Chapitre 1: l'arrivée
Le manoir n'était absolument pas comme Blanche l'avait imaginé. Il était grand, mais pas trop, fait de pierres blanches, des jolies fleurs jaunes poussaient sur certains murs. L'adolescente plaqua son front et ses mains sur la vitre de la voiture pour admirer sa nouvelle habitation.
- Blanche, pas les mains sur la fenêtre, tu vas la salir ! La réprimanda sa mère.
- Oui, Maman.
La jeune fille regarda sa jumelle qui essayait, elle aussi, d'apercevoir la demeure. Elle avait des étoiles dans les yeux, ce qui la rendit immédiatement heureuse aussi.
Une fois la voiture garée dans l'allée, elles coururent jusqu'à la porte d'entrée qui était verrouillée.
La maman des filles prit tout son temps pour l'ouvrir, ce qui agaça Rose qui commença à taper du pied et à souffler bruyamment. Blanche rigola puis se glissa à travers l'entrebâillement de la porte maintenant ouverte.
Les pièces étaient meublées et elle se sentit directement chez elle. L'air sentait la violette et le citron, une odeur très agréable. Ça changeait de la puanteur de leur ancien appartement en pleine ville. Même si, au fond, il manquait déjà à Blanche. Sa petite chambre partagée avec sa jumelle lui manquait tout autant. Mais elle avait pu emporter avec elle ses posters, ce qui dans sa nouvelle chambre serait un élément familier. C'était une maigre consolation.
Elle courut dans un grand escalier comme ceux dans les films, qui craqua sous ses pas précipités. Pendant la nuit, cela fera sûrement peur. Elle trouva Rose dans une pièce illuminée par la lumière du soleil qui passait par une grande baie vitrée. Blanche fronça le nez, elle était heureuse que sa sœur l'ait prise, l'idée que l'on voit tout ce qui se passe dans sa pièce privée ne l'enchantait pas.
Elle arriva au bout du couloir et ouvrit une porte bleue avec dessus une petite décoration en bois décorée du nom de sa grand-mère. Elle avait occupé cette chambre pendant toute son enfance et sa vie d'adulte quand ses parents partirent vivre à la mer. Ensuite, elle descendit parce qu'elle ne savait plus monter les escaliers.
À présent, elle n'était plus de ce monde. Une larme solitaire coula le long de sa joue et s'écrasa sur le parquet. Elle lui manquait terriblement, mais le fait qu'elle dorme dans son ancienne chambre la réconfortait d'une certaine manière.
La pièce rectangulaire avait un grand lit double, un bureau, des tables de nuit et deux grandes bibliothèques remplies de livres fantastiques et de contes. Elle en piocha un au hasard et tomba sur La Belle et la Bête.
Rose fit irruption et lui prit le livre des mains.
- Plutôt stylée la tienne ! Mais je préfère la mienne quand même, dit-elle en me pinçant le bras sans aucune raison.
Elle a toujours fait ça, alors je le lui fais aussi.
- Tant mieux, je reste dans celle-là ! Tu as vu la Bibliothèque ? Elle est splendide !
Sa sœur jumelle reposa l'ouvrage et en prit un autre qui avait comme titre Raiponce.
Quelqu'un toqua à la porte et Rosa courut ouvrir.
- Ce sont tes affaires blanches, ton pyjama, quelques vêtements, ta brosse et ta brosse à dents. Je te dépose la caisse ici. Je vous aime, les filles, bonne nuit. N'allez pas dormir trop tard. Je sors ce soir.
- Oui, maman, répondit Blanche en souriant.
Blanche décida d'aller fouiller la maison. Elle n'était jamais venue chez sa grand-mère. Elle venait chez elle, mais jamais l'inverse. L'adolescente ne comprenait pas pourquoi, mais ne voulait pas demander à sa mère, qui était encore profondément touchée de son décès.
La jeune fille se dit que c'était parce qu'elle n'avait pas la force de nettoyer après leur passage, même si elles auraient pu aider à faire la vaisselle.
La demeure n'avait pas été vidée et personne n'était rentré dedans après le décès de la propriétaire à l'hôpital. Le problème, c'est qu'elle avait un chat. Une femelle nommée Nyssa. Elle ne sort jamais de la maison ni du jardin et doit donc être quelque part. Blanche croisa les doigts pour que l'animal aille bien.
Elle passa chaque pièce au peigne fin, interrogea sa sœur et alla même dans la cave en frissonnant dès qu'elle voyait une araignée.
Elle soupira et regarda sa montre, il était dix-neuf heures. Elle attrapa du pain et du fromage dans la cuisine et se fit un sandwich qu'elle mangea jusqu'à l'immense jardin. Elle fouilla chaque arbuste jusqu'à se laisser tomber sur un petit banc en pierre.
- Tu ne l'as pas trouvé ?
Blanche sursauta et se décala pour laisser de la place à sa jumelle qui la regardait avec bienveillance. Elle hocha la tête et regarda le sol. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?
- Je sais que demain est un grand jour, mais essaie de souffler un peu, d'accord.
- Je n'y arrive pas. Tu le sais bien, je stresse pour tout et pour rien, c'est comme ça. Et puis, ne pas trouver Nyssa m'angoisse aussi.
- Elle est sûrement partie, elle reviendra, j'en suis sûre. Mais que crois-tu qui va arriver ? Nous serons scolarisées dans une petite école où il est impossible de se perdre, par ailleurs nous serons toutes les deux.
- Oui, mais c'est en Allemagne, répondit Blanche en croisant les bras.
- Mais tu parles allemand et tu es allemande. Ce n'est pas parce que nous avons grandi en Belgique que nous serons différentes. Regarde, grand-mère aurait pu habiter dans la communauté française ou flamande ou bien encore en France.
- Oui, mais ça va faire bizarre de ne pas entrer en cinquième secondaire, mais en onzième année.
- Imagine-toi que si on avait dû aller en France, on aurait dû apprendre le français et qu'on serait en première au lycée.
La jeune fille haussa un sourcil, les systèmes scolaires, c'est compliqué. Mais sa sœur avait raison, l'Allemagne était son pays d'origine et elle avait eu la chance de troquer leur petit appartement à Amblève pour ce grand manoir à Hanau.
Petites, elles habitaient à Berlin avec leur père qui est malheureusement décédé dans un accident de voiture, enfin selon leur mère. Rose y croyait, mais Blanche avait un doute. Elle ne savait pas vraiment pourquoi.
Leur maman était détruite et ne supportait plus de voir des endroits où il avait été, alors elles ont déménagé en Belgique dans la communauté germanophone. Elles avaient trois ans.
- Et si tu allais dormir, lui proposa sa sœur en se levant.
Elle l'écouta et retourna dans sa chambre, saisit son pyjama puis prit une douche chaude, se brossa les dents avant de se glisser sous ses draps.
Les tentures avaient été tirées et le noir était total. Allongée sur son flanc gauche, elle ferma les yeux, mais le silence était bruyant à cause des mots qui se bousculaient dans sa tête.
Après de longues heures à se retourner dans tous les sens, Morphée lui ouvrit enfin ses bras.
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