Chapitre 11 Yakim
Je remonte l'aller menant à la baraque brune, blanche et noire du maire de la ville. C'est là que se déroule les vstrecha des clans. Il faut dire que c'est un bien meilleur emplacement qu'un vieux grenier poussiéreux de chez l'un des anciens liderov du conseil. Nous ne sommes pas continuellement dérangés par les passants et nous avons heureusement beaucoup plus de place pour ne pas avoir à sentir continuellement la sueur de ses voisins. À c'est moment-là, je suis soulagé de ne pas être un Odos... devoir subir toutes les zapach qui donne envie de vomir, non merci.
Je passe sur le côté pour me rendre d'un pas endormie vers l'immensité inutile de l'arrière court, où se déroule l'événement. Hier soir, après la fête chez mon meilleur ami avec les autres Forès, j'ai à peine eu quelques heures de sommeil avant que mon supérieur m'appelle d'urgence, trop tôt le matin, pour que je puisse remplacer un collègue malade. Je me suis tout de suite dit que je travaille avec des moucherons... tomber mort après une petite bourrasque de rien du tout... autrement dit, il devait avoir un petit rhume.
En jetant un regard vers le fond de la cour, je vois Keven et ses deux collègues aux côtés du Conseil des cinq... et une fille. Elle semble discuter avec ceux-ci... ou plus précisément, avec les deux zhena, car les muzhchina ne semblent guère s'intéresser à ce qu'elle raconte. L'un d'eux, je sais que c'est Cédrick. Je l'aurai reconnue parmi des milliers.
Keven s'approche de la doch et dit quelque chose aux zhena qui semble légèrement intrigué les muzhchina. Les deux zhena se regardent avant d'hocher la tête. La doch, qui semble aussi grande que Keven, descend du podium, se fondant dans la foule, alors que Keven reprend sa place, à côté de ses deux acolytes. Le conseil se met à discuter entre eux. Je plisse les yeux tout en fixant l'un d'eux. Je le reconnais avec un brin de surprise... sachant que, d'ordinaire, les membres du conseil sont âgés de plus de trente-cinq ans. Le molodoy celovek en question a des cheveux noirs et une éternelle mine sérieuse, qui, je ne comprendrai jamais, fait craquer les doch. Je détourne un moment mon attention de lui pour chercher inconsciemment la nana des yeux.
Se pourrait-il qu'il s'agisse de...
Une main se pose sur mon épaule et je jette un regard derrière moi en me dégageant avec dédain. Ambrose se tient là, tout sourire, comme chaque fois qu'il me voit.
– Tu cherches quelqu'un, mon gars?
– Net, dis-je en haussant les épaules. Pas spécialement.
La vieille du conseil tape sur le micro du socle pour attirer l'attention. Le brouhaha des conversations se taisent peu à peu sous son regard de marbre d'une étrange froideur.
– Nous sommes heureux de voir que vous êtes venu en si grand nombre malgré l'heure tardive, commence la vieille bique avec de grands gestes théâtrale et une voix enchanteresse qui rend somnolent tous ceux qui l'écoutent. Nous avons une nouvelle à vous annoncer ainsi qu'un nouveau membre du conseil à vous présenter à la suite du décès de l'ancien représentant des Vités. J'inviterais donc Alec Pylien à venir dire quelques mots.
Le type de mon âge remplace la starukha devant le micro tout en souriant à la foule avec un visage serein qui m'énerve. Moi, être à sa place, j'aurais gueulé pour réveiller ses mecs et ses meufs dans un état de semi-somnolence. La vue du maire, à quelques pas derrière Alec, me ramène le sourire aux lèvres tellement je trouve qu'il a l'air crétin dans ses habits tape à l'œil. Il doit sans doute être celui qui va faire la soi-disant annonce. Je m'attends déjà à une autre inutilité pour notre vie.
– Merci Katherine et merci à vous, chers Vités, pour m'avoir élu, malgré mon jeune âge, pour vous représenter au conseil des cinq. J'espère pouvoir faire du bon travail et satisfaire les attentes, non pas seulement du conseil, ou des Vités, mais aussi de vous tous, chers marqués.
Et blablabla... je me lasse de son discours à peine au début. Ambrose lève un sourcil tout en me jetant un regard, l'air de dire « mais pourquoi lui ».
– Il n'est pas l'un de tes anciens amis, lui, me demande Ambrose tout en pointant Alec du doigt.
– Nan, ai-je marmonné en croisant les bras. Ce type parlait à tout le monde, mais il n'avait aucun pote. Il a été dans ma classe, une année, avec Keven aussi... Tout ce que je sais, c'est que la popularité se jouait entre Keven et lui auprès de la gent féminine.
Ambrose lève de nouveau un sourcil, un léger sourire aux lèvres, tout en secouant la tête.
– Je pense bien que tu te sois oublié dans la donne. Les cheerleaders se battaient pour devenir ta petite amie. Elles étaient toujours effrayantes à voir lorsque tu étais dans les parages. Et puis, tu as l'avantage d'avoir hériter des beaux traits russes de ta mère. Je ne sais pas pourquoi, mais les filles adorent les garçons étrangers.
Je le regarde en fronçant les sourcils. Mais qu'est-ce qu'il me baratine là, lui. Il est tombé malade ou quoi!
– Qu'est-ce que tu racontes, slaboumnyy, ai-je grogné en levant les yeux au ciel.
– C'est vrai, quoi! Mec! Il suffit de regarder Keven et Alec en plus de toi! Keven, sa mère était allemande, non! Et ce type-là! Sur le maudit podium de riche! Il a bein l'air d'avoir des traits pas de chez nous! Moi, les nanas ne m'ont jamais regardé avec des yeux de biche!
Un sourire se dessine sur mes lèvres et je donne une bourrade à Ambrose. Il est juste trop glupy pour ne pas voir que lui aussi, il fait parfois baver les zhena avec ses cheveux châtain clair ébouriffés et ses yeux noisette aux longs cils. Mon drug remonte ses lunettes et me jette un regard de reproche.
– Toi aussi, tu plais aux filles. T'es juste trop un slaboumnyy désespérant qui ne regarde pas plus loin que le bout de son nez pour s'en rendre compte.
Ambrose plisse les yeux dans une expression soupçonneuse alors que la foule hurle d'une manière qui me semble forcée.
– Ah ouin, tu m'en diras tant. Nommes-en une, pour voir.
– D'accord, humm.
Je fais semblant de penser longuement, puis lui fait un clin d'œil en le voyant commencer à s'agiter.
– Tiffany Beauregard?
Ambrose grimace et j'éclate de rire devant son expression, attirant ainsi l'attention de quelques messieurs et mesdames tout le monde.
– Elle, ça ne compte pas et en plus, elle n'était même pas canon!
Je lève les yeux au ciel devant une caractéristique si peu importante. Au contraire de mon ami, je l'ai trouvée plutôt mignonne, moi, avec ses cheveux blonds roux bouclés, ses yeux brun sombre et sa minuscule frimousse toujours effrayée.
– Alors... Jessica Mecanry?
Ambrose me regarde bouche bée, alors que le maire essaie d'attirer l'attention du public, en vain. Ce qui me fait vraiment me demander comment un homme aussi facilement extravagant, mais peu charismatique, se retrouve à être dans le Conseil et maire de la ville, en plus.
– T'es sérieux? Jessica s'était amourachée de moi et tu ne m'as rien dit!
Comme si c'était mon job de jouer à Cupidon... faudrait d'abord que j'aille envie de rencontrer du monde.
– Comme je disais, il faut être un slaboumnyy pour ne pas s'être rendu compte qu'elle te dévorait continuellement des yeux. Contrairement à toi, moi je ne cherchais pas une relation sérieuse, donc j'ignorais les guenons de l'équipe de cheers.
Il m'observe un moment, la bouche grande ouverte dans une expression qui me satisfait énormément.
– Mais je croyais n'avoir aucune chance avec la nana la plus populaire du bahut! Maintenant, elle est en couple avec un beau mec venu d'Hollywood! Comme je le disais... les nanas capotent sur les mecs étrangers... l'accent, j'imagine...
Je hausse les épaules. Je m'en fous de cette petite gonzesse qui se prenait pour le nombril du monde. Elle, s'était LÀ fifille superficielle de nos années au secondaire. Cheveux bruns et raide, toujours bien coiffée, sans une mèche de travers, comme si ce n'était pas des cheveux qu'elle avait sur le crâne, mais une crêpe bien lice. Maquillage à n'en plus finir qui, si elle enlevait tout, la rendait comme une autre personne. Sourire toute la journée, alors qu'au fond, elle n'arrêtait pas de se demander pourquoi elle était dans cette baraque avec des minables. Je sais tout ça seulement parce que lorsque, pour un devoir de science, je lui avais refusé mon aide (ou plutôt, de le faire à sa place, vu que j'étais l'un des meilleurs, étonnement, dans cette matière), elle avait passé toute son insatisfaction sur moi, comme si j'étais l'auteur de tous ses malheurs.
Heureusement pour elle, je ne l'avais absolument pas pris personnel. J'n'en avais rien à faire de cette nana et de ses états d'âme de jeunes femmes... comme toutes les autres d'ailleurs. En fait, je dirais qu'il n'y a jamais eu une seule majorette qui est réussi un tant soit peu à me séduire, pas même les rares filles que j'avais trouvé mignonne sur un coup de tête (genre... Tiffany Beauregard. Elle était mignonne, mais c'était tout. En fait, elle me faisait penser à un petit chiot abandonné).
Mes parents et mes anciens amis me trouvaient trop difficile dans ce cas-là. Je ne vois aucune utilité à avoir une malenkiy podruga, autre que de me détourner de mes études. Faut dire aussi que je ne m'entends pas spécialement bien avec celles-ci. Mya est l'une des exceptions... comme quelques-unes des Forès... mais de là à être intime avec l'une d'elles, dajeh nay vo sneh ! Mya, je la supporte seulement parce que, d'un, c'est la petite sestra de Keven (et j'ai dit que je lui viendrais en aide s'il avait un quelconque problème... ce que j'ai amèrement regretté par la suite) et deuxièmement, elle n'est pas si mégère que ça... même si elle se prend parfois un peu trop pour ma mère. Et puis... même si Keven m'énerve, il reste quand même l'un de mes seuls amis du secondaire avec qui j'ai gardé contact... peut-être parce qu'il était le seul marqué... à part Ambrose. Du moins, je crois. Je ne les ai jamais vu lors d'une réunion... faut dire que nous ne sommes pas loin de quatre-cents et quelques...
Enfin bref, pour ce qui concerne Keven et Mya... de ce qu'ils m'ont dit, c'est que leur mère en avait ras-le-bol de s'occuper d'eux et de l'autre, leur père... (Keven avait douze ans et Mya quatre). Ils devaient donc uniquement vivre avec leur père alcoolique. Mais récemment, six mois, deux semaines et trois jours, pour être exact, celui-ci a été porté disparu. Donc Keven, qui venaient à peine de devenir un espion pour le Conseil des marqués, a eu besoin de mon aide... et comme il y avait trois pièces inutiles à mon appartement (les anciennes chambres de mes frères et moi), il m'avait balancé à la figure, mot pour mot, ce que je lui avais dit... C'est donc comme ça qu'il s'est retrouvé chez moi avec sa sestra.
Le maire tape avec impatience sur le micro, faisant sursauter les plus sensibles aux bruits... c'est à dire, les Ouirés... Je grimace en espérant que Keven ne soit pas devenu sourd.
Le silence se fait peu à peu, à mon grand soulagement. Vite fait que cette réunion se termine... j'ai horriblement sommeil tout d'un coup.
– Lors de notre dernière réunion, il y a deux semaines, commence le maire d'une voix beaucoup plus forte que nécessaire. Nous vous avons parlé qu'il y avait eu un groupe de démarqués qui nous menaçaient de révéler notre existence au gouvernement. Heureusement, grâce à nos supers espions, le problème devrait être rapidement éradiquer d'ici quelques jours. Ils trouveront une manière pour garder secret notre existence au reste du monde. Pour l'instant, nous n'avons rien à craindre pour notre sécurité.
La foule l'acclame sans réelle motivation, alors qu'Ambrose et moi levons les yeux au ciel.
Qu'est-ce que ça pourrait bien faire que les gens normaux connaissent notre existence? Ce n'est pas comme si nous étions des monstres dans le même genre que les lycanthropes, les vampires ou encore les zombies... même si en ce moment...
Nous sommes des humains comme les autres avec des capacités hors du commun, voilà tout... même si certains disent que nous sommes des sorciers... nous n'avons pas autant de capacité que certains pourraient croire.
– Tu crois qu'il y en a qui croit à la vieille histoire des marqués, me demande soudainement Ambrose en remontant ses lunettes.
– De quoi, lui ai-je demandé alors qu'un petit minus se cogne contre moi... et que je le repousse un peu sur son voisin... qui les fait tout de même tomber comme s'ils n'étaient que de fin brin d'herbe.
Ambrose eut un sourire en coin, puis secoue la tête.
– C'est vrai qu'un idiot grognon qui déteste l'histoire ne doit pas se souvenir de cette vieille histoire pourrie que personne ou presque, raconte encore.
Je lève un sourcil, alors que les membres du Conseil baratinent les mêmes âneries qu'à chaque plochoi vstrecha. Seul Ambrose et mes quelques rares potes avaient le droit de me traiter ainsi sans qu'une colère noire me donne envie de frapper quelqu'un ou quelque chose (mais c'est plus zabavny si c'est quelqu'un).
– Tu te souviens au moins pourquoi on nous appelle les marqués à la place de sorcier, j'espère.
Je secoue la tête. Je m'en fiche bein raide de ses trucs là! Ambrose secoue la tête à son tour, me trouvant sans doute irrécupérable en ce qui concerne l'histoire des marqués ou l'histoire tout court de notre planète, Nirci.
– C'est parce que le sang du diable, ou de Lucifer comme certains préfèrent dire, coule dans nos veines, dit mon drug avec un sérieux qui me fait presque rire. Nous, simple mortel, création divine de Dieu, avons été souillé par le sang de l'ange rebelle. Le prix à payer... notre instabilité émotionnelle qui nous pousse au sentiment négatif en un rien de temps... ce qu'on y gagne, trop peu de pouvoirs pour nous appeler des sorciers, qui sont clairement inutile dans ce monde.
Il repère quelqu'un dans la foule et commence à s'y faufiler alors que je fronce les sourcils.
– Je ne vois pas en quoi ils sont nenuzhnyy, ai-je marmonné en mettant mes mains dans les poches de mon jean.
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