Chapitre 11: Jour 1
Finette arriva avec de beaux habits qu'elle disposa sur ma table de chevet en me réveillant.
- Où allons-nous si tôt ? Demandais-je me faufilant sous la couette.
- Nous allons assister au départ du maître et de sa troupe pour aller à la chasse. Le soleil n'était même pas encore levé et ma nuit avait été courte. Finette entoura une de mes boucles rousses autour de son doigt et s'assit sur le rebord de mon lit.
- Vous avez l'air fatigué Mademoiselle, mais si vous n'y assistait pas le maître se mettra de nouveau en colère. Vous l'avez bien vu hier... Elle se stoppa et me regarda fixement. Je vais aller vous chercher une tisane puis je suis sûr que vous irez mieux, allez courage ! Je me levai les coups imaginaires de la nuit dernière m'avait bien laissé des marques mais seulement au cœur. Seulement au seul endroit où personne ne pourraient les voir. J'enfilai une jolie robe blanche ornée de petits motifs brodés ainsi qu'un ruban pour maintenir ma tignasse. Lorsque Finette revint avec sa tisane à la main, je m'étais déjà avec flemme recouché dans mon lit, et elle dut m'encourager et me recoiffer le plus rapidement possible.
*
Chacun était réuni pour saluer le départ du maître et je n'étais pas la seule à paraître fatigué. Au contraire nous aurions dit une horde de morts-vivants se regroupant pour assister au départ « du grand maître » ou a à un sacrifice.
Profitant d'être debout, je décidai d'aller me promener dans les jardins. Ils étaient grands vaste et fleuris, le vent m'enveloppait doucement apportant avec lui la fraîcheur de l'hiver qui approchait à pas de loup. Cela me rappelais une comptine que me chanté ma mère le soir :
« Mais pourquoi as-tu peur du noir ?
Ferme tes yeux et écoute.
La nuit s'impose doucement à nos pupilles d'enfants,
Comme le vent souffle l'hiver tout en chantonnant.
A petit pas de loup un bonhomme tout blanc.
Endors le monde et les rires d'enfants,
Alors n'est point peur du noir de la nuit,
Car tout comme l'hiver,
Il est éphémère. »
- Excuse' moi je...sa bouche se referma lorsque je me tournai. Il me semblait l'avoir déjà vu.
- Me suis trompé s'excusa-t-il toujours en français.
- Ce n'est rien répondis-je avec un horrible accent. Il me répondit, mais cette fois je ne compris pas ; mon français se limitait à quelque mot.
Effectivement ce visage je le connaissais de vue, c'était celui du domestique noir qui nettoyait la pièce. Pourtant au soleil il avait l'air beaucoup plus jeune, avant, peut-être lui aurais-je donné une trentaine d'années si je ne l'avais pas vue à l'extérieur.
Je fis demi-tour et continuai ma visite des jardins.
L'homme semblait avoir changé d'avis et avoir bel et bien une chose à me dire. Il m'agrippa la manche et alors que je me reculais surprise, glissa sur un tapis de feuille et plongea dans un buisson la tête la première. Une fois qu'il fut sorti du buisson, je posai sa main sur mon épaule et l'aidai à marcher.
*
Lorsque je présentai l'homme à Finette je crus qu'elle allait s'évanouir. Je ne sais point si c'était car ma robe était dans un état laborieux ainsi que mes cheveux ou simplement car je tenais un homme dans mes bras.
- Arisul !! Vous avez intérêt à avoir une bonne excuse sinon vous allez connaître le fouet ! Je me reculai en couinant.
- Non, s'il te plaît pas le fouet, ce n'est pas de ma faute ! Il s'est blessé ! Finette observa l'homme avant de finir par se radoucir
-Comment s'est-t-il blessé ? Elle m'écouta en se grattant la tête avant d'inspecter sa peau recouverte de cloques. Ce sont les herbes du diables soupira Finette. Il ne faut qu'attendre que le mal se dissipe.
-Es-tu sûr qu'il n'y a aucun remède ? Pauvre homme...Peut-être devrions nous appeler un guérisseur pour lui faire des saignées ?
-Nous n'avons pas les moyens de lui payer des saignées. Je baissai les yeux.
-Mais le maître est pourtant...
-Arisul, Arisul c'est un esclave. C'est le maître apprend qu'il est malade, même seulement quelques jours il risque de s'énerver et de le revendre.
-Un esclave ? Demandais-je en fronçant les sourcils, je n'ai pas compris comment pourrait-il le revendre ? Finette m'attrapa par le bras et me fit sortir de la pièce à toute allure.
-Il y a une nouvelle classe sociale qui vient d'apparaître depuis quelques années, elle se diversifie de plus en plus ; ce sont les esclaves. Ce sont des personnes qui sont souvent pauvres et sont achetés par des plus aisées, elles leurs appartiennent et doivent les servir.
-Ce ne sont que les maures qui peuvent être esclaves ?
-Bien-sûr que non voyons, toute personne quelques sois ses origines peut-être esclave.
-Mais je ne comprends pas, pourquoi ont-ils choisi de ne pas être une domestique comme toi ? Finette soupira en me faisant signe de laisser tomber et rentra à nouveau dans la pièce.
-Je vais te laisser de quoi boire dans ta chambre dès que ça ira mieux remet toi au travail.
-Finette es-tu certaine que nous ne pouvons rien faire d'autre ?
-Mais enfin Arisul vous le faites exprès ? Je viens de vous dire le contraire ; on ne peut pas le soigner point.
Esclave, un mot que je n'avais jamais entendu. J'en voulais à Finette d'avoir refusé de le soigner.
- Vous voulez le bouillon d'hier avec des tranches de pain ? Finette attendait dans l'ouverture de la porte.
- Je n'ai pas faim répondis-je froidement en l'esquivant pour me diriger vers la fenêtre.
- Êtes –vous fatigué ? Me demanda Finette en entrant dans la pièce.
- Non.
- Alors qu'avez-vous ? Essaya-t-elle en posant sa main sur mon épaule.
- Rien.
- Êtes-vous sur ?
- Comprendras-tu un jour que j'ai envie d'être seule ? Finette baissa et les yeux et après un mouvement d'hésitation se dirigea vers la porte.
- Je suis désolé m'exclamais-je en la voyant se faufiler derrière la porte timidement.
Le pire c'est que ce n'était pas vrai je n'étais pas désolé, on m'avait forcé à venir ici sans personne, on m'avait menti pendant tout le long de mon enfance et je devais être désolé ?
Alors oui Finette ne m'avait pas forcé à me marier, ni envoyé seule dans un autre pays, mais elle m'agaçait à ne servir que lui ; le maître.
Je lançai les oreillers à terre en hurlant à pleins poumons.
Il fallait que ça sorte.
Si mon père avait été là, il m'aurait dit de me contenter de faire ce que l'on me demandait.
Si ma mère avait été là, elle aurait à son tour hocher au propos de mon père en me signalant avec de gros yeux, qu'il faut obéir.
Si « Le Maître » avait été là, il aurait hurlé encore plus fort pour me faire peur. Mais personne, ne m'aurait posé la question dont j'ai besoin d'hurler la réponse. « Que veux-tu vraiment ? »
Mon pouls finit par se calmer seul et je posai ma tête sur l'oreiller. Du coin de l'œil j'aperçus Finette dans la légère ouverture de la porte, elle était immobile, son regard fixe comme si elle avait vu cette scène des centaines de fois.
Je détournai le regard gêné, vers la fenêtre ; une brise fraîche parcourut mon visage.
Il fallait que je sorte. L'air m'étouffait, dès que Finette retournerait à la cuisine j'irais me promener dans les jardins j'irai une dernière fois savourer les saveurs de l'automne. (Fallen)
J'enfilai mes sabots de bois et sortis de la demeure. Les arbres étaient nus et il ne restait que les fleurs.
Le soleil était haut mais le simple fait d'être à l'extérieur me faisait bondir de joie, mes pieds glissaient comme portés par ce tapis de feuille coloré.
La demeure été composé de quatre jardins : le premier était un potager, le second et le troisième se complétaient tandis que le dernier était mon préféré ; un recueil d'arbres et de rosiers, sans aucun ordre précis. Je croquai à pleine dent dans une «Apfel» juteuse et très rouge et passai l'après-midi ainsi, à explorer cette flore qui était sur le point de disparaître.
Comme une enfant qui découvre le monde je semblais redécouvrir ce monde; de la gelé sur les roses blanches aux immenses statues, ne laissant à mon imagination aucune pause, chaque statue, chaque rose devenait le héros d'un monde imaginaire où chacun serait libre de ses choix.
*
# 54 ème de la catégorie nouveauté !!!!!!
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