Chapitre 14 : Bienvenue
Elle ouvrit les yeux. Combien de jours avait-elle encore dormi ? Ses poignets lui faisaient une douleur insupportable, elle hurla de toutes ses forces . Aucun son ne sortit seulement des vibrations. Les cordes tressées qui lui maintenaient les poignets et les pieds, se desserrèrent et glissèrent le long de ses bras et de ses jambes. Elle resta quelques secondes impressionnée du spectacle. Elle était libre, un frisson lui parcouru le corps et elle se mit à courir vers les escaliers.
C'était magique.
Malgré qu'elle soit détachée ses poignets et ses chevilles lui faisaient encore une douleur atroce et elle n'arriva pas à aligner deux pas sans tomber.
-Il faut que je fasse vite bégaya-t-elle. Sa tante n'allait pas tarder à arriver et si elle la voyait libéré, elle n'aurait aucun mal à la rattacher vu son état.
Son souffle s'accéléra et elle se mit à tousser. Son pouls battait à cent à l'heure et son cœur cognait fort dans sa poitrine. Il fallait qu'elle sorte, elle avait bien pu rester enfermée dans un grenier sans manger ni boire, malade pendant plusieurs jours alors s'enfuir allait être un jeu d'enfant.
Une fois les marches descendues, elle essaya d'accélérer le pas. La maison était endormie mais pour combien de temps encore ?
Lorsqu'elle eut franchi le palier, elle lâcha prise.
L'aurore venait à peine d'apparaître et bientôt elle pourrait trouver un moyen de rentrer chez elle.
Elle arpenta les ruelles, s'arrêtant assez fréquemment pour ne pas avoir une nouvelle crise.
Sa gorge lui brûlait ainsi que ses poumons. Elle ne pourrait donc pas marcher longtemps ; elle ferait du stop.
Son cœur se remit à cogner violemment dans sa poitrine, lorsqu'un taxi dévala la rue. Elle lui fit signe de s'arrêter et essaya d'articuler malgré sa toux.
-Je...je voudrais aller à l'hôpital s'il vous...plaît. Mais je... je... n'ai pas d'argent. Sa toux s'accentua avec l'odeur de l'essence et le chauffeur ouvrit sa portière en ajoutant.
-Allez monter Madame pour les malades ici c'est gratuit.
Elle s'assit et ferma les yeux : maintenant, elle était vraiment libre.
Le moteur fit un léger vrombissement et la voiture redémarra sur
« Counting Stars de OneRepublic ».
*
Sixtine fixa le cadran inquiète ; cela faisait presque une heure que la voiture roulait.
-Excusez-moi. Vous êtes sûr qu'il n'y aucun hôpital aux alentours de Saverne? Cela fait bientôt une heure qu'on roule et je me disais que...
-Nous n'allons pas à l'hôpital. Le coupa-t-elle d'une voix devenue presque mécanique.
- Attendez, je ne comprends pas où allons-nous alors ?
-J'ai reçu des ordres. N'essayez pas de comprendre.
-Mais vous êtes malade ! Faites-moi descendre !
-Écoutez, je ne fais rien gratuitement, pendant deux jours j'ai fait le tour du village pour vous retrouver ; la dame a dit : « Prendre la vielle dans un sale état et la ramener à cette destination ».
-Attendez, vous êtes en train de me dire que vous acceptez de m'enlever contre de l'argent ! L'homme ne répondit pas et augmenta la radio.
Son cœur avait de nouveau recommencé à battre fort dans sa poitrine, tellement fort qu'elle avait mal. Ses mains étaient devenues moites et elle enfonçait ses ongles contre la bordure du siège prête à surgir à la première occasion venu... Mais pourquoi sa tante aurait-elle envoyé quelqu'un la chercher il y a deux jours si elle la tenait déjà enfermé dans son grenier ?
*
La voiture s'arrêta enfin, elle essaya de reprendre son souffle ; au moins la voiture était garée.
Il souleva le hoquet, fit signe à une femme et ouvrit la portière.
Sixtine sortit et courut, elle était devant une maison ; une très grande maison même. Une femme blonde, les cheveux tirés vers le haut en chignon serra la main du conducteur et lui tendit un billet. Sixtine s'arrêta à quelques mètres à peine de la grande maison, elle ne pouvait plus. Son cœur battait fort et ses jambes ne suivaient plus. Un mélange de peur et de fatigue s'emparait d'elle et elle tomba soudainement dans les pommes.
Elle ouvrit un œil puis l'autre avant de se réveiller entièrement. Elle avait une étrange sensation d'apaisement et de détente. Une touche de miel dans les narines. Elle inspira doucement et observa la pièce ; il n'y avait pas seulement des bougies mais aussi de magnifiques tapisseries de toutes les couleurs. La jeune femme blonde qu'elle avait aperçu payer le taxi se tenait devant elle, sourire aux lèvres.
-Alors ça va un peu mieux ? Sixtine ne bougea pas ses yeux frétillaient de tous les sens.
-Pourquoi avoir envoyé un taxi pour me chercher ? La femme rit en l'entendant parler.
-Peu importe, debout ! La liste va bientôt commencer change toi ; voici ton pantalon et ta chemise propre et sec.
-Je ne sais pas de quoi vous voulez parler et en vérité je ne veux pas savoir...S'exclama-t-elle en se levant. La femme blonde fit la grimace.
-Écoute, si tu réussis à entrer dans cette école tu auras la vie dont tu peux rêver ; une vie normale, un travail, des amis, et de la nourriture en abondance. En contrepartie il faudra simplement obéir aux règles.
-Quelles règles ?
-Je suppose que c'est d'accord ? Tant mieux. La femme lui tendit sa chemise et son jean propre.
- Au fait appelle-moi Mademoiselle Seaul ?
- Je m'appelle Sixtine.
-Je sais murmura-t-elle en refermant le rideau derrière elle. Je sais.
*
Une fois changé, elle souleva le rideau et sortit. Une immense cour centrale avec tout au fond un bâtiment, sûrement la maison qu'elle avait aperçue de l'extérieur. La cour aurait pu contenir un village à l'intérieur, d'ailleurs, elle était loin d'être vide et de nombreux enfants et adolescents la traversaient à toute vitesse.
-Je vous prie de vous réunir vers les portes de la demeure rapidement pour vous faire enregistrer. Merci ! La voix du haut-parleur résonna et tous se réunirent vers la grande demeure. Elle avança d'un pas hésitant ; elle paraissait être la seule adulte à part les dirigeants.
Sa grande silhouette dépassait des autres se frayant facilement un chemin pour se rapprocher des portes.
-Oh, comme ils sont beaux, rapprochez-vous encore un peu mes petits que je vous vois bien tous. Vous êtes actuellement dans l'enceinte de la demeure des informelles, comme vous pouvez le voir nous sommes bien trop aujourd'hui et nous devrons malheureusement procéder à une sélection pour ne garder que les meilleurs. Pour cela nous avons derrière nous notre fidèle comité. Une lignée de personne était debout bras derrière le dos nullement stressé par la foule qui les dévisagé des yeux. Mais ne nous attardons pas, reprit la femme, nous avons du travail pour classer tous ce monde.
Il eut un moment de silence le temps qu'elle pioche, que le haut-parleur se remette en route et appelle le premier candidat.
Sixtine resta sans voix devant se spectacle impressionnant, ici chacun
paraissait si différent si exceptionnelle, qu'elle en finissait si banal. Elle n'avait pas revue Mademoiselle Seaul et attendait stressée d'être appelée à son tour.
Les représentations défilaient toutes plus extraordinaires, les unes que les autres ainsi que les candidats déçus de ne pas avoir été pris. Cependant les questions ne changeaient jamais « Quel est votre âge ? Pourquoi êtes-vous ici ? Quels sont vos mésanges ou vos pouvoir ? Une démonstration ? » Puis tous applaudissaient.
Pour presque tous ; ici semblait être un vrai rêve, pourtant pour Sixtine malgré chaque bruit, chaque odeur, tout n'était qu'illusion.
Illusion comme son nom qui n'arrivait pas. Ses jambes étaient pleines de fourmis et elle décida de partir, après tout rien ne l'en empêcher, mais à peine après qu'elle se soit retourné un nom familier résonna dans le haut-parleur : celui de sa mère.
Ses yeux parcoururent l'assemblé, le nom fut répété deux fois mais personne ne répondit. Elle prit une lourde inspiration et s'avança rapidement vers les portes avant de monter sur la petite estrade. La femme surprise s'approcha de son oreille.
- Êtes-vous la candidate 172 dénommée Évelyne Masega ? En s'adressant à elle, elle avait pris une voix plus sérieuse. Successivement des murmures et des sifflements dans la cour se firent entendre. Sixtine resta muette affolée et commença à descendre les escaliers lorsque Mademoiselle Seaul la rattrapa.
- Où vas-tu Sixtine ? Lui demanda-t-elle en l'attrapant par le bras.
-Je ne peux pas répondit-elle d'une voix tremblante.
-Écoute Sixtine, je te propose un foyer. Une maison. C'est normal de ne pas être à l'aise mais ne laisse pas passer cette chance. Fais-toi confiance. Mademoiselle Seaul se tourna vers la femme en annonçant ;
-C'est bien la candidate 172, elle est dans le corps de sa mère.
Une grande image se projeta sur la façade du bâtiment derrière la scène. La foule se mit à nouveaux à faire du bruit
-L'image correspond bien à son visage, mais vous prétendez que ce corps ne lui appartient pas...C'est bien ça ? L'interrogea-t-elle étonné en lui tendant le micro, mademoiselle Seaul s'en saisit avant de le tendre à son tour à Sixtine en lui faisant signe de s'approcher.
- Je pense que tu seras mieux l'expliquer que moi.
- C'est bien ça confirma-t-elle en reprenant le micro. Je suis atteinte de la malédiction d'AUW. Une malédiction qui touche une femme par siècle. Elle se stoppa et tendit le micro à la dame. Elle avait exactement repris mot pour mot ce que lui avait dit sa tante pendant sa détention.
-Vous êtes mineure ? Sixtine lança un regard à mademoiselle Seaul qui s'était déjà de nouveau mélangée dans la ligne de personnes à l'arrière de la scène.
-J'ai quinze ans.
- Toujours aussi palpitant ! Quels sont vos pouvoirs ? Une démonstration ? Sixtine devint rouge.
-Je n'en ai pas.
-La réponse du jury ? Cette fois le public attentif n'applaudit pas. Un homme tatoué sur la moitié du visage fut le premier à prendre la parole. Il avait une expression tourmentée comme s'il était en permanence en conflit avec lui-même.
-Ridicule ! Une de plus qui a voulu se rendre intéressante grâce à cette liste ouverte à tous ! Si j'accède au pouvoir se genre d'erreur ne se reproduira plus. Il se recula et posa ses mains sur son visage essuyant la sueur qui dégoulinait sous la chaleur de quatorze heures. Le micro fit le tour et tous acquiescèrent la critique du premier.
-Je suis désolé vous ne pourrez donc pas accéder au refuge des êtres lumières. Elle fit un petit sourire et appela un autre nom sur la liste.
-Je ne crois pas avoir eu le temps de donner mon avis sur le sujet. S'exclama mademoiselle Seaul.
-Mademoiselle, même avec le vôtre, elle ne pourra pas y accéder et puis vous êtes en apprentissage...
-Selon moi, ce cas est intéressant, il pourrait démontrer qu'on peut subir une mésange sans pourtant détenir de pouvoirs et apporter une richesse à nos expériences. L'homme s'avança et prit à nouveau le micro dans ses mains.
-Mademoiselle Seaul, vous avez donc un don pour les beaux discours mais ne savez pas écouter les autres. A ce rythme-là ma petite vous pouvez dire adieu à votre apprentissage !
-Vous avez parlé de responsabilité ? Je prends la mienne ; elle s'appelle Sixtine. Il cligna plusieurs fois des yeux et fit glisser ses doigts sur ses tatouages.
- Vous avez de la chance mademoiselle Seaul, on protège vos arrières. Un jour ça ne suffira plus ; l'argent ne suffit jamais. Qu'on valide cette informelle et qu'on passe au cas suivant.
Sixtine redescendit de l'estrade angoissé et la fois excité : une nouvelle porte s'ouvrait à elle : derrière les murs de ce château remplit de ce qui semblait être de la magie peut-être trouverait-elle une part de vérité ?
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