Chapitre 18: La salle des impurgés
Sousun ronronnement, Sxtine ouvrit les yeux, la bestiole s'était déjàréveillé et lui avait sauté dessus. Elle se leva et le repoussa.
Ce zoupt's n'avait rien de sain. Ses yeux fatigués décryptèrentle paysage sombre et poussiéreux : elle n'avait sûrement pasdormir une heure, affolée elle enfila de nouveau le même jeanqu'hier et se précipita vers l'ascenseur essayant de ne pasréveiller, ni de marcher sur les nombreuses personnes affalées defatigue sur le sol sale. Elle avança à tâtons retenant sarespiration pour faire le moins de bruit possible.
Elleappuya enfin sur le bouton avec un léger soupir de soulagement etl'ascenseur arriva avec le ronronnement habituel qui le suivait àchaque fois.
-Jevous rappelle que vous n'avez rien à faire là ! La voixrésonna dans sa tête de manière aiguë et elle se retourna prêteà plaider cause, à l'instant où elle aperçut le zoupt's lafixer de ses yeux malicieux et sans bouger les lèvres continuées àlui parler grâce à la télépathie. Du calme renchérit-il, je suislà pour te surveiller, tu avais oublié ? Elle ne répondit paset sortit d'un pas pressé de l'ascenseur où elle trouva lesportes fermées. Elle sentit des doigts s'agripper à son épauleet se retourna apercevant une jeune fille.
-Tum'as fait peur s'exclama-t-elle. Que fais-tu ici ? La fillene répondit pas ouvrit grand la bouche en voyant son visage etdemanda inquiète.
-Vousfaites partie du personnel ?
-Non.Je suis moi aussi une informelle. Elle sembla être rassurée etenchaîna.
-Jen'arrive pas à dormir et...Elle baissa la voix, cette chose mecolle partout. Sixtine émit un petit rire en fixant le nain rouge àcrête, d'à peu près cinquante centimètres, qui était assis àses pieds les bras croisé.
-C'estton zoupt's ? Demanda Sixtine. La jeune fille acquiesça avantque Sixtine ne lui désigne le sien, elle se jeta dessus pour luifaire des caresses pendant qu'ilronronnaitse glissant entre ses jambes le dos rond.
-Ondirait qu'il t'apprécie fit-elle pour casser le silence gênantqui s'était installé. La jeune fille le serra contre elle avantde lui retendre en disant d'un ton envieux.
-Tuen a de la chance toi, d'en avoir un aussi mignon ! Sixtine l'attrapa dans ses bras avant de pousser un petit cri, et de reposerl'animal sur le sol, qui à l'aide de ses griffes venait de luitranspercer la peau. Il la fixait maintenant de ses yeux railleurs etbrillants.
-SaleBestiole ! Souffla-t-elle en évitant le regard démoniaque duchat pour croiser celui de la blonde. Sinon moi je... La jeune filleen alerte plaqua ses doigts sur sa bouche avant de lui chuchoter àl'oreille « J'ai entendu quelqu'un, on ferait mieux deremonter discrètement. »
Sixtinese dirigea précipitamment vers la porte de l'ascenseur.
-On prend les escaliers, j'ai peur de l'ascenseur avoua-t-ellesoudain plus timide. Sixtine s'avança donc vers sa gauche etpoussa la porte pour laisser rentrer Eda. Il y eu une petite minuteoù l'on entendait plus que le bruit des chaussures contre lesescaliers en pierre avant que les murmures puis les rires ne lescouvrent.
-Tusavais qu'avant ici c'était un hôpital psychiatrique ?Sixtine remua la tête en faisant alors le lien avec les murs blancset les lumières aveuglantes qui caractérisaient - hormis lesdortoirs- chaque pièce de la demeure.
-Pourquoi ces gens l'ont-ils récupéré ?
-C'était pendant la guerre, l'hôpital avait quasiment étédétruit par les bombes. Les propriétaires juifs se sont enfuit etont laissé les clés à un couple censé s'en occuper pendant leurabsence. Ils se sont fait déporter par les nazis. Les nouveauxpropriétaires étaient en réalité des sorciers. Depuis le jour oùils y ont mis les pieds, plus aucune bombe n'est tombée. Ils y ontfait un refuge qui sera copié partout dans le monde ; pourélever des enfants comme nous à devenir de grands magiciens !Mais pour l'instant c'est beaucoup moins bien que ce que m'avaitdit ma mère... « Quelle histoire !» PensaSixtine en écoutant Eda lui narrer l'histoire.
-Et pourquoi ne veulent-ils pas qu'ont les rencontres ?
- Ils doivent être bien trop laids ! Pouffa Eda, avant d'êtrerejoint par le rire de Sixtine. Eda n'avait que onze ans et étaitcanadienne, il n'y avait pas ce type d'endroit là-bas et lesgens différents étaient donc obligés de se fondre dans la masse.Après l'arrestation et le meurtre de son frère jumeau, sesparents l'avaient envoyé ici pour réaliser son rêve et laprotéger. Eda s'arrêta soudain de rire et planta ses ongles dansla cicatrice qu'illui avait faite.
-Sixtine...Murmura-t-elle,Sixtine... Sixtine chuut, j'ai entendu quelqu'un !
-J'avaispourtant prévenu Mademoiselle Seaul que ce n'était pas une bonneidée ! Une voix grave éteignit le dernier petit gloussementde Sixtine qui avec Eda releva les yeux le cœur battant. MonsieurBrown ne put s'empêcher de courir avant d'ajouter ; vousaviez peut-être oublié que vous étiez pucé et en plus surveillépar Floet Bernie.D'ailleurs ne vous étonnez point tant mes petites, ce n'est pascar c'est des machines qu'on ne peut par leur donner un nom.Sixtine apeurée agrippa la main d'Eda, avant qu'elles nes'élancent dans le sens inverse sous le regard furieux duProfesseur M. Brown.
Lesmarches se succédèrent alors que Sixtine n'arrivait plus àsuivre. Ses poumons ne la supporteraient plus bien longtemps.
*
-Ellese paye de notre tête ? Ou elle fait sa nuit ? Je n'aiplus la patience et à ce stade-là, je pourrais adopter de grandsmoyens !
-Elles'est réveillée, taisez-vous dont Professeur Brown. L'interrompitun homme fatigué.
Elleouvrit les yeux, suffocante, dans une gigantesque pièce à peinepleine, remplit de fauteuils disposés en arc de cercle, mal éclairé.Au milieu, elle était là, suspendue dans les airs.
-Enfin,la séance va pouvoir commencer articula M. Brown en tapotant grâceà un marteau sur le rebord de la table. J'atteste avoir vul'informelle 172 nommée Evelyne Masega, mais prétendu Sixtineenfreindre le règlement. De plus, je ne crois pas vous avoir vu encours cette après-midi...
-Pourriez-vousnous donner un motif ? Demanda la voix aiguë de MademoiselleSeaul.
-Des motifs ? C'est cela que vous voulez ? Tant mieux envoilà ; ne respecte pas les horaires imposés article 21 !Insolence article 5 ! Refus d'obéissance à son supérieurarticle 2. Ne suis pas les cours article 89 ! Complot contre lademeure...article 117.
-Attendez,vous n'allez tout de même pas la soupçonner de comploter avec unegamine de onze ans ! Il émit un rire.
-Nousaurons notre petite discussion plus tard nous deux mademoiselle, ilest grand temps ! Sinon, quelqu'un de plus...compétant,pourrait-il m'aider à mettre fin à cette réunion NOCTURNE !!!
-Attendez, qu'est-ce que je fais ici? Mais laissez-moi descendrebalbutia Sixtine. L'homme claqua des doigts et elle s'écrasa surle sol.
-Reprenons,une voix plus grave grésilla dans le micro. Professeur, vous nousavez bien dit qu'elle complotait ? Mais avec qui ? M.Brown se tourna sur le côté et fit signe à un garde du corpsmaigre d'amener Eda. Une jeune fille au visage d'éléphantsortit d'un coin de la pièce et avança vers le centre poussé parl'homme en titubant.
L'hommese retourna, gratta sa barbe et demanda à la jeune fille des'approcher, elle s'avança et se plaça à côté de Sixtinetimidement.
-Eda,c'est toi ? La jeune lui serra fort le poignet.
-Bien...Qu'est-ce qu'on va faire de cette bande de guignol ? Gémisune vielle femme en brandissant sa canne. Vous l'ai avez pucé aumoins ?
-Biensûr, répondit le professeur dans quelques jours leurs comportementsseront totalement régulés et normaux grâce aux cellules etneurones qu'on pourra leur injecter à travers la puce.
-Bien,bien et en attendant ?
-Onles garde sous haute surveillance annonça l'homme qui avait prisla parole avant l'arrivée d'Eda.
-C'esttout ? S'étonna le professeur.
-C'estbien assez pour l'instant. Il est trois heures du matin, et noussommes tous fatigués. Je pense que nous reprendrons l'affairedemain si cela est réellement nécessaire. Sur ceux, MademoiselleSeaul rangea ses affaires lança un regard noir aux filles ensoupirant et ressortit de la salle faisant claquer ses talons contrele dallage. Monsieur Brown insista pour les raccompagner et lesescorta jusqu'au dortoir.
-Ici, tout finira par ce savoir, murmura M.Brown entre ses dents,pendant que la porte de l'ascenseur qui se refermait en grinçant.Elle grimaça et s'engouffra dans la pièce sombre et poussiéreuseoù une odeur de sueur flottait. Eda fit à son tour une drôle detête et elles pouffèrent de rire après avoir échangé un brefregard. Les bruits raisonnèrent en écho dans la pièce et elles secrispèrent entendant leurs rires résonner aussi fort dans ledortoir endormi.
-Viens,murmura Sixtine en tapotant à côté de son hamac sur une place delibre qui se trouvait à sa gauche. Eda grâce à sa trompe enroulason hamac avant de l'étaler à côté de Sixtine. Sixtine épatéeémit un petit rire.
-C'est donc ça ton fameux pouvoir ? Te transformer en semi-éléphant ?
-Onferait mieux d'obéir cette fois non ? La jeune fille remontala couette de Sixtine grâce à sa trompe lui fit un petit bisou surla joue.
-Bonnenuit murmura Sixtine en fixant les yeux narquois de Flo, qui quelquessecondes après vint se pelotonner dans ses draps en faisant unronronnement étrange et agaçant. Une trappe s'ouvrit sous sespieds l'instant de quelques secondes, prête à vaciller son cœuraccéléra. Du vide. Une chute
*
Leréveil fut très doux, qui contrasta avec la puanteur et la saletéde la pièce. Une mélodie tendre et harmonieuse vint embaumer lapièce et tour à tour, même les plus paresseux se levèrententraînés par les rythmes des tambours et le son d'une rivière.Lui, ilétait toujours là, ronronnant allongé sur son ventre calme. Ellelebouscula et descendit de son hamac en jetant un bref coup d'œil àcelui d'Eda qui visiblement ne dormait plus. Sa nuit avait ététrop courte après avoir été enfermée plusieurs jours dans ungrenier.
Étonnammentdepuis le conseil d'hier, elle respirait mieux.
-Réveilléde bonne heure ! Tant mieux ! Ça m'évitera de le faireà ta place, malgré que j'avoue, j'éprouve un malin plaisir àle faire de moi-même... Elle se retourna, ilétaitassis hors du hamac et la fixait de haut.
Sixtinetourna dos à la créature et se dirigea vers l'ascenseur à peineréveillé dans les habits sales de la veille.
-C'estquoi toutes ces lumières s'exclama le petit garçon en sedirigeant vers Sixtine. Vous savez Madame ? Une jeuneadolescente l'attrapa par le bras et entra dans l'ascenseur enmême temps qu'elle le poignet serré sur celui du petit garçon.
-Ici,ne parle à personne, surtout pas à elle murmura-t-elle, c'est unevielle dame qui a perdu la boule elle se fait passer pour héritièrede je ne sais qu'elle prophétie... Les lumières que tu voyaissont des elfes lucioles, ils ont pour mission de réveiller tous lesinformelles avant la fermeture du tunnel, ils seront sûrement làtous les matins. Sur le visage du petit garçon un sourire immense sedessina et il laissa échapper un énorme « waouh »avant de se mettre à rire.
-Deselfes lucioles répéta-t-il, bah dis donc papa avait raison ici il ya pleins de trucs magiques s'exclama-t-il en se frottant les mains.Sixtine cala son dos contre la rambarde de l'ascenseur et s'observadans le miroir avec douleur. Toujours le même visage, mais jamaisplus la même personne. Elle passa ses doigts sous ses poches gonfléssous ses yeux ; ses cernes marqués en disaient long sur laqualité de ces dernières nuits.
Ellefixa la fille et le petit garçon en regrettant de ne pas avoir prisles escaliers. Une voix grésilla dans l'ascenseur, il se stoppa etl'image du Professeur M. Brown apparut avec une vidéo prèsenregistrée expliquant qu'il fallait se rendre au sixième etdernier étage pour obtenir son uniforme de travail, qui devrait êtrereposé avant vingt-deux heures sachant que le tunnel s'ouvrait etse refermait entre 21 h 30 et 21h38. L'ascenseur programmé pouraller dans le Hall se programma de nouveau et remonta automatiquementvers le sixième étage. Une foule immense de gens y était présente,tous avaient entendu le message et s'étaient rendus dans la grandesalle. Il y avait deux colonnes ; la première était réservéeà ceux qui arrivaient et la seconde à ceux qui repartaient. Unbarrissement résonna dans la seconde colonne avant qu'Eda se jettedans ses bras.
-J'aicru que tu ne te réveillerais jamais ! S'exclama-t-elle hautet fort au milieu de la foule d'enfants et d'adolescents à peineréveillé. Mais c'est vrai que tu as mauvaise mine, tu as bienfait de prendre quelques minutes de plus. Bon, je te laisse, on va meprendre ma place, on se retrouve au bâtiment des informelles ?Sixtine acquiesça lourdement, heureuse, mais dépassée parl'énergie de la jeune fille. La queue fut longue peuplée deremarques la concernant tous étonnés de voir une personne aussiâgée dans ce refuge inaccessible au majeur.
C'étaitune grande pièce bien entretenue contrairement aux dortoirs, seulel'humidité restait. Ce fut à son tour.
Elles'avança enfin, devant elle se tenait trois sorcières siamoisesidentifiables grâce à leurs baguettes et leurs grands chapeaux. Lapremière tête s'approcha. C'était une femme au teint pâle,long nez avec une verrue et les cheveux carrés.
-Déjà !Je ne savais pas que vous veniez aujourd'hui nous sommesdébordées !! Allez dépêchez-vous voici un balai et uneserpillière.
-Maisqu'est-ce qu'elle attend soupira la seconde tête dégoulinantede sueur. Au même temps, qu'elle idée d'employer une femmeaussi âgée, c'est une honte nous sommes en France, je vousrappelle ! La seconde tête aux cheveux bouclés s'agita etelle poussa un long soupir.
-Jeparie que quand tu auras son âge, tu te feras des pieds et des mainspour que nous puisons continuer à travailler, je me trompe ?Taquina la première tête.
-NON, comme d'habitude tu as raison...Soupira la seconde.
Latroisième un peu plus timide aux cheveux lisses et longs retroussases lunettes et murmura d'une voix presque inaudible.
-Ça se trouve bah, c'est l'inspection ! Elle n'est pasvenue l'année dernière ni l'année d'avant et puis ils ontdit qu'elle ne tarderait pas alors...?
Lapremière tête devint pâle et toussota.
-Onse lève demanda-t-elle à la seconde qui semblait contrôler tout lereste du corps. La seconde se leva et tendit la main en annonçant.
-Bienvenuedans la salle A9, madame. Derrière un petit garçon, se mit àpleurer et les personnes commencèrent à s'impatienter.
-Jesuis une informelle bégaya Sixtine impressionnée du spectacle. Lestrois têtes pivotèrent ensemble vers le ciel et s'exclamèrent :« Quoi ? » Avant de s'agiter dans tous les sens engardant la bouche en forme de o.
-Bon,on passe quand ? On ne compte pas non plus dormir ici !
-Alorslà ! S'exclama la seconde tête ignorant les plaintes dujeune homme loin derrière.
-Ilsont retiré la limite d'âge ! Renchéris la première engloussant. Sixtine émit un sourire gêné en observant timidement lafoule tendue et impatiente.
-Ceserait possible que je passe un peu plus vite, dit-elle en seretournant vers les têtes. Il y a beaucoup d'enfants quiattendent.
-Ça, c'est la meilleure ! Une informelle, une informelle etpuis quoi encore ?
Moi,je me faisais du sang d'encre imaginant l'inspection devant moi,mais elle à continuer à me regarder sans dire un mot.
-C'estvrai qu'elle nous a fait une de ces frayeurs marmonna la troisièmetête. La première tête pivota vers Sixtine en ricanant.
-Doncun casier...je suppose ? Bien. Et sans attendre sa réponse, lasorcière retroussa son long nez, tapa le code d'une petite boiteet lui tendit une clé.
« Marchejusqu'au fond de la seconde rangée, au 351, tu trouveras le tien»
-C'esttout demanda Sixtine après avoir déchiffré les indicationsinscrites sur le porte-clés.
-Oui,c'est tout fit-elle en levant les yeux au ciel tu ne t'attendaispas à ce qu'on t'ouvre un bal pour ton entrée non plus !Ici, on entre comme on y ressort regarde ton amie Mademoiselle Seaul.
-MademoiselleSeaul est partie ? M. Brown l'a renvoyé c'est ça ?
-Elle n'est pas si lente que ça finalement répliqua la seconde enriant. Sixtine lança un regard noir aux trois sorcières quiéclatèrent de rire en louchant sur leurs longs nez.
-Elle est rigolote en plus! Pouffa la troisième tête timidement. Flolui nebougeait pas les pupilles dilatés, ilsemblait filmer la scène depuis maintenant quelques minutes,brièvement ils échangèrent un regard et ilcontinua à la fixer assis avec un regard nias et taquin.
Elles'approcha des portes qui coulissèrent sous les rires endiablésdes trois sorcières.
Floet elle se retrouvèrent dans une pièce encore plus grande ;une sorte de bibliothèque remplit de casier. Sous chacun de ces pasle chemin se déformait et elle dut faire plusieurs fois les mêmesdétours pour arriver enfin dans le bon couloir. Les uniformesétaient simples ; une chemise blanche rayée aux niveaux desmanches sur laquelle était brodé le symbole de la demeure, ainsiqu'une jupe bleu marine. Une fois habillée, elle ressortit et nouases cheveux grâce à un ruban noir.
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