Chapitre 12 Yakim

Involontairement, je me mets à chercher la fille des yeux à travers la foule. Je repère facilement les Forès du fait que la plupart dépasse les autres d'au moins une bonne tête. Je pousse un soupir alors que je commence à m'ennuyer à mourir. La prochaine fois, je tiendrais ma promesse de ne pas revenir à une réunion si peu enthousiasme. Je rebrousse chemin en me demandant ce que je pourrais faire pour me réveiller un peu avant de retourner à mon kvartira.

À cette heure-là, il n'y a plus grand chose d'ouvert... Je ne vais pas très loin de la baraque du maire lorsque je sens mon téléphone vibré dans la poche arrière de mon jean. Je m'arrête net sous un lampadaire pour y jeter un œil, mais quelqu'un me fonce brusquement dans le dos, même si je ne bouge pas d'un pouce. Je grogne et me retourne, prêt à passer mon irritation soudaine sur quelqu'un... mais toute émotion négative disparait en voyant que c'est une devochka.

Tu n'allais quand même pas t'en prendre à une fille même si ce n'avait pas été elle, j'espère!

Je secoue la tête. Peut-être que si elle avait été une Forès, je me serais laissé aller... mais je ne crois pas que ce soit le cas avec elle, vu que je connais tous les Forès de notre ville... surtout les plus crétins.

Elle cligne plusieurs fois des yeux, puis les lève vers moi, se brisant presque la nuque à force de levé la tête. Elle la penche légèrement, comme si elle ne réalisait pas ce que je fais là et ce qu'elle vient de faire.

- Nous ne nous serions pas déjà vus, dit la nana sans même s'excuser, le regard dans expression.

Je fronce les sourcils en me reculant de quelques pas pour qu'elle n'ait pas à lever sa tête comme si elle voulait regarder les étoiles.

- Euh... je ne crois pas, non, dis-je alors qu'elle me fixe de ses yeux bleu sombre, une légère lueur dans ceux-ci.

Essaie-t-elle simplement de ne rien ressentir? Faut dire que je ne vois pas ce qu'elle pourrait éprouver à ce moment précis...

- C'n'était pas toi, hier?

- Hein?

Qu'est-ce qu'elle raconte? Où est-ce que j'aurais pu être avec elle?

Elle me fixe directement dans les yeux, ce qui me fait me sentir soudainement opprimer... moi qui a toujours quelque chose à dire, d'habitude!

- Pas grave, dit-elle en haussant les épaules, puis en passant à côté de moi comme si de rien n'était.

- Aye, me suis-je exclamé en me tournant vers elle.

- Quoi, soupire-t-elle avec une expression qui me semble soudainement froide et distante.

Mais qu'est-ce qu'elle a! Qu'est-ce que j'ai dit qui aurait pu la choqué? Mais pourquoi je m'en soucie moi! Je m'en tape de cette doch!

- Tu pourrais t'excuser, quand même!

- M'excuser, dit la nana en penchant légèrement la tête sur le côté, comme si elle ne voyait pas du tout à quoi je fais allusion. Pourquoi le devrais-je? C'est toi qui étais dans le chemin.

Elle ne me laisse pas le temps de répliquer qu'elle tourne les talons et part vers je ne sais pas où. Je fronce les sourcils. Quel drôle de meuf...

Peu importe. Je ne la rêverai sans doute jamais et c'est t'en mieux pour moi. Je n'ai pas envie de me sentir réellement comme un crétin.

Je prends mon téléphone et regarde le message en me demandant de qui ça pouvait bien venir. Je fronce de nouveau les sourcils en voyant que celui-ci est anonyme : « Reste loin d'elle. »

Qui ça, elle? La fille qui vient de partir? J'ai pourtant reçu le message avant même que nous nous parlions... je ne me serais même pas arrêté, sinon.

Mais je ne vois pas qui ça pourrait être, vu que je ne suis proche d'aucune fille... même pas les Forès.

Peut-être que l'expéditeur s'est simplement trompé de destinataire... mais se serait étrange vu qu'il est anonyme... et comment aurait-il ou comment aurait-elle eut mon nom pour m'envoyer un texto? J'ai pourtant une photo de profil de moi...

Je regarde autour de moi, mais je suis complètement seul... faut dire aussi que les lampadaires n'éclairent pas tant que ça la rue et les trottoirs...

Je pousse un soupir en rangeant mon cellulaire dans ma poche arrière, puis secoue la tête. Mieux vaut que je l'ignore, ça ne doit pas avoir un quelconque rapport avec moi.

Je retrouve mon char à quelques rues plus loin. Je constate, en entrant à l'intérieur, qu'il n'est même pas encore passé vingt-trois heures. Je réfléchis un moment à ma destination, puis je roule sur plusieurs rues et quelques avenues avant de me garer dans le stationnement réserver au gym. Celui-là est étonnement ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il appartient à un vieil ami de mon père... et de ce que je sais, il ne fait pas partie des Forès... ni des marqués d'ailleurs... enfin, je crois.

J'entre à l'intérieur et vois la majorité des gens que j'ai l'habitude de croiser depuis quelques semaines, lorsque j'y viens. L'ami de mon père, dont j'ai oublié le nom, vient à ma rencontre les bras grands ouverts, comme si nous étions des potes qui se retrouvent après de longues années, ce qui n'est évidemment pas le cas.

- Content de te voir, mon grand, dit-il en me serrant dans ses minuscules bras, alors que je m'efforce de ne pas le balancer à l'autre bout de la salle.

Je lui offre un sourire forcé, mais je me doute que ce doit plutôt ressembler à une grimace. Le staryy ne semble pas s'en être aperçue, à moins qu'il ait fait semblant. Je dis vieux, mais il doit être dans le même âge que mon père et Cédrick... c'est à dire, la cinquantaine. Mais pour moi, dès qu'ils ont passé les quarante, j'ai appel les vieux et les vieilles... puis dépasser les soixante-dix ans, ce sont des mémés et des pépés.

Je m'en fiche si, quand je dis ça, je vexe les gens. Je n'en ai rien à faire d'eux, de tout manière. Et puis, mon père me dit continuellement des trucs philosophiques (qui ne correspond vraiment pas avec l'image qu'il donne) du genre: « Ne laisse pas les autres décider qui tu es. », « Mène t'a vie comme tu l'entends. » ou encore, « Ignore les jugements, tu connais ta propre valeur. ». Tout ça m'a facilement entré dans le crâne... mais lui, il n'a jamais vraiment écouté ses propres conseils.

- J'ai commandé une nouvelle machine de musculature, si jamais tu veux l'essayer, me dit le petit staryy en me pointant le fond de la salle où se trouve toutes les machines, les poids et les haltères.

- Merci, mais je vais commencer par du cardio, comme d'hab.

Il hoche la tête et part, à mon grand soulagement... car il était déjà arrivé qu'il m'observait faire mon entrainement, comme s'il était mon entraîneur. La plupart des Forès deviennent de grands sportifs, mais moi, je voulais utiliser mon talent pour me rendre plus utiles à la société... concrètement... sans penser que c'est une malédiction de Satan ou quelque chose du genre.

Je me dirige vers les tapis roulants et mets un temps de vingt minutes lorsque je monte sur le plus près de moi. Je regarde un moment les gens qui s'entraînent tout en courant. Mon regard se porte sur ma droite et je fus surpris de voir la molodoy devochka de tout à l'heure à quelques tapis du mien. Heureusement pour moi, elle ne semble pas m'avoir vu, ce qui me permets de mieux l'observer. Ses cheveux bouclés, court et d'un blond vénitien sont attachés en une minuscule couette... alors que ses yeux bleu sombre sont fixés devant elle. Sa peau est d'une magnifique couleur pêche. Elle fait sans doute partie de ceux qui aiment passer du temps sous le soleil.

Ses lèvres semblent naturellement foncer et ses cils blonds sont fournies. J'observe son corps mince bougé au rythme de son jogging. Elle me semble plutôt grande pour la gente féminine (à l'exception de la plupart des Forès)... je dirais, pas loin d'un mètre quatre-vingt-deux (six pieds), si ce n'est pas déjà le cas. La même grandeur que Keven, je dirais... donc elle m'arriverait bien à l'épaule. Elle dut sentir mon regard indiscret, car elle me regarde pile dans les yeux...

Est-ce que depuis le début, elle savait que je la matais?

Son sourire soudainement rusé me confirme ce que je crains. Je reste un moment surpris devant cette expérience, alors qu'elle s'approche de mon tapis. Je ferme rapidement la bouche pour ne pas avoir l'air d'un parfait durak.

- Tu viens souvent ici, me demande-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté, son sourire confiant toujours sur ses jolies lèvres.

Je passe ma langue sur les miennes en observant les traits de son visage. Je cligne plusieurs fois des yeux, puis je secoue la tête pour chasser les idées qui m'embrouillent l'esprit.

- Deux jours par semaine en général... pas tant que ça...

- Hmmm.

Elle m'observe un moment et je faillis trébucher sur le tapis. Elle met sa main devant sa bouche en riant légèrement de ma maladresse. Je lui envoie un regard noir, mais elle ne semble pas craintive, ce qui m'agace encore plus.

- Moi, j'y viens le samedi, mais seulement après chaque réunion... enfin... plutôt à chaque moitié de réunion. Sinon, ça varie selon mon humeur.

- Donc tu es une marqués?

Bien sûr slaboumnyy! C'est comme si elle venait de le dire!

- Exact.

Elle me sourit alors que j'arrête de courir.

- Toi, en revanche, je sais que tu es un Forès.

Elle baisse soudainement les yeux en se mordillant la lèvre, comme si elle se grondait elle-même d'avoir dit cette évidence. Je lève un sourcil alors qu'elle relève les yeux.

- Ouais... si je suis un marqués, c'est évidemment que je suis Forès.

Elle secoue la tête et tourne déjà les talons. J'aurais presque eu l'instinct de lui attraper le bras, mais je n'en fais heureusement rien. Cette devochka est vraiment troublante. Pourquoi elle semble s'en vouloir d'avoir confirmé que je suis un Forès? Je la regarde tout en essayant de ne pas regarder ses fesses, alors qu'elle se dirige vers les trampolines, à côté des accessoires de musculature. Je fronce les sourcils tout en secouant la tête et en me traitant d'imbécile. Je repars le tapis pour faire le temps restant. Je ne suis pas venu ici pour me trouver une copine. C'est juste une simple coïncidence.

Après une heure, je ressorts du gym et vois la doch, comme si elle m'attendait. Je lève un sourcil alors qu'elle marche vers moi.

- Désolé, pour tout à l'heure. Oublie ce que j'ai dit. Ce n'était rien.

Elle me fixe dans les yeux, comme si nous étions d'égal à égal alors que je dois pencher la tête et elle, la lever pour nous observer mutuellement. Je hausse les épaules. Je m'en fous bein raide de ce qu'elle peut bien me dire. Nous ne nous reverrons surement jamais, après.

- Pas grave. Je m'en fiche.

Elle me fait un léger sourire avant de reculer d'un pas.

- Ça à l'air beaucoup trop facile pour toi de lever des poids. Pourquoi tu continues?

- Je n'en sais rien, dis-je en haussant de nouveau les épaules. J'aime ça, c'est tout. Mais je préfère encore plus la boxe.

Elle reste un moment silencieuse en se contentant de m'observer, comme si elle voulait découvrir tous mes secrets. Je me sens soudainement très mal à l'aise. Je viens de lui avouer que j'aime par-dessus tout frapper dans la face de gens.

- Je vois... si un jour, j'ai besoin d'aide, si un jour, mon karaté ne me sert à rien, je sais à qui m'adresser.

Que sous-entend-t-elle au juste? Qu'elle veut mon numéro ou mon mail? Nikigda! Je ne lui donnerais pas! Même pas en rêve! Même si elle insiste! Je ne veux surtout pas avoir à faire quoi que ce soit pour quelqu'un d'autre! Surtout qu'elle me semble un peu trop rusé pour moi!

- Tu vas dans quelle direction, me demande-t-elle en reculant de nouveau d'un pas. Moi, je n'habite pas très loin.

Et maintenant, elle veut savoir où j'habite... j'hallucine ou elle me drague! Elle fait un coup de tête vers moi. S'attend-t-elle vraiment à ce que je lui réponds! Nous ne nous connaissons même pas!

- Bon... bein... bye, dit-elle avant de s'éloigner vers une moto noire et rouge.

Je cligne plusieurs fois des yeux en la voyant s'éloigner dans mon dos... donc elle me montrait seulement par où elle va passer et non qu'elle attendît spécialement que je dise quoi que ce soit.

Quel slaboumnyy! Je m'imaginais n'importe quoi! Mais qu'est-ce qui m'a passé par la tête! Au fond, j'aurais voulu qu'elle me drague? Je soupirs et secoue la tête tout en me dirigeants vers ma Lamborghini. Mon cellulaire vibre de nouveau dans ma poche. Je le sors et le regarde en grognant. Je vois que c'est du même anonyme que plus tôt... alors, ça veut dire que ça concerne vraiment cette devochka. Je regarde le message avec un léger sourire aux lèvres. C'est bien la première fois que quelqu'un ose me menacer : « C'est la dernière fois que je te préviens. Si tu l'approche encore... t'es un homme mort. »

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