Chapitre 3: les dés son lancés

Combien de temps avait-elle dormis ?

 Elle descendit les escaliers jambes lourdes et arriva dans la cuisine. Le décor avait littéralement changé !

Elle visita légèrement perdue la pièce, monta les escaliers et s'aperçut que c'était sa maison.

-Papa ?Mais qu'es-ce que je fais ici... ? Ne voyant personne elle décida de se diriger vers la chambre parentale. Le lit était défait et une odeur de transpiration flottait dans la pièce. En passant devant le miroir elle s'arrêta terrorisé : le reflet à sa mère apparaissait dans le miroir distinctement répondant à ses mouvements. Maman ! Mais... c'est moi ! Je suis dans le corps de ma mère décédé il y a un mois ! Sixtine s'observa haletante les mains sur son front, elle caressa le miroir du bout des doigts avant de les retirer brusquement comme s' il était maudit ou juste brûlant. Pince toi !

-Ma chérie, ça va ? Je t'ai entendu crier si fort ! J'ai pris peur, je viens de prendre ton petit-déjeuner... Des pains au chocolat juste pour l'amour de ma vie.

-Papa ! C'est toi..? Papa... Papa, je ne comprends pas. Que ce passe-t-il ? Tu n'es plus faché ?Sanglota-t-elle en se jetant dans ses bras.

-Qui y a-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? Demanda-t-il en posant le plateau sur le lit et la serrant dans ses bras. Tu as mal ?

- Non, non... Papa, tu comprends pas ! C'est moi Sixtine. C'est moi papa !

-Évelyne... Pourquoi tu m'appelles papa ? Non mon amour... là vraiment je ne comprends pas ! Elle sentit une pointe. Une aiguille se faufiler dans ses poumons. D'abord, elle crut que c'était la peur avant de se mettre à tousser, à tousser gras, de petites taches de sang. Son père la dévisagea, toujours surpris la fit s'asseoir sur le bord du lit et prit le téléphone.

'' Bonjour, je suis Romain Fedelasi, nous nous étions déjà eu au téléphone. Je suis à Blanche-Fort avec ma femme, elle est en train de faire une crise, je vous en supplie venez vite ! Elle souffre d'un Oedeme pulmonaire stade 4 ! Il colla le téléphone contre sa bouche et murmura presque.... Elle a l'air perdu et a des hallucinations. Cette fois, j'ai peur que ce ne soit la bonne. Par pitié venez vite. »

Quelques minutes plus tard, ils les embarquèrent dans un camion de pompiers. Ce fut le chaos total, son père criait car les pompiers ne s'activaient pas et elle au milieu ne disait plus un mot. Elle fixait le chaos, la bouche entre ouverte crachant par moment de petites taches rose.

-On va l'endormir rapidement articula le pompier affolé par-dessus la sirène et le bruit du moteur.

Elle pensa qu'elle était sûrement en train de rêver. Les lumières bleu et rouge valsaient et le bruit diminuait. Le masque sur le visage, elle demanda en riant.

-Il va où le carrosse ? 

Puis ce fut le flou, le flou total, mais avant que la lumière ne s'éteigne elle vit sa tante ; elle souriait de travers en répétant :

« Je t'avais prévenu n'est-ce pas ? »

                                                                                       *

Un bruit sourd retentit, elle ouvrit les yeux la tête lourde et se mit à tousser, la pièce était sombre et grande, à peine éclairée et la poussière formait un brouillard opaque.

-Je suis où là ? Elle remarqua qu'elle n'avait pas repris son corps et était en habit d'hôpital. La pièce, enfin son sol était orné de dalles blanches et noirs et autour d'elle il y avait des figurines en bois. Elle effleura le sol de ses pieds nus. Il était froid et poussiéreux. Une voix aiguë annonça:

"Le jeu commence toute chose sur l'échec seras mise en jeu !"

-Le jeu ? En guise de réponse, les figurines se mirent à bouger dans un ordre bien précis et à tomber en se percutant les unes contre les autres.

- Mais qu'es-ce qui se passe ? Je suis en train de rêver ? S'exclama-t-elle en sentant un pion la bousculer. Pourtant, tout avait l'air si réel ; le froid, la poussière sous ses pieds et cette odeur de clore.

-Je vous en supplie, faites moi sortir ! Cria-t-elle en voyant une lourde figurine tomber à ses pieds.

-Madame un problème ? Demanda le médecin en soupirant, la seringue à la main.

-Où sommes-nous ? Articula-t-elle affolé.

- A l'hôpital Blancaster, mais s'il vous plaît cessait de bouger, le traitement ne vas pas faire effet... Il s'approcha de nouveau avec sa seringue.

- L'hôpital ! Quel traitement ?

-Pour votre Œdème pulmonaire. Bon, je vois, écoutez... Tendez votre bras, on discutera après vous venez de faire une crise, c'est normal d'être dans... dans le brouillard.

-Mais quelle crise ? Quel oedeme ?

-Nous parlerons plus tard ! Insista-t-il. Elle tendit son bras et laissa l'homme lui injecter le produit.

-Je pourrais avoir de l'eau... ? Il soupira fit demi-tour avant de revenir avec un verre d'eau.

-Comment vous sentez-vous ? Avez-vous repris vos esprits ? Elle fixa son reflet dans l'eau trouble sans répondre avant de se mettre à hurler.

-Non ! Elle lâcha le verre d'eau sur le sol et bondit hors du lit pieds nus. L'infirmier la dévisagea tandis qu'elle se dirigeait vers la fenêtre essoufflée.

-Ne me touchez pas, l'avertit-elle en ouvrant la fenêtre. Celui-ci s'arrêta leva les bras en essayant de la raisonner. Elle prit une grande inspiration et se jeta du second étage par la fenêtre avant de se relever avec douleur ; elle n'était pas morte preuve qu'elle devait vivre. Elle se mit à courir.

-Qu'y a-t-il ? Demanda sa supérieure en entrant dans la pièce. L'infirmier s'approcha de la vitre.

-Elle a sauté, s'exclama-t-il en se retournant vers elle. Totalement folle cette vielle !

                                                                                    *

Sixtine courait et ne s'arrêtait plus, ses poumons la brûlaient. Épuisée, elle s'assit. Ses forces diminuaient et elle pensa qu'elle allait finir finalement par en mourir.

- Hors de questions, balbutie-t-elle à bout de souffle. Un peu plus loin, un homme costaud était en train de frapper violemment un garçon ; elle plissa les yeux, fixa le visage de celui-ci et murmura surprise : « Sam ? »

Son cœur battait avec douleur dans sa poitrine et pendant quelques secondes, elle en oublia tout le reste. Au dernier coup, elle se leva serra les dents et se dirigea vers eux.

- Je vais finir par te tuer, si tu ne fais pas ce que je te dis ! Te TUER tu entends ? Alors lève-toi et va chercher ce que je te demande !

-Monsieur... ? Il releva ses yeux pleins de rage sur elle et la dévisagea. À votre place, je ne lèverais pas de nouveau la main sur lui ni sur moi ! Vingt-ans de réclusion criminelle pour violence sur mineur ! Combiné à agression cela vous fera un bon nombre d'années. Il leva sa main au-dessus de sa tête avant de refermer son poing et de le mettre dans sa bouche.

- Qui êtes-vous ?

- La.. la responsable de Sam.

- La responsable de Sam et depuis quand ce gamin a-t-il un responsable, hein ? Ce moins-que-rien, cracha-t-il en lui donnant un coup de pied. Il la dévisagea fit demi-tour et hurla en partant. Allez-y, gardez-le et dites à Mme. Pâtre qu'elle l'envoie chez sa tante, j'en veux plus ! Il se retourna une dernière vers elle et beugla : et si vous ajoutez un mot sur ceux que vous venez de voir... Je vous retrouve et je vous égorge ! Elle resta à côté de Sam encore replié sur lui-même, tremblant, le nez plein de sang. Elle était encore en habit d'hôpital et elle aussi recouverte de plaies pourtant, il aurait juré avoir déjà entendu cette voix.

-On se connaît ? Demanda-t-il en relevant les yeux vers elle alors qu'elle allait s'asseoir sur un banc.

-Oui, tu ne... Mais tu ne me reconnaîtrais pas. Elle fixa les mains de sa mère en tremblant. Avant de relever les yeux vers lui. Elle non plus ne comprenait pas, alors comment lui expliquer ?

-Tu demandes ce qui t'arrive n'est-ce pas ? Lui susurra une voix derrière l'oreille. Un petit gloussement glaçant se fit entendre. Eh bien moi, je le sais... Je le sais ! Et ne t'ais-je pas prévenue hier... ? Ne me sous-estime plus ! D'ailleurs, tu devrais faire attention, la maladie finira par te tuer ! Sixtine agita ses bras autour d'elle avant d'appuyer ses mains contre son crâne : la voix de sa tante aiguë résonnait avec douleur dans ses tympans.

-Stop ! Gémit-elle.

- Il y a un problème ? Elle releva les yeux, lui sourit en se levant.

- Je dois y aller annonça-t-elle en essayant de tenir debout. Sam l'attrapa par le bras et la fixa.

-Vous n'êtes pas ma responsable n'est-ce pas ?

-Non, je suis... Elle baissa les yeux sur ces mains, et titilla l'anneau de mariage de ces parents. Je voulais juste t'aider, car, je m'en veux de ne pas t'avoir aidé la dernière fois. Sam fronça les sourcils étonné, essayant de se rappeler.

-Je suis désolé, vraiment, vous avez dû confondre, je n'ai aucun souvenir de vous ! Dit-il d'une voix un gêné en s'apprêtant à repartir. Cette fois, ce fut elle qui le reteint.

-Sixtine. Murmura-t-elle en baissant le regard. Il se retourna vers elle et après une brève hésitation, sourit.

-Vous la connaissez ? Je l'ai vu hier soir. C'est donc elle qui vous envoie me chercher ? Et vous comment avez-vous fait pour me retrouver ? Elle serra fort son poignet en relevant les yeux d'un air grave.

-Non. Articula-t-elle en se retenant de pleurer. C'est moi Sixtine. Le fait de l'entendre tout haut la fit fondre en larmes. Ce n'était pas vrai. Ce ne pouvait pas être vrai. Sam... Murmura-t-elle pour lui prouver qu'elle le connaissait bien. Elle lâcha son poignet et fondit en larmes dans ses bras. Sam, aide-moi. Il émit un petit rire avant d'essayer de la réconforter tant bien que mal dans ses bras : il lui devait beaucoup.

- Vous voulez que je vous raccompagne demanda-t-il gentiment. Je vais aller passer la nuit chez ma tante ; je n'ai pas d'endroits où dormir.

-Sam ! Articula-t-elle en appuyant sur son thorax. Je n'arrive pas à... à respirer.

22h30

-Elle ne répond plus !

-Mme. Fedelasi si vous m'entendez, serrez mon doigt !

-On va la mettre sous perfusion !

-Je vous dis qu'elle est déjà venue au bloc ! C'est la folle qui s'est enfuit par la fenêtre.

-M. Beranger ! J'ai compris, mais faîtes moins de bruit ! J'essaie de me concentrer ! Elle ouvrit les yeux, son premier réflexe fut de regarder, ses mains ; ce n'étaient pas les siennes. Sixtine était de nouveau à l'hôpital et Sam se tenait recroquevillé contre la vitre. À côté d'elle, l'infirmier s'approchait de nouveau avec une seringue, mais elle referma immédiatement les yeux. Pour la seconde fois, elle eut l'impression d'être en apnée et puis tout devenait si dur ; même un petit mouvement lui donnait une douleur atroce. Les forces lui manquaient et chaque bouffée d'air était plus dure que la précédente.

-On va réussir à la sauver ? Demanda le médecin inquiet. Il lui faut une greffe en urgence ! Ces poumons sont pleins de sang sans ça elle ne vivra plus longtemps.

Elle posa ses mains sur ce seul petit organe qui pouvait encore la sauver : le cœur. Chaque battement était une petite lueur d'espoir.

Jusqu'au dernier.

~ Bon allez, je vous gâtes, ça faisait longtemps que je n'avais pas posté, alors la sixième partie arrive aussi aujourd'hui!  ~

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