Chapitre 22 Clara

Lorsque mon regard se porte vers la fenêtre de la cuisine, à côté de la porte, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon short bleu clair et souple. L'appel vient d'un certain Cédrick Valier. Je fronce les sourcils en me demandant s'il s'agissait du policier et représentent des Forès. Je pousse un soupir et décroche à la quatrième sonnerie, tout en sortant à l'extérieur.

– Allô, dis-je en regardant les feuilles d'automne tombées dans une course contre la montre.

– Bonjour, je suis bien en train de parler à Clara Lynch?

– Oui, c'est moi...

– Nous avons reçu le montant d'argent et les dettes appartenant à Léo Morgan et Louisia Taylor... J'appelle du centre de la police locale, mais avec mon téléphone. Nous avons moins de chance d'être intercepté par un quelconque piratage pour voler des infos à la police... Et puis, j'ai ce téléphone grâce à ma position de représentant. Il est intraçable. Es-tu seul ou avec ta sœur en ce moment?

Je reste un moment en silence, puis marche vers un petit parc à quelques kilomètres de l'appartement de Yakim.

– Il y avait deux Ouïrès où je me trouvais, mais je me suis éloigné pour plus de discrétion. Pour ce qui est de ma sœur... elle a disparu il y a... six jours... et elle est probablement mort à l'heure qu'il est.

Il eut un court silence alors que je me laisse tomber sur une des vieilles balançoires rouillées par la pluie et le temps.

– Je vais envoyer une équipe à sa recherche si tu fais la demande, puisque sa disparition dure depuis plus de vingt-quatre heures.

– C'n'est pas nécessaire de dépenser de l'énergie pour ça... si l'assassin aurait voulu que nous retrouvions son corps, quelqu'un finira tôt ou tard par le trouver... il fera peut-être la même tactique lorsqu'il me tuera.

Je pus presque l'entendre grimacer de l'autre côté du téléphone.

– Tu devrais être plus optimiste... même si je ne doute pas une seconde que ça doit être dur pour quelqu'un comme toi.

J'eus un sourire ironique en entendant ses derniers mots. C'est quelqu'un comme Aya qui s'effondrerait en étant à ma place. Peut-être même qu'elle se suiciderait plutôt que d'attendre sa fin toute proche. Mais moi, malgré la peur qui me ronge, je ne joue pas à la nymphette. La peur, au contraire de beaucoup de gens, me pousse à me battre, la colère de mon incompétence augmente de jour en jour ma soif de vengeance. Et une fois que j'aurai attrapé cette maudite crapule, je lui ferais ressentir ma douleur au centuple.

– Enfin bref, reprend le policier sans s'être rendu compte de ma soudaine envie de violence. Passe au centre quand tu auras le temps et demande à me voir personnellement... vu que je suis celui qui gère dorénavant le dossier de ta famille. Et... même si tu trouves qu'envoyer une équipe de recherche est une perte de temps, je vais quand même envoyer quelqu'un questionné les gens qui l'on vu pour la dernière fois, alors... il faut que tu me dises où vous étiez et quand tu l'as vu pour la dernière fois. Ça sera un début.

Pendant son discours, je retourne vers l'appartement en traînant de la patte.

– Nous étions à une fête, ai-je soupiré en secouant la tête. Chez un certain Jake Renzer. Ses parents sont des marqués, mais lui non. Keven doit enquêter sur ça, car c'est l'un des mecs chelous que le Conseil et vous soupçonnez d'être des rebelles ou quelque chose du genre.

– Ah. bien. Je vois qui c'est.

Un silence s'en suivit alors que je retourne à l'intérieur de l'appartement, puis me dirige vers ma "chambre".

– C'est tout, lui ai-je demandé en voyant Yakim dans l'embrassure de sa porte alors que j'ouvre la mienne.

– Oui... il n'y a rien d'autre pour l'instant... enfin... rien d'autre que je puisse te communiquer.

Je grimace de déception en sachant qu'il doit garder secret ces recherches.

– Je vois... très bien... bye.

– Bye.

Je raccroche alors que Yakim me questionne du regard. Ses yeux curieux sont un étrange contraste avec son attitude depuis qu'il sait que Keven et moi sommes amis. Il est encore plus distant que lorsqu'il ne connaissait pas mon nom... alors pourquoi il devient soudainement curieux à mon égard?

Je pince les lèvres en levant mes yeux vers les siens, à la fois magnifique et effrayant. Il penche légèrement la tête sur le côté comme un chiot, bien que le terme ne le représente en aucun point. Il est large, grand et imposant. Pourtant, quelque chose chez lui me réconforte. Il est comme un gros nounours qu'on voudrait serrer fort dans nos bras lorsque nous avons besoin de soutien et d'apaisement.

Je fais un pas vers lui, m'apprêtant à déverser toutes les émotions néfastes à ma mentalité sombre. Son regard se fait encore plus brillant que la lumière rouge sang qui tournoie dans ses magnifiques yeux brun cendre. Un sourire à craquer flotte sur ses lèvres rosées. Je réprime un frisson alors que je vois l'un de ses rares sourire. Je tends ma main tour toucher son bras et j'ouvre la bouche en voulant trouver du réconfort dans ses gros bras, contre son corps solide, sentir son odeur douce, mais viril, toucher sa peau claire et laiteuse... mais je me la ferme et me dégage de sa chaleur alors que le frère et la sœur viennent vers nous. Je tourne les talons pour aller récupérer mon portefeuille, mes clés de moto et ma coat en cuir, puis reviens sur mes pas sans envoyer un regard au nounours.

– Vous êtes prêt, nous demande Mya en me jetant un regard suspicieux.

Je n'ai pas gagné son amitié, tout compte fait. Si elle savait ce que j'ai pensé, je crois qu'elle me déclarerait la guerre...

– Ouais, ai-je marmonné en passant à côté d'eux. Allons-y.

Je sors de l'appartement, les autres à ma suite. Yakim monte devant le volant de sa belle Lamborghini rouge alors que je m'installe sur ma moto, les deux casques sortis. Mon regard croise le sien pendant une fraction de seconde avant que Mya embarque à côté de lui. Je fronce les sourcils en essayant de comprendre ce que j'y ai décelé.

Je secoue la tête, puis tends le casque bleu brillant à Keven qui grimace en le mettant sur sa tête. Je mets le mien et démarre alors que mon bel ami monte à l'arrière. Mya part de la musique glamour alors que Yakim se débarrasse de la toiture rétractable. Je grimace en entendant les paroles, puis jette un regard aux gars. Yakim fronce les sourcils alors que Keven les fredonne, un large sourire aux lèvres. Lorsqu'il voit que je l'observe par-dessus mon épaule, il me fait un clin d'œil. Je lève les yeux au ciel avec un léger sourire, le cœur battant précipitamment comme s'il redoutait que la fin du monde se déroule dans les secondes à suivre. Ce sont ses petites techniques de drague qui me déstabilise, même si je sais qu'il réagit de la même manière avec n'importe quelle meuf un tant soit peu jolie ou mignonne. Je me souviens de son attitude et ça me laisse toujours une pointe d'agacement autant par rapport à mon sentiment de jalousie que de le voir entouré de fifilles.

Du coin de l'œil, je croise de nouveau le regard de Yakim. Quelque chose d'incompréhensible me serre le cœur et inconsciemment, je pince les lèvres... comme si, une seconde plus tôt, j'avais ressenti quelque chose de mal alors que ce n'est absolument pas le cas.

Pourquoi ai-je cette impression de l'avoir tromper alors que rien ne se passe entre nous?

Il détourne les yeux en premier, écoutant sans doute qu'à moitié ce que Mya raconte. Il fait marche arrière et je le suis de près alors que les bras mince de Keven m'encerclent la taille. Je cligne plusieurs fois des yeux en essayant de comprendre le sentiment de malaise qui m'habite comme une deuxième peau. Je laisse tomber et observe plutôt la ville qui défile autour de nous alors que je le suis... Il y a déjà une panoplie de gens qui se promènent pour aller quelque part... ou nul part. Cette scène aurait pu me réjouir si la pensée que quelque part dans cette foutue foule bondée comme les gouttes dans la mer, il pourrait bien y avoir l'assassin... tout près... à observer mes moindres gestes, à écouter mes moindres mots, à m'observer respirer en se disant que se sera bientôt mes dernières goulées d'air.

Yakim baisse la musique alors que nous arrivons face à une lumière rouge, près du centre-ville. Je m'avance doucement pour être à sa hauteur. Il ne prend pas la peine de me regarder lorsqu'il s'adresse à moi.

– Au carrefour ou à un magasin particulier?

– Je ne sais pas, ai-je dit en réfléchissant. C'est sans doute mieux le carrefour.

Je jette un regard à Keven par-dessus mon épaule alors que celui-ci me sourit, puis à Mya qui as enfin arrêté de parler lorsque Yakim m'a questionné.

– Le carrefour, c'est bein mieux, dit celle-ci en se mettant une couche de gloss. Plus de gens, donc moins de risque que Clara se fasse trucider par un mörder.

Yakim la regarde en fronçant les sourcils tandis que Keven la regarde avec des gros yeux, comme s'il ne reconnaissait pas sa p'tite sœur.

– Bein quoi, dit Mya en rangeant son gloss avant de tourner son regard sur moi. C'est vrai.

– Elle a raison les gars, dis-je même si j'ignore ce que mörder veut dire. N'en faites pas tout un plat. Je préfère dire les vrais choses plutôt que baratiner des conneries... sauf pour être gossante. Ça, c'est tordant. Ou si c'est nécessaire... d'ailleurs, je ne suis généralement pas une très bonne menteuse, donc... je préfère que vous disiez les vrais choses avec moi. Je ferais pareil.

Yakim retourne immédiatement dans sa bulle alors que du coin de l'œil, je vois Keven faire un sourire forcé.

Qu'est qu'ils ont soudainement, tous les deux? Ils me cachent quelque chose?

– J'espère que ce qui vient de vous traverser l'esprit n'est rien de grave, les gars, dis-je avec un brin d'agacement.

– Non non, dit Keven un peu trop vite en faisant de nouveau un sourire maladroit.

– Rien de pertinent, marmonne Yakim, le regard fixé devant lui, ne me jetant plus continuellement des coups d'œil... il semblerait qu'il n'avait pas remarqué que je l'ai remarqué.

Je jette un regard à Mya, mais celle-ci se contente d'hausser les épaules.

Je me demande vraiment ce qu'ils ont... maintenant qu'ils ont attisé ma curiosité... C'est un truc de mecs, sans doute... je ne m'en mêlerais pas, même si j'ai horriblement envie de les bombarder de questions.

Nous passons la lumière, puis nous arrivons quelques minutes plus tard au centre commercial. Mya sort de la voiture, tout excitée, comme si elle avait gagné des millions et qu'elle s'apprête à tout flamber. Yakim sort à son tour, puis met ses grandes mains dans ses poches de jean bleu. Je m'étire et Keven observe le ciel clair et sans nuage, après que nous ayons débarqué et rangé les casques.

– C'est partie pour une tournée de fou, s'exclame Mya en gambadant vers l'entrée la plus proche du carrefour.

Keven sourit en la regardant, puis va la rejoindre alors que Yakim et moi les suivons avec un peu moins d'enthousiasme. Je jette un regard à celui-ci. Il semble se renfrogner à mesure que nous avançons vers l'entrée.

– Ça va, lui ai-je demandé même s'il ne me regarde pas. Si ça t'énerve tant que ça, tu peux toujours revenir plus tard... même si je n'ai pas vraiment l'intention de traîné des heures... sinon... ils peuvent bein revenir en taxi... si tu ne reviens pas.

Yakim hausse les épaules, puis me jette un regard en coin.

– Comme l'a dit Keven, c'n'est pas comme si j'avais mieux à faire, marmonne-t-il, les yeux dans le vague, fixé sur le sol.

Je le regarde un moment, légèrement surprise.

– Tu n'avais rien de prévu? Pas même une sortie avec des amis ou des collègues?

Il me jetait un autre regard en coin, la tête toujours penchée, puis fit une légère grimace.

Net. Je n'ai gardé contact qu'avec mon ami d'enfance et Keven. Pour ce qui est de mes collègues, j'évite d'être trop ami-ami avec eux... À part Jeffrey, celui que tu as déjà rencontré, au café.

Je lève un sourcil alors qu'il ouvre la porte et me laisse passé devant lui. Je me retourne pour le regarder alors qu'il met de nouveau ses mains dans ses poches. Son expression change, se fait plus doux, plus zen, mais quand il ouvre la bouche pour dire quelque chose, la voix de Mya résonne derrière moi.

– Aller les schnecken! Dépêchez-vous! On ne va pas y passer la journée!

Je fais un sourire ironique à Yakim avant de me retourner et de marcher vers un magasin de teinture à cheveux.

C'est plutôt elle qui pourrait y passer la journée, à en croire son expression.

Je me promène dans les rangés, puis choisi au hasard deux bouteilles dans les teintes de bleu en me disant que ça donnera ce que ça donnera. Je sors mon portefeuille de ma poche et vais rapidement payer.

– Du bleu, grimace Mya lorsque je les rejoins. Tu crois vraiment que te teindre les cheveux en bleu nuit avec des mèches bleu ciel, ou l'inverse, se sera cool?

– Je m'en fiche, dis-je en haussant les épaules. Je ne cherche pas à être cool, mais juste différente.

Mya lance un regard alarmé aux gars, mais ceux-ci s'en foutent pas mal.

– Elle fait ce qu'elle veut, dit Keven avec un sourire en me faisant un clin d'œil.

Mne vse ravno, marmonne Yakim en se passant une main dans ses cheveux brun hirsute. C'est elle qui va porter ça, pas nous.

– Très bien, dit Mya en levant les yeux au ciel comme s'il me fallait son accord, puis en me regardant avec exaspération. Quel style tu veux exactement?

Un sourire rusé étire mes lèvres alors que la p'tite rousse fronce les sourcils.

– Devine.

– J'espère que ce n'est pas punk!

Mon sourire s'étire devant son expression outrée.

– Pourquoi pas, dis-je en penchant légèrement la tête. Ça pourrait être tordant.

Nein nein nein! Ne fait surtout pas ça! Leute! Aidez-moi!

– Euh, fait Keven avec un étrange sourire alors que Yakim se contente de nous ignorer, préférant foudroyer du regard les passants qui nous matent, tous les quatre. C'est à Clara de décider ce qu'elle veut...

– Je ne veux pas avoir honte de traîner avec elle lorsque nous serons à l'école!

– À l'école, dis-je en fronçant les sourcils.

– Bein ouais. C'est plus simple si nous allons au même établissement.

Je pince les lèvres et lève un sourcil tout en observant la rousse.

– Tu dis ça pour que je t'emmène à moto, c'est ça?

Mya me fait un grand sourire, confirmant ma question, avant de se retourner et de marcher vers un magasin de vêtements.


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