre se tord et mon cœur rate un battement avant d'accélérer comme un tank bousculant tout sur son passage. Si lui est un passager clandestin, je suis plus que ça, non. L'ami d'un ami? Un ami? Plus? Je souhaite sans trop espérer malgré notre proximité troublante.
– Et combien il y a de matelot, lui demande Victor d'un ton espiègle. Parce que s'il y a encore un poste de libre, je veux bien sacrifier ma vie pour te servir, ma belle.
Mon humeur s'assombrit en le voyant roucouler et je grogne en raffermissant ma prise sur la taille de Clara. Celle-ci, je le vois bien, se retient pour ne pas éclater de rire devant la prestation de mon kollega ... enfin... je crois...
– Oh... bien assez. Et puis, comme tu peux le constater, il y a déjà quelqu'un au meilleur poste.
Elle me jette un regard malicieux que je ne sais pas comment interpréter.
– Victor est le fils de Pamela, la représentante des Invis et la sœur à mon père.
Ah... ça explique certaines choses... mais il y a un hic... sa mère n'est-elle pas morte?
Victor grimace à cette allusion.
– Oups, fait Clara avec une mine désolé qui me semble fausse. Je voulais dire, sa belle-mère.
Je la regarde en levant un sourcil. Encore en train de tourner les autres en bourrique, cette devochka.
– En fait, je connais Victor et son père parce qu'ils sont, eux aussi, des Invis. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne peux pas fouiner comme je veux dans le poste avec mon don d'invisibilité... ils me verraient quand même.
– Ah bon... je savais que mon big boss connaissait l'existence des marqués, mais j'ignorais que Victor et lui en étaient aussi.
Victor éclate soudainement de rire, me prenant par surprise.
– C'est pour ça que c'est drôle d'énerver un Forès, dit-il entre deux souffles courts. Ils sont si bêtes qu'ils se mettent facilement en colère.
Je le foudroie du regard alors que Clara enlève ma main de sa taille pour entrelacer nos doigts.
– Allons, mon cher, dit-elle en envoyant un regard lourd de sens à Victor. Il ne faut pas énerver un lion en attendant de voir jusqu'où il est prêt à supporter avant de mordre.
Victor s'arrête de rire pour la regarder dans les yeux. Celle-ci eut un sourire mauvais en voyant son expression figée et peu sûr de lui. Elle est une déesse vengeresse, notre chère Clara.
– C'est vrai que les rats ne craignent pas de monter dans les bateaux malgré l'océan et les nombreux hommes qui cherchent qu'à les balancer par-dessus bord.
Je retiens de sourire fièrement devant ses deux comparaisons que je trouve tout à fait approprié... surtout qu'elle me donne elle-même l'impression d'être une lionne. Moi le lion qui se tiendrait à ses côtés. Lui le rat qui viendrait nous importuner. Le conte du lion et de la souris me vient en mémoire et je souris à cette pensée. Mais dans la vraie vie, contrairement au conte, la souris n'est pas prête à me venir en aide!
– Tu ne mâches pas tes mots, grimace Victor en se dirigeant vers sa bécane or.
– Jamais, dit Clara en reprenant son sérieux alors que son regard s'assombrit dangereusement. Même face aux gens que j'apprécie. Je passe toujours la franchise avant les mensonges... sauf s'il le faut...
Elle me serre plus fort la main alors que Victor hoche la tête avant d'enfiler son casque, de nous saluer, puis de partir à grand bruit de moteur. J'observe Clara du coin de l'œil alors qu'elle a les yeux rivés vers Victor qui s'éloigne en vrombissant.
– Tu es venu à moto?
Elle tourne son regard troublant vers moi et hoche doucement la tête avant de partir à reculons vers le côté du poste, là où je suis passé, ce matin, pour venir me stationner.
– On se retrouve à l'appart, dit Clara avant de se retourner, puis de jogger vers l'avant, où elle doit avoir laisser sa bécane.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top