Chapitre 26 Clara
Il s'entête à ne pas me regarder, ce qui est aussi agaçant que son silence. Mon cœur me fait mal. J'ai l'impression que quelque chose le découpe en petits morceaux chaque fois qu'il m'ignore. Je sens des larmes me picotées les yeux et je tente difficilement de les retenir.
– Qu'est-ce que tu veux, ai-je grogné piteusement en lui donnant des petits coups. Pourquoi tu m'ignores comme si je n'existais pas! Dis-le-moi! Dis-le-moi que tu me détestes! Que tu te fiches de moi! Que je te dérange! Je sais que tu m'héberger à contre cœur! Mais réagit, nom de dieu! Dis quelque chose! N'importe quoi! Dis-le-moi!
– Je te déteste, marmonne-t-il si bas que je l'entends à peine.
– Quoi, dis-je en me redressant, souhaitant plus que tout avoir mal entendu.
– Je te déteste, grogne-t-il en me regardant enfin dans les yeux. C'est ça que tu veux entendre! Je te déteste! Tu me déranges comme les insectes qui me passe devant le visage! Comme les mômes qui me regardent comme si j'étais un dieu qui pourrait tout faire! Comme les drogués qui empestent à longueur de journée! Tu me déranges! Alors la seule chose que je te demande pour rester ici, c'est me foutre la paix! De me laisser respirer un peu! Tu es étouffante à la fin! J'ai l'impression de devoir parler à un enfant de quatre ans!
Il me fixe du regard sans cacher son agacement. Je suis complètement figée, la bouche ouverte, alors que Ruslan arrive pour nous demander ce que nous fabriquons, suivie de Keven, Mya et Pavel.
– Ah... d'accord...
Je me lève avec empressement et pars sans attendre m'enfermer dans ma chambre. Je m'effondre sur mon lit comme s'il s'agissait d'une personne qui allait me réconforter. Mon cœur me fait mal. Si mal que j'aurais souhaité me voiler la face et me dire que jamais au grand jamais je n'avais souhaité qu'il dise autres choses que ce que j'étais sûr qu'il pensait.
Il me déteste. Il ne m'aime pas. Il ne veut même pas me voir. J'empeste ses journées. J'ai bousculé sa vie. Je suis exactement ce que toutes les filles de mon ancien bahut disaient dans mon dos. Même Maggie le confirme. Comme elle l'a dit, j'ai un caractère méphitique, désagréable, toxique, fou, gore, sombre, flippant, insupportable...
Mais elle est l'une des seules qui aime ce côté-là de moi.
D'un côté, même si ça me fait mal de l'admettre, je comprends pourquoi Yakim garde c'est distance. Ça doit être étouffant, comme il a dit, de vivre avec quelqu'un comme moi... pourchassé par un fou qui veut me trucider. Keven aussi doit penser ça...
D'ailleurs... cette personne pourrait très bien être un Forès... plus fort que Yakim...
Non.
Il n'aurait sans doute pas méticuleusement tout arrangé aussi bien pour qu'il y est aucun petit indice. Et de tout manière, pour la plupart, les Forès ne connaissent que la force et sont rarement très futés. Je pense plutôt que si l'un des leurs voudrait tuer, ils utiliseraient une technique rapide et efficace, comme par exemple, brisé le cou de la victime. Or, l'assassin se joue de la police et des enquêteurs avec les marques sur le corps des victimes... peut-être même que tout ça n'est même pas un indice...
Je me mordille la lèvre en essayant de retenir mes larmes. Je m'enfouis sous mes couvertures, le visage à moitié dans l'oreiller, pleurant en silence.
Arg! J'ai horreur d'être aussi faible! Dire que je croyais avoir forger une carapace dure...
Mais maintenant que je n'ai plus personne... j'ai l'impression de ne plus avoir à être forte... que j'ai le droit de me morfondre et de faire l'enfant.
Je ne suis qu'une enfant!
Je disais à Aya d'arrêter d'être ridicule parce que nous ne pouvions rien faire, mais je me voilais la face. Je suis un lapin qui se cache sous la peau d'un loup. De l'extérieur, je joue la fille forte, mais en vrai, j'ai la trouille. Et je sais que tôt ou tard, cette personne va me tuer.
Ce qui m'effraie le plus... c'est que j'ignore quand...
Quelqu'un cogne à ma porte, puis la voix de Keven me parvient de manière étouffée. Je ne lui réponds pas même si j'en avais envie et il n'insiste pas... comme toujours.
Quel crétin.
Yakim et lui ne sont que des crétins. Des beaux crétins, je dois l'avouer, mais des crétins quand même.
Ma porte de chambre s'ouvre et quelqu'un s'assoit sur le bord de mon lit.
Mon cœur bat plus vite en me demandant si c'était, tout compte fait, Keven qui revient ou Yakim qui vient s'excuser et m'avouer à quel point il est fou de moi mais n'ose pas me le dire.
– Ça va, me demande Mya.
Pendant un moment, je fus déçu. Je me disais aussi que c'était trop beau pour être vrai.
– Non, ai-je marmonné en reniflant, soulager de pouvoir sortir un peu de mes émotions brouillons. Rien ne va... même si je peux voir mes parents... enfin ma mère... quand elle vient me voir... mes parents me manquent et mes grands-parents encore plus... ce sont eux qui nous ont élevés, Aya et moi. Louisia et même Léo, mes parents de substitution me manque. Et ma sœur. Même si notre relation s'effondrait avant sa disparition... Je me trouve complètement paumé et perdu. Je veux les venger, mais je ne sais même pas quoi faire. Je croyais être une fille forte, mais je me mentais à moi-même. En vrai, j'ai la trouille. Tout le monde autour de moi disparaît. Et je sais que c'est normal que les gens autour de moi me détestes, comme Yakim et toi... et fait comme si je n'en avais rien à battre, mais en vrai... ça me fait mal... plus mal que je veux l'admettre...
Je jette un regard à Mya alors qu'elle lève un sourcil.
– Je ne me souviens pas de t'avoir dit que je te détestais. Et pour être franche... je ne crois pas que Yakim pensait réellement tout ce qu'il t'a dit... enfin... je crois, vu que je n'ai pas réussi à lui tirer les vers du nez. En tout cas, je peux te dire que je l'ai engueuler.
Elle eut un sourire tout en plissant les yeux.
– Il a gardé une expression si sérieuse que je me suis demandée s'il avait vraiment été fâché... comme s'il n'écoutait même pas ce que je lui disais. Il n'a rien dit et est tout simplement partie je ne sais pas où. Keven aussi d'ailleurs. Il est sorti après avoir cogné à ta chambre. Il est franchement exaspérant, mon frère.
Je pousse un soupir, puis me redresse pour voir son visage. La porte s'ouvre plus grande et à ma grande surprise, Pavel passe la tête dans ma chambre. Il nous regarde tour à tour avec un air moqueur.
– Vous parlez de mec qui vous ont rejeté, c'est ça?
– La ferme, lui dit Mya en le foudroyant des yeux, ce qui accentue le sourire arrogant de celui-ci. Qu'est-ce que tu veux?
– Oh, pas grand-chose. Je voulais juste énerver l'une de vous deux pour qu'elle me guide jusqu'au gym le plus proche. Mais il semblerait que vous ayez un sujet de discussion épineux qui vaut la peine d'espionner ou de déranger.
Mya lève les yeux au ciel, puis me jette un regard avant de soupirer.
Ça veut dire qu'elle va se sacrifier pour accompagner Pavel.
– Très bien, monsieur arrogant, dit-elle d'un ton dédaigneux en le regardant. Je vais vous servir de guide pour que vous ne vous perdiez pas dans cette ville trop grande pour vous. J'espère seulement que vous êtes en mesure de marcher par vous-même et que vous n'avez pas besoin d'une poussette pour bébé.
Le sourire carnassier qu'il lui renvoie est à la fois fascinant et effrayant. Du coin de l'œil, je vois Mya frissonnée.
– Tu oublies à qui tu t'adresser, chaton.
Je retiens un rire devant leur échange de regarde. Mya se renfrogne alors que Pavel semble très fière de l'avoir qualifiée d'un mot qui, d'ordinaire, aurait été mignon si ça n'avait pas sortie de sa bouche à lui. Je pense bien qu'il la qualifie de faible...
Gloup...
C'est pourtant moi qui viens de brailler...
Si Mya est un chaton... je suis quoi moi, selon lui?
Mya soupire et se lève pour le rejoindre devant ma porte, puis ils disparaissent de l'appartement en se chamaillant comme deux enfants.
Je m'essuie les yeux, puis me lève en sentant mon ventre gargouiller. Je jette un regard à mon cadrant. Huit heures et demie. Je sors de ma chambre et me dirige vers la cuisine silencieuse. En passant devant le salon, je vois que Ruslan est plongé dans un livre, assis sur un tas de couverture, sa valise et celle de Pavel à quelques pas de lui.
– Qu'est-ce que tu lis?
Il sursaute au son de ma voix rocailleuse, puis il me jette un regard avant de sourire.
– Tu m'as fait peur. Je croyais que tout le monde était sortie.
Il se lève, puis fronce les sourcils en voyant mes yeux rougis.
– T'as pleurer à cause de Yak?
– Nan, ai-je menti. C'n'est rien.
Je fais un geste du menton vers sa main qui tient toujours le boucain.
– C'est quoi?
– Ça, dit-il en le levant entre nous. Ah. C'est juste un plochoi livre qu'un de mes amis Intès m'a suggéré. Mais je ne comprends pas grand-chose à part que ça porte sur la conscience et l'inconscient.
Il me le tend et je le feuillète un moment, m'attardant sur quelques passages intéressants:
Le terme "conscience" est un synonyme dit de "l'âme" ou de "l'esprit" de manière plus vaste que ce qu'on pourrait croire. Il y a une vingtaine d'années, les neurosciences ont commencé à être de plus en plus populaire, emmenant les nouveaux développements technologiques lié à l'imagerie cérébrale, c'est à dire, la création de micro-technologie visant à améliorer le fonctionnement cérébral humains. Les chercheurs ont d'abord testé sur les animaux à l'intelligence dit "inférieur" à l'homme, et cela, en tentant de cerner la réalité biologique qui apporte la conscience, en prenant, par exemple, une cellule vivante, une cellule d'un corps quelconque et comprendre l'existence qu'il définit par un mécanisme X qui est dépourvu d'esprit. Cependant, elle suit tout de même le cours de ce pour quoi cette cellule existe. Nous pouvons, en quelque sorte, comparer toutes ses petites particules biologiques par microrobot et découvrir qu'il n'a pas créé sa propre conscience, mais qui existe, qui fonctionne pour une seule raison. La charge qu'on lui a donné dans le système.
Nous pouvons prendre un autre exemple pour comparer ce phénomène en nous basant sur le concept de la programmation. Dans ce cas, chaque étape est importante pour qu'un logiciel, un site, ou même un jeu se déroule sans accroc. Il suffit d'une petite chose de travers pour que tout plante à partir du moment assigné à se passage. Autrement dit, quel que soit cette cellule et d'où qu'elle provienne, quel que soit la ligne de cryptage et le contenu de celle-ci, cette chose ne sait nullement qui vous êtes, ce que vous faites et ne s'en soucie guère, vu qu'il n'y a pas de conscience dans l'un ou l'autre de c'est exemple. D'ailleurs, il n'y a pas grande différence entre nous et ces deux exemples, car nous sommes qu'un assemblage de milliards de milliards de cellules aux fonctions différentes, chacune créée par notre inconscience, mais aussi le développement sur des milliards d'années. Si nous prenons un autre exemple; si la table de chez vous ou la plante sur le bord de votre fenêtre, qui contient aussi des cellules, simplement différentes de celles qui nous constitues, ne s'émerveillent pas devant une toile ou même devant quoi que ce soit, pourquoi nous, humains, pouvons dire que nous avons une conscience? Qu'est ce qui nous différencie de tous ses autres mécanismes, vivant ou non?
Nous pouvons conclure que tout part d'une certitude, d'une intuition, sans pouvoir cependant la définir avec exactitude. Le "Je pense donc je suis" de Descartes montre la certitude de sa propre existence qui s'impose comme n'importe quelles choses autour de nous peut être tangible. Avant même de savoir tout ce que constitue le monde, nous savons que nous existons comme un être pensant. Par ailleurs, le corps et l'esprit (conscience ou âme) sont deux choses distinctes relié par un point du cerveau. Certaines études ont d'ailleurs affirmé que les phénomènes mentaux, tel que les problèmes psychologiques, sortent du champ de la physique, ce qui pousse à croire qu'il y a quelque chose or du corps qui peut affecter l'esprit.
Je lève les yeux vers Ruslan qui m'observe en silence.
– Tu y comprendre quelque chose?
Je fais des va et vient entre son visage et la page, ne sachant quoi répondre.
S'il y a des choses qui existent sans conscience... est-ce que l'on peut créer simplement avec celle-ci? Est-ce qu'un esprit peut en influencer un autre? Cela est possible... certains marqués, tel que les Intès et les Invis en sont capables... du moins, les plus puissant. Je sais que Maggie peut détendre l'esprit de quelqu'un d'autre, comme si elle défaisait des nœuds dans leur cerveau, mais pour l'instant, elle y est arrivée que sur Aya. Est-ce que l'assassin pourrait être contrôlée par quelqu'un?
– Clara?
Je devrais peut-être noter quelque part toutes les possibilités...
Je relève les yeux vers Ruslan qui me regarde avec des points d'interrogation dans ses yeux noisette aux paillettes lumineuses rouge sang. Nos ventres gargouillent et Ruslan éclate de rire en rougissant légèrement.
– Je vois que tu n'as rien manger, toi aussi, dis-je avec un léger sourire. Que dirais-tu si je passe au Tim Horton nous prendre quelque chose?
Il parait surpris un moment avant de réfléchir.
– D'accord... une boîte de beignets ça devrait faire l'affaire.
– Good, dis-je en m'éloignant vers ma chambre. Ne te casse pas trop la tête en lisant ça, hein!
– T'es une chic doch, dit Ruslan en riant. Si j'étais plus vieux, je t'aurais bien demander d'être ma copine.
Je me retourne vers lui, surprise alors qu'il me regarde avec un grand sourire.
– C'est une blague. T'es déjà la malenkiy podruga de Yakim.
Il me fait un clin d'œil alors que je ne sais même pas ce qu'il vient de dire. Je suis la quoi de Yakim? La coloc? Ça n'aurait pas de sens...
Je secoue la tête et me dirige rapidement vers ma chambre pour aller me changer. Une jupe noire en cuirette, une chemise violet sombre à corset noir et de long bas qui montent jusqu'à mes genoux du même violet que ma chemise. Je me maquille en observant mes nombreuses boucles d'oreilles et mon piercing à la lèvre relié d'une petite chaîne jusqu'à mon oreille. J'attrape mes clés, l'un de mes CV qui traine dans un tiroir d'un de mes bureaux baroques, empoche un tricot noir et mon coat d'hiver en cuir que j'enfile sans attendre. Je sors de l'appartement et me dirige vers ma moto en constatant que Yakim n'a pas pris sa Lamborghini. Je sors mon casque et le mis avant d'embarquer sur ma bécane.
En conduisant vers mon nouveau bahut, j'avais repéré, quelques jours plus tôt, un Tim Horton pas très loin de celui-ci. Le chemin n'est pas très long. Moins de dix minutes. Je roule jusque-là alors que les rues sont pratiquement désertes, puis je me stationne et enlève mon casque avant de le remettre sous le siège. Je me dirige vers l'entrée en jouant avec mes clés, mon CV dans l'autre main.
– Bonjour, me dit chaleureusement la caissière avec un énorme sourire.
Je la salue de la tête en m'approchant d'elle à pas feutrés.
– Savez-vous déjà ce que vous voulez commander?
– Oui, mais d'abord, pourrais-je parler au gérant, c'est pour donner mon CV.
– Oh... euh... elle n'est présentement pas là et je ne crois pas que nous cherchons du personnel, mais je vais tout de même lui remettre ton CV lorsque je la verrai.
– Merci, dis-je en hochant la tête, puis en lui tendant la feuille. Sinon, je vais prendre un paquet de tim bits... et... deux cappuccinos glacés.
– De combien, pour la boîte?
– Vingt-quatre.
Elle hoche la tête, prépare rapidement ma commande avant que je paye le tout. Je retourne rapidement à l'appartement tout en conduisant d'une main. Léo, Louisia et Aya m'auraient trouvé folle de conduire ainsi. Moi, je trouve simple tordant de zigzaguer entre les voitures et de voir les visages enragés des conducteurs qui crient un tas de trucs sur ma conduite insécure. C'est avec un sourire que je retourne à l'intérieur de l'appart. Je passe la tête dans le salon, puis interpelle Ruslan. Celui-ci sursaute de nouveau.
– Déjà de retour. Ça été vite.
– Ça fait déjà presque une demi-heure, dis-je en levant les yeux au ciel, un léger sourire aux lèvres.
– Ah...
Je me laisse tomber à côté de lui, puis je mets notre déjeuner vite fait entre nous avant de me débarrasser de mon coat et de mon tricot que je mets à ma droite.
– Ce n'était pas prévu ça, dit Ruslan, légèrement surpris en pointant les deux cappuccinos glacés.
Je hausse les épaules et il le prend en souriant tout en mettant son livre de côté. Un étrange silence s'installe entre nous. C'est bien la première fois que nous n'avons rien d'intéressant à dire. Je jette un regard à Ruslan en me demandant s'il répondrait à mes questions sur Yakim. Je prends une gorgée, puis me dit que je n'ai rien à perdre de demander.
– Dit, Ruslan?
– Hmm?
– Je... euh... je suis un peu curieuse...
– Hmm?
– Est-ce que Yakim a toujours été distant?
Ruslan prend un beignet et l'engloutie tout en réfléchissant.
– Difficile à dire. De ce que je me souviens, en t'en que grand frère, il était protecteur avec Pavel et moi. Maman dit que c'est un instinct de Forès. De protéger ceux qu'on aime. Moi ça ne m'est pas encore arrivé, enfin, j'aime ma famille, mais je sais très bien qu'ils peuvent se débrouiller sans moi. Sinon, je crois qu'il était populaire lorsqu'il allait encore au secondaire. Je me demande bien pourquoi, vu qu'il réagissait comme si les meufs le répugnaient. Je ne suis même pas sûr qu'il s'intéresse aux nanas. Et à qui que ce soit d'ailleurs. Enfin... à part toi, peut-être.
Je fronce les sourcils en entendant sa dernière phrase. Il plaisante j'espère! Il a bien entendu tout ce que Yakim m'a balancer! Et il croit que celui-ci s'intéresse à moi! Aille! Si c'est ça manière de montrer qu'il s'intéresse à une meuf, je ne vois pas ce qui pourrait la faire tourner vers lui. À moins d'être une parfaite idiote.
– Faut dire que ça date d'à peu près six ans... je venais à peine d'entrer à l'école. Et puis, nous avons déménagé un an après qu'il aille obtenu son diplôme. Je n'avais que sept ans à l'époque. Pavel serait plus apte à t'en parler, mais nous savons tous très bien comment il réagirait si tu le questionnais là-dessus. D'ailleurs, il demande beaucoup, mais ne donne presque rien, tout l'inverse de Yakim et moi... même si Yakim fait beaucoup de choses à contre-cœur. À vrai dire... il y a très peu de gens qu'il apprécie, ou supporte et beaucoup de gens qu'il déteste ou le laisse indifférent.
Je retiens difficilement une grimace. Il a pratiquement toujours une expression renfrognée ou indescriptible face à moi.
– Je dois faire partie du quatre-vingt-dix pourcents des gens qu'y l'indiffère.
– Pourquoi tu dis ça? Je croyais que tu étais ça malenkiy podruga.
Je faillis lever les yeux au ciel. Il dit ça comme si je savais ce que ces deux mots veulent dire.
– Je n'en sais rien. Je le dérange. J'ai chamboulé sa vie... c'est ça, en gros.
Ruslan lève un sourcil en pigeant de nouveau dans la boîte, engloutissant deux beignets au chocolat.
– Tu as chamboulé sa vie de manière négative?
J'en prends à mon tour et les mets dans ma bouche.
– Surement, vu la raison de ma présence chez lui.
Ruslan grimace. Yakim les a averti dès le premier jour. Le seul moment où son soi-disant côté protecteur est sortie. Nous restons un moment silencieux, nous contentant de boire et manger.
– À vrai dire, reprend Ruslan. Si c'est le fait que Yakim semble te détester qui t'a fait pleurer... et bien... je te conseille de ne pas le lâcher. Je pense qu'il te tient à distance pour une autre raison.
Je soupire en espérant que ce soit vrai.
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